
Un masque mortuaire du poète, écrivain et philosophe italien Dante Alighieri à Florence qui célèbre en 2021 le 700e anniversaire de sa mort, le 23 février 2021 Vincenzo PINTO AFP
par AFP
La prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade va publier une nouvelle traduction du poème "La Divine Comédie" de l’Italien Dante Alighieri, comme il l’avait fait pour deux autres géants de la littérature mondiale, Shakespeare et Cervantès, ont annoncé lundi les éditions Gallimard.
"La Divine Comédie" traduite par Jacqueline Risset doit sortir en édition bilingue le 30 septembre prochain, 700 ans après la mort de l’écrivain.
"La traduction de Jacqueline Risset, d’une limpidité sans égale, voisine avec le texte original et bénéficie d’un appareil critique nouveau qui prend appui sur sept siècles de lectures aussi bien que sur les recherches les plus récentes", a indiqué Gallimard dans un programme de parution de la Pléiade.
Jacqueline Risset, poétesse, critique, universitaire, est reconnue comme l’une des grandes spécialistes du poème épique en trois partie ("L’Enfer", "Le Purgatoire", "Le Paradis"). Elle est décédée en 2014 à 78 ans.
Sa traduction était initialement parue entre 1985 et 1990 chez Flammarion, maison d’édition qui fait aujourd’hui partie du même groupe que Gallimard.
La traduction des "Œuvres complètes" de Dante publiée en 1965, dont "La Divine Comédie", par la Pléiade avait été réalisée par l’universitaire André Pézard. Sa singularité, avec une langue qui intègre un français médiéval parfois obscur, en a fait la cible de nombreuses critiques.
Le dramaturge anglais William Shakespeare a fait l’objet dans la Pléiade de traductions successives, la première étant parue en 1938. Quant au romancier espagnol Miguel de Cervantès, son "Don Quichotte", traduit une première fois en 1934, l’a été une seconde en 2001.
Composée entre 1303 et 1321 par le poète florentin Dante, dans une langue, l’italien, qui en est alors à ses débuts littéraires, "La Divine Comédie" est l’un des textes fondateurs de la littérature mondiale, un vaste voyage allégorique dans les tourments de l’amour, de la foi et de la création.
© 2021 AFP, le 28/06/2021
PS : Quant à nous, nous regrettons que La Pléiade n’ai pu adopter la traduction de Danièle Robert publiée chez Acte Sud, c’est vrai, et qui ne fait pas partie du Groupe Gallimard, alors que Flammarion, détentrice des droits de la traduction de Jacqueline Risset en fait partie.
Pourtant, la traduction de Danièle Robert « est la plus récente traduction en français et la plus novatrice. Une traduction qui respecte la métrique et la prosodie telles que voulues par Dante. Un véritable défi réussi publié chez Actes Sud, »
LA SUITE ICI
J’ai aimé cette traduction Je dois dire, que même sans connaître l’italien, la proximité de nos deux langues permet de bien voir comment Danièle Robert s’y prend pour restituer des rimes en inversant souvent l’ordre des mots dans le vers. et à titre d’illustration, vous trouverez ici un exemple :
LE CHANT V DE l’ENFER en version bilingue traduit par Danièle Robert
VOIR AUSSI « Ce que nous raconte Dante… » par Danièle Robert. Elle y commente aussi sa traduction.
Et d’une façon plus exhaustive, vous pouvez consulter :
LA LISTE DES ARTICLES sur Pileface, cansacrés à Danièle Robert
V.K.
2 Messages
Vous avez raison. Mais nous ne sommes pas éditeurs (et nous ne sommes pas au festival de Cannes).
1. La traduction de La Divine Comédie par Jacqueline Risset est splendide. Elle a fait date. C’est par elle que j’ai découvert Dante il y a plus de trente ans. Je ne me lasse pas de la relire. Elle est contemporaine de l’aventure poétique et métaphysique de Tel Quel — dont Risset fut membre jusqu’en 1982 — et de L’Infini, ainsi que des lectures que, très tôt, Sollers a proposées de Dante (cf. Dante et la traversée de l’écriture) et a poursuivi toute sa vie (cf. La Divine Comédie, entretien avec Benoît Chantre, 2000), en s’appuyant, pour l’essentiel, sur la traduction de Risset. La publication en Pléiade de cette traduction historique est une reconnaissance amplement méritée. On ne peut que regretter que Jacqueline Risset ne soit plus là pour la voir.
2. La traduction de La Divine Comédie par Danièle Robert est également splendide. Je crois lui avoir consacré l’accueil mérité dès la publication de l’Enfer (cf. Dante de nouveau : l’Enfer traduit par Danièle Robert). Elle ouvre des perspectives nouvelles qu’un écrivain comme Haenel a salué dans un article admirable consacré à la traduction du Paradis (cf. Le rire embrasé de l’étoile). Sur des points importants comme la traduction du fameux trasumanar, Danièle Robert reprend explicitement le néologisme de Sollers (cf. Philippe Sollers, « Transhumaner »).
3. Pourquoi choisir ? Celui qui a le mieux posé la question est encore Marcelin Pleynet, en 1996, dans Le plus court chemin : « Il n’y a pas de bonne traduction. Il n’y a de traduction que celle qui donne accès au trait initialement formulé. La meilleure édition que l’on puisse lire de Dante est bilingue. » Selon l’âge et les hasards de la vie, on tombe sur telle ou telle traduction, elle vous illumine ou pas. L’illumination peut se répéter, quand une nouvelle traduction s’impose par sa beauté. Pour avoir échangé à plusieurs reprises avec Danièle Robert depuis quelques années, je crois pouvoir dire que Jacqueline et Danièle, qui s’envoyaient régulièrement leurs livres, auraient été enchantées de pouvoir discuter amicalement de leurs propres traductions. Sans se soucier de savoir qui aurait la Palme d’or (ou l’honneur de la Pléiade) !
la traduction de Danièle Robert est en effet moderne et fluide (je viens de la lire) mais celle de Jacqueline Risset, amie de Sollers et auteure de L’infini, est certainement excellente aussi (j’avais un moment pensé à me la procurer). La Pléiade n’a sûrement pas fait un mauvais choix.