Sur et autour de Sollers
vous etes ici : Accueil » NOTES » L’invention de l’Occident par : PileFace.com
  • > NOTES

L’invention de l’Occident

D 12 juin 2013     C 1 messages Version imprimable de cette Brève Version imprimable   

Sur Arte, mercredi 12 juin 2013

Moïse et Homère sont les auteurs de deux des chefs-d’œuvre de la littérature méditerranéenne : La Bible pour l’un, et L’Iliade doublée de L’Odyssée pour l’autre.
Ces deux personnages mythiques à la dimension quasi divine présentent de nombreux points communs : outre un handicap physique présumé — l’un bègue, et l’autre aveugle —, ces deux auteurs contribuent à la fondation des traditions juives et grecques.
Ce documentaire pose la question du dialogue entre ces deux œuvres, et de leur portée actuelle : comment sont-elles devenues une partie intégrante du patrimoine occidental, fondant les valeurs de la modernité ?

Les auteurs du ce film offrent une réponse originale, qui présente la civilisation judéo-grecque comme fondatrice de l’Occident. Bien avant Rome et l’Eglise, les racines juives et grecques, par un dialogue intime entre foi et raison, produisent les fondements de la civilisation occidentale.

Un sujet de jacques Attali et Pierre-Henry Salfati — Ecrit et réalisé par Pierre-Henry Salfati.

*

1. Jérusalem – Athènes

GIF
*

2. La Bible d’Alexandrie

GIF
*

DVD 1 – Jérusalem – Athènes
DVD 2 – La Bible d’Alexandrie

COMPLÉMENTS DE PROGRAMME :

Présentés par Jacques Attali :
entretiens avec Katell berthelot, Philipe Borgeaud, Luc Brisson, Marcel Détienne, Gilles Dorival, Joseph Mélèze-Modzejewski, Didier pralon, Thomas Romer et Suzanne Said.

*

Critiques

JPEG - 13.6 ko
Moïse et Homère

Cinéaste, documentariste et écrivain, Pierre-Henry Salfati se passionne pour l’histoire des idées. Où, quand et comment naissent-elles et façonnent-elles les peuples ? Là, il s’attaque à un gros morceau. Au fameux dialogue — de sourds pour les uns, plus que fécond pour les autres — entre Athènes et Jérusalem. Autrement dit, entre deux conceptions du monde, l’une étant basée sur la Raison, qui ne s’autorise que d’elle-même ; l’autre sur une Révélation divine. Visions qui se sont mêlées au fil du temps pour devenir les sources vives de notre civilisation occidentale qui, contrairement à une idée reçue, n’est pas judéo-chrétienne mais bien judéo -grecque, ainsi que le démontre admirablement le travail de Salfati découplé en deux volets (diffusés à la suite) — il fallait au moins ça : « Jérusalem-Athènes » et « la Bible d’Alexandrie ».

Le premier, qui retrace la genèse, incroyablement complexe, de cette histoire croisée, faite d’échanges et de fascination réciproques entre Grecs et Judéens, met en lumière les parallélismes troublants entres les mythes homériques et le récit biblique, entre ces grands législateurs que furent Minos et Moïse, ou les cultes sacrificiels. Quant au second volet, il examine en détail ce qui s’est tramé à Alexandrie, cette New York de l’Antiquité, cette ville-monde où tout s’est noué dans les trois siècles qui ont précédé l’ère chrétienne. En effet, quand la Bible hébraïque est traduite en grec à la demande d’un Ptolémée qui voulait réunir dans sa fameuse Bibliothèque toutes les sagesses du monde, ce livre — le Livre —, désormais accessible aux juifs hellénisés comme aux païens las des cultes antiques, va rayonner dans tout le bassin méditerranéen, avant d’être « récupéré » par le mouvement chrétien naissant. Eclairés par les commentaires d’éminents spécialistes de ces deux mondes — Thomas Römer, Didier Pralon, Suzanne Saïd ou Marcel Détienne pour ne citer qu’eux —, ces films de Pierre-Henry Salfati mettent en lumière une histoire longtemps occultée en rappelant — et toutes les interventions savantes convergent en ce sens — la dette que la Grèce et la philosophie ont à l’égard de la pensée juive, la Révélation mosaïque ayant en tout état de cause précédé la naissance de la philosophie d’une bonne demi-douzaine de siècles.

Bernard Loupias, téléobs.

*

Les « valeurs occidentales prennent leur source au confluent des cultures grecque et juive. Cette captivante fresque retrace le dialogue entre ces deux civilisations, entre deux langues, dont l’hébreu, « langue divine ».

Cette « captivante fresque retrace le dialogue entre ces deux civilisations, à l’origine d’idées comme les droits de l’homme ou l’économie de marché ».

« D’où viennent les concepts fondateurs des valeurs de l’Occident qui ont gagné à leur cause l’ensemble de la planète ? Ils sont le fruit des cultures nées et disparues autour de la Méditerranée depuis près de trois mille ans. Deux d’entre elles ont particulièrement résisté au choc de l’histoire : les civilisations juive et grecque ». Composé d’interviews d’hellénistes et d’historiens des religions, d’après un sujet de Jacques Attali et de Pierre-Henry Salfati, auteur d’un remarquable film sur Mahler, ce documentaire « en deux parties narre cette genèse, ce continuel dialogue judéo-grec sur lequel s’est fondée notre modernité ».

Moïse et Homère

« Trois récits monumentaux, la Tora, l’Iliade et l’Odyssée, au-delà de leurs singularités, expriment en fait la même chose : la prééminence de la liberté parmi toutes les valeurs humaines ».

A Babel, évoquée par la Bible — nom grec —, « L’Eternel brouilla le langage de toute la Terre » et « dispersa » les peuples « sur toutes la surface de la Terre ».

« Le film montre que cet idéal commun s’est élaboré plus tôt qu’on ne le pense, bien en amont de la fondation d’Alexandrie, haut-lieu de la fusion judéo-grecque ou même de l’apogée d’Athènes : au moment où la légende fait de la sortie des juifs d’Égypte un événement contemporain du voyage des Grecs vers la ville de Troie ». La « sortie d’Égypte débouche sur la libération d’un peuple et par là même de tous les peuples ». Quand à L’Iliade, ce roman accouche de l’Odyssée, qui accouche d’Ulysse, prototype du héros grec en homme libre.

Réalisée à la demande du roi grec Ptolémée II, la « Septante, première traduction grecque de la Bible » (Tanakh) au IIe siècle avant l’ère commune, « semble être la conclusion d’un long dialogue entre la Bible et la pensée grecque, ainsi qu’elle est le point d’origine du monde moderne... »

On peut regretter l’oubli de Rome…

Véronique Chemla

*