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La nostalgie de Barbara Cassin

D 6 décembre 2013     C 0 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Barbara Cassin à Lille, CitéPhilo, 26-11-13, 19h. Photo A.G.

L’intervention de Barbara Cassin à Lille le 26 novembre 2013.

La nostalgie, c’est la « douleur du retour », la souffrance que l’on éprouve quand on est loin de chez soi. En partant de son expérience personnelle, Barbara Cassin s’interroge sur le rapport entre patrie, exil et langue maternelle. Grande question, universelle et éminemment politique.

« Je partirai d’une expérience personnelle, en l’occurrence la nostalgie irrépressible que j’éprouve chaque fois que je suis de ’retour’ en Corse. Un sentiment fort, étrange en cela que je n’ai pas mes ancêtres dans cette île, je n’y suis pas née et n’y ai pas vécu mon enfance ni ma jeunesse. Et pourtant je suis chez moi. C’est là sur une terrasse dominant la mer que mon mari est enterré, que j’y ai ma tombe, dans une terre qui ne m’appartient pas, qui est à moi-pas à moi ».

La langue est patrie autant que le territoire, nous dit Barbara Cassin. Témoin, Hannah Arendt, la philosophe allemande exilée aux États-Unis pour fuir le nazisme, qui choisit de se définir non par rapport à un pays ni par rapport à un peuple, mais seulement par rapport à sa langue maternelle, qui lui manque.

En contrepoint, Barbara Cassin revient sur deux grands récits fondateurs de la nostalgie et de l’exil.
Épopée du retour impossible et sans cesse retardé à Ithaque, l’Odyssée est le poème de la nostalgie par excellence.
Dans l’Énéide, c’est sa patrie qu’Énée emporte quand il fuit Troie en flammes, avec son père Anchise sur les épaules. Les dieux l’autorisent à fonder Rome à condition qu’il adopte le latin.

Le très bel essai de Barbara Cassin questionne de façon impertinente le patriotisme contemporain : où situons-nous nos racines ?

Table des matières :
De l’hospitalité corse
Ulysse et le jour du retour
Énée : de la nostalgie à l’exil
Arendt : avoir sa langue pour patrie

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Entretiens

Dans ce premier entretien, Barbara Cassin revient sur le Séminaires du Thor auquel elle a participé avec Heidegger et Char ; les « présocratiques », sa relecture de Parménide, hors de ce qu’elle appelle « la sacralisation de l’origine », le travail des philologues, l’intraduisible, LES langues ; sa participation à la commission « Vérité et Réconciliation » en Afrique du Sud, Desmond Tutu ; et enfin La nostalgie (le mot « hospiter »), le retour d’Ulysse à Ithaque, etc...

Avec les voix de Jean Beaufret, Martin Heidegger (qui lit un poème de Hölderlin), Jean Bollack.

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Le second entretien porte sur son dernier livre La nostalgie.

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Barbara Cassin à Lille, CitéPhilo, 26-11-13, 19h. Photo A.G. Manet, <i>Lola de Valence</i>, 1862.

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Barbara Cassin, philologue et philosophe, est directrice de recherches au CNRS. Traductrice d’Hannah Arendt et spécialiste de philosophie grecque, en particulier de rhétorique et de sophistique, elle anime deux collections chez Fayard. Elle a dirigé le Vocabulaire européen des philosophes : dictionnaire des intraduisibles (Le Seuil, 2004). Elle participe, en 1966 au séminaire du Thor, organisé par René Char, en compagnie de Martin Heidegger. Barbara Cassin a également reçu en 2012 le Grand Prix de l’Académie française pour l’ensemble de son oeuvre.

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