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Masques tashtyks pour l’éternité

D 8 juin 2018     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   


Masque funéraire tashtyk conservé au musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
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Depuis son origine, pileface.com cultive un tropisme particulier pour la figure de la spirale, une image qui évoque pour nous l’infini, et par là même le nom de la revue L’INFINI de Philippe Sollers, auquel ce site est dédié : « Sur et autour de Philippe Sollers ».

« Ce beau masque funéraire a été découvert par des archéologues russes dans la nécropole d’Oglakhti, en Sibérie méridionale. Il est l’œuvre d’un peuple, les Tashtiks, qui aurait vécu dans la région, du Vème siècle avant J-C., au IVème siècle de notre ère.

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Le visage des défunts modelé et orné

Les masques mortuaires tashtyks sont composés de kaolin – cette argile blanche que les Chinois ont utilisée avant nous pour fabriquer la porcelaine – et de poudre de gypse (sulfate de calcium) mêlés à du sable. La pâte était directement déposée sur le visage ou par-dessus un carré de soie. Délicatement modelée, elle enveloppait parfois le cou et les oreilles. Une fois sèches, ces effigies étaient ornées de décors faciaux que les spécialistes pensent être la copie des tatouages des défunts. Parures et ornements (boucles d’oreilles, colliers) pouvaient aussi être reproduits.

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Des objets témoignant d’une influence chinoise

Les tombes tashtyks contenaient souvent de nombreuses statuettes représentant des animaux hybrides, parfois articulés, ainsi que des bijoux en or et des outils en fer. Plusieurs ont aussi livré des indices d’influences chinoises, telle la coutume de déposer des figurines de guerriers et de chevaux en bois et même des chars funéraires complets dans les tombes.

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Un peuple de guerriers encore entouré de mystère

« C’est une société tout à fait surprenante », affirme Henri-Paul Francfort, archéologue du CNRS, spécialiste de l’Asie centrale. D’origine européenne, les Tashtyks auraient vécu à l’est des grandes plaines du bassin de Minoussinsk jusqu’aux derniers soubresauts de l’Empire romain d’occident. Ce peuple de guerriers serait apparu dans un espace jusque-là occupé par un autre groupe antérieur, les Tagars. Avant de se mêler, quelques siècles plus tard, à des cultures à majorité proto-mongole, dont les périodes d’arrivée font partie des débats qui jalonnent l’histoire de l’archéologie sibérienne. En particulier, celui concernant le remplacement progressif de l’ancien peuplement de type européen de l’Asie septentrionale par des peuples proto-mongols, toujours non résolu.

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« L’arrivée de populations de type mongol parmi les Tashtyks pourrait être liée à la volonté des Xiong-Nu de se tailler un empire en Asie centrale », estime Iaroslav Lebedinsky. Au 1er siècle avant notre ère, il est en effet possible que les convulsions de cette confédération de peuples nomades proto-mongol et proto-turcs aient amené à la mise en contact de populations de type asiatique avec celle de type européen des Tashtyk. Sont-ils les ancêtres des Kirghiz de l’Ienisseï ? « On peut le penser, le premier peuple à avoir porté le nom de Khirghiz étant très éloigné de l’actuelle république de Kirghizie et de ses habitants », confie Iaroslav Lebedinsky. Ils pourraient aussi être les ancêtres de divers peuples autochtones de Sibérie méridionale, tels que les Shors, Altaïens, Téléoutes, et Khakases, avec lesquels ils partagent des traits communs, y compris dans les rites mortuaires.

V.K. d’après Sciences et Avenir N° 831, Mai 2016

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