Hitler, Mussolini et moi

Un film d’Angelo Caperna

Titre original : Un homme médiocre en cette époque de prétendus surhommes.

Ranuccio Bianchi Bandinelli, jeune intellectuel et aristocrate italien, assiste en spectateur, à la montée du fascisme. Pendant plus de vingt ans, alors qu’il devient archéologue et historien de l’art, son journal garde la trace de son évolution personnelle ainsi que de la transformation de la société italienne. Rien dans son attitude ne le destine à jouer un rôle dans le régime fasciste. Mais, en 1938, on fait appel à lui pour être le guide culturel d’Hitler et de Mussolini lors du voyage officiel du Führer en Italie. Bandinelli remplit sa mission à contrecoeur, et note tout ce qu’il voit et entend sur un petit calepin...

(France, Italie, 2012, 78mn)

Dans son journal, Ranuccio Bianchi Bandinelli se décrit comme un "être médiocre". On mettra quand même ça sur le compte de la fausse modestie, cet Italien issu de l’aristocratie toscane ayant été l’un des plus grands archéologues et spécialistes de l’art antique de son temps !

En mai 1938, Bandinelli eut le “privilège” d’être choisi pour servir de guide culturel à Hitler et Mussolini lors du voyage officiel du Führer en Italie. Passé un premier moment de stupeur, il imagine pouvoir profiter de l’occasion pour perpétrer un attentat contre les deux leaders fascistes, mais n’en fera finalement rien. A la place, il décide de remplir sa mission avec professionnalisme, mais de garder tout de même les yeux grands ouverts. Il passera ainsi une semaine entière à côtoyer Hitler et Mussolini, à leur présenter les plus grandes oeuvres des musées italiens, mais aussi à partager leur table et à écouter leurs conversations.

De cette expérience singulière, Bandinelli est ressorti encore plus résolument opposé au nationalisme et expansionnisme prônés par ses hôtes prestigieux ; mais il a également réorganisé ses notes prises au jour le jour, afin d’en tirer une critique acerbe de la prétendue « grandeur » de Hitler et Mussolini. Il y décrit avec méticulosité l’apparence vile et gauche du Duce, ainsi que les attitudes affectées du Führer. Si le premier cache difficilement son aversion pour l’art, le second se passionne certes pour les oeuvres qu’il découvre, mais semble concentrer son intérêt sur des aspects marginaux ou secondaires ; en somme, ces deux soi-disant « surhommes » présentent les caractéristiques de personnalités médiocres…

Les images d’archives illustrent parfaitement les propos de la voix off qui incarne Bandinelli, notamment grâce à l’utilisation des ralentis.

Laurent Vérat, téléObs.

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