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Les Cahiers de prison, rentrer dans l’intimité de Céline

D 20 mai 2019     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

A paraître le 23 mai 2019.

Décembre 1945, Louis-Ferdinand Céline est arrêté à Copenhague, où il était en exil depuis le débarquement en Normandie. Il s’y était réfugié avec Lucette, sa troisième femme, et son chat Bébert à cause de ses pamphlets et ses correspondances, trahissant son caractère antisémite. Le prix Renaudot 1932 est immédiatement incarcéré à la prison de l’Ouest. Pour passer le temps et purger sa peine, il réclame de quoi écrire. Ce sont ces textes que les éditions Gallimard, avec la collaboration de Jean-Paul Louis, décident de publier le 23 mai prochain, sous le titre Cahiers de Prison.

« On ne doit pas écrire sur l’affaire dont on est justiciable ni sur la détention. Tout propos licencieux et malséant est également interdit », prévient l’administration pénitentiaire en fournissant dix cahiers d’écolier de 32 pages à Louis Ferdinand Destouches.

Autant dire que Céline n’en tiendra pas compte. À partir de février 1946, l’auteur du Voyage au bout de la nuit note des éléments de défense pour éviter son extradition dans la France de l’épuration et s’en prend de manière virulente à l’ambassadeur Charbonnières qui a décidé de le persécuter. Mais il est rapidement ressaisi par l’écriture et les Cahiers de prison dévoilent avec intimité sa vie après son arrivée au Danemark, sa relation avec Lucette, ses souvenirs de Londres, de Montmartre...

Les cahiers de prison illustrent, selon les annotations de Jean-Paul Louis, la transition littéraire de Céline vers sa « seconde révolution narrative et stylistique ». Grâce à sa femme, l’écrivain s’entoure rapidement de livres et cite dans ses écrits des phrases de Chateaubriand, Hugo, ou encore Voltaire, en se comparant tantôt à ces « grands écrivains exilés emprisonnés » tantôt à un « traître, [un] monstre, [...] qu’on s’apprête à lyncher ».

Isolé dans la cellule 609 de la section K., il commence les manuscrits de ses prochains romans, tels que Féerie pour une autre fois et les premiers passages que l’on retrouvera dans D’un château l’autre, Nord ou encore Rigodon.

Le volume des Cahiers de la NRF constitue la première édition originale et intégrale des dix Cahiers de prison de Céline. L’auteur de Mort à crédit nous réapparait fidèle à lui-même : obsédé par la littérature et sa condition d’écrivain. En plus des annotations du texte par Jean-Paul Louis, l’ouvrage est muni d’un index centré sur les noms d’auteurs, les titres d’œuvres et de chansons.

Jean-Paul Louis est le fondateur et directeur des éditions du Lérot installées à Tusson en Charente. Il est également un éditeur indépendant, spécialisé en histoire littéraire du XIXe et XXe siècles. Il est aujourd’hui responsable de L’Année Céline, une série de volumes annuels de 200 à 350 pages illustrées et imprimés à 550 exemplaires, connue pour être la référence autour des études céliniennes.

Louis-Ferdinand Céline - Cahiers de Prison (février-octobre 1946) - Gallimard - 20 €

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