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Lire Sollers

D 20 avril 2006     A par andoar - C 3 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


S’il est fréquent de croiser quelqu’un qui a un avis sur Philippe Sollers, il est rare de rencontrer quelqu’un qui a lu avec attention au moins un de ses livres. Voilà ce qui ressort d’une étude publiée par une certaine Sophie Losier de l’unité 36 de l’INES (Institut National des Etudes Sollersiennes) intitulée : "Conséquences psychiques et physiologiques d’une conversation sur Philippe Sollers". Ayant interrogé 100 personnes, de tout âge et de tout milieu social, elle expose ses résulats : 95% des personnes interrogées ont un avis tranché sur Philippe Sollers. Parmi elles, 90% ont un avis négatif. En revanche, 5% se déclarent assez bizarrement "aficionados" de l’écrivain. Parmi les 90% des avis négatifs, 50% des personnes concernées disent ressentir un symptôme physique (prurit, crise d’asthme, quinte de toux...) à la simple évocation du nom de Sollers. Enfin, parmi les 95% qui ont un avis tranché sur Sollers, 91% reconnaissent n’avoir jamais lu un de ses ouvrages. La sempiternelle raison avancée par ceux qu’on pourrait appeler les non-lecteurs de Sollers : son excessive médiatisation.

J’ai toujours trouvé suspect de se plaindre de la présence d’un écrivain à la télé, à la radio ou dans la presse. Car enfin, cela nous change des présentateurs criards, des sportifs, des stars académiciens, des pédagogues et des moralistes.
Cette "allergie" à la présence médiatique de Sollers est le signe d’une aversion plus profonde encore.

JPEG - 24.3 ko
Francis Bacon, Trois ?tudes de personnages au pied d’une crucifixion, 1944
Triptyque, huie et pastel sur isorel, chaque panneau : 94x74 cm
Londres, The Tate Gallery

En effet, qu’est-ce qu’entendre ou voir un écrivain, même par média interposé ? C’est découvrir sa voix, son regard, sa présence : tout ce qui témoigne d’un corps. Or le nihilisme ambiant rejette (et a toujours rejetté) l’écrivain comme corps vivant. L’histoire montre que pour le corps social, le corps d’un écrivain est toujours suspect. La société cherche par n’importe quel moyen (elle pousse au suicide, elle célèbre pour mieux absorber) à se débarrasser du corps d’un grand écrivain. La stratégie adoptée contre ce nihilisme, l’écrivain bordelais l’expose de bien des manières. Mais celle qui résonne le plus à mes oreilles se trouve dans le portrait du joueur
 :" NEVER EXPLAIN, NEVER COMPLAIN. Ca doit sonner comme une déclaration de principe légère sur l’usage des corps dans le temps".
Le cinéma, les séries, les pédagogues, les experts, les professeurs : autant d’images, autant de voix qui nous enjoignent de vivre dans l’amour de notre servitude. Sollers est une exception qui dit à qui veut bien l’entendre : une vie divine existe.
Une trop rapide lecture pourrait nous conduire à poser cette équation : une vie divine = la vie de Philippe Sollers. On entend déjà fuser les accusations : "narcissisme !" "égocentrisme !". Seulement voilà, ce n’est pas aussi simple car Sollers se plaît à brouiller les pistes. Dans Une vie divine, il se présente ainsi :

"Je suis employé au ministère, mais chargé de mission chez moi pour une recherche approfondie sur les ressources futures de la philosophie mondiale".
Dans cet ouvrage, le narrateur voyage beaucoup, ne souffre aucune hiérarchie, et garde secret ses goûts en matière de religion et de philosophie. Le prisme par lequel le lecteur découvre sa vie est celui des relations qu’il entretient avec deux femmes. En mirroir de ce narrateur philosophe, le lecteur découvre une autre vie, celle de Nieztsche qui sous sa plume de Sollers n’est plus un philosphe allemand, mais devient un écrivain français. Inversion des rôles : Philippe Nieztsche et Friedrich Sollers, donc.
Pour qui le souhaite, la lecture d’Une vie divine rend possible la constitution d’une sorte de société secrète qui ne répond à aucun mot d’ordre mais qui est traversé par une phrase de Nieztsche que Sollers place en exergue de son livre : "Au delà du nord, de la glace, de la mort - notre vie, notre bonheur...Nous avons découvert le bonheur, nous connaissons le chemin, nous avons trouvé l’issue de ces milliers de labyrinthe".

D’après un article de Guillaume Roy,paru dans la revue mensuelle "La presse Littéraire", avril 2006.

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3 Messages

  • V.K. | 19 avril 2010 - 15:51 1

    Adresse pas connue et hors du champ d’action de pileface.

    Priez Saint Google, il a peut-être la solution !


  • KOUAKOU Ossei | 19 avril 2010 - 15:06 2

    Je souhaite avoir l’adresse e-mail de l’auteur, c’est-à-dire Sophie Losier
    Mon e-mail est : Osseik@yahoo.fr. Je pense qu’elle a été ma correspondante lorsque nous étions adolescent. Je vis en côte d’Ivoire (ouest-afrique).
    Mon nom est KOUAKOU Ossei


  • valérie bergmann | 27 juin 2007 - 12:08 3

    Pendant que la Commandeuse Morale se croit tout permis, Nietzsche et Sollers, eux seuls, effleurent jusqu’à la vérité absolue,
    les méandres de leur ego et par là même, si on s’y identifie, du notre, sans crainte aucune et épris de liberté, ils anticipent le climat littéraire futur.
    A croire que ces deux érudits, se sont connus avant d’être venu au monde !
    Même sens d’une perfection Salutaire, indéfinissable,au-deça de la"folie" douce, de rester authentiques, et même manière de penser la vie et la non vie.
    Dans "une vie divine"p.381, personne ne peut raconter l’histoire à leur place, car comme Houai-nan-tse, ils sont toujours là où on ne les attend pas :
    Et là, retournement : vous allez au contraire, vous louer et vous féliciter de vos fautes, de vos moments perdus, permettez-moi de remplacer "perdus" par "gagnés", beuveries, bordels, débauches ou son contraire, de tout ce que vous avez fait de faux, de pas net. Vous êtes fier de vos côtés louches ou minables, vous vous approuvez sans remords, sans regret. Vous congédiez ce tribunal qui vient vous chercher jusque dans vos rêves. Vous allez, s’il le faut, en enfer, avec mépris et sans discuter_et vous en sortez.PH. Sollers retombe toujours sur ses pattes, et avec quel panache !


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Mots-clés

Nietzsche (Friedrich) sollersien Une vie divine