
- I - Dans Passage des Arts avec Claire Chazal

Claire Chazal, Ady et Man Ray
Mougins, 1937. Man Ray et Ady Fidelin, qui était alors sa compagne et sa muse. © Lee Miller Archives, England 2013

Claire Chazal, dans son émission « Passage des Arts » du 28 novembre, sur France 5, nous a proposé un documentaire rare « Un été à la Garoupe ». Un été de 1937 où Picasso à invité ses amis sur la côte d’Azur. Un film réalisé par François Levy-Kuentz, en 2019, à partir des magnifiques images des archives de Man Ray,, Lee Miller et Dora Maar, dans lequel on partage l’intimité de quelques géants du XXe siècle.
A Noël 2020 plombé par le Covid 19, retrouvez l’été 1937, sur la plage de la Garoupe, des vacances facétieuses, libertines, créatives, dans le sillage du grand Picasso et de ses amis surréalistes.
« Pendant les trois ans qui ont précédé la guerre, nous nous étions retrouvés dans le Sud, réunis comme une famille heureuse ; peut-être était-ce pour conjurer le sort d’un avenir incertain »
nous dit Man Ray ou plus exactement son porte-parole dans le film.
A notre tour de conjurer le sort d’un avenir incertain en regardant, sans restriction, ces belles images.

Paul Eluard avec sa femme Nusch et Man Ray, à l’été 1937 FRANCE 5/MAN RAY/RMN
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Dora Maar, Nusch Eluard et Pablo PIcasso (de dos)

C’est l’histoire d’une bande de copains qui se retrouvent dans le sud de la France pour passer leurs vacances au bon air. Le synopsis de ce documentaire tient en une phrase. À un détail près : il ne s’agit pas de n’importe quels copains… En cet été 1937, le déjà célèbre Pablo Picasso et sa compagne d’alors, Dora Maar, attendent à la pension Vastes Horizons, un lieu qu’ils affectionnent tout particulièrement dans le petit village de Mougins, sur les hauteurs d’Antibes, leurs amis proches. Rien que du beau monde de la sphère artistique : Paul Éluard et sa femme Nusch,Lee Miller et le collectionneur critique d’art Roland Penrose, Man Ray et sa nouvelle amie, Ady Fidelin. Autravers de la voix du comédien Jean-Marc Barr, ce dernier se fait le porte-parole de Man Ray et donne le ton au film :
« Il ne s’agit pas ici de vous raconter ma vie, mais d’évoquer ces quelques semaines fertiles en quête de plaisir, de liberté et de création ; [...] comment ne pas se rappeler de ce passé, de l’insolence de ce bonheur d’été ? Pendant les trois ans qui ont précédé la guerre, nous nous étions retrouvés dans le Sud, réunis comme une famille heureuse ; peut-être était-ce pour conjurer le sort d’un avenir incertain. […] Mougins était perché dans la colline, on y circulait encore à dos d’âne dans les odeurs de pin et d’olivier.[…]J’avais avec moi une nouvelle pellicule couleur. Kodak m’en avait donné toute une provision pour voir ce que je pourrais faire. J’allais filmer dans la lumière du Midi, l’amitié et la passion pour l’art qui nous liait les uns aux autres. »

Pique-nique à Sainte-Marguerite, Cannes 1937, Nusch, Paul Eluard, Lee Miller, Man Ray, Andy
Une scène qui éclaire les mœurs libérées des amis surréalistes de Picasso. Photographie Roland Penrose
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Les magnifiques images de Man Ray, mais aussi celles de Dora Maar et Lee Miller, autres photographes de talent, servent ainsi de fil conducteur au documentaire, passionnant, lui aussi, de François Lévy-Kuentz. Intitulé Un été à la Garoupe, du nom de la plage où ils se rendent ensemble chaque matin, le film revient sur l’insouciance d’un été, où s’entremêlent baignades, pique-niques, déjeuners, libertinage et, surtout, création. Mais pas seulement. Entre deux images, la narration, servie par Céline Sallette, raconte les rencontres entre les uns et les autres, leurs parcours respectifs, leurs passions et leurs obsessions. Picasso dont l’unique sujet est alors Dora ; Dora qui ne se remettra jamais de sa passion dévorante pour le maître ; Man et Paul qui composent à quatre mains un livre de poèmes et photos en hommage à Nusch ;Lee qui, autrefois mannequin,va devenir reporter de guerre et révéler l’horreur des camps…
Le conflit mondial se chargera de les séparer. Reste, immortalisée sur la pellicule le temps d’un été, l’amitié de quatre couples réunis par leur amour de l’art (et l’amour de la vie tout court – note pileface).
Crédit : Claire Chazal vous donne rendez-vous pour « Un été à la Garoupe »
Dans l’intimité surréaliste de Pablo Picasso, Dora Maar et leurs amis
Par Catherine Pacary
Surréaliste ? L’adjectif a beau être galvaudé, ce petit bijou de film propose de plonger au cœur du mouvement artistique né dans l’entre-deux-guerres, en partageant l’intimité de huit de ses représentants parmi les plus célèbres. Quatre couples, qui se retrouvent en août1937 dans le Midi de la France, à la pension de famille Vaste Horizon de Mougins (Alpes-Maritimes), à l’invitation du peintre Pablo Picasso, alors en couple avec Dora Maar. Sont conviés le poète Paul Eluard et sa femme Nusch, le collectionneur britannique Roland Penrose avec sa future épouse, Lee Miller, et le photographe et cinéaste américain Man Ray, venu en compagnie d’Ady Fidelin, jeune danseuse guadeloupéenne.
Caméra en main, Man Ray veut profiter de la lumière de la Côte d’Azur pour tester une nouvelle pellicule couleur Kodachrome. Il filme donc le village, ses amis, leurs escapades sur la plage de la Garoupe, à Antibes, où ils se rendent chaque matin, entassés à bord de l’Hispano-Suiza de « Pablo » – le film utilise les prénoms seuls.

_ L’Hispano-Suiza de « Pablo »
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Ce sont ces essais, reconnaissables à leur couleur, que le réalisateur François Lévy-Kuentz prend comme point de départ pourUn été à la Garoupe.Il y entremêle des extraits de courts-métrages de Man Ray (L’Etoile de mer,Les Mystères du château du Dé, Le Retour à la raison, avec Kiki, la reine de Montparnasse) et de nombreuses photographies issues des fonds Ray, Miller et Maar, souvent à l’état de planches-contacts.

Paul Eluard, Nusch, Lee Miller par Roland Penrose


Picasso et son lévrier afghan, Dora Maar
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Picasso et son lévrier afghan, Dora Maar
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Pablo Picasso et Dora Maar
Triangle amoureux

Ces huit-là s’inspirent les uns des autres, signent parfois des œuvres ensemble. Leur vie quotidienne alimente récréations et créations.
Qu’est-ce qui anime cette petite bande ? Le désir. Désir de s’amuser, d’inventer, désir tout court, hétérosexuel ou saphique. D’une liberté totale, Nusch s’éprend de Ray, se glisse dans le lit d’Ady ou de Picasso, au grand dam de Dora Maar, seule à souffrir de ces échanges charnels, de plus en plus absente, comme consumée… Les clichés, vestiges de ce radieux été qu’un goût de cendres va bientôt balayer, défilent en accéléré quand les artistes posent dans le plus simple appareil. Man Ray retournera en Amérique, Dora Maar, séparée de Pablo, se vouera aux laissés-pour-compte, Nusch s’écroulera en pleine rue, terrassée par une hémorragie cérébrale.
Sophie Grassin
Nouvel Observateur
Le montage donne à voir « quelques semaines fertiles en quête de plaisir, de liberté et de création », commente en voix off l’acteur Jean-Marc Barr. Il revient sur le parcours et la carrière de chacun, sur leurs liens, tant artistiques – entre Man et Paul, Pablo et Paul – qu’amoureux. Les duos s’imbriquent. Pablo Picasso vit avec Dora Maar, ex-maîtresse de Man Ray, venu cet été avec Ady ; sous les yeux de la photo-reporter Lee Miller, une autre « ex » de Man ; tandis que Nusch, Paul et Man ont longtemps constitué un triangle amoureux…« L’amitié et la passion pour l’art nous liaient les uns aux autres. »Certes. Mais l’absence de morale chère aux surréalistes ne parvient pas à empêcher les jalousies, les tensions…
Contrairement à ce que laisse penser le titre, le documentaire va les suivre au-delà de 1937, depuis le départ de Man Ray aux Etats-Unis en1939 – sans Ady – jusqu’à la rencontre, en 1952, entre Pablo et sa dernière muse, Jacqueline, de 50 ans sa cadette.
Catherine Pacary
Le Monde, 28 novembre 2020

A l’heure de la sieste, dans la pénombre de la chambre, Ady réfléchit bien la lumière et prend des poses sensuelles captées par l’œil photographique de Man


A l’heure de la sieste, dans la pénombre de la chambre, Ady et Nusch, dans une liberté totale s’adonnent aussi à des jeux saphiques


Dora Maar goûte peu le libertinage de Nusch envers Pablo


Dora Maar

La femme qui pleure

Pablo Picasso, La femme qui pleure, 26 octobre 1937 (portrait de Dora Maar
Huile sur toile 60 x 49 cm. Tate Gallery Londres
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C’est cette même année 1937 que Picasso peint ce portrait de Dora Maar en « femme qui pleure ». Un thème que Picasso a décliné en plusieurs variantes et qui se situe dans le prolongement de sa peinture murale « Guernica » (1937, Reine Sofia, Madrid) qui a été sa réponse au bombardement terroriste de civils pendant la guerre civile espagnole
Dora Maar a suivi étroitement la réalisation de cette œuvre, en documentant par ses photos professionnelles les différents états d’avancement de la peinture.
Après avoir terminé cette peinture murale Picasso a passé de nombreux mois à créer une série d’images supplémentaires de femmes en pleurs, inspirées d’une des figures de Guernica. " La femme qui pleure " de la Tate (un portrait de Dora Maar) est la dernière et la plus élaborée de cette série. Dora Maar l’avait conservée dans sa collection privée jusqu’à sa mort en 1997. Depuis, elle est exposée à la Tate Gallery à Londres.
Sens
La signification la plus évidente de la " femme qui pleure ", lorsqu’elle est interprétée dans le contexte de la guerre civile en Espagne, est assez simple. Habillée de façon formelle, comme pour un enterrement ou un autre lieu de deuil, elle représente la douleur accablante vécue par les mères, les soeurs et d’autres personnes à la suite du décès d’un être cher, en particulier en temps de guerre. Comme à Guernica, l’accent est mis sur la souffrance et les souffrances endurées par des civils innocents.
Remarque : un élément clé qui apparaît dans chacune des séries de " Femme qui pleure " est l’expression intense des yeux de la femme. Invariablement grands ouverts et regardants, ils symbolisent l’intensité de son chagrin.
Il existe une interprétation supplémentaire plus subtile : la peinture est une œuvre autoportrait, révélant le tourment intérieur de l’artiste à l’idée que son pays natal soit déchiré par la guerre civile. Picasso était extrêmement contrarié par le conflit et avait juré de ne jamais retourner en Es pagne tant que Franco resterait au pouvoir. En fait, Franco lui a survécu de deux ans.
La " femme qui pleure " peut aussi avoir une signification religieuse. Elle peut, par exemple, symboliser une pieta– rappelant aussi la souffrance de la Vierge Marie, alors qu’elle pleure la mort horrible de son fils, Jésus-Christ. La main du cadavre piétiné sous le cheval, à Guernica, contenait des signes des stigmates du Christ, indiquant le martyre, de sorte qu’il pourrait également y avoir une dimension religieuse dans ce tableau.
Picasso utilisait fréquemment un monochrome ou même un palette de gris pour évoquer douleur et souffrance. En revanche, la palette utilisée dans « la femme qui pleure » incorpore toutes les couleurs principales, à savoir : le rouge, le jaune, le bleu, ainsi que l’orange, le vert et le marron. Pourquoi ? Picasso essayait-il de doter la femme de sentiments forts ou d’un sens vivant de la vie ? Dora Maar était une personnalité forte qui a contribué à élargir la conscience politique de Picasso. Essayait-il de contraster le portrait avec les noirs et les gris de l’ancien Guernica ? Il n’y a pas de consensus sur cette question.
D’après fr.gallerix

« La femme qui pleure » par Ph. Sollers dans Picasso le héros

« Dora a toujours été pour moi une femme qui pleure. Un jour, j’ai pu la faire. C’est tout. Les femmes sont des machines à souffrir. »
Il fallait oser cette déclaration très sadienne d’accent, et qui renvoie non seulement au célèbre portrait cruel de Dora Maar (ainsi qu’à ses extraordinaires préparations), mais aussi à Guernica. La souffrance, pour Picasso, est une machinerie, une machination, elle a tendance à passer par les femmes, c’est une malédiction sans cesse à exorciser. La légende douloureuse de la société humaine se faufile biologiquement, à travers l’élément féminin. Le peintre est donc confronté à ce cri de décomposition et d’horreur, à cette haine de soi pathétique, toutes dents dehors, langue-harpon des harpies. La peinture vient s’écraser comme un maquillage outrancier sur ce bloc de rage, de peur, d’angoisse. C’est vissé et glacé, vert, jaune et blanc, auto-supplice, maxillaires broyeurs, larmes d’acier. La grande pleureuse antique, médiévale, moderne est de tous les temps. Je pense ici à ce si étrange propos, émouvant, de Gilles Deleuze, dans l’un de ses entretiens à la télévision : « Finalement, j’aurais voulu être pleureuse... C’est trop grand pour moi ! Trop grand pour moi ! » La femme qui pleure, toutes vannes dehors, se disloque et se durcit devant le trop grand pour elle. Il s’agit d’une torture menée sur soi-même, d’un crash de l’espace à vif. On a l’impression que Picasso (surtout en 1937) veut prévenir le fait que les forces de barbarie maléfiques profitent de cet écrabouillage pétrifié. Guernica, en fresque, est l’irruption de cet enfer animal. Et c’est Dora Maar, précisément, qui en accompagne la réalisation et qui a l’idée de photographier ses étapes.
La folie est peinte comme chez elle. Accord violent, grinçant, répétitif mortel.
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« Un jour, j’ai pu la faire. C’est tout. » Autrement dit : j’ai pu enfin l’intégrer, la faire tenir en elle-même, l’endiguer, la fixer, mesurer sa force de désintégration, de terreur. Guernica est la preuve qu’on peut gagner une guerre perdue avec un tableau. La, femme qui pleure aussi. « Tout peut crier, dit Picasso, même une casserole. » Le corps humain est un lieu de lutte, un champ de bataille. Je crois qu’il faut rapprocher La femme qui pleure ou La Femme au miroir (cette mangeuse de tête) du dernier autoportrait dramatique de Picasso : il regarde son sujet (ou sa mort, si l’on veut) en face. La mort peut se regarder en face : mais il faut du soleil, en soi, pour y parvenir.
Philippe Sollers
Le début du film
Le début du film (4 min)

Ou en ARCHIVE,ICI (mp4)

Passage des arts : Un été à la Garoupe
Documentaire (60 min - 2019) -
Réalisation François Lévy-Kuentz-
Production Mélisande Films, avec la participation deFrance Télevisions-
Musique originale Michel Portal-
Narration Céline Sallette et Jean-Marc Barr
Rencontre avec le réalisateur, François Lévy-Kuentz
Propos recueillis parr Jean-Baptiste Duchenne ,
Télérama
Vous aviez déjà tourné un court métrage sur Man Ray…
En 1988, j’avais fait la connaissance de Juliet, la veuve de Man Ray, dont l’atelier parisien, dans lequel ils avaient vécu vingt-cinq ans, était voué à la destruction. Nous avons essayé de sauver ce lieu hors du temps qu’elle voulait voir transformé en musée ; cela échoua mais, quelques jours avant son expulsion, Juliet me proposa de faire un film. Comme je n’avais pas encore tourné de documentaire, et que j’hésitais, elle m’a lancé ce mot de Man Ray : « Rien n’est impossible, sauf pour les experts ! » Man Ray, 2 bis rue Férou, court métrage de vingt-deux minutes tourné en trois jours, fut donc mon premier film (Man Ray, 2 bis rue Férou, visible en VOD). Trente ans plus tard, Un été à la Garoupe a comme un parfum de retrouvailles.
Le film lève le voile sur Ady Fidelin, la grande inconnue de ce petit groupe.
Man Ray et Ady Fidelin ont vécu cinq ans ensemble, il a réalisé plus de quatre cents portraits d’elle. Lorsque le photographe la rencontre au Bal Nègre, rue Blomet, à Paris, Ady rêve d’être mannequin. À l’automne 1937, Man Ray obtient qu’une photo d’elle soit publiée dans Harper’s Bazaar. C’est la première modèle noire à apparaître dans un magazine de mode américain. Quand Man Ray repart précipitamment aux États-Unis en 1940 pour fuir les nazis, Ady reste en France et sauve une partie importante de l’œuvre du photographe. Après leur séparation et la guerre, elle se marie et part vivre à Albi, dans le sud de la France, disparaissant définitivement de l’histoire de l’art.
Quelles images ont servi de base à votre récit ?
Le petit film La Garoupe, qui dure neuf minutes, est le point de départ de cette histoire. Des images de vacances tournées en couleur par Man Ray. On ne peut pas parler de film à son sujet, mais plutôt d’une suite de plans mis bout à bout, des saynètes où l’on voit Picasso, Roland Penrose, Nusch et Paul Éluard. J’ai aussi utilisé ses films d’avant-garde, comme ses deux courts métrages L’Étoile de mer et Les Mystères du château du Dé. Outre le fonds Man Ray, j’ai également eu accès à ceux de Dora Maar et de Lee Miller. Nous avons déniché près de cinq cents photographies dont il était parfois difficile de connaître les auteurs puisque les appareils passaient de main en main.
Qu’aimez-vous en particulier chez Man Ray ?
Man Ray est un artiste de génie qui a réinventé la photographie. Il a montré qu’elle n’est pas qu’une simple reproduction du réel mais peut donner de la substance aux rêves. Il expérimentait sans se prendre au sérieux, repoussant toujours les limites de l’art. Sa curiosité l’a emmené vers des tentatives en faveur d’un cinéma dada à l’état pur. Il s’amusait à dire que ses idées n’étaient pas commerciales et que tout producteur qui risquerait son argent sur l’un de ses films courrait à la catastrophe.
Quel rapport entretenez-vous avec l’avant-garde montrée dans le film ?
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Depuis trois décennies, je consacre l’essentiel de mon travail de documentariste à des artistes du XXe siècle, comme Jules Pascin, Marc Chagall, Yves Klein, Salvador Dalí, Piet Mondrian ou Alexander Calder. Des films écrits en étroite collaboration avec mon frère Stéphan. C’est une période de l’histoire de l’art que je connais bien et que je trouve toujours aussi fascinante. L’entre-deux-guerres fut un moment de créativité et de liberté inégalé qui vit naître une radicalité nouvelle, une époque où tous les arts se mélangeaient à travers l’avant-garde. Un été à la Garoupe raconte ce brassage heureux.
Jean-Baptiste Duchenne ,
Télérama, 28/11/20
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II - « Facile » Poèmes de Paul Eluard

Ode à la femme, sous les traits de Nusch, muse du poète et modèle du photographe, Facile met en scène l’emprise amoureuse. Cinq poèmes d’Eluard épousent les contours sinueux du corps féminin, magnifié par Man Ray..

Sous le soleil au haut du ciel qui te délivre de ton ombre
Tu prends la place de chacun et ta réalité est infinieLe creux de ton corps cueille des avalanches
Car tu bois au soleil
Tu dissous le rythme majeur
Tu le redonnes au monde
Tu enveloppes l’homme*
Belle à dormir partout à rêver rencontrée à chaque
instant d’air pur
Aussi bien sur la terre que parmi les fruits des bras des
jambes de la tête
Belle à désirs renouvelés tout est nouveau tout est futur
Mains qui s’étreignent ne pèsent rien
Entre des yeux qui se regardent la lumière déborde
L’écho le plus lointain rebondit entre nous
Tranquille sève nue
Nous passons à travers nos semblables
Sans nous perdre
Sur cette place absurde tu n’es pas plus seule
Qu’une feuille dans un arbre qu’un oiseau dans les airs
Qu’un trésor délivré.
Ce petit recueil à l’édition initiale confidentielle, une vingtaine d’exemplaires, pour les amis du groupe, a été réédité en 2019, en fac-similé à la fabrication exceptionnelle, fidèle à l’édition originale
Ce fac-similé de l’exemplaire numéro 1 de l’édition originale, conservé à la Bibliothèque nationale de France et dédicacé par le poète et le photographe, est accompagné d’un livret rédigé par Nicole Boulestreau, spécialiste de l’œuvre de Paul Eluard.
30 pages + livret 8 pages - 14 Photographies
Éditions Rmn-Grand Palais (épuisé)
Les poèmes en version pdf

Paul Eluard et Nusch, 1937

Quand Georges Pompidou citait Paul Eluard
1969 : Un fait divers émeut les Français, c’est L’affaire Gabrielle Russier ou « mourir d’aimer ».
Gabrielle Russier, professeur de français à Marseille, 32 ans, était tombée amoureuse de l’un de ses élèves, âgé de 17 ans. Incarcérée huit semaines pour "détournement de mineur", condamnée à un an de prison avec sursis, elle s’est suicidée à la rentrée scolaire.
Le 10 juillet 1969, elle comparaissait devant le tribunal correctionnel de Marseille siégeant à huis clos. Le procureur de la République requiert treize mois d’emprisonnement ferme. Le lendemain, elle est condamnée à douze mois de prison avec sursis, à 1 500 francs d’amende
À la suite de l’élection du président de la République Georges Pompidou en juin 1969, le Parlement prépare une loi d’amnistie, qui s’appliquerait à la condamnation de Gabrielle et lui permettrait de conserver son emploi.
Le substitut Jean Testut n’a pas souhaité pas faire appel de la condamnation amnistiable de Gabrielle Russier.
« Il fallait une inscription au casier judiciaire pour faciliter l’action disciplinaire et l’éloigner de son poste. Elle la méritait. Les enseignants sont tenus à une certaine réserve.[…] »
Devant comparaître en octobre devant la cour d’appel d’Aix-en-Provence, elle vit cette situation comme un acharnement de l’institution.
Elle s’est suicidée le 1er septembre 1969 en s’intoxiquant au gaz.
Son histoire a inspiré notamment, le film d’André Cayatte, « Mourir d’aimer » (1971), les chansons « Gabrielle » de Serge Reggiani (1970) et « Mourir d’aimer » de Charles Aznavour (1971),
Lors de la conférence de presse qu’il tient le 22 septembre 1969, le président de la République Georges Pompidou répond à la question de Jean-Marie Royer, journaliste à Radio-Monte-Carlo, sur le suicide de Gabrielle Russier, en citant un poème de Paul Éluard.

2020, 14 décembre, Benjamin Biolay, invité d’Augustin Trapenard dans l’émission Boomerang (France Inter) évoquait aussi ce fait divers, la réponse de Pompidou et les variantes autour de « mourir d’aimer » qu’a suscité, dans la chanson française, ce fait divers, devenu fait de société,
1969, 22 septembre, à la fin de sa conférence de presse, le Président de la République Georges Pompidou, qui avait durant la campagne électorale promis aux Français « une nouvelle société » est interrogé sur l’affaire par Jean-Michel Royer, journaliste à RMC. Il répond :
Je ne vous dirai pas tout ce que j’ai pensé sur cette affaire ni même d’ailleurs ce que j’ai fait. Quant à ce que j’ai ressenti, comme beaucoup, eh bien !
Comprenne qui voudra / Moi, mon remords, ce fut / La victime raisonnable / Au regard d’enfant perdu / Celle qui ressemble aux morts / Qui sont morts pour être aimés,
citant ainsi Paul Éluard et ses vers consacrés aux femmes tondues à la Libération.
Le poème cité est « Comprenne qui voudra » qui figure dans l’anthologie de la poésie française établie par M. Georges Pompidou. Le poète avait, pour situer son œuvre inspirée par les séquelles de la libération, placé en exergue cette phrase : " En ce temps là, pour ne pas châtier les coupables, on maltraitait des filles. On allait même jusqu’à les tondre. " Le texte du poème est la suivant :
Comprenne qui voudra
Moi mon remords ce fut
La malheureuse qui resta
Sur le pavé
La victime raisonnable
À la robe déchirée
Au regard d’enfant perdue
Découronnée défigurée
Celle qui ressemble aux morts
Qui sont morts pour être aimés
Une fille faite pour un bouquet
Et couverte
Du noir crachat des ténèbres
La plus aimable bête
Souillée et qui n’a pas compris
Qu’elle est souillée
Une bête prise au piège
Des amateurs de beauté
Et ma mère la femme
Une fille galante
Voudrait bien dorloter
Comme une aurore de premier mai
Cette image idéale
De son malheur sur terre.
Une enquête a été ordonnée.
De ce poème qui a peu de rapport avec le drame évoqué, G. Pompidou a extrait quatre vers en les adaptant au cas de Gabrielle Russier.
Le président de la République n’a pas voulu dire ce qu’il avait " fait " à la suite de cette pénible affaire, mais on sait qu’il a ordonné une enquête pour établir la responsabilité des décisions judiciaires et universitaires qui ont abouti au tragique dénouement et, en particulier, pour éclaircir les conditions dans lesquelles le cas de Gabrielle Russier a pu être soustrait des bénéfices de l’amnistie promulguée après l’élection présidentielle.
7 Messages
Mais elle a été aussi une combattante, une photographe de guerre, intégrée dans l’armée US et a documenté en 1945, la libération par les soldats américains des camps de Buchenwald et Dachau. Après ces visions d’horreur, la photographe Lee Miller a décidé de mettre fin à sa carrière
France 2 lui rendait hommage dans son journal du 17 juillet à l’occasion des commémorations de la Rafle du Vel d’Hiv, et de l’évocation de son prolongement funeste : les camps de concentration, tandis qu’Emmanuel Macron prononçait un discours contre l’antisémitisme rampant, et inaugurait un nouveau lieu de mémoire, à Pithiviers.
Silhouette de mannequin, œil de photographe, muse des surréalistes et reporter : ce sont les mille vies de Lee Miller. Dans les années 30, elle vit à Paris et côtoie les surréalistes. Elle est la maîtresse de Man Ray, et Cocteau la fait poser en statue de plâtre pour le cinéma. Elle découvre auprès de ces artistes la liberté de penser. Mais c’est à New-York, aux États-Unis, qu’elle va le mieux exprimer son indépendance. Elle y crée son propre studio et bouscule l’imagerie du magazine Vogue.
L’une des premières à entrer dans les camps de concentration
Lee Miller puise sa force de caractère dans sa jeunesse. Son enfance a été brisée par un viol, mais elle a pu compter sur une famille aimante et moderne. "Les filles étaient élevées pour cuisiner, être des bonnes mères. Mais ils [les] ont encouragées à faire des inventions, ils les traitaient chaque fois au même niveau que [l]es frères", raconte Ami Bouhassane, la petite-fille de Lee Miller.
En septembre 1944, elle accompagne les troupes qui libèrent l’Europe des nazis. Elle photographie des femmes tondues pour cause de relations amoureuses avec les Allemands, et sera l’une des premières à entrer dans les camps de concentration.
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L’Exposition Lee Miller aux rencontres photographiques d’Arles
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Grande Traversée : Lee Miller, une combattante (France Culture)
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3. En guerre
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jeudi 28 juillet 2022
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5. Le silence
Comment Lee Miller a-t-elle pu faire silence sur ce qu’elle a traversé ? Comment, alors même que son travail avait été publié, l’Histoire a-t-elle failli l’oublier ? Il a fallu que son fils se transforme en archiviste, et qu’il retourne aux origines américaines, là où se trouve la pièce manquante.
vendredi 29 juillet 2022
58 min
À propos du podcast
du 25 au 29 juillet de 9h à 10h, multidiffusion à 21h sur France Culture
Lee Miller a été sur tous les fronts, et de toutes les batailles. Elle est la liberté et la douleur. Artiste du surréalisme, reporter de guerre, Lee Miller est un puzzle, teinté en clair obscur que cette Grande Traversée tente de recomposer et de déchiffrer en cinq épisodes documentaires.
Lee Miller nous a laissé des images. Elle a été des deux côtés de l’objectif : modèle et photographe. Elle est allée sur les deux versants de l’humanité : l’art et les charniers. Elle été une femme des années 1930, artiste surréaliste aux côtés de Man Ray, Picasso, Paul Eluard.
Puis elle a été une femme des années 1940, reporter de guerre dans le sillage de l’armée américaine, découvrant Buchenwald et Dachau. Elle a laissé des preuves, et des mots derrière elle. Des histoires d’amour et de sexe, aussi. Elle est la liberté. Elle est la douleur. Lee Miller est un puzzle. Et c’est son fils, Anthony Penrose, qui l’a reconstitué après sa mort en 1977. Elle ne lui avait rien raconté de son histoire.
Lee Miller avait choisi le silence par dessus les traumatismes. Elle laissait moisir ses photos et ses textes dans des boites au grenier, préférant la cuisine aux souvenirs. Nous avons marché avec son fils. Nous sommes allés sur certains lieux de ses photos. Nous avons refait le puzzle d’une vie, d’un engagement, d’une femme rare qui a frôlé l’oubli.
Une Grande Traversée en cinq épisodes, signée Judith Perrignon, et réalisée par Gaël Gillon.
Prise de son : Andreas Jaffré. Mixage : Guillaume Ledu. Traductions : Jeanne Guérout et Céleste Karlin. Coordination : Christine Bernard.
Judith Perrignon est journaliste et romancière. Elle a signé plusieurs Grandes Traversées pour France Culture, notamment une sur Margaret Thatcher qui a fait l’objet d’une publication : Le jour où le monde a tourné (Grasset, 2022) et une sur Mohamed Ali qui a aussi fait l’objet d’une parution : L’insoumis (Grasset, 2019).
Le philosophe et romancier Charles Pépin était l’invité de l’émission « C ce soir » à l’occasion de la publication de son nouveau livre La Rencontre dont l’étymologie latine ex-sistere signifie « sortir de soi », il y a ce mouvement vers l’extérieur. Thème de l’émission : « Ces rencontres qui changent nos vies. »
L’aventure d’une vraie rencontre infléchit le cours de la vie, sinon elle n’est que croisement. C’est ce que développe Charles Pépin en analysant quelques rencontres fertiles, celle notamment de Pablo Picasso avec Paul Eluard qui, selon l’auteur, « assurément a donné naissance à Guernica ». Et aussi les rencontres d’Albert Camus avec Maria Casarès ou de Voltaire avec Mme du Châtelet, sans qui Candide n’aurait pas été écrit…
Découvrez les explications dans la vidéo ci-après :
Picasso devant des portraits de Dora Maar
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Eluard dans Alphaville
Pour ne pas être trop injuste avec Paul Eluard qui, sans être Rimbaud, n’a pas toujours sacrifié au culte de Staline, je rappellerai une séquence connue du film de Jean-Luc Godard Alphaville que j’ai vu à sa sortie, en 1965, dans une salle parisienne. Dans une ville futuriste où, sous le règne d’un ordinateur, l’information est réduite à la propagande de Figaro/Pravda (c’est donc aujourd’hui même) et que tout sentiment, toute sensation ont déserté, l’agent secret Lemmy Caution (Eddie Constantine) entreprend de réapprendre le langage oublié de la poésie et de l’amour à Natacha von Braun (Anna Karina), fille du despote des lieux, le professeur von Braun. On voit l’actrice lire des extraits de poèmes d’Eluard en tenant à la main Capitale de la douleur, recueil qu’Eluard publia en 1926 après la rupture avec sa première femme, Gala, qui, après avoir été la maîtresse de Max Ernst, deviendra la muse de Salvador Dali (les échanges de femmes sont décidément très fréquents dans le milieu artiste de l’époque !). Capitale de la douleur venait d’être réédité en 1964 et Godard, toujours à l’affût de l’actualité, venait de le lire. En fait, un lecteur attentif (il y en eut depuis) aurait pu découvrir que Godard, fidèle à ses habitudes de collage de citations glanées ici ou là, ne faisait pas dire à Anna Karina des extraits de Capitale de la douleur, mais de plusieurs recueils d’Eluard (Le dur désir de durer, Corps mémorables, Le phénix, publiés de 1946 à 1951). Le montage, avec ses fondus au noir, était, entre autres, l’indice de ce collage. Cela donne une belle séquence où, comme dans Vivre sa vie, le visage d’Anna Karina est une fois de plus magnifié.
Anna Karina et Jean-Luc Godard sur le tournage d’Alphaville.
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Corps mémorable
Paul Eluard, Corps mémorable. Première édition. 1947.
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Corps mémorable. Photographie de Lucien Clergue. Couverture de Picasso. 1957.
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Dédicaces
On ne connaît pas l’identité de la femme à la généreuse poitrine qui est représentée sur les douze photographies de Clergue. Elle n’est mentionnée dans aucune des dédicaces qui précèdent le texte proprement dit. Le photographe a dédicacé le livre : A la mémoire de ma chère mère Jeanne Grangeon. Les poèmes d’Éluard ne sont pas dédicacés à celle dont il y évoque le souvenir. Le "elle" des poèmes fait référence à Maria Benz ou Nusch "la parfaite", le grand amour d’Éluard. Elle était décédée un an avant la première publication de Corps mémorable (1947) (sans les photographies de Clergue). (Crédit : KB)
Ma saga de corps mémorable : Eluard, Valentine Hugo, Picasso, Cocteau, Pierre Seghers
par Lucien Clergue, membre de l’Académie des Beaux-arts
Corps mémorable, chef-d’oeuvre de la littérature, recueil de poèmes de Paul Éluard, dédié à sa femme Nush, morte subitement en pleine force de l’âge, n’est autre que le titre d’un très beau livre, publié en 1957 par Pierre Seghers, écrit 10 ans plus tôt par un poète terrassé de douleur. Cette édition à laquelle Picasso, Cocteau et Lucien Clergue ont participé raconte comment poésie, peinture et photographie, se conjuguent pour accompagner l’impossible deuil de l’aimée du poète ami. (Crédit Canal Académie).
Voici la conférence de Clergue. On y entend la voix de Paul Eluard. Manquent, hélas, les photographies.
Le message attribué à Man Ray qui précède est bien entendu suspect. Jamais Man Ray, dadaïste et pataphysicien qui ne manquait pas d’humour, n’aurait pris la peine de défendre ses belles photos qu’il savait d’ailleurs indéfendables aux yeux de la morale bourgeoise de l’époque. 1937 : il semble qu’il y eut là un moment de grande insouciance (j’ai d’ailleurs retrouvé moi-même des négatifs de photos aussi libres dans un album de famille). Insouciance toute relative puisque 1937 est aussi l’année de Guernica. Mais que l’amitié ait réuni des personnalités aussi diverses que Picasso, Eluard, Man Ray et leurs femmes ne doit pas faire oublier la différence de leurs oeuvres réciproques. Pas d’amalgame donc : bien qu’il ait adhéré au PC à la fin de la guerre, Picasso n’a jamais subordonné son art aux dogmes staliniens et son portrait de Staline (1953), qui lui valut bien des ennuis avec le PCF, n’a rien à voir avec la très mauvaise Ode à Staline d’Eluard (cf. mon article Hommage à Staline).
PS : La photo de Man Ray représentant Paul Eluard et Nusch "impasse des deux anges" que j’ai publiée ici est bien entendu de 1934 et pas de 1954 (Nusch est décédée en 1946 et Paul en 1952).
« Les propos de votre correspondant doué d’un humour tortueux et grinçant, peuvent aussi prêter à confusion. Aussi, disons-le sans détour :
1. Grinçant par le mot « libidineux » utilisé pour qualifier mes clichés de nus. C’est péjoratif, moralisateur, subjectif. Les clichés en question célèbrent le nu féminin, sans vulgarité ni obscénité. lls sont esthétiquement beaux. Néanmoins, l’art n’est ni chaste, ni moral.
2. Grinçant aussi par le rappel d’un poème de Paul Eluard célébrant Staline (procédé dit de l’amalgame)
Oui, Paul Eluard, là, s’est fourvoyé. Le jugement de l’Histoire est sans appel. Il partage, hélas, ce triste privilège avec quelques grandes figures du Panthéon de ce site, sans pour autant que l’ensemble de leur œuvre soit à bannir. A commencer par Picasso qui a aussi célébré Staline par un portrait publié à la une des Lettres françaises, lors de la mort du grand homme, le 5 mars 1963 (c’était à la demande d’Aragon).
Heidegger qui a flirté avec le nazisme.
El « last but not least » Sollers qui a été maoïste. »
Comprenne qui pourra… disait Eluard.
Les photos libidineuses illustrant cet article pouvant prêter à confusion, Man Ray nous a envoyé ce droit de réponse afin de rétablir l’intégrité morale du couple Eluard.
Nusch et Paul Eluard en 1954. Photo Man Ray.
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Paul Eluard, au demeurant, avait su faire, quelques années plus tôt, oeuvre de poète moralement engagé. VOIR ICI.