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Salvator Mundi : Vinci or not Vinci ? Le polar

Autour du documentaire d’Antoine Vitkine sur la stupéfiante affaire du dernier Vinci

D 13 avril 2021     A par Albert Gauvin - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



« C’est la fermentation de Florence, mais sans les Médicis, aucune Renaissance à attendre. On exhibe un Sauveur du monde de Léonard de Vinci, et il est vendu 450 mil­lions de dollars : ce peintre a tout l’avenir devant lui, le reste est vacarme. »

Philippe Sollers, Le Nouveau, Gallimard, 2019, p. 118.


Le Sauveur du monde par Léonard de Vinci (?).
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Un documentaire d’Antoine Vitkine, diffusé le 13 avril sur France 5, revient sur le mystère de la paternité du célèbre tableau "Salvator Mundi", issu de l’atelier de Léonard de Vinci.

Antoine Vitkine était l’invité de France Inter le 8 avril. REGARDEZ ICI.

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EXTRAITS

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L’INTÉGRALE SUR FRANCE TV

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Mardi 13 avril, France 5 diffuse en prime time le documentaire Salvator Mundi d’Antoine Vitkine. Fruit d’une enquête de deux ans, le film retrace l’histoire aux nombreuses péripéties du tableau de Léonard de Vinci, de sa redécouverte à la Nouvelle-Orléans en 2005 à son absence lors de l’exposition « Léonard de Vinci » au musée du Louvre en 2019, et revient sur l’épineuse question de son authenticité.

Alors que l’on pensait ne plus en entendre parler depuis son absence en 2019 dans l’exposition « Léonard de Vinci » au musée du Louvre, le Salvator Mundi continue de défrayer la chronique. Mardi prochain, France 5 diffusera à 20h50 un documentaire inédit d’Antoine Vitkine qui a enquêté sur le tableau attribué à Léonard de Vinci (1452-1519). Intitulé Salvator Mundi, la stupéfiante affaire du dernier Vinci, le film rassemble des images d’archives et des interventions de marchands d’art, conservateurs, historiens de l’art, experts, journalistes, responsables de maison de ventes, conseillers politiques ainsi que des hauts fonctionnaires français qui ont tous été des acteurs plus ou moins direct dans l’histoire romanesque du tableau. Si le long-métrage rappelle en grande partie de nombreux éléments connus de l’affaire, dans ses dix dernières minutes, il apporte de nouveaux éléments de réponse qui expliquent pourquoi le Christ rédempteur n’a pas fait partie de l’exposition blockbuster du Louvre.

La Genèse de l’histoire du « Salvator Mundi retrouvé » racontée
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Le tableau avant restauration.

D’après le découpage du documentaire en trois parties, l’histoire du Salvator Mundi est une question de vérité, d’argent et de pouvoir. Ainsi, dans la première demi-heure, Antoine Vitkine revient sur la découverte du tableau en avril 2005, lorsque celui-ci est mis aux enchères en tant qu’œuvre tardive de l’atelier de Léonard de Vinci dans une petite maison de ventes de la Nouvelle-Orléans (Louisiane, États-Unis). Vendue 1 175 dollars frais compris, la peinture est ensuite restaurée et étudiée pendant deux ans. Une restauratrice met alors au jour un repentir du pouce du Christ, découverte qui permet à l’acquéreur, un marchand d’art, de penser qu’il est en présence de la version originale du Salvator Mundi par Léonard de Vinci.

Toutefois, pour attribuer une nouvelle peinture au maître de la Renaissance, la caution d’un grand musée est indispensable. En effet, il n’existe qu’une petite vingtaine de tableaux de l’artiste parvenus jusqu’à nous. En 2008, le Christ sauveur est donc montré aux experts et spécialistes du Metropolitan Museum à New York. Après avoir fait chou blanc au Met, le tableau est montré au directeur de la National Gallery de Londres, où une grande rétrospective du maître florentin se prépare pour 2011. En 2009, l’institution britannique demande à quatre experts et chercheurs de venir voir l’œuvre avant de choisir de l’exposer ou non. Si la conservatrice du Met Carmen Bambach est plutôt sceptique, le professeur d’Oxford et historien de l’art Martin Kemp prend position en se fiant à son « expertise visuelle ». « Si je me trompe personne ne meurt, seulement quelqu’un qui perd beaucoup d’argent… », confie-t-il à Antoine Vitkine. Ainsi, deux ans plus tard, le tableau est présenté, parmi les neuf peintures de Léonard de Vinci de l’exposition de la National Gallery, comme étant le « Salvator Mundi retrouvé ».

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Si habituellement les attributions sont réalisées suite à des publications scientifiques ou après consultations d’experts différents, cette attribution informelle en petit comité ne convainc pas tous les historiens de l’art. C’est notamment le cas de Matthew Landrus qui constate « qu’une grande partie de l’œuvre a été repeinte. On peut appeler cela de la restauration mais on peut aussi appeler cela du repeint ». Quant à l’argument du repentir, l’historien de l’art l’écarte en expliquant que le studio de l’artiste aurait très bien pu le faire, rien ne prouve qu’il s’agit là de la signature du maître. De même, l’œuvre n’apparaît pas dans les correspondances de Léonard de Vinci.

Une vente spectaculaire chez Christie’s
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Une fois la question de l’authenticité réglée, dès 2012, le marchand d’art cherche un acheteur pour sa poule aux œufs d’or. Après s’être tourné, sans succès, vers les musées américains, le vendeur tente sa chance vers Monaco, le Vatican et auprès d’autres maisons de ventes. En 2013, il trouve un oligarque russe collectionneur d’art prêt à acheter le Christ rédempteur. Un an plus tard, après un scandale autour du prix de vente (dévoilé dans le « New York Times »), le nouveau propriétaire décide finalement de se séparer de son tableau. L’œuvre retourne ainsi à New York pour être la star d’une vente publique d’art contemporain chez Christie’s.

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Avant les enchères, le « Dernier De Vinci » fait l’objet d’une campagne de communication exceptionnelle qui exclue totalement la potentielle attribution du tableau à l’atelier de l’artiste, reprend la typographie sensationnelle du film hollywoodien Da Vinci Code (2006) et mise sur un spot publicitaire où les spectateurs (dont l’acteur Leonardo… di Caprio) sont émus face au tableau, pour préparer le terrain. En 2017, la vente spectaculaire de Christie’s montre une bataille d’enchères qui se joue, non plus dans la salle, mais entre deux acheteurs par téléphone, avant d’être adjugé 450 000 millions de dollars, frais compris. Après avoir gardé le mystère du nouveau propriétaire de l’œuvre la plus chère au monde, le nom du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane (MBS) fuite dans la presse. Ainsi, d’après le documentaire, l’achat du Salvator Mundi s’inscrirait dans une stratégie « après pétrole » du pays, notamment autour du site d’Al-‘Ula et de la construction de musées d’ici 2030.

Deux témoignages exclusifs qui vont dans le sens des rumeurs
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Toutefois, en 2018, une nouvelle polémique éclate. Déjà sceptique auparavant, Matthew Landrus confie au « Guardian » qu’il rejette l’attribution du tableau à Léonard de Vinci et émet l’hypothèse que l’auteur du Salvator Mundi serait en réalité Bernardino Luini, un des assistants du peintre qui maîtrise la technique du sfumato. Il fait ainsi écho à l’experte Carmen Bambach qui avait aussi partagé ses doutes dans la presse en 2012. Aussi, d’autres historiens de l’art, comme Jacques Franck, défendent que l’œuvre est de Salai, un élève du maître de la Renaissance, supervisé et complété par Giovanni Boltraffio (1467-1519), un des peintres de l’atelier de Léonard de Vinci. Quelques mois plus tard, alors que le Salvator Mundi devait être exposé au Louvre Abu Dhabi, le musée fait finalement marche arrière, alimentant le flou artistique autour de l’authenticité de la peinture. « Pourquoi cacher le tableau le plus connu, de l’artiste le plus célèbre et au prix le plus cher ? Pourquoi ne sont-ils pas assez sûrs pour exposer ce tableau star ?  », questionne le critique d’art Jerry Saltz face à la caméra.

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La même année, le Président Macron reçoit le prince saoudien à l’Élysée à l’occasion d’un accord pour la mise en valeur d’Al’Ula d’une valeur de 15 milliards d’euros, en présence de Jean-Luc Martinez, président-directeur du musée du Louvre, qui prépare alors l’exposition événement « Léonard de Vinci ». C’est dans ces dix dernières minutes du documentaire que les choses deviennent d’autant plus intéressantes. À visages masqués et dans la pénombre, deux hauts fonctionnaires anonymes témoignent de ce qu’il s’est réellement passé entre la rencontre avec MBS et l’ouverture de l’exposition blockbuster du Louvre. Assis au Musée national Jean-Jacques Henner (Paris, XVIIe arrondissement), le premier témoin, un « haut fonctionnaire au ministère de la Culture », explique que le prince souhaitait incarner un symbole de modernité et d’ouverture culturelle de l’Arabie saoudite. Le second intervenant anonyme, haut fonctionnaire du gouvernement, précise que le Salvator Mundi est arrivé au Louvre en juin 2018 et est resté dans les laboratoires du C2RMF, au sous-sol du musée, durant trois mois afin d’être analysé. Cette expertise est devenue « secret d’État » (l’expertise des œuvres n’appartenant pas aux collections nationales est interdite). Le témoin rapporte alors à Antoine Vitkine que Vincent Delieuvin, conservateur au Louvre et co-commissaire de l’exposition « Léonard de Vinci », a convoqué des experts internationaux pour annoncer qu’à l’issue de ce processus «  l’expertise scientifique a permis de démontrer que Léonard de Vinci n’a fait que contribuer à ce tableau  ». Donc difficile de le présenter comme une œuvre du maître sans mentionner son atelier.

Ainsi, lorsque l’Arabie saoudite souhaite prêter le Salvator Mundi, sous condition qu’il soit présenté sans explication et comme un tableau autographe de Léonard de Vinci, le Louvre devient plus réticent. L’institution produit deux catalogues et deux plans différents pour l’exposition avant que les choses ne soient tranchées fin septembre 2019. Craignant de raviver le débat sur l’authenticité et d’être accusé de blanchiment d’une œuvre, Emmanuel Macron ne donne pas suite à la proposition de MBS et préfère maintenir la crédibilité de la France et du Louvre. « À terme, on ne nous prêterait plus d’œuvre si on faisait ce genre de choses », explique le haut fonctionnaire du gouvernement. « Il faut avoir des convictions qui vont au-delà des intérêts immédiats.  » Finalement, l’exposition « Léonard de Vinci » se fera sans le Christ sauveur.

Aujourd’hui, le Salvator Mundi est conservé dans un lieu inconnu. Depuis sa vente chez Christie’s, le tableau n’a pas été montré publiquement. Alors que certains assurent que l’œuvre dort dans les réserves du Louvre Abu Dhabi, d’autres dans un musée à Genève ou bien qu’il vogue sur les flots à bord du yacht du prince héritier, nul ne sait s’il sera à nouveau présenté un jour dans une institution occidentale ou dans un musée saoudien, aux conditions refusées par le Louvre. Si le documentaire d’Antoine Vitkine est clairement à charge, il ne fait aucun doute qu’il n’y a pas de fumée sans feu, ni de Léonard de Vinci sans belles histoires pleines de rebondissements. Quoi qu’il en soit, le Salvator Mundi n’a certainement pas fini de faire parler de lui. Dernièrement, un historien de l’art a frappé l’œuvre comme un NFT, espérant peut-être voir un revival de la vente historique de Christie’s, et une comédie musicale inspirée de l’histoire du chef-d’œuvre est actuellement en préparation à Broadway. (Agathe Hakoun, Connaissance des arts)

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Dans les médias

RTL, ce mardi matin 13 avril.

Le tableau le plus cher du monde, le Salvator Mundi, vendu en 2017 contre l’impressionnante somme de 450 millions de dollars est-il vraiment l’œuvre de Léonard de Vinci ? Un documentaire, diffusé ce mardi 13 avril sur France 5, avance qu’il s’agirait d’une œuvre d’atelier, sur laquelle l’artiste italien serait peu intervenu.
Pour Didier Rykner, directeur de La Tribune de l’Art, ces affirmations bousculeraient le monde de l’art si elles étaient avérées, "ce qui n’est pas l’avis du Louvre". L’institution, explique-t-il, a analysé le tableau, et considéré qu’il s’agissait bien d’un de Vinci.
L’historien de l’art explique que le nombre de "repentis" a notamment permis d’attribuer l’œuvre à l’Italien. Par une technologie infrarouge, il est possible d’identifier les corrections effectuées par l’artiste. En cas de copie, celles-ci sont généralement minimes, et sont plus nombreuses lorsqu’il s’agit d’un original, montrant les hésitations de l’artiste.
Si les œuvres collectives réalisées dans des ateliers ne sont pas rares, Didier Rykner souligne que de Vinci faisait "la plupart de ses tableaux lui-même. En revanche, dans l’atelier, vous avez des élèves qui reproduisent les tableaux en même temps (...). Pour le Salvator Mundi, il y aurait le tableau dont on parle, qui serait l’original, et un tableau qui est dans une collection française qui aurait été réalisé par un de ses élève, sous sa supervision".

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Europe 1, ce mardi matin 13 avril.

Matthieu Belliard reçoit Fabrice Bousteau, directeur de la rédaction de Beaux-Arts Magazine. Ensemble, ils s’interrogent sur la polémique qui entoure la signature du tableau "Salvator Mundi". Pour certains, il ne serait pas signé Leonard de Vinci. Le documentaire "La Stupéfiante Affaire du dernier Vinci" d’Antoine Vitkine avance également cette hypothèse, il sera diffusé sur France 5 ce mardi.

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Salvator Mundi : le tableau le plus cher du monde "au cœur de négociations permanentes entre Paris et Riyad"

Entretien | Antoine Vitkine, dans son enquête sur le "dernier Vinci”, confirme l’identité de son propriétaire, le prince MBS et révèle une affaire d’Etat, impliquant la France et le Louvre. Le réalisateur conteste l’expertise du musée dévoilée ce week-end, affirmant que le tableau serait bien un Léonard à 100%.

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Mohammed Ben Salmane reçu à l’Elysée
par Emmanuel Macron le 10 avril 2018

Avant de devenir le plus cher du monde, le tableau est acquis et en mauvais état, pour seulement 1 175 dollars, par un marchand d’art new yorkais, en 2005. Il est très vite confié à une restauratrice américaine de renom qui se dit convaincue, après deux ans de travail, qu’il s’agit bien d’une œuvre de Léonard de Vinci, du modèle des autres Salvator Mundi, issus de l’atelier du maître. Mais les experts sont divisés. Et pourtant, la National Gallery de Londres l’expose en 2010 comme une œuvre autographe et lui donne donc des gages d’authenticité. Le tableau prend énormément de valeur, en 2013, en étant racheté par un oligarque russe pour un peu plus de 127 millions de dollars, avant d’être vendu aux enchères 4 ans plus tard, malgré les controverses et sans analyse approfondie, comme un "vrai" Vinci, chez Christie’s, 450 millions de dollars !

Dans le documentaire, Salvator Mundi, la stupéfiante affaire du dernier Vinci, le réalisateur Antoine Vitkine, assure que le dernier acheteur est bien le jeune dirigeant saoudien, MBS, Mohammed Ben Salmane et qu’il a obtenu de la France, une expertise dans le plus grand secret. Avec ce résultat : "Leonardo a seulement contribué au tableau" comme le certifie un haut fonctionnaire, dans l’anonymat, après trois mois d’analyse au C2RMF, laboratoire de pointe, dans l’enceinte du Louvre. Et à la demande de MBS d’exposer son Salvator Mundi, juste à côté de la Joconde, et de le présenter comme un Vinci à 100 %, fin 2019, Emmanuel Macron, sur fond de tensions diplomatiques, se serait lui-même prononcé contre, en se gardant bien de l’annoncer officiellement. Il s’agit d’une des principales révélations de l’enquête.

Mais il y a aujourd’hui une nouvelle controverse. Le magazine La Tribune de l’Art assure que le Louvre et le C2RMF ont abouti à la conclusion inverse de celle du documentaire : pour eux, le tableau est effectivement de la main de Léonard, et seulement de lui et la communication de cette information aux Saoudiens aurait eu lieu en septembre 2019. Dans un article paru ce lundi, le New York Times ajoute que le Louvre a certifié que le tableau était une œuvre de Léonard, mais a gardé les conclusions secrètes après une dispute avec ses propriétaires.

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Présenté comme un Vinci à 100% par Christie’s,
sans expertise approfondie, le Salvador Mundi
a été vendu aux enchères 450 millions de dollars,
le 15 novembre 2017.
Crédits : Andy Rain / EPA/Newscom-Maxppp.

Est-ce que ces révélations remettent en cause votre documentaire sur le Salvator Mundi ?

Il y a une controverse, oui, mais elle ne m’étonne absolument pas dans la mesure où ce film, mon film, à travers ce tableau, raconte quelque chose qui va bien au-delà de questions d’histoire de l’art ou d’expertises scientifiques, mais qui est une affaire d’Etat. Je rappelle qui est le propriétaire du Salvator Mundi : il s’agit de Mohammed Ben Salmane, connu pour être capable de faire assassiner un journaliste critique et surtout connu pour être à la tête de l’Arabie saoudite, qui a des intérêts considérables avec la France et avec le Louvre. Le Louvre a signé un accord lié aux accords d’Al-Ula dont la valeur globale pour la France s’élèverait à une quinzaine de milliards d’euros et où le Louvre est partie prenante et amené à gérer un musée qui serait trois fois plus grand que le Louvre Abu Dhabi en Arabie saoudite. Le Louvre Abu Dhabi lui rapporte déjà des centaines de millions de franchise ; les enjeux sont là.

Je ne suis pas historien de l’art mais je suis sûr de ce que mes sources me disent et de l’évaluation assez négative du tableau par l’Elysée au moment où est prise la décision de refuser les conditions saoudiennes : exposer le tableau à côté de la Joconde comme un Léonard à 100%, sans explication. C’était ça, la demande. C’était l’objectif principal. J’insiste dans cette histoire que pour Mohammed Ben Salmane, Il ne s’agit pas de contribuer aux collections du Louvre ni de faire rayonner Léonard de Vinci. C’est de montrer au monde que le tableau qu’il a acheté pour un demi-milliard de dollars est un vrai Vinci, malgré les polémiques !

Alors que répondez-vous à cette affirmation du Louvre, après expertise, que le tableau serait donc bien un Vinci à 100 % ?

Je m’en tiens à la chronologie de mon enquête. Je démontre et je révèle d’ailleurs pour la première fois à l’échelle mondiale que c’est le président de la République, Emmanuel Macron qui doit arbitrer un débat qui oppose d’une part le Louvre et d’autre part, les ministères des Affaires étrangères et de la Culture sur le fait d’accorder à MBS ce qu’il demande. La réponse est négative. Cela a lieu à la fin du mois de septembre 2019. L’exposition s’ouvre en octobre et c’est en décembre qu’aurait donc été publié un fascicule rapportant une expertise des experts, des historiens de l’art du Louvre démontrant que le tableau est un tableau autographe et qu’il n’y a aucun problème avec le tableau ou pas beaucoup de problèmes. Ce fameux rapport, le Louvre, évidemment, refuse d’en parler. Le Louvre est gêné par quelque chose qui est très simple. C’est que l’expertise dont on parle, que rapporte le New York Times, est la propriété du commanditaire : Mohammed Ben Salmane. Le Louvre est donc juge et parti. Quand on juge, on doit être au minimum neutre. Le Louvre ne peut pas être neutre. Les intérêts du Louvre avec l’Arabie Saoudite sont avérés et se chiffrent à plusieurs dizaines de millions d’euros.

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Qu’est-ce qui a empêché l’exposition en 2019 du "Salvator Mundi" au Louvre, dans ces conditions ?

Je me pose la question. Ce qui est sûr, c’est que la demande de MBS de l’exposer à côté de la Joconde, a vraiment été faite. Cela peut être donc un argument. _ Effectivement, c’est une hypothèse que le refus ait achoppé là-dessus. C’est ce que dit le New York Times. Bon, je suis prêt à l’accepter, mais ça me paraît un peu court et un peu gros, Voilà.

Êtes-vous aussi confronté à des démentis au niveau politique ou au niveau de certains personnages qui sont exposés dans votre documentaire ?

Je pense que tout le monde est sous pression. Si on était dans le cadre d’un débat d’histoire de l’art avec une polémique sur : est-ce que c’est un autographe ? Est ce qu’il y a une contribution d’assistants ? On sait que c’est Vinci. Mais à quel point a-t-il contribué ? Principalement ou pas principalement ? Si c’était une polémique comme ça, sur des enjeux artistiques, on en débattrait sereinement. Le problème, c’est que c’est pollué par des enjeux considérables pour la France, pour le Louvre, pour le monde de la culture, qui sont les milliards de l’Arabie saoudite et par ailleurs, la personnalité de Mohammed Ben Salmane, qui a à cœur de voir reconnu son tableau, pour sauver la face. De notre côté, nous n’avons jamais conclu que ce n’était pas un Léonard de Vinci. La presse mondiale d’ailleurs, qui a répercuté et qui a médiatisé mon film, a eu parfois des titres totalement délirants comme "MBS a acheté un faux Vinci". On a l’impression qu’il a acheté une œuvre de faussaire. Le tableau est au cœur de négociations entre Paris et Riyad : il fait l’objet de négociations permanentes. Les enjeux financiers, politiques et diplomatiques polluent l’expertise et donc la vérité scientifique qui devrait émerger.

Crédit : France Culture

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