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Avant-garde

D 25 mars 2005     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


S’agissant de Sollers, le terme se réfère aux années 1970, à la période Tel Quel[1] qui regroupe quelques jeunes écrivains dits d’avant-garde. Outre la jeunesse qui les lie, ils ont partagé les mêmes influences du contexte de la guerre d’Algérie des années 60, qu’ils y participent directement comme Pierre Guyotat ou que leur corps et leur esprit, alliés dans un même refus, les conduisent à l’hôpital, aux frontières de la simulation et du pathologique, de la raison et de la déraison comme pour Sollers. En creux ou en plein, les plis de leur relief mental en sera définitivement marqué. Et après cette période de forte contrainte, mai 1968 sonnera l’heure de la libération et la revendication de l’abolition de toute forme de contrainte : « il est interdit d’interdire » proclament les murs de la Sorbonne, et aussi l’universel « Faîtes l’amour, pas la guerre ». Libération du sexe et de la pensée, terreau favorable aux expérimentations en tout genre. De l’expérimentation sociale de la vie communautaire dans le Larzac à la révolution de tout un peuple de chinois guidé par son grand timonier Mao. De la force du verbe - celle du petit livre rouge - à l’expérimentation littéraire sur l’écriture, Sollers franchira le pas avec Paradis, Guyotat avec Eden,Eden, Eden, échos des mêmes maîtres parmi lesquels, Sade, Joyce, Arthaud, Rimbaud. Des titres d’un seul mot arrogant de concision comme Lois, Nombres, Paradis (Sollers), Prostitution, puis plus tard Le Livre (Guyotat). Presque à la même époque, de l’autre côté de l’atlantique, un autre jeune avant-gardiste dans un tout autre domaine, redonnera ses lettes de noblesse à la pomme, un seul mot, aussi, Apple [2].

A chacun, les avant-gardes de son époque ! Fidèle à sa culture, à sa tradition littéraire, fut-ce dans une nouvelle avant-garde élitiste, la vieille Europe, dans sa province française, ferraille avec de nouveaux mots, des titres en forme de manifeste, ambitieux, sinon définitifs qui s’écrivent pour s’inscrire dans leur temps, après leur temps... Ces deux-là sont alors réputés « illisibles », même si Roland Barthes vole à leur secours et déclare aussi haut que peut porter sa voix : « Oui, Paradis est lisible ». Aujourd’hui, Guyotat anime à Paris 8, un séminaire sur la langue française ; son ?uvre s’inscrit dans une ré-évaluation positive. Sollers, dont la personnalité médiatique, le rôle dans l’édition, la permanence depuis quarante ans dans un monde de changement sont plus voyants, trop voyants pour ses détracteurs, ne bénéficie pas jusqu’alors d’un procès en ré-évaluation. Quant à un procès en béatification, même le pape Jean-Paul II, qui en a ouvert beaucoup, n’a pas mis Sollers dans ses listes, encore que pour cette académie, contrairement à l’autre, plus française, il ait accompli sa visite de candidature. Plus modestement, si l’on veut, le v ?u déclaré de Sollers serait, non de figurer dans la litanie des saints, mais dans une « encyclopédie de littérature générale, publiée en Chine, en 2050, avec la mention : « Sollers Philippe (1936-) écrivain européen d’origine française ». Philippe Sollers sera le chef de file de cette avant-garde qui outre Guyotat, attirera autour d’elle, son égérie Julia Kristeva, Marcelin Pleynet, Denis Roche, François Wahl, Jean-Edern Hallier, un temps, et d’autres encore.


[1] Pour tout savoir sur Tel Quel, consulter le livre référence de Philippe Forest, Histoire de Tel Quel, 1960-1982

[2]...Quant à Apple, qui n’avait pas suivi le courant populiste du PC compatible, restant sur sa niche avant-gardiste et élitiste, la firme californienne a repris les couleurs d’une deuxième jeunesse en devenant le chef de file d’une nouvelle évolution socio-technologique, celle de la distribution et de l’écoute de la musique via Internet.
La France et l’Europe, de leur côté ont été mis hors jeu de la bataille informatique, et de bien d’autres batailles, le chômage stagne au voisinage de 10% dans notre pays, contre 4% aux Etats Unis. Nous n’avons pas perdu, pour autant, notre superbe, les autres disent notre arrogance, et la constance avec laquelle ce reproche nous est fait doit bien cacher quelque vérité. Mais, bien que largement hypothéqué, notre château a encore fière allure, non ? ...Et nous avons même, sauvegardé une espèce endémique qui ne vit que chez nous, les intellectuels, ..."que le monde nous envie »... C’est fou ce que le monde nous envie, n’avez-vous pas remarqué ? Pas une semaine sans qu’un présentateur de radio ou télévision ou q’un quidam interpellé à l’occasion d’un micro-trottoir lance le leitmotiv sacré, en guise de dévotion à notre coq gaulois... Tous nourris à la même table de l’école de la République, depuis la maternelle, la meilleure du monde, bien sûr....
Ils sont incorrigibles, ces gaulois. Ils ne craignent même plus que le ciel leur tombe sur la tête... Et vlan, loi de la pesanteur, c’est la pomme qui leur tombe sur la tête... ...Ô ce n’est qu’une pomme, est-ce si grave docteur ?