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Jenny et Karl Marx, ces deux-là se sont beaucoup aimés

suivi de Marx déculotté

D 15 avril 2013     A par Albert Gauvin - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



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Editions Payot & Rivages

Karl Marx et Jenny von Westphalen ont traversé côte à côte près d’un demi-siècle d’épreuves. Comme ils se sont beaucoup aimés, ils se sont peu écrit. Complétées par le fragment d’autobiographie rédigée par "la plus belle fille de Trèves" en 1865 sous le titre "Brève esquisse d’une vie mouvementée", les lettres qu’ils ont échangées éclairent la figure de l’auteur du Capital d’un jour plus intime que ne le firent les biographies officielles. Elles montrent Marx aux prises avec les tourments du coeur, les difficultés de la vie matérielle, confronté à la mort de quatre enfants en bas âge, mais aussi en lutte permanente contre l’injustice et l’exploitation capitaliste.


Marx

Vous voulez une surprise de taille ? Ouvrez ce petit livre : Karl et Jenny Marx, Lettres d’amour et de combat, publié dans l’excellente collection Rivages Poche. La femme de Marx, Jenny von Westphalen, lui écrit en 1841 :

"Petit sanglier, comme je me réjouis de savoir que tu es heureux, que ma lettre t’a fait plaisir, que tu te languis de moi, que tu loges dans des pièces tapissées, que tu as bu du champagne à Cologne, et qu’il y a là-bas des clubs Hegel, que tu as rêvé, bref, que tu es mon chéri à moi, mon petit sanglier."

Le sanglier, qui signe souvent "Le Maure" (c’était son surnom, à cause de son teint brun, et il se compare lui-même à Othello, le Maure de Venise), lui répond, en 1856, depuis Manchester, sur ce ton :

"Mon coeur chéri, il y a effectivement bien des femmes dans le monde, et quelques-unes d’entre elles sont belles. Mais où trouverais-je un visage où chaque trait, chaque pli même, réveille les souvenirs les plus grandioses et les plus doux de ma vie ?"

Bref, ces deux-là se sont beaucoup aimés, malgré des ennuis et des persécutions policières de tous ordres. Jenny, comme son mari, aura été marxiste comme personne. Avec le temps, contre toute attente et en secret, le pape François les bénit.

Philippe Sollers, Le Point.fr, 15 mars 2013.

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Jenny von Westphalen (1814-1881) et Karl Marx (1818-1883) se marient le 19 juin 1843 à Bad Kreuznach. Le journal d’opposition Rheinische Zeitung dont Marx était rédacteur-en-chef a été interdit en janvier 1843. En octobre, le couple s’installe à Paris, rue Vanneau. Le 1er mai 1844, naît leur premier enfant, Jenny Caroline (1844-1883) qui tombe gravement malade. A la mi-juin, Jenny Marx retourne d’urgence à Trèves. Le couple est séparé depuis huit jours, Jenny écrit à Karl qui est resté à Paris. Voici une des lettres, sans doute la plus émouvante, la plus exaltée, la plus légère, la plus « poétique » aussi, de ce petit volume. Où je relève ces phrases : « ... à quoi bon vivre chichement, cela n’aide personne à se tirer de la détresse, et les gens sont si heureux quand ils peuvent plaindre les autres » et « Ne sont-elles pas visibles partout, les traces du tremblement de terre et du sol miné, sur lequel la société a établi ses temples et ses boutiques ? Le temps, cette taupe, cessera bientôt, je crois, de fouir en souterrain... »

Jenny Marx à Karl Marx (Paris)

Trèves, le 21 juin 1844

Tu vois, mon cher cœur, que je ne traite pas avec toi selon la loi et que j’exige œil pour œil, dent pour dent, lettre pour lettre ; je suis généreuse et magnanime, mais j’espère que mon apparition à deux reprises devant toi me rapportera bientôt un fruit d’or — deux ou trois lignes, dont mon cœur se languit, deux ou trois mots qui m’annoncent que tu vas bien et que tu te languis un peu de moi. J’aimerais tellement te manquer et t’entendre un peu me réclamer. Mais vite maintenant, avant que la cour quotidienne ne recommence, un bulletin à propos de notre chère petite ; car cette tierce personne est bien désormais la principale dans notre alliance, et ce qui est à la fois à toi et à moi est bel et bien le lien d’amour le plus intense. Après le voyage, la pauvre poupette était franchement mal et souffrante, et avait, en plus d’une raideur au bas-ventre, une indigestion en bonne et due forme. Il a fallu faire venir le gros porc, et sa décision fut de prendre une nourrice, vu qu’elle aurait du mal à se remettre avec une alimentation artificielle. Tu peux imaginer mon angoisse. Mais maintenant tout est passé ; la chère petite aux yeux malins tète magnifiquement une jeune nourrice en bonne santé, une fille de Barbeln, la fille du batelier qui a conduit papa si souvent. En des jours meilleurs, ma mère a souvent habillé la fille des pieds à la tête, lorsqu’elle était enfant, et quel hasard ! cette pauvre enfant à qui papa donnait chaque jour 1 kreutzer donne maintenant à notre enfant la vie et la santé. Il a été difficile de la sauver et maintenant elle est presque hors de danger. Malgré ce qu’elle a souffert, elle a l’air merveilleusement mignonne et elle est aussi blanche, délicate et transparente qu’une petite princesse. À Paris, nous ne nous en serions certainement pas sortis, et ce voyage rapporte déjà des intérêts en or. Qui plus est, je suis de nouveau auprès de ma pauvre mère si bonne, qui n’arrive qu’à force de luttes à se faire à notre séparation.
Chez les Wettendorf elle a été vraiment trop mal. Ce sont des gens trop frustes. Ah, si j’avais su, pendant l’hiver, comment allait ma pauvre mère ! Pourtant, j’ai souvent pleuré et gémi en pensant à elle, et tu as toujours été si indulgent et patient. Ce qu’il y a encore de bien avec cette nourrice, c’est qu’elle peut aussi faire office de bonne, qu’elle m’accompagnera volontiers et qu’elle se trouve avoir été en service trois ans à Metz, et qu’elle parle donc aussi français. Mon voyage de retour est donc pleinement assuré. N’est-ce pas que tout s’est arrangé heureusement ? Ma pauvre mère a maintenant trop de dépenses et est vraiment trop pauvre. Edgar [1] la pille et écrit ensuite lettre insensée sur lettre insensée, se réjouit des révolutions qui approchent, du bouleversement de toutes les situations, au lieu de commencer par bouleverser la sienne propre, ce qui ne manque pas de susciter des commentaires et des piques désagréables dirigées contre la folle jeunesse révolutionnaire. De manière générale, l’aspiration à renverser la situation existante ne vient jamais plus au jour que lorsque l’on regarde la surface à ce point plate et aplanie de ce monde, tout en sachant combien au fond l’humanité bouillonne et fermente.
Mais laissons la révolution pour en revenir à notre nourrice. Je payerai la somme mensuelle de 4 thalers sur le reste de l’argent du voyage, ainsi que les médicaments et le médecin. Ma mère ne le veut pas, c’est vrai ; mais elle doit déjà supporter, pour se nourrir, plus qu’elle ne peut supporter. Autour d’elle, tout indique la gêne et pourtant reste décent. Les gens de Trèves sont vraiment excellents envers elle, et cela me réconcilie un peu. Du reste, je n’ai besoin de rendre visite à personne, car tout le monde vient me voir, et je reçois la cour du matin au soir. Je ne pourrais te les nommer tous. Aujourd’hui, j’ai envoyé promener le patriote Lehmann, qui du reste est foncièrement bon et craint seulement que tes études scientifiques de fond ne puissent souffrir là-bas. D’ailleurs j’apparais à chacun avec un air assuré, et mon apparence extérieure justifie aussi parfaitement cette assurance. D’abord, je suis plus élégante que toutes, et puis je n’ai jamais de ma vie eu l’air aussi florissant que maintenant. Sur ce point il y a unanimité. Et les compliments de Herwegh [2] — « quand ai-je fait ma confirmation ? » —, se répètent sans cesse ici. Je me dis aussi, à quoi bon vivre chichement, cela n’aide personne à se tirer de la détresse, et les gens sont si heureux quand ils peuvent plaindre les autres. Malgré le fait que tout mon être et toute ma nature expriment satisfaction et plénitude, tout le monde espère que tu te décideras à prendre un poste fixe. Ô ânes que vous êtes, comme si vous étiez tous solidement établis. Je sais que nous ne reposons pas sur un roc, mais où y a-t-il aujourd’hui un sol ferme et constant ? Ne sont-elles pas visibles partout, les traces du tremblement de terre et du sol miné, sur lequel la société a établi ses temples et ses boutiques ? Le temps, cette taupe, cessera bientôt, je crois, de fouir en souterrain — à Breslau, il y a bien eu déjà des éclairs annonçant l’orage [3]. Si seulement nous pouvions tenir quelque temps, jusqu’à ce que notre petite soit une grandette. N’est-ce pas ? rassure-moi à ce sujet, toi mon doux ange chéri, toi. Toi unique cœur chéri. Comme mon cœur était près de toi le 19 juin [4] ! Comme il a battu fort et intensément vers toi.
Revenons-en à notre histoire et poursuivons. Ce n’est que le jour de notre anniversaire de mariage que notre petit bout de chou est allé mieux et qu’il a tété une nourriture fraîche et saine. Alors je suis sortie faire cette démarche pénible — tu sais où. Je portais ma belle robe de Paris et mon visage brillait d’angoisse et d’agitation. Lorsque j’ai sonné, mon cœur battait presque audiblement. J’étais complètement bouleversée. On ouvre, Jettchen [5] s’avance, me tombe aussitôt dans les bras, m’embrasse et me conduit dans la pièce où ta mère et Sophie [6] sont assises. Toutes deux m’embrassent également, ta mère me dit « tu », et Sophie me fait asseoir à ses côtés sur le sofa. Elle est dévastée à faire peur et ne pourra plus guère se remettre.
Et pourtant Jettchen est presque encore plus misérable. Il n’y a que ta mère qui soit florissante et en bonne santé, elle est la bonne humeur même, presque joyeuse et espiègle. Ah, cette jovialité, elle a quelque chose d’inquiétant. Toutes les filles ont été charmantes, en particulier la petite Caroline. Le lendemain matin, ta mère était là dès 9 heures, pour voir la petite. L’après-midi, Sophie est venue, et ce matin c’est Caroline qui a rendu visite à notre cher petit ange. Peux-tu imaginer un tel changement ? J’en suis vraiment heureuse, et ma mère aussi ; mais d’où vient ce changement soudain ? Ce que le succès peut faire ! ou plutôt, dans notre cas, l’apparence du succès, que je sais affirmer avec la tactique la plus subtile.
N’est-ce pas que ce sont des nouvelles dignes de ce nom ? Songe comme le temps court et emporte avec lui même les plus gros porcs, Schleicher ne fait plus de politique, il n’est même plus socialiste, c’est-à-dire écrivaillon de l’organisation du travail, etc. C’est à vous donner un haut- le-cœur, comme dit l’homme de Frankenthal. Mais il tient votre clique pour à moitié folle, tout en étant d’avis qu’il serait grand temps que tu attaques Bauer.
Ah, Karl, ce que tu fais, fais-le sans tarder. Et aussi donne-moi vite un signe de vie. Je suis choyée par l’amour maternel le plus tendre, ma petite est entourée de soins, tout Trèves est bouche bée, les yeux écarquillés, admire et fait la cour, et pourtant mon cœur et mes pensées sont tournés vers toi. Si seulement je pouvais te voir de temps à autre et te demander à quoi bon tout cela ? Ou te chanter : « Sais-tu quand viendra après-demain ? » Toi qui as bon cœur, comme je voudrais t’embrasser, de tels repas froids ne valent rien, n’est-ce pas, mon amour ? Lis donc la Triersche Zeitung, elle est très bonne maintenant. Comment est-ce que les choses se présentent chez toi ? Voilà déjà huit jours que je suis loin de toi. Même ici, avec un meilleur lait, il n’aurait pas été possible de guérir notre petite sans nourrice. Tout son ventre est abîmé. Aujourd’hui, Schleicher m’a assuré qu’elle était maintenant saine et sauve.
Ah, si seulement ma pauvre mère n’avait pas trop de soucis, et surtout à cause d’Edgar, qui n’utilise tous les grands signes de l’époque, toutes les souffrances de la société, que pour couvrir et embellir sa propre nullité. Maintenant reviennent les vacances, et encore une fois l’examen ne donnera rien. Ses travaux sont terminés. C’est impardonnable. Il faut que mère se prive de tout, et lui va gaiment à tous les opéras à Cologne, comme il l’écrit lui-même. Il parle avec la plus grande tendresse de sa petite sœur, de sa petite Jenny, mais je ne peux vraiment pas être tendre envers ce bavard.
Mon cœur chéri, je me fais souvent de gros soucis au sujet de notre avenir, que je sois proche ou loin de toi, je pense que je suis punie de la fierté et de l’assurance dont je fais preuve ici. Si tu le peux, rassure-moi à ce sujet. Tout le monde parle de revenu fixe. Je réponds alors avec mes joues roses, ma peau blanche, ma mantille de velours, mon chapeau à plume et ma coiffure de grisette. Cela fait le meilleur et le plus profond effet, et quand je suis abattue, personne ne le voit.
La petite est d’une blancheur si éclatante qu’elle fait l’étonnement de tous, si délicate et mignonne. Schleicher s’occupe très bien de la petite et est très gentil avec elle. Aujourd’hui, il ne voulait pas s’en aller, alors est arrivée la colère de Dieu, puis Reverchon, puis Lehmann, puis Poppey, et ainsi de suite. Hier est venue aussi la rainette Hundnarr, avec sa moitié à la peau parcheminée. Je ne les ai pas vus. Les tiens viennent juste de passer. Sophie aussi, dans le plus grand train. Mais avec quel. air misérable !!! —
Salue Siebenkäs et les Heine, si tu les vois. Je recevrai bientôt des nouvelles, n’est-ce pas ? As-tu le courage de chanter Le Postillon de Longjumeau [7] ? Ne m’écris pas avec trop de rancœur et d’irritation. Tu sais comme tes autres articles ont produit plus d’effet. Écris soit en mode factuel et subtil, soit en mode humoristique et léger. S’il te plaît, mon cœur chéri, laisse la plume courir sur le papier, et même si elle devait trébucher et tomber, et avec elle une phrase, tes pensées restent debout tels des grenadiers de la vieille garde, si fermes dans leur honneur et courageux, elles aussi peuvent dire, comme eux, elle meurt, mais elle ne se rend pas [8]. Qu’importe, si l’uniforme est débraillé et n’est pas ficelé aussi ferme. Comme c’est joli chez les soldats français, cet extérieur délié et cette légèreté. Pense à nos Prussiens faits au moule. Ça ne te fait pas frémir ? — Desserre le baudrier, donne de l’air à la cravate et au shako — laisse courir les participes et dispose les mots comme eux le veulent. Une telle armée n’a pas à marcher aussi droit. Et tes troupes entrent en campagne ? Bonne chance au général, à mon noir maître.
Adieu, cher cœur, unique amour de ma vie. Je suis en ce moment dans ma petite Allemagne avec tous les miens, la petite, ma mère, et pourtant mon cœur flanche, car tu n’es pas là, il se languit de toi, espère en toi et en tes noirs messagers.
Adieu !

Ta Schipp et Schribb [9]

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Marx n’est pas en reste. La preuve, cette lettre envoyée de Londres.

Karl Marx à Jenny Marx

21 juin 1856

Mon coeur chéri,

Je t’écris à nouveau car je suis seul, et cela me gêne de toujours te parler en pensée sans que tu n’en saches rien ni ne m’entendes ni même ne puisses me répondre. Ton portrait, aussi mauvais soit-il, m’est du plus grand secours, et je comprends maintenant pourquoi même « les vierges noires », les portraits les plus réprouvés de la Mère de Dieu, ont pu trouver de fougueux adorateurs, voire plus d’adorateurs que les bons portraits. Quoi qu’il en soit, aucune de ces images noires de la Vierge n’a jamais été plus embrassée, contemplée et adorée que ta photographie, qui, pour n’être pas noire, n’en est pas moins sombre et ne reflète nullement ton visage si charmant, si engageant, si tendre, si « dolce ». Mais je corrige les rayons du soleil qui ont été mauvais peintres, et je découvre que mes yeux, tellement abîmés par la lumière des lampes et le tabac, peuvent peindre malgré tout, pas seulement en rêve mais aussi lorsque je suis éveillé. Tu es là devant moi, incarnée, et je te porte dans mes bras, et je te couvre de baisers de la tête aux pieds, et je tombe à genoux devant toi, et je soupire : « Madame, je vous aime. » Et je vous aime en réalité, plus que le Maure de Venise n’a jamais aimé.

Le monde, perfide et paresseux, se représente tous les caractères humains à la mesure de sa perfidie et de sa paresse. Lequel de mes nombreux détracteurs et venimeux adversaires m’a une seule fois reproché ma vocation à jouer les jeunes premiers dans un théâtre de deuxième catégorie ? Et pourtant, c’est la vérité. Si ces scélérats avaient eu de l’esprit, ils auraient représenté d’un côté « les rapports de production et d’échange » et de l’autre moi me prosternant à tes pieds. Look to this picture and to that – auraient-ils écrit au-dessous du tableau. Mais ces gredins sont idiots et ils le resteront, in seculum seculorum. Une absence passagère a du bon car, dans une proximité réciproque, les choses ne se différencient plus à trop se ressembler. Même des tours proches l’une de l’autre ont l’air de naines, tandis que le petit et le familier, regardés de près, prennent de plus en plus de volume. Ainsi en est-il des passions. Les petites habitudes qui, du fait de la proximité de l’autre, s’emparent de vous et prennent une tournure passionnelle disparaissent dès que leur objet immédiat se dérobe à la vue. Les grandes passions qui, par la proximité de leur objet, prennent la forme de petites habitudes grandissent et reprennent leur dimension naturelle sous l’effet magique de l’éloignement. Ainsi en est-il de mon amour. Il suffit que ton image s’évanouisse d’un simple rêve pour que je sache aussitôt que le temps n’a servi à mon amour qu’à cela à quoi servent le soleil et la pluie pour les plantes : à grandir et à croître. Dès que tu t’éloignes, mon amour pour toi apparaît tel qu’il est : c’est un géant qui concentre en lui-même toute l’énergie de mon esprit et toute l’ardeur de mon coeur. Je redeviens homme, parce que je vis une grande passion, et l’éparpillement où nous entraînent l’étude et la culture moderne, ainsi que le scepticisme qui fatalement nous amène à dénigrer toutes nos impressions subjectives et objectives ne servent qu’à faire de nous tous des créatures insignifiantes et chétives, geignardes et timorées. En revanche, l’amour, non pas pour l’homme de Feuerbach, non pas pour le métabolisme de Moleschott, non pas pour le prolétariat, mais l’amour envers la bien-aimée et spécialement envers toi permet à l’homme de redevenir homme.

Tu vas sourire, ma chérie, et te demander comment d’un coup j’en viens à développer toute cette belle rhétorique ? Mais si je pouvais serrer contre mon coeur ton tendre coeur pur, je me tairais et ne dirais plus un mot. Ne pouvant utiliser mes lèvres pour t’embrasser, je le fais avec ma langue et mes paroles.

Ton Karl

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Jenny et Karl Marx en 1866.
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Marx déculotté

Les biographies sont toujours riches en surprises. En 1976, Sollers écrit un article sur la vie de Karl Marx. C’est à l’occasion de la publication de l’essai alerte et décapant de Françoise P. Lévy Karl Marx, histoire d’un bourgeois allemand (Grasset, coll. Figures, dirigée par Bernard-Henri Lévy, 1976, 432 p.). Marx comme sujet.

Le Nouvel Observateur du 6 décembre 1976. Dessin de Wiaz. Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.


Prudent, Preud a fait écrire sa biographie par Jones : on n’y trouve pas de questions gênantes. Nietzsche a publié lui-même son apologie parodique : « Ecce homo », qu’il suffit de relire pour se débarrasser des « nietzschéens ». Mais Marx, troisième prophète du XXe siècle ? Etrange aventure qui voit une communauté reprendre, à son compte la complexité d’une vie et la transformer peu à peu en histoire sainte. Qu’est-ce qu’un roman familial porté à ce point ? Une matrice religieuse. Le « marxisme », on s’en apercevra de plus en plus, fonctionne à fond sur ce ressort imaginaire. Une vie disparaît dans la passion de la connaissance et de l’action, une vie est sacrifiée à l’idéal « scientifique », une vie est consacrée entièrement à sauver les « autres »... Le décor de la croyance est planté. « Le « Capital » devient évangile, et Marx, Engels, Lénine, Staline sont quatre apôtres ambigus dont les visages s’engendrent à l’intérieur d’une iconographie pieuse. Tout à coup, l’un des apôtres se révèle avoir été le diable. Disparition nuancée de Staline. Mais arrivée du mausolée de Mao. Juste à temps, le compte y est, la religion est sauvée. Marx, Engels, Lénine, Mao restent les quatre piliers du marxisme. Le Christ va-t-il apparaître parmi eux à la fin des temps ? Rome ? Moscou ? Pékin ? Ou bien Rome-Moscou-Pékin ? Les paris sont ouverts.
On reprochera à Françoise Lévy d’être sacrilège. Marx « bourgeois allemand », cela peut sonner à beaucoup d’oreilles, aujourd’hui, de façon aussi désagréable qu’autrefois le titre de Freud « l’Homme Moïse » pour avancer l’hypothèse que Moïse était égyptien. Ce n’est pas sérieux, dira-t-on... Ce livre s’inscrit dans le cadre de la campagne antimarxiste déclenchée par le pouvoir des grands monopoles ; il y a des limites à ne pas dépasser ; cette fois, c’est trop, etc... Or précisément : ce n’est pas encore assez par rapport à tous les dévots, et il faudra du temps avant que ce travail soit compris comme l’un des premiers symptômes de l’effondrement de toute une époque. Une époque qui aura vu l’amplification du besoin religieux, en réédification sur les bases mêmes de la Raison qui prétendait le réduire au Messianisme, constante du désir « humain »...

Double langage

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WIAZ. Marx et Engels.

Donc Françoise Lévy met bout à bout ce que nous savons de « l’homme-Marx », ses origines, sa vie concrète, sa façon de calculer et de comploter, ses contradictions, ses arrangements, ses codes. Elle revendique, avec humour, le rôle de « valet » pour qui il n’y a pas de grand homme. Que ce valet soit, dans le cas présent, une femme n’est pas indifférent. C’est même capital. Qui pourrait avoir sa propre vie comme elle est, là, comme une l’idée de dire que le roi est nu, sinon, de temps en temps en temps, un enfant, un écrivain et (plus rarement) une femme ? Le roi est nu, aujourd’hui, ça consiste à dire : ce que vous prenez pour la théorie et la pratique révolutionnaires n’est en fait qu’un rêve gigantesque qui, comme tous les rêves, a pour objet de prolonger le sommeil. Le sommeil de quoi ? Encore et toujours celui du pouvoir avec ses deux têtes : la famille, l’Etat. Promettre leur abolition, entrer dans le labyrinthe de la dialectique du maître et de l’esclavage, exalter le prolétariat quand on reste fasciné par la bourgeoisie, c’est arriver un jour à ce que nous connaissons désormais très bien : la consolidation partout, à chaque instant, d’une nouvelle bourgeoisie... marxiste. L’ennuyeux, c’est qu’entre-temps beaucoup d’individus sont morts ou devenus fous (l’auteur semble parler d’expérience).
Prenons donc Marx, puisque au commencement était Marx. Et voyons en quoi, loin d’être ce que l’on apprend à ces éternels enfants que sont les masses (une histoire édifiante), il est comme tout le monde arriviste, puritain, nationaliste, à double face, habile. En quoi, cependant, il diffère. Car le grand art de la grande pensée est là : poser comme avenir, pour les autres, sous la direction de sa différence, ce qui n’est pas possible immédiatement, ce qui doit rester, pour l’instant, caché ou discret. C’est le point essentiel : technique du double langage. Double langage : un pour ceux qui savent ; un autre pour ceux qui ne savent pas ; un pour ceux qui sont dans le secret, un autre pour ceux qui doivent en être le corps ; « une vérité publique et une vérité intime, une politique pour les ouvriers, une autre pour leurs chefs ». Arme imparable, qui deviendra un jour : « Le Parti a toujours raison. » Et comment ne pas avoir toujours raison quand on incarne la Raison : elle-même ? La Raison a ses raisons. C’est tout. Il suffisait d’y penser. Le « marxisme » peut dès lors apparaître comme la continuation et le point culminant de l’esprit de 1789. En plus rationnel (il a fallu renverser Hegel, tâche infinie). En plus machiavélien. L’ère de la grande politique à coups de force rationalisée après coup est ouverte.

La lettre volée

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WIAZ. Bakounine et Marx.

Détail négligeable, la vie de Marx ? Détails, ce déni de l’origine juive, ce désir de poésie rentré, l’enfant illégitime escamoté [10] ? Détail, cette brutalité. dans l’appréciation des différents peuples ? Secondaire, cette certitude dans la toute-puissance du savoir, ce mépris pour les anarchistes, les gauchistes ? Insignifiante, cette gestion de l’Internationale ? Simple accident, ce recul devant le soulèvement concret, spontané (la Commune), quitte à le justifier par la suite ? Fidèle à l’insolence de Mai 68, Françoise Lévy pense que non, qu’il y a là, en germe, dans la vie quotidienne, dans cette négation idéaliste de la vie privée, le fonctionnement ultérieurement répressif du marxisme. Marx devient alors, dans l’obéissance à son père, au père mort, le type qui a réussi la plus formidable fortune de pouvoir posthume. Celui qui a sauvé la bourgeoisie pour mille ans. Que cette dernière commence à le comprendre, cela se comprend.
Il n’est pas mauvais que soit montrée cette contradiction : la Théorie fendant l’avenir et le ciel des concepts, le porteur de la Théorie restant enchaîné à terre (voire dans les migraines de sa femme). La conception matérialiste de l’histoire pensant la totalité, et le corps de cette conception idéalement prisonnier de vertus domestiques. Si tout le monde, aujourd’hui, ou presque, est « marxiste » , même sans le savoir ; c’est pour une vieille, très vieille raison : le soulagement qu’il y a à ne pas voir sa propre vie comme elle est, là, comme une lettre volée crevant les yeux, dans son opacité dérisoire. Quand la religion fait défaut, que la jouissance manque, alors sonne l’heure de la foi « sociale ». Et, au nom de la foi, tous les sacrifices seront exigibles, le mal pourra devenir un bien, l’ennemi est celui qui tient à vivre tout, tout de suite. L’ennemi est l’homme du passage à l’acte. Pas d’actes ! La psychanalyse, elle aussi, nous expliquera pourquoi ; elle aussi elle ira d’une vérité sombre à une normalisation négative.
Alors ? Alors, Marx était paranoïaque ? Bien sûr. Comme dit l’autre, les religions sont fondées par des paranoïaques et desservies par des névrosés. Et puis, de temps à autre, survient un paranoïaque moins cultivé qui transforme en réel concentré la vision du maître. Georges Bataille a eu là-dessus une belle formule : c’est Staline, « figure inattendue du communisme ».
Nous avons tous connu cela : des militants, des théoriciens, des hommes et des femmes politiques, avec leurs qualités, leur intelligence, leur « dévouement », etc. Et, chaque fois, la stupeur : comment, dans la vie, ils sont comme ça ? Leur vérité publique et leur vérité privée sont à ce point antagonistes ? Eh oui : comme des bourgeois. Et même en moins bien. C’est grave. Voilà pourquoi la biographie est un genre urgent.

Philippe Sollers, Le Nouvel Observateur du 6 décembre 1976.

Quatrième de couverture

Une figure se dessine, des constantes de la vie et de l’œuvre de Karl Marx, qui vient rompre avec la tradition et la mythologie. Celle d’un bourgeois allemand du XIX’ siècle, décidé à le rester, lutteur assurément mais pris dans la vivacité du sentiment national, la difficulté d’être juif, l’admiration pour le développement industriel et économique, la croyance dans le progrès, défendant les valeurs d’une civilisation européenne et la nécessité de leur exportation mondiale. A bien des titres Marx est l’héritier de la tradition jacobine française, lui qui n’a souhaité de révolution que sur le modèle de 1789, et calqué le développement du prolétariat sur celui de la bourgeoisie française. Révolutionnaire, beaucoup moins qu’on ne l’a dit, il a préféré la politique et parfois la politicaille à tout autre moyen ; fondateur mais aussi liquidateur de l’Internationale, il a souvent su faire preuve d’un opportunisme exemplaire. Intellectuel radical aussi, et peut-être surtout, coincé dans ses contradictions, commentateur hanté par l’action, n’hésitant pas à trafiquer dans l’histoire. Un « monster » selon sa propre expression.

Françoise P. Lévy, née le 17 novembre 1940, est enseignante à la faculté des lettres de Besançon et chercheuse en sociologie urbaine. Un enfant de dix ans, Thomas.

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Parmi les nombreuses dédicaces de l’essai de Françoise P. Lévy, celles-ci :

« A tous les mecs, les michetons, les jobards, les traîne-la-patte, les culs carrés, les enflés par en haut, les enflés par en bas, les bittes en verre et celles en bois, les bras tombés, les bras croisés, les bras devant, les bras derrière, les jambes en croix, les nez par terre, les mains ballantes, les doigts serrés, les fesses tremblantes, les ventres mous, les gorges sèches, les ’pète plus rien, les tailles en laine, les p’tites épaules, les pieds levés. A vous les mecs et à vos corps.
Aux nanas, fonds de la caisse, barre en couilles, au prix du beurre et de la perdrix, aux seins gommés, aux ventres ridés, au sourire fixé par les coups dans la gueule, les yeux tombés, les poumons vides, la parole courte, à celles du sexe en loque et celles du sexe fort, aux morues, aux sardines, aux langoustes, aux huîtres, aux parapluies perdues, aux pêcheuses d’octaves, aux zunes ze aux zautres, aux révoquées, aux défroquées. A vous nanas aventureuses, amoureuses, désireuses, à la barre des barques qui ne rentrent jamais. »

Pour comprendre le contexte de l’article de Sollers, lire sur Pileface : Délivrance, Le seul antimaoïste sérieux : Mao et Un tournant.

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Marxiste comme personne

«  Jenny, comme son mari, aura été marxiste comme personne. » Comme personne : en tant que personne, comme personne ne l’a été après eux. Et surtout pas les Français...

Le 2 novembre 1882, Friedrich Engels écrit à Edouard Bernstein :

« Ce que l’on appelle "marxisme" en France est certes un article tout spécial, au point que Marx a dit à Lafargue : "Ce qu’il y a de certain, c’est que moi je ne suis pas marxiste". »

Le 5 août 1890, il insiste (lettre à C. Schmitt) :

« La conception matérialiste de l’Histoire a maintenant, elle aussi, quantité d’amis [...] à qui elle sert de prétexte pour ne pas étudier l’histoire. C’est ainsi que Marx a dit des "marxistes" français de la fin des années 70 : "Tout ce que je sais, c’est que je ne suis pas marxiste". » (je souligne, mais il s’agit, bien sûr, des années 1870 !)

Nous sommes débarrassés aujourd’hui, croyons-nous, de la sinistre « religion du marxisme » (mais pas toujours d’un certain « guesdisme » — version moderne : le « melenchonisme »), des petits et des grands timoniers, et du culte des maîtres-penseurs, mais les prétextes sont toujours aussi nombreux « pour ne pas étudier l’histoire »... et les textes. N’est-il pas temps de relire certaines analyses de ce diable de Marx et, par exemple, certaines pages du Capital, notamment sur « le caractère mystique de la marchandise », à une époque où, comme dit Debord, « l’insatisfaction elle-même est devenue une marchandise » ? Je rappelle la phrase de Jenny Marx (décidément elle me plaît) :

« Ne sont-elles pas visibles partout, les traces du tremblement de terre et du sol miné, sur lequel la société a établi ses temples et ses boutiques ? Le temps, cette taupe, cessera bientôt, je crois, de fouir en souterrain... » (je souligne)
*

[1Frère de Jenny.

[2Le poète Georg Herwegh (1817-1875) était depuis 1842 l’ami de Marx. Il devint l’un des poètes les plus importants de la révolution de 1848 et du mouvement ouvrier.

[3Allusion aux émeutes déclenchées par les tisserands de Silésie les 6 et 7 juin 1844.

[4Date de l’anniversaire de mariage de Karl et Jenny Marx.

[5Henriette, sœur de Marx.

[6Autre sœur de Marx.

[7Opéra-comique en trois actes d’Adolphe Adam sur un livret d’Adolphe de Leuven et Léon-Lévy Brunswick, créé le 13 octobre 1836 à Paris.

[8En français dans le texte.

[9« Ta petite pelle et ta plume » ?

[10« L’enfant illégitime » : Françoise P. Lévy écrit à ce sujet :

Pourtant, comme on le sait maintenant, il y a un fils de Marx, Frédérik Demuth, fils de la bonne, de qui on ne se demande pas comment faire jouer les apparences pour le préserver mais qui au contraire y sera sacrifié, réduit (ou agrandi) à la forme d’un mystère.
« Enfin pour donner à toute cette histoire un peu de piquant tragi-comique, un mystère vient se mêler à tout cela ; je vais te le révéler en très peu de mots. Mais on m’interrompt... » et deux jours plus tard : « Je ne dirai pas un mot du mystère, puisque coûte que coûte il faut que j’aille te rendre visite fin avril. » [Correspondance Marx-Engels] Ce fils dont ni Jenny, ni Marx, ni Engels, ni Hélène Demuth n’ignorent la filiation va disparaître, dès sa naissance confié à des parents nourriciers, afin que la réputation de Marx, l’honneur de Jenny, la morale bourgeoise sortent de cette histoire à tout le moins tirés d’affaire. On ne peut pas tout à fait laisser passer sans commentaire. Pour mettre au point la solution finalement retenue — on dira que le père est Engels et Frédérik ne peut pas rester là — il a fallu des conciliabules. De quel poids a pesé, pouvait peser la parole et le désir d’Hélène Demuth, la bonne ? Qui peut supposer, sachant qu’elle n’a cessé d’élever les enfants des Marx, les enfants des autres, que la transaction lui ait convenu qui la privait de son enfant à elle. Qui peut supposer que dans la transaction son désir à elle ait pesé plus lourd ou tout aussi lourd que le désir des Marx d’éviter le scandale. Enfant de la bonne et de l’adultère, le code bourgeois seul produit son immoralité et à défaut de le supprimer on le cache et on le tait. Aussi coincés que Jenny et Marx l’aient été ou se soient imaginés l’être par les regards, les jugements, les règles de l’idéologie dominante, il a bien fallu qu’ayant à choisir, eux les communistes déclarés, entre l’idéologie du Manifeste et la morale bourgeoise, leur désir fasse peser la balance d’un côté et non de l’autre.
Le Manifeste de 1847 pourtant donne à Hélène et à Frédérik leur place dans la famille Marx : « Tout au plus pourrait-on accuser les communistes de vouloir mettre à la place d’une communauté des femmes hypocritement dissimulée une communauté franche et officielle. » Franche et officielle à la place de la dissimulation hypocrite : voilà le programme de la moralité communiste tant que la bourgeoisie est encore au pouvoir car « avec l’abolition du régime de production actuel, disparaîtra la communauté des femmes qui en découle, c’est-à-dire la prostitution officielle et non officielle ».

Précisions (Wikipedia) : « Helene Demuth apparaît en 1837 comme domestique dans la maison du conseiller ministériel Johann Ludwig von Westphalen, à Trèves. Quand Jenny von Westphalen, la fille de la maison, épouse, en 1843, Karl Marx, Helene accompagne le jeune couple. Elle les assiste dans leur vie, en tant que gouvernante, amie et camarade de combat politique.
Le 23 juin 1851, elle met au monde un garçon, Frederik Demuth, sans indiquer le nom du père. L’enfant est confié à une famille de Londres pour l’élever. Des années plus tard, Friedrich Engels reconnaît la paternité, probablement pour soulager Karl Marx des spéculations sur celle-ci. Mais cela ne suffit pas à briser les rumeurs.
Après la mort de Karl Marx en 1883, Helene Demuth rejoint Engels, dont elle devient la gouvernante. Avec lui, elle organise la succession historique de Karl Marx.
En octobre 1890, elle tombe malade et meurt d’un cancer le 4 novembre. À la demande de Jenny Marx, elle est enterrée dans la tombe de la famille Marx. »

Curieux destin. Frederik Lewis Demuth, lui, est mort en 1929.

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1 Messages

  • A.G. | 10 octobre 2017 - 10:52 1

    Deux séries d’émissions sont cette semaine consacrées à Karl Marx à l’occasion du 150e anniversaire de la publication du Capital.
    1. La Fabrique de l’histoire. Après une première émission sur Le Capital, un documentaire sur les traces du jeune Marx dans la capitale française. Entre 1843 et 1845 Karl Marx séjourne à Paris avec sa femme Jenny. VOIR ICI.
    2. Les Chemins de la philosophie. Quatre émissions sur Le Capital de Karl Marx. VOIR ICI.