Sur et autour de Sollers
vous etes ici : Accueil » NOTES » Les cathédrales dévoilées par : PileFace.com
  • > NOTES

Les cathédrales dévoilées

D 19 avril 2019     C 1 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

« Les cathédrales dévoilées », la révolution gothique décryptée sur Arte

un documentaire de Christine Le Goff et Gary Glassman

GIF

Elles veillent sur le paysage français depuis tant de siècles, que l’on croit tout savoir d’elles. Et pourtant, les cathédrales gothiques, ces vaisseaux de pierre édifiés entre le XIIe et le XIIIe siècle, sont loin d’avoir livré tous leurs secrets.

En s’appuyant sur les développements récents de la recherche internationale, Christine Le Goff et Gary Glassman éclairent cette épopée d’un jour nouveau, démontant nombre d’a priori sur les techniques et les matériaux ayant permis ces prouesses architecturales.

« La rencontre avec l’Américain Stephen Murray, professeur à l’université de Columbia, qui scanne au laser ces cathédrales, nous a donné l’idée de ce documentaire », raconte Christine Le Goff. Puis l’approche a été largement enrichie au contact de nombreux autres chercheurs, historiens, géologues, spécialistes du vitrail médiéval, du fer, tous animés d’une passion communicative.

« Il y a aujourd’hui une véritable archéologie de ces monuments, mobilisant différentes disciplines », s’enthousiasme la réalisatrice, à qui l’on doit déjà, avec son complice Gary Glassman, des films sur le Parthénon et le Sphinx de Gizeh.

Un modèle d’érudition vivante à la portée de tous

Le duo s’est concentré cette fois sur cinq grands monuments du gothique où la recherche est particulièrement active. Profitant de chantiers de restauration comme à Chartres, leurs caméras hissées sur les échafaudages ont livré des vues vertigineuses. Le chœur de Beauvais qui s’élève à 49 mètres n’est-il pas le plus haut du monde ?

À Amiens et à Paris, les réalisateurs ont même fait venir des grues à l’intérieur des cathédrales. «  Dans tous ces lieux, on nous a quasiment donné les clés pour tourner nos images, par exemple, depuis le triforium, ce passage ouvert dans les parties hautes de la nef », raconte Christine Le Goff qui, après deux ans de tournage, avait réuni près de cent heures de rushes.

Le résultat, d’une beauté souvent spectaculaire, est un modèle d’érudition vivante, mise à la portée d’un large public, enfants compris. On y découvre l’apport des nouveaux outils du gothique – le « marteau taillant bretté » pour la pierre, le marteau hydraulique pour le fer, qui ont accéléré les chantiers et l’ampleur des édifices – mais aussi les vertus d’un certain calcaire très dense d’où sont nées les audacieuses rosaces de Notre-Dame de Paris.

Reconstituées au scanner, les images en relief des monuments livrent des mesures instructives sur la déformation des piliers des nefs. À Noyon (Oise), où celle-ci est impressionnante, les chercheurs ont pu démontrer ainsi que les arcs-boutants avaient été ajoutés cent cinquante ans après la construction de la cathédrale, justement pour empêcher son effondrement.

Sous les voûtes, des renforts en fer

Une révolution dans l’étude de ces cathédrales alors que l’on avait toujours considéré jusque-là les arcs-boutants comme des éléments clés du gothique, présents dès l’origine.

Dans la croisée du transept de Beauvais où de larges fissures sont visibles, la démonstration est encore plus éloquente. Les chercheurs ont même reconstitué en images de synthèse l’écroulement qui aurait dû se produire dans cette cathédrale si les arcs-boutants n’avaient pas été considérablement renforcés au XVe siècle et l’édifice cerclé, au niveau du triforium, par un long chaînage de fer.

Une intervention pas si novatrice : à Saint-Pierre de Beauvais, une rénovation récente a révélé sous un badigeon l’existence de voûtes en croisées d’ogives, elles-mêmes armées de barres de fers qui pourraient dater du XIIIe siècle...

Mais la révélation la plus surprenante attend les amoureux du patrimoine à Chartres. Là, depuis deux ans, le nettoyage des murs de chapelles et du chœur a exhumé le décor d’origine datant du XIIIe siècle : un enduit ocre orné de traits blancs imitant un appareillage de pierres, qui vient d’être restauré.

Si l’on y ajoute la rénovation des vitraux rendus à leur clarté première, c’est toute la physionomie de cette cathédrale noircie au fil des siècles qui s’en trouve transformée, pour redevenir, selon le mot de l’historien Jean-Paul Deremble, une « expérience de lumière », comme la Jérusalem céleste.

Sabine GIGNOUX, La Croix

LIRE AUSSI :
DVD : Les cathédrales dévoilées, un documentaire de Christine Le Goff et Gary Glassman
Notre-Dame : quand Jacques Le Goff racontait le temps des cathédrales pdf