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Charlie Hebdo fête ses 50 ans

50 ans de liberté d’expression

D 1er octobre 2020     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Le journal Libération

"Libé" ouvre ses portes à la rédaction de Charlie Hebdo pour ses 50 ans dans un numéro spécial du jeudi 1er octobre 2020.

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France Inter :

France Inter célèbre ce 50ème anniversaire en publiant 50 dessins et unes. Une compilation collector à ne pas manquer


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Créé en 1970 pour remplacer la version hebdomadaire d’"Hara-Kiri", "Charlie Hebdo" fête ses 50 ans cette année. À cette occasion, on vous remémore l’histoire du journal satirique en images. Voici 50 ans de "Charlie Hebdo" en 50 unes et dessins.


Sélection de unes de Charlie Hebdo depuis 50 ans

Cinquante ans de polémiques, de censure, de dessins, de liberté d’expression, de procès, d’humour et de caricatures. Cinquante ans de Charlie Hebdo, que l’on célèbre cette année. À l’occasion de cet anniversaire, nous avons retracé en 50 unes et dessins l’histoire du célèbre journal. De sa création en 1970 à l’incendie de ses locaux en 2006, en passant par l’arrêt de sa parution pendant 10 ans jusqu’à l’attentat dont sa rédaction est victime, voici un demi-siècle d’histoire deCharlie Hebdoen 50 caricatures.

LA COLLECTION DES UNES, ICI

Un livre : Charlie Hebdo, 50 ans de liberté d’expression


Le journal satirique fête ses 50 ans cette année (capture d’écran Youtube). (CHARLIE HEBDO)
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le livre sur amazon.fr

Intitulé Charlie Hebdo, 50 ans de liberté d’expression (Les Echappés), celivreretrace sur plus de 300 pages l’histoire mouvementée de l’hebdomadaire satirique et de sa lutte incessante, dès sa création, pour défendre et faire vivre cette liberté, via la reproduction de dessins, reportages, éditos, qui ont marquél’histoire du journal, précédés d’un texte de son directeur Riss.

Un journal satirique né d’une censure

"Cela nous a sauté aux yeux, quand on s’est penchés sur nos archives pour évoquer ces 50 ans : durant ces 50 années, toute la trajectoire de Charlie, né d’une censure, a été marquée par ce combat, a raconté à l’AFP Gérard Biard, le rédacteur en chef du journal satirique.

Charlie Hebdo a en effet été créé en réponse à des mesures prises par le gouvernement en 1970 pour tenter de faire taire le mensuel Hara Kiri, qui avait osé titrer, après le décès du général de Gaulle à Colombey-les-deux-églises, ". Une allusion à l’incendie d’un dancing qui avait fait plus d’une centaine de morts ce mois-là.

Le ministère de l’Intérieur avait décidé d’interdire l’affichage et la vente aux mineurs de Hara Kiri. L’équipe du mensuel a eu l’idée de lancer une version hebdomadaire pour contourner cette quasi-interdiction : Charlie Hebdo était né, un clin d’oeil au défunt général. L’hebdo cesse de paraître en 1982, mais sera relancé dix ans plus tard, après la scission de la rédaction d’un autre journal satirique, la Grosse Bertha.

"Un nombre incalculable de procès"

L’ouvrage montre l’évolution des sujets couverts par le journal et des forces auxquelles il s’attaque avec un humour toujours piquant, grâce au talent de ses équipes. Tout au long de sa vie, Charlie Hebdo s’est confronté à des formes de censure, d’abord une censure classique et institutionnelle, résume Gérard Biard.

Peu à peu, au fur et à mesure que la jurisprudence conforte le journal, cette censure institutionnelle cède la place à des associations religieuses sans succès.

Désormais, les efforts pour faire taire le journal relèvent surtout d’individus ou de groupes d’individus, qui s’autoproclament de telle au telle cause, parfois au nom de causes très justes, mais qui sont guidés par une forme de puritanisme, une recherche de la pureté absolue, y compris dans le combat idéologique, relève-t-il.

La provocation, "un outil pour éclairer"

Le livre revient évidemment sur les rapports et sur les événements comme la publication des caricatures de Mahomet, et ses énormes retentissements. Il rappelle d’abord le contexte, aujourd’hui trop souvent oublié, qui a conduit Charlie Hebdo à publier ces caricatures danoises, en 2006 : il s’agissait de protester contre le licenciement du rédacteur en chef du quotidien France Soir, qui avait été le premier journal français à oser publier ces dessins.

Et Charlie se retrouve au coeur d’un procès intenté par la Mosquée de Paris, l’UOIF et la Ligue islamique mondiale, en 2007, une alliance, selon Gérard Biard, qui y voit une forme de résurgence de la censure institutionnelle. Là encore, le procès aboutira à une relaxe.

Mais en 2011 suivra l’incendie contre le siège du journal, puis la tuerie de janvier 2015.Autant de traumatismesqui n’empêchent pas Charlie de continuer à tracer son chemin, en se servant des mêmes outils qu’à sa création. "La satire et la caricature utilisent un langage qui est une manière de mettre en évidence ce que les autres médias ne peuvent pas montrer", explique Gérard Biard."On nous a beaucoup accusé de faire de la provocation, mais c’est unoutil pour éclairer, notre outil d’expression, pour faire un pas de côté."

Crédit : FranceTvInfo


Sollers, lame à l’oeil

Philippe Lançon · ·

Charlie Hebdo, Paru dans l’édition 1339 du 21 mars 2018

Que lit-on dans une chambre d’hôpital, en présence d’une personne qu’on aime, qui est dans le coma et qui va mourir ?? Par exemple, ceci : « ?Heureux les pauvres d’esprit, la porte de l’inconscient leur est grande ouverte. Ceux qui ne comprennent rien comprennent mieux que ceux qui comprennent mal. L’enfer est pavé de réprouvés qui ont mal compris.? » C’est de psychanalyse qu’il s’agit, donc de Freud et voici, résumée, sa carrière par gros temps : « ?Haine de Staline, haine de Hitler, fiasco dans les pays anglo-saxons, triomphe du cinéma, élection d’un président des États-Unis, grossier milliardaire défenseur de l’extrême droite israélienne, bref, pour Freud, la grâce ultime : la réussite secrète dans l’échec absolu.? » Tout est secret dans une chambre d’hôpital où la mort approche. Tout signe un échec absolu. C’est le moment pour lire ça, cette déclaration de guerre amusée, aiguisée, à la bêtise folle et renouvelée du monde.

Dans le choix des textes, le hasard joue à cet instant un grand rôle. On a toujours plus de livres sous la main que sur le coeur, surtout quand celui-ci devient assez lourd pour nous réduire à des gestes, à une absence par les gestes. C’est alors, pourtant, qu’on lit non pas forcément mieux, je ne sais pas ce que signifie « ?bien lire ? » ou « ?mieux lire ? », mais plus intensément, dans le calme et le silence, délesté par l’excès de chagrin, devenu presque rien. Nous voilà seuls avec les mots, en présence de celui ou de celle qui s’éteint. La chambre se referme sur le veilleur, sur le lecteur, ménageant un espace silencieux et capitonné où chaque phrase fait un bruit étouffé, discret, à peine un bruit, comme de la neige qui tombe et ne fond pas, retournant vers le lieu suspendu où elle est née.

Les Tweestériques

Quelques jours avant la mort de mon père, j’ai passé à ma mère le livre dont je viens de citer deux extraits. C’est le nouveau livre de Philippe Sollers, Centre (Gallimard).

Sollers est un auteur qu’elle aime bien et qu’elle trouve drôle, insolent, vif, réfractaire aux semelles de plomb qui piétinent livres et journaux. À 81 ans, il écrit toujours plus vif, toujours plus vite. Plus il vieillit, plus il rajeunit, plus il s’allège et se concentre dans chacune de ses phrases, comme un escrimeur dont chaque position amène la touche. Il file à grande vitesse et à grand talent, le sourire aux lèvres, les mots des autres dans les siens, vers ses cibles, ses ombres, la mort et l’oubli : « ?Mes romans sont des liaisons de raisonnements. J’entends des voix, je les transcris, ma voix est mêlée à elles.? »

Et il cite un étudiant de Montevideo qui lui écrit : « ?Je remplace la mélancolie par le courage, le doute par la certitude, le désespoir par l’espoir, la méchanceté par le bien, les plaintes par le devoir, le scepticisme par la foi, les sophismes par la froideur du calme, et l’orgueil par la modestie.? » Face à celui qu’on aime et qui s’en va, voilà qui fait du bien. Il revient au journaliste que je suis d’alourdir le propos de l’écrivain qu’il est en précisant que l’étudiant en question s’appelle Lautréamont. Sollers n’identifie pas forcément ses sources, ses fleurs. Il les butine et transporte le pollen vers d’autres fleurs, poussant sur le fumier contemporain.

Je me doutais que Centre serait pour ma mère, même une minute ou une heure, presque une consolation. Comme tous ses derniers livres, celui-ci est court : 112 pages écrites au présent, une suite de chapitres et de paragraphes ironiques, laconiques, caressant les ordres du récit et du discours sans y entrer, sans y plonger, sans y sombrer, des tangentes à la surface d’un cercle. Comme la psychanalyse est au coeur de Centre, l’hystérie n’est pas loin : « ?Par définition, l’hystérie est une publicité inlassable, indéfiniment romancée. Elle raconte un peu n’importe quoi, mais ce n’est pas grave. Son rôle de victime triomphante est garanti par contrat. Ce matin, elle est très sombre, ce soir elle sera intarissable. Toute la journée, elle envoie des textos, elle twitte, elle s’agite. Elle tourne parfaitement en rond, avec une volonté captive. C’est une planète en plein désarroi.? » D’une actrice aux Oscars, il dit qu’elle est « ?un vrai fantôme à sourires ? » .

Contrairement à ce qu’on a beaucoup dit, Sollers n’a guère changé : ses recherches et ses goûts sont établis depuis un demi-siècle (lire, pour s’en convaincre, ses Lettres à Dominique Rolin, 1958–1980, également chez Gallimard). Mais, depuis quelques livres, il est devenu l’essence de sa forme : ni romans, ni essais, ni confessions, ni chroniques, ni critiques, un peu tout à la fois devenant autre chose de simple, de net, qui jamais n’insiste et qu’unit cette musique des mots : le ton. Au centre, il y a une femme, plutôt jeune, plutôt belle, toujours intelligente, d’une résistance civilisée à l’air du temps. Dans Centre, elle s’appelle Nora. C’était le prénom de la femme de Joyce. Peut-être Sollers y a-t-il pensé, peut-être pas. Cette femme existe et n’existe pas. C’est une figure qui, comme dans un vieux tableau italien, sous sa tunique et ses références, donne au tableau son énergie, ses contrastes, ses couleurs, son point d’appui, ses perspectives.

Nora « ?a plutôt des goûts que des opinions ? ». Elle parle peu, ne commente pas : « ?Elle souligne, elle accentue, elle rebondit, elle questionne. Son »vous croyez ?? » est redoutable. Elle tient à signifier qu’elle n’est pas d’accord, ou que quelque chose de plus élaboré pourrait être dit. Elle enchaîne vite, histoire de provoquer un doute de ma part, elle est à la fois soucieuse et ravie que je ne doute jamais.? » Nora est Nora, mais aussi Sollers, et un idéal de Sollers. Si le Je permet d’approcher le naturel, il se noie souvent dans autre chose : le Moi . Or, le Moi est l’ennemi du Bien. Sollers l’a compris. Son Je vient de lui, mais s’en détache, pour rejoindre l’espace où la conscience bouge, vole, prend des masques, valse dans la nuit, fuit le poids et l’ennui, change de costumes et de partenaires pour finir à l’aube, à la dernière page, dans le vide et en liberté.

Philippe Lançon

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