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Pablo Picasso, Écrits. 1935-1959

Parution : 04-11-2021

D 23 novembre 2021     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Le volume, publié en 1989, était épuisé. Les Écrits. 1935-1959 de Pablo Picasso sont réédités dans la collection Quarto Gallimard, avec de nombreux inédits.

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Pablo Picasso, Écrits. 1935-1959.
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Pablo Picasso
Écrits. 1935-1959

Trad. par Albert Bensoussan, Alejo Carpentier, André Chastel, Pierre Daix et Paule-Marie Grand. Édition de Marie-Laure Bernadac et Christine Piot
Collection Quarto, Gallimard
Parution : 04-11-2021 [1]

Ce volume contient

Comme il l’avait confié à Jaime Sabartés en 1939, Pablo Picasso avait rêvé d’un livre qui « serait le reflet le plus exact de sa personnalité et son portrait le plus fidèle. On y verrait exprimé le désordre qui lui est propre. Chaque page serait un vrai “pot-pourri” sans la moindre trace d’arrangement ou de composition. […] Simplicité et complexité s’allieraient comme dans ses tableaux, ses dessins ou ses textes, comme dans une pièce de son appartement ou de son atelier, comme en lui-même ».
Dans le prolongement de ce désir, la présente édition donne à lire l’ensemble des écrits de Picasso publiés en 1989, auxquels s’adjoignent un grand nombre d’inédits découverts dans l’ancienne collection de Dora Maar, dans des collections privées et celles des musées Picasso (Paris, Barcelone). Composés au crayon noir, en couleurs, à l’encre de Chine, au stylo-bille ou encore au crayon-feutre, ces textes ornent papier à dessin, à lettres, dos d’enveloppe, cartons d’invitation, morceaux de papier journal… Certains sont même gravés, enluminés, lithographiés ou peints, ainsi élevés au rang d’œuvre d’art.
La fascination que continue d’exercer Picasso sur le public rend plus que jamais nécessaire la lecture de ces écrits, souvent méconnus et pourtant indispensables à l’appréhension et à la compréhension de son œuvre. Cette édition bénéficie des derniers apports de la recherche en cours dans un volume en couleurs, richement illustré d’œuvres et de manuscrits, et, à la manière d’un parcours muséal, elle permet de s’immerger au cœur du processus créatif de l’un des plus grands artistes du XXe siècle.

Écrits (1935-1959) : écrits poétiques - Le Désir attrapé par la queue - Les Quatre Petites Filles - L’Enterrement du comte d’Orgaz - Manuscrits, notations et phrases isolées (1893-1964) - « Picasso écrivain ou la poésie hors de ses gonds » - Vie & Œuvre illustré - Dossier : « La Poésie de Picasso. Dictionnaire abrégé » - Dossier : « Picasso et la pratique de l’écriture ».

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Écrits de Pablo Picasso. Entretien

Comme il l’avait confié à Jaime Sabartés en 1939, Picasso avait rêvé d’un livre qui « serait le reflet le plus exact de sa personnalité et son portrait le plus fidèle. » Comme dans son atelier, comme en lui-même, sont ici réunis pièces de théâtres, écrits poétiques, notations et phrases isolées… en partie publiés en 1989, auxquels s’adjoignent un grand nombre d’inédits découverts jusqu’à récemment : carnets et notes provenant de l’ancienne collection de Dora Maar, des collections des différents musées Picasso (Paris, Barcelone) ou encore de collections privées.

En quoi consiste le travail éditorial sur un tel ouvrage ?

Marie-Laure Bernadac : Au-delà de la réédition du livre d’art Écrits de Picasso publié en 1989 et désormais indisponible, il s’agissait d’intégrer tous les inédits découverts depuis et d’établir un « Vie & œuvre » très complet et très illustré. « Quarto » est une collection ouverte au public le plus large possible, chaque lecteur, même s’il connaît peu Picasso, doit pouvoir suivre facilement son parcours à travers ce « Vie & œuvre ».

Christine Piot : Pour ma part, j’ai recherché tous les textes publiés dans des revues, notamment les revues étrangères, pour repérer les inédits, avant de les transcrire, y compris ceux en espagnol – heureusement, je suis hispanisante !

Ce qui représente un travail éditorial considérable…

Ch. P. : C’est un travail très précis, on pourrait dire de broderie, lorsqu’il s’agit d’insérer des notes, des numéros d’inventaire, des notules. Bref, c’est un travail passionnant lorsqu’on est dans le texte, et un travail fastidieux dans la précision que demande l’édition d’un texte !

M.-L. B. : Au-delà de la recherche des inédits, nous avons été confrontées à un travail encore plus fastidieux, la rédaction des notules intégrant les états successifs des textes. Picasso avait une méthode de travail très particulière : il commençait à écrire sur un petit carnet bleu, puis il recopiait chaque texte, parfois deux ou trois fois, avec des variantes à chaque fois. Enfin, son ami et secrétaire Jaime Sabartés en faisait souvent un tapuscrit. Pour cette édition, nous avons inséré tous les nouveaux états retrouvés, qui font que l’œuvre écrite est encore plus développée qu’on ne l’imaginait.

Considérez-vous que l’on dispose maintenant de l’intégralité des écrits de Picasso ?

M.-L. B. : On espère toujours, comme tout chercheur ou éditeur ! Cela dit, on sait que certains manuscrits ont disparu, dont un fameux Cahier parchemin dont nous ne connaissons que des photographies, elles-mêmes disparues depuis, reproduites dans la revue Cahiers d’art. Il est probable que deux ou trois autres carnets sont aussi à retrouver.

Ch. P. : Dans l’ensemble, les héritiers de Picasso se sont montrés coopératifs et nous ont transmis les textes qu’ils détenaient. Mais certains possèdent probablement encore des inédits et je pense qu’on peut s’attendre à quelques surprises.

Quels sont les rapports entre peinture et écriture dans l’œuvre de Picasso ?

Ch. P. : Chez lui, l’écriture et le dessin marchent ensemble, il dessine et écrit parfois sur la même page. Pour moi, Picasso est un poète qui s’exprime à travers différents médiums au-delà de l’écriture : la peinture, la sculpture, les collages, la gravure…

M.-L. B. : Chez lui, peinture et écriture sont deux facettes de son art : « On peut écrire une peinture en mots tout comme on peut peindre des sensations dans un poème… » Il a toujours dit que s’il était né chinois, il aurait été écrivain et non peintre. Il y a quelque chose de calligraphique dans sa poésie, essentiellement visuelle. Sa manière de développer de multiples variations autour du texte, en changeant l’ordre des phrases, en ajoutant des mots, est tout aussi cubiste que sa peinture d’une réalité sous ses différentes facettes. Dans les procédés de l’écriture on retrouve les procédés de la peinture. D’ailleurs, il rédige à l’encre de Chine sur du vélin d’Arches, donnant d’emblée à l’écriture le statut du dessin.

Marie-Laure Bernadac, historienne de l’art et conservatrice générale honoraire du Patrimoine, a travaillé notamment à la création du musée national Picasso à Paris.

Christine Piot, historienne de l’art, a travaillé à l’inventaire de la succession Picasso et collaboré à plusieurs livres sur l’artiste et son œuvre.

Ouvrage publié avec le soutien de la Fundación
Almine y Bernard Ruiz-Picasso para el Arte – FABA

Entretien réalisé avec Marie-Laure Bernadac et Christine Piot à l’occasion de la parution du volume Quarto consacré aux Écrits de Pablo Picasso.

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En 1986, Sollers avait mis l’accent sur l’importance des mots chez Picasso, qu’il s’agisse de ses tableaux comme de ses écrits. L’auteur de Paradis relevait que, dans ses écrits poétiques, Picasso n’avait pas recours à la ponctuation et avait même affirmé : « la ponctuation est un cache-sexe qui sert à dissimuler les parties honteuses de la littérature. » Sollers cite un texte — en espagnol — du 24 décembre 1935 qu’on trouve reproduit dans l’édition Quarto.

Picasso by night

Conférence prononcée par Philippe Sollers à Beaubourg, en janvier 1986. Extraits.

[...] Picasso était un peintre, un sculpteur, qui écrivait tout le temps. Et à un moment donné de sa vie, très précis, ça s’est vu, ça a pris la forme de textes. Il était affecté, Picasso, et beaucoup de papiers en témoignent, d’une graphomanie intensive. Il s’agit de textes sans ponctuation, des sortes de poèmes, si l’on veut, qui nous montrent la position d’un sujet, à l’aveugle, donc avant que se construise la monstration spatiale de ses tableaux ou de ses sculptures.

Picasso a eu un mot que je trouve très étrange. Il a dit un jour : « la ponctuation est un cache-sexe qui sert à dissimuler les parties honteuses de la littérature. » Parties honteuses ! C’est bien l’expression qui convient pour désigner l’inhibition qui saisit profondément tout sujet qui se poserait la question de coïncider, pour ainsi dire, avec la partie comme tout, dans un geste qui abolirait le retard qu’il prend à sa propre représentation... dans l’espace. La superposition des plans dans les collages de Picasso, avec la répétition insistante de l’élément musical est à entendre par rapport à cette immersion verbale dans laquelle il se trouvait et dont je vous donne tout de suite un exemple.


Pablo Picasso, 24 décembre 1935, 2e état.
Paris, musée national Picasso. Quarto, p. 185. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Comment entendre Picasso :

« Nunca se ha visto lengua mas mala que si el amigo carinoso lame a la perrita de lanas retorcidas por la paleta del pintor ceniciento vestido de color de huevo duro y armado de la espuma que le hace en su cama mil monerias cuando el tomate ya no se le calienta ni le importa si un pito que el rocio que no sabe ni el numero primero de la rifa que le pega el clavel a la jaca haciendo que su arroz con pollo en la sarten le diga la verdad y le saque de apuros le canta la zambomba y organiza en el amor carnal la noche con sus guantes de risas pero si alrededor del cuadro medio hecho de la linea sin verguenza hija de puta insaciable nunca harta de lamer y comer cojones al interfecto la banderilla de fuego puesta a la muerte por el rayo mas de lo que parece ofendido y tan palido gusano de queso de mahon sin afeitarse y sin cortarse el pelo desde mas siete meses se mueve en la punta del higo chumbo aun mas sonriente que nunca de ver a vista de pajaro de noche de navidad como jamon no huele y queso se estremece y se envidia el pajaro que canta y retuerce la cortina y no se pone el chaquetin ni toca el piano de manubrio agachado debajo del orinal del mono sabio que difunto acuesta duerme y suena y abanica su cara unica y la corta en la nieve que si las golondrinas cansadas de leer se ponen tan nerviosas de oir la cacerola de aluminio que cuece en sus cintas de melones de chivo de todos los colores el arco iris en la flauta la copa que cantandole responso sobre responso como si cantar pudiese la cal avera horrorizada de los saltos del jamon en la parrilla ya que conoce el olor del pajaro en el vino le toma el pelo y le muerde la mano si el tiempo no mejora y hace frio y no tiene ni razones ni valentia si se la lleva suspendia entre los dientes de la sierra por el de caramelos hechos a las 12 de la noche. »

Etc, etc, etc ; ça peut continuer comme ça très longtemps. Et je vous lis ce que ça fait si vous voulez en français, si on le traduit. C’est un texte daté du 28 novembre 1935, ce qui me plaît puisque c’est le jour exact un an avant ma naissance.

Alors ça fait :

« Langue de feu, par exemple, langue de feu évente sa face dans la flûte la coupe
qu’en lui chantant ronge le coup de poignard du bleu
si enjoué
qui assis dans l’oeil du taureau
inscrit dans sa tête ornée de jasmins
attend que la voile enfle le morceau de cristal
que le vent enveloppé dans la cape de la mandoble [2]
dégoulinant de caresses
distribue le pain à l’aveugle et à la colombe couleur lilas
et serre de toute sa méchanceté contre les lèvres du citron flambant la corne torse
qui effraye de ses gestes d’adieu la cathédrale
qui défaille entre ses bras sans un bravo
tandis qu’éclate dans son regard la radio éveillée par l’aube
qui photographiant dans le baiser une punaise de soleil
mange l’arôme de l’heure [qui tombe
et traverse la page qui vole...] »

Etc, etc, etc.

Voilà ce qu’il passait son temps à écrire. Est-ce de la littérature ? Non. Mais la négation, qui va porter sur cette émulsion de mots — nous sommes dans l’atelier de Picasso —, la négation spatiale va tout de suite se présenter, paradoxalement, au lieu de cette surcharge que vous avez entendue, pâteuse, sinon pathologique, la négation dans l’espace de cette émulsion de mots va se présenter à l’envers, avec un comble d’élégance, de précision, d’économie et de charme.

Picasso avait beaucoup de parties honteuses à dépenser. Ce qui le différencie immédiatement — si vous le voyez dans un musée — de ceux qu’on pourrait prendre pour ses équivalents à l’époque — fable du cubisme —, disons Braque, Gris, Gleize, Metzinger & Co.

[...]


Pablo Picasso, Bouteille de Vieux-Marc, verre et journal, 1913.
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Il faut reconnaître ce que c’est que les mots chez Picasso. Quand il écrit par exemple, prenons le plus fréquemment employé, comme par tous ceux qu’on appelle les cubistes de l’époque, c’est évidemment un jeu qui va jouer avec le mot journal. Mais là où les uns laissent le mot pleinement reconnaissable, Picasso l’interrompt d’une façon très particulière. Vous aurez évidemment jour, vous aurez joue, vous aurez jo. Mais il faut savoir comment Picasso l’entend ce jo, car le J en espagnol, c’est pas le J français, c’est la jota espagnole. Et quand il emploie jo, je pense toujours, quant à moi, avec ce R guttural qui arrive du fond de la gorge, au mot joder en espagnol, qui veut dire évidemment baiser, et qui renvoie à cette inscription d’un des dessins faits par Picasso dans un des bordels où il allait souvent à Barcelone : « Cuando tengas ganas de joder, jode. » « Quand tu auras envie de baiser, baise. » Il a jamais rien fait d’autre, évidemment. Les Demoiselles d’Avignon sont déjà là.

[...]

... vous avez la langue bien pendue de Picasso, et qui en plus joue sur deux langues, le français et l’espagnol. Sur un double registre constant. Et je ne crois pas du tout que ce soit pour s’amuser qu’il ait fait tous ces textes d’élucubration sans ponctuation. Vous le sentez au comble de l’excitabilité érotique, au bord de l’apoplexie, et poussant avec des mots, alors qu’il avait probablement des petits problèmes avec la peinture ou la sculpture, et poussant poussant poussant avec ces mots, pour essayer de décharger cette agressivité, cette excitabilité. Mais je ne crois pas non plus que ce soit une plaisanterie, au sens du négligeable, bien au contraire, qu’il ait fait écrire des pièces de théâtre : Le désir attrapé par la queue, L’enterrement du comte d’Orgaz, et Quatre petites filles. Le désir attrapé par la queue des quatre petites filles. Et, selon une tradition espagnole et italienne, bien sûr, et à s’intéresser à mettre en scène des intellectuels du temps, célèbres, dans ses pièces de théâtre. Il s’amusait à ça pendant la guerre. On retrouve là Sartre, Camus, je crois, Simone de Beauvoir, Leiris, Lacan, qui est dans un coin, qui est un assez fringant jeune homme d’ailleurs, à lunettes, avec un regard un peu inquiétant vers le bord de la photographie.

Lacan ne parle jamais de Picasso. Sauf pour citer toujours la même phrase de Picasso : « Je ne cherche pas, je trouve ». Cela lui paraît extraordinaire que quelqu’un ait pu dire ça. Picasso, je pense, c’est ce qu’on dit en tout cas, employait Lacan comme médecin de la famille, à tout faire, pour faire donner de l’aspirine autour de lui.

Picasso a donc peint, dessiné, sculpté, gravé, comme il pouvait verbaliser. Verbaliser à mort. Encore une fois, au bord de la congestion verbale. Sans aucune théorie, bien entendu, c’est pas Kandinsky, on n’est pas dans le spirituel dans l’art. Et c’est cette parole que je pense qu’on déchiffre dans ses yeux, les yeux de Picasso. Il peint ses yeux, il peint sa parole. Dans ses autoportraits. Alors les musées, c’est simple, je vais m’acheminer vers ma conclusion, vous pouvez regarder des choses si vous êtes capables de les parler, ces choses. Sans quoi vous les verrez pas. Vous les verrez plus ou moins selon que vous êtes capables de les parler. C’est tout. Et sinon : rien. Maintenant si vous voulez on va se retirer doucement, et par exemple on pourra ensemble rentrer dans la tête infernale de Picasso. On va y rentrer avec son langage. Je l’emmène pas au paradis, mais on va faire sentir son enfer, l’enfer qu’il traite avec ses tableaux, ses sculptures, ses dessins, ses gravures, ses modèles, son peintre dans ses modèles, et ses modèles dans son peintre, et ça donne, pourquoi pas :

« La cruche fifre avec son habit de moine et demande à l’aveugle de lui indiquer le chemin le plus court qui fendille sa couleur sans la cape la corne torse tu sais déjà par qui la lumière qui tombe et vole en éclats dans sa figure sonne la cloche qui effraye de ses gestes d’adieu la cathédrale que l’air qui poursuit nu et à coups de fouet le lion qui se déguise en torero défaille entre ses bras sans un bravo et maintenant si en éclatant et dans son regard la radio éveillée par l’aube avec tant de comptes arriérés sur le dos retenant son haleine et portant dans le plat en équilibre la tranche de lune l’ombre que le silence éboule fait que l’accent continue à photographier dans le baiser une punaise de soleil la si fa ré si ma fa do si la do fa mange l’arôme de l’heure qui tombe et traverse la page qui vole et si après avoir fait son baluchon défait le bouquet qu’emporte fourré entre l’aile dont je sais déjà pourquoi elle soupire et la peur que lui fait son image vue dans le lac si la pointe du poème sourit tire le rideau et le couteau qui bondit de plaisir n’a pas d’autre ressource que mourir de plaisir dans le sang même aujourd’hui flottant à sa guise et n’importe comment au moment précis et nécessaire nécessaire nécessaire seulement pour moi voit passer comme un éclair en haut du puits le cri du rose que la main lui jette comme une petite aumône. »

Bon, alors voilà, c’était Picasso by night.

Cette conférence a été filmée par Jean-Paul Fargier qui l’a « mise en images » en 1988 en faisant par là même une nouvelle création « vidéo » (cf. Picasso by night by Sollers).

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Sur le texte daté du 28 novembre 1935 que cite Sollers...

Le poème « Lengua de fuego » (langue de feu)


Pablo Picasso, « Lengua de fuego ».
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Le poème « Lengua de fuego » (langue de feu) écrit entre le 24 novembre et le 24 décembre 1935 se déploie en dix-huit états successifs qui laissent apparents les ajouts, les incises ou encore les ratures. Il est un des exemples qui rend particulièrement visible le processus d’écriture, véritable laboratoire où le mouvement des mots fait varier les images au fil du temps. Créature poétique, « Lengua de fuego » semble devenir un organisme vivant qui se métamorphose en s’alimentant de nouveaux mots. Selon les feuillets, la mise en page du texte varie : manuscrits à l’encre noire parfois soulignés de couleurs, tapuscrits ou encore association de ces deux écritures qui met en scène une sorte de polyphonies au sein même du poème.

Poème en prose ? Copla réinventée ? Picasso réunit certains des motifs du cante jondo ou du romancero : l’éventail, le jasmin, le baiser, le poignard, autant d’éléments qui rappellent les thèmes de l’amour et de la mort qui se mêlent dans ces genres poétiques traditionnels. L’éclatement de la syntaxe et les différentes combinaisons selon les mots en saillie donnent un relief particulier au poème. Le premier état, visible sur le Carnet bleu daté du 24, 25, 26 novembre, montre des mots largement retracés au crayon s’imposant ainsi avec force sur la page, et déjà tout un réseau de lignes se dessine pour en associer de nouveaux en les « greffant » au texte. Les mots s’inventent en s’attachant puis se détachent comme « elaroma », « la-pagina » qui redeviennent « el aroma », « la pagina » selon les états, laissant entendre la dimension à la fois charnelle et expérimentale de ce poème où les mots sont comme « mâchés ». Les pauses ménagées dans le texte sont modifiées voire disparaissent selon les états rappelant l’importance du souffle qui donne lui aussi forme au poème. Les états IV et V du 28 novembre montrent le poème d’abord écrit en français puis à nouveau en espagnol [3], de nouveaux vers apparaissent : naissent-ils des résonnances échangées entre ces deux langues ?

La structure initiale du poème toujours visible laisse cependant place à un éclatement de sa forme par la prolifération des mots ou par le redécoupage des vers. L’état IX du 28 novembre sépare le poème en deux colonnes réduisant ainsi la longueur des vers. Il témoigne de la recherche d’un rythme notamment par l’ajout de la ponctuation et peut-être par les lignes de couleurs. Le feuillet du 28 novembre et du 5 décembre 1935 laisse d’ailleurs apparaître dans un phylactère une série de notes : s’agit-il d’un air qu’il associe à l’écriture de ce poème ou de la mélodie qui pourrait l’accompagner ? Le poète espagnol Rafael Alberti explique le processus suivi par l’artiste par cette métaphore : « Pablo plante une bouture sur le vide d’une page. Et la page commence à se peupler. Un échalas sans fin se ramifie et grimpe : une parole en tire une autre, l’enfile par le cou, celle qui a traversé le cou attrape une autre par le pied, celle du pied enserre une autre par le bras, celle du bras s’enfile le nez d’une autre, celle du nez prend une autre par les cheveux, celle des cheveux descend au long des fesses, se faufile à l’entrejambe pour mieux s’entortiller au nombril d’une autre, celle du nombril s’agrippe à la langue de la suivante ». [4]

Picasso poète pdf

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Pablo Picasso, 18 avril 1935. 3e état. Gravé à Paris le 9 mai 1939.
Paris, musée national Picasso. Quarto, p. 110. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Préface de l’édition de 1989

PICASSO ÉCRIVAIN
OU LA POÉSIE HORS DE SES GONDS
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Michel Leiris

... je n’en peux plus de ce miracle qui est de ne rien savoir dans ce monde
et de n’avoir rien appris qu’à aimer les choses et les manger vivantes...

Ainsi parle Picasso dans un poème en langue espagnole qui, publié ici en espagnol et en français comme tous ses pareils, fait figure inaugurale, aucun texte poétique plus ancien n’ayant été retrouvé.
Soumis à nulle contrainte d’euphonie, de rythme ni même de sens rationnel et dans une veine plus voisine (dans l’ensemble) du nihilisme dada que du surréalisme, école buissonnière, marche au gré des rencontres, dérive au fil des mots comme au fil des idées (celles-ci ne pouvant exister sans ceux-là qui sont en quelque sorte leur substance et point seulement leur véhicule). Tels se présentent dans leur spécificité abrupte la plupart des nombreux poèmes de Picasso, dont le premier qui nous soit connu remonte au 18 avril 1955 et le plus récent au 20 août 1959 (soit quelque quatorze ans avant que la mort mette fin à une période uniquement illustrée celle-là par des fêtes somptueuses captivant le regard), date mentionnée — comme pour situer dûment une note de journal intime — en tête de la section finale de sa dernière œuvre écrite : El Entierro del Conde de Orgaz, esquisse théâtrale virant vite à la poésie pure et qui paraît marquer — en espagnol, comme si la langue maternelle s’était imposée pour ces pages ultimes autant que pour celles de début — le terme d’une activité littéraire couvrant une période de vingt-cinq ans, soit plus du quart de la vie de cet artiste qui, de tout temps, fut l’ami des poètes, portraitura nombre d’entre eux, d’aujourd’hui, d’hier (Mallarmé), voire de jadis (G6ngora) et compta notamment parmi ses tout proches Apollinaire puis Éluard.
Libre coulée qui ne prend jamais forme de discours et, chemin faisant, se révèle riche en fulgurances, telle me paraît être l’écriture picassienne, qu’on ne voit s’organiser tant soit peu que dans les œuvres majeures que sont les deux pièces de théâtre — l’une satirique, dont par certains traits le protagoniste Gros Pied semble incarner caricaturalement l’auteur et qui a pour sordide toile de fond la pénurie dont les Parisiens souffrirent durant les premières années quarante du fait de l’occupation allemande, l’autre essentiellement lyrique et située dans un jardin potager de rêve où jour et nuit s’ébattent des adolescentes et que hantent de fantastiques apparitions dont, hautement tragique, celle d’un Pégase étripé comme un cheval de picador — Le Désir attrapé par la queue et Les Quatre Petites Filles, écrits de plus longue haleine et plus structurés que l’ordinaire des poèmes ne serait-ce que par le jeu des répliques et l’intervention d’indications scéniques introduisant un tout autre registre et rompant ainsi la continuité de l’accent. Ces textes produits, peut-on présumer, en dehors de toute visée immédiatement dramaturgique n’en ont pas moins été portés à la scène, ce à quoi ne se serait pas normalement prêté El Entierro ..., cette large fresque espagnole picaresquement grouillante de personnages qui emprunte son titre à un tableau fameux du Greco et dans laquelle la forme dialoguée du début a tôt fait d’être rejetée comme si l’auteur, n’écoutant que son bon plaisir, s’était écarté de son projet initial sans annuler pour autant ce qui en était résulté. Mais, étant entendu que dans les deux premières de ces œuvres maitresses (celles qui effectivement ont vu les feux de la rampe) le jeu apparaît sensiblement moins débridé, qu’est-ce donc qu’un poème qui n’a pas besoin d’être signé « Picasso » pour qu’on l’identifie avec aussi peu de risques d’erreur que s’il s’agissait d’une œuvre plastique née de la complicité de son œil et de sa main associés pour fabriquer un objet palpable ou à tout le moins visible ?
Moderato, sur le ton de quelqu’un qui débite doctement des vérités premières, en presque chaque cas et que la langue en cause soit l’espagnol ou le français, un soliloque sans suite logique où, quelquefois simplement énumérés comme en un inventaire, se trouvent brassés pêle-mêle plutôt qu’unis par des liens d’articulation positive ou relevant de la métaphore des éléments disparates qui peuvent être les plus précieux comme les plus triviaux. Temps éternel (quelquefois relayé par l’impératif ou par l’infinitif de même orientation des modes d’emploi ou des recettes de cuisine), le présent de l’indicatif : la chose est là, bien là, ou en ce moment même elle arrive. Profits et pertes. Train journalier d’un prodigieux artiste qui, en marge de ses travaux d’absolu montreur, tient une manière d’agenda où cahin-caha s’inscrivent, non des choses de l’ordre de ce qui se passe vraiment mais les choses qui lui passent par la tête. Systole et diastole, hauts et bas diurnes ou nocturnes, heurs et malheurs. Comme le dit crûment le titre de la plaquette Trozo de piel, recueil de quelques-uns des derniers poèmes, « morceau de peau ». La vie elle-même — cette « vie de vie » qui, avec la mort pour pendant, est nommée dans une lecture que font les quatre petites filles au commencement de l’acte VI — la vie à boire et à manger avec ses temps forts et ses temps faibles. Rien qui sente les petits plats mis dans les grands, ni le bel ajustement des jours fériés. Une poésie de ras du sol, qui ne s’élève jamais au-dessus du niveau de lamer, bien qu’ayant certes, comme celle-ci, ses vagues et ses remous. Flot qu’à tout bout de champ ne laisse pas de fleurir comme une écume telle couleur ou tel arc-en-ciel de couleurs aux noms (semble-t-il) prononcés presque amoureusement. Défilé hasardeux de choses fort diverses appelées par les mots mais qui, malgré l’intensité de leur présence, ne sont bien sûr que des mots, billes qu’en jouant l’on fait rouler et qui s’entre­choquent, lancées couramment dans d’absurdes aventures qui n’ont droit de cité qu’au niveau de l’énoncé, celui-ci reçu comme garant de la réalité à laquelle, bien qu’éventuellement d’une inanité confondante, il semble se référer. Sorte de psalmodie où c’est souvent l’impossible qui est signifié d où comptent seuls les agrégats de vocables qui se trouvent mis en jeu et s’appellent les uns les autres jusqu’à par moments se bousculer. Faire virtuellement se produire ce qui raisonnablement ne pourrait se produire mais prend corps grâce à une assertion qui doit, si l’on peut dire, être crue sur parole, tel est le pouvoir éberluant dont ce type d’écriture s’avère doué ù tout instant. « Fiat lux », « Sésame ouvre-toi » : diktat coup de baguette. Que la chose soit dite et la voilà qui est !
Parfois — comme en de nouveaux états — reprises successives du même lambeau de texte comportant d’une version à l’autre des éléments en majorité les mêmes mais rangés dans un ordre différent, comme si leur manipulation offrait un éventail de possibilités qu’il y a lieu de toutes essayer. Ailleurs, rien d’autre qu’une bouleversante litanie où se répète indéfiniment le mot « ciel » bientôt assaisonné d’images après l’avoir été d’adjectifs indiquant ses couleurs à l’exclusion du bleu qui, tardif mais non négligé, apparaîtra — quadruplement affirmé — en point final, couronnement simple et parfaitement laïque de cette manière d’invocation. En définitive, danse du langage plutôt que danse des choses auxquelles les mots font allusion, mais danse à quoi n’est pas étrangère une danse des sentiments, puisqu’on y voit — par endroits — s’affirmer entre autres l’amour en des séquences dont la saveur et la fraîcheur parlent par elles­ mêmes et suffisent à traduire de la façon la plus sensible cet émoi de tout l’être. Baromètre du climat régnant aussi bien que des humeurs, kaléidoscope dont à longueur de calendrier le poète, à l’affût de la merveille qui un instant le comblera, ne se lasse pas de tourner et retourner les éléments dans sa bouche, dévoreur de réalités ou de pseudo-réalités par le truchement des paroles qui les évoquent.
Adepte du rêve yeux ouverts, superpianiste d’ambiance laissant ses doigts se promener en somnambules sur le clavier, Picasso, qui oublie comme par système presque chaque fois qu’il tient la plume son étonnant pou­ voir de construire en trouvant toujours un équilibre saisissant fût-il des plus acrobatiques et qui s’abandonne volontiers — jusque dans ses pièces de théâtre, sortes de poèmes à plusieurs voix — à de fabuleux monologues intérieurs que ne bride ni protocole rhétorique ni thème défini et où pointent de-ci de-là échos de corrida et autres souvenirs d’Espagne, joue insatiablement des mots comme d’autres, obéissant à leurs seules impulsions, joueraient d’un instrument de musique. Parmi les auteurs modernes auxquels, troublé par ce qu’il a de farouchement singulier, on peut à la rigueur le comparer pour essayer de le situer dans la cartographie des lettres, lui qui déjà au sommet de sa gloire se réjouissait plaisamment de voir Les Quatre Petites Filles publié dans la série blanche des éditions Gallimard car cela lui semblait le consacrer écrivain à part entière, je ne vois guère que James Joyce qui, dans son Finnegans Wake (veillée funéraire tout comme c’est de funérailles qu’il s’agit côté Orgaz, dans cette autre œuvre dernière aux allures épiques de Jugement Dernier), ait fait preuve d’une pareille capacité de promouvoir le langage chose réelle (dirait-on) qui se mange ou se boit gloutonnement et d’en user avec autant de vertigineuse liberté. Trait qui leur est commun et qui les met tous deux à part, aussi distants l’un de l’autre que s’avèrent, par la lettre comme par l’esprit, ces deux prestigieux produits de notre siècle, le grand écrivain à jamais dublinois malgré l’exil et le grand artiste originaire d’une lumineuse ville andalouse. L’un n’hésitant pas à créer de nouveaux mots et visant à faire souterrainement proliférer le sens, l’autre chez qui, suggéré tant par de tranquilles affirmations au contenu burlesquement aberrant que par des passages à vide où la machine à mâcher ne mastique même plus un semblant de nourriture — témoin l’oiseux tradéridéra ou peu importe quel tralala-lalaire d’une série de notes de musique nommée chacune par son nom ou bien, autre bouffée d’ironie, l’égrènement d’un chapelet de chiffres sans rapport avec le contexte — le nada du non-sens culmine, soleil noir, dans le ciel glauque de l’humour.

MICHEL LEIRIS

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Pablo Picasso, Portrait de l’auteur, dessin dans Le désir attrapé par la queue.
Paris, musée national Picasso. Quarto, p. 354. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Le désir attrapé par la queue joué chez les Leiris

Le 19 mars 1944, 1944, chez Zette et Michel Leiris au 53 bis quai des Grands-Augustins, Camus met en scène cette piécette de Picasso : « Le Désir attrapé par la queue » pièce de théâtre surréaliste L’écriture de sa pièce ne lui avait pris que trois jours, entre le 14 janvier et le 17 janvier 1941. Son ami Max Jacob, son ami des temps de vaches maigres meure à Drancy des suites des conditions de détention, le 5 mars 1944. Picasso invite ses amis pour le dimanche 19 mars 1944, à jouer et écouter son drame surréaliste sous le portrait qu’il a fait de Max Jacob deux ans plus tôt et qu’il a dressé pour l’occasion dans le salon des Leiri. Albert Camus qui a déjà publié son essai sur l’absurde de la condition humaine qu’est Le Mythe de Sisyphe, se charge de ce qui est censé être une mise en scène. En fait, ‘il décrira les décors, annoncera les actes et présentera les antagonistes.

La distribution est prestigieuse : Michel Leiris : le Gros Pied, Jean-Paul Sartre : le Bout Rond, Raymond Queneau : L’Oignon, Jacques–Laurent Bost : le Silence, Germaine Hugnet : L’Angoisse Grasse, Dora Maar : L’Angoisse Maigre, Zanie Campan (Zanie Aubier) : La Tarte, Simone de Beauvoir : Sa Cousine, Jean Aubier : Les Rideaux, Louise Leiris : Les Deux toutous, Louise Leiris : Les Deux terrines.

L’assemblée des spectateurs était tout aussi extraordinaire : Henri Michaux, Jean Cocteau, Jean Marais, Valentine Hugo, Pierre Reverdy, María Casares, Jacques Lacan, Braque, Cécile Eluard se trouvent parmi la centaine de spectateurs. Toute intelligentsia parisienne ! (plkdenoetique)

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Envoi autographe signé de Pablo Picasso
à Laurent Casanova.

Photo prise chez Picasso au 7 quai des Grands -Augustins, 16 juin 1944.


Assis : Sartre, Camus, Michel Leiris, Jean Aubier. Debout : Lacan, Cécile Éluard, Pierre Reverdy, Louise « Zette » Leiris, Picasso, Zanie Campan , Valentine Hugo , Simone de Beauvoir, Brassaï.
ZOOM : cliquer sur l’image.
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LIRE : Le désir attrapé par la queue

DERNIER ARTICLE SUR PICASSO : Picasso, cet étranger, ce métèque


[1La première édition a été publié le 04-10-1989 dans la collection Livres d’Art, Gallimard. Elle était présentée ainsi :

Ce livre présente pour la première fois tous les écrits de Picasso : plus de trois cent quarante textes poétiques et deux pièces de théâtre, écrits en espagnol ou en français entre 1935 et 1959. À part quelques publications en revues ou en volumes, la plupart de ces textes étaient restés inédits. Picasso a toujours entretenu des liens privilégiés avec l’écriture, comme en témoignent l’utilisation des lettres et des mots dans ses œuvres cubistes et ses relations étroites avec les poètes de son temps. Il commence véritablement à écrire en 1935, à un moment de crise dans sa vie privée, qui l’empêche de peindre pendant plusieurs mois. Puis il continue à mener de front peinture et poésie jusqu’en 1941. La guerre et l’après-guerre voient l’apparition de deux pièces de théâtre : Le désir attrapé par la queue, en 1941, et Les quatre petites filles, en 1947-1948. Quelques textes isolés apparaissent encore dans les années cinquante pour aboutir aux derniers textes connus de 1957-1959, publiés sous le titre : L’enterrement du comte d’Orgaz.
D’une facture très libre, et pratiquement sans ponctuation, ces textes relèvent pour une large part de l’écriture automatique surréaliste, même s’ils sont souvent retravaillés en plusieurs états ou variations. Ils entretiennent d’étroites correspondances avec la peinture, évoquant les mêmes thèmes (amour et mort, guerre et corrida, crucifixion et minotaure... ). Écrits à l’encre de Chine sur feuilles de papier d’Arches, ils frappent autant par leur contenu que par leur aspect calligraphique.
L’ouvrage présente les textes dans l’ordre chronologique, en français, avec les textes originaux en espagnol. Il est abondamment illustré de reproductions des manuscrits qui permettent d’en apprécier les qualités graphiques. Chaque texte est complété d’une notice détaillée décrivant ses divers états, et établissant leurs différences. En annexe figurent les journaux manuscrits (1893-1895), les notations sur l’art et les peintres, et les fragments isolés ou non datés.
Picasso peintre et poète : « Après tout les arts ne font qu’un, disait-il, on peut écrire une peinture en mots comme on peut peindre des sensations dans un poème. » La publication de ces écrits, déjà envisagée du vivant de l’auteur, dévoile un aspect méconnu du génie de Picasso, et constitue un apport fondamental à la connaissance de l’œuvre et de l’homme.

[2mandoble : épée, espadon, qui se tient à deux mains. (Quarto, p.156).

[3Différents états du poème « Lengua de fuego » et notamment ceux écrits en français, ont été publiés dans la revue Cahiers d’Art consultable sur Gallica. Voir Jaime Sabartès, "La literatura de Picasso", Cahiers d’Art, n° 1-2, 1936, p. 225-238. Consultable en ligne : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9822820f/f243.item

[4Rafael Alberti, postface à l’édition de L’Enterrement du comte d’Orgaz de Pablo Picasso publié chez Gallimard en 1978.

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