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Les sept traités de la guerre

traduit du chinois et commenté par Jean Levi

D 3 décembre 2008     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


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« Tout est affaire de stratégie, chez les Chinois, tout est spéculation très contrôlée, même et surtout s’il s’agit de tracer un trait juste. »

« Depuis plus d’un siècle, la Chine est peu à peu réapparue sur la scène mondiale. Une révolution sanglante et un récent bond économique sont les événements les plus marquants de ce "réveil". En terme stratégique, il marque la réapparition de la vieille mémoire des arts de la guerre. Mao était-il un lecteur de Sunzi ? On en débat encore. Mais l’observation que les Chinois font aujourd’hui de leur adversaire occidental, auquel ils reprennent ses propres armes économiques, a tout d’une stratégie indirecte très maîtrisée, beaucoup plus que d’une simple imitation. »

Philippe Sollers, Guerres secrètes, 2007, p.251-252.

« La stratégie chinoise est à la mode. Le Sun-tzu est sans doute l’un des textes les plus diffusés de la littérature universelle et, depuis une décennie, les traductions, études, commentaires et applications de ses théories à d’autres domaines que l’affrontement armé se succèdent en France et en Europe. Pourtant cet engouement s’accompagne d’une méconnaissance presque totale de la littérature stratégique chinoise. [...] Pour remédier à cette carence et redonner à la réflexion chinoise sur la guerre son enracinement historique et culturel, en en montrant les diverses facettes et la profonde cohérence, nous avons entrepris de traduire dans leur intégralité les sept traités stratégiques sélectionnés pour constituer la matière des examens militaires au cours de l’ère Yuan-fong de l’empereur Chen-tsong de la dynastie des Song du Nord (1078-1084). »

Jean Levi, Les sept traités de la guerre, Avertissement du traducteur, 2008.

Les sept traités de la guerre

Traduit du chinois et commenté par Jean Levi.

Au sommaire

1. L’Art de la guerre de Maître Sun ou Sun-tzu
2. Le Traité militaire de Maître Wou ou Wou-tseu
3. Le Code Militaire du grand Maréchal ou Sse-ma-fa
4. L’Art du Commandement du commandant
5. Les Trois Ordres stratégiques de Maître Pierre Jaune ou Houang-che kong San-liue
6. Les Six Arcanes stratégiques ou Lieou T’ao
7. Questions de l’empereur des T’ang au général Li Wei-Kong ou Li Wei-touei.

Résumé

Traduction et commentaires à partir des originaux chinois des sept grands classiques de la conception chinoise de l’art de la guerre (dont celui de Sun Zi). Cet ensemble se compose de six traités écrits à l’époque des Royaumes combattants (Ve-IIIe siècle av. J.-C.) augmenté d’un dernier, plus tardif (VIIe-IXe siècle), qui récapitule et commente les précédents.

Quatrième de couverture

Voici révélée, pour la première fois au lecteur français, l’intégralité des grands traités stratégiques chinois. On trouvera rassemblés ici les sept traités (dont le célèbre Sun-tzu), qui constituaient la matière des examens militaires sous les Song du nord et qui ont formé la matrice de la conception chinoise de l’art de la guerre pendant plus de deux mille ans.
Le travail de Jean Levi réinscrit les textes dans leur contexte historique et culturel et nous permet de comprendre les liens entre l’émergence de la littérature militaire et la situation sociopolitique de la Chine de l’époque des Royaumes combattants (Ve-IIIe siècles avant J.-C.). Plus qu’une leçon de stratégie et d’histoire, Jean Levi restitue toute la force littéraire et la concision de ces grands classiques et nous donne accès à la sagesse et à l’art de vivre du Tao qui nourrit l’ensemble des traités.
Dans une introduction importante et grâce aux notes explicatives qui accompagnent les traités, l’auteur retrace les grandes étapes de la constitution de la pensée chinoise de la guerre, moins exotique qu’on a pu parfois le penser, et qui trouve dans le monde contemporain de surprenants échos.

*


Extraits de la Présentation

La part d’ombre de la propension : organisation et discipline

« A l’opposé d’un Clausewitz pour qui, en raison de la fameuse friction, même les choses les plus faciles sont difficiles en temps de guerre, aux stratèges chinois tout serait aisé. Tout au moins à en croire François Jullien [1]. Chez les Chinois, assure-t-il, le processus, une fois engagé, ne saurait dévier de son cours et doit inéluctablement conduire à la victoire. Tout y obéit à une nécessité qui est celle de la propension. Le stratège est porté par le cours naturel des choses, dont il a prévu le cheminement, comme il est possible de prévoir la chute d’un mur en observant les infimes amorces des lignes de fissuration. On comprend dès lors qu’il soit possible de remporter la victoire sans effort, de façon naturelle, presque automatique, et ce, en restant en retrait, sans s’impliquer dans l’action, " sans ensanglanter la lame " en un mot, puisque le combat est gagné avant d’avoir même été livre. Il suffit au stratège d’imprimer une légère pression à l’événement, un mouvement si léger, si furtif, qu’il n’est même plus mouvement, simplement un souffle. Pour prendre une autre image, il convient de guider le processus spontané à la manière du paysan qui canalise un cours d’eau en creusant un sillon pour l’amener jusqu’à son champ et l’irriguer. L’intervention du sage est si discrète qu’elle passe inaperçue ; elle est insoupçonnable. C’est au demeurant ce qui lui confère son efficacité. Ou pour rester dans le registre des comparaisons agrestes — auxquels les Chinois eux-mêmes ont si volontiers recours, étant, comme chacun sait, un peuple de cultivateurs et non de pasteurs —, l’habile capitaine de l’Empire Fleuri traite les événements comme ces plantes que le jardinier se borne à laisser pousser, tout en veillant à ce qu’elles ne soient pas étouffées par la mauvaise herbe. Il se contente de seconder la propension naturelle sans jamais agir mais en veillant néanmoins à favoriser son essor. Il laisse advenir. Se confondant avec le cours spontané des choses, il s’efface dans le processus et cesse d’être repérable. Non seulement il ne prête plus le flanc à aucune atteinte, mais en même temps il obtient un rendement maximum puisqu’il bénéficie de la force irrépressible de la tendance. Son action — autant qu’on puisse parler d’action, il s’agirait plutôt de captation —, son action donc a quelque chose d’inéluctable ; elle ne saurait faillir. Le succès est prédéterminer par la situation.

Il est vrai que les traités stratégiques chinois ne cessent de mettre en avant le caractère automatique, nécessaire, irrépressible de l’action du bon chef de guerre. Les images utilisées par Suntzu sont celles de l’arbalète bandée prête à être déclenchée, de billes de bois ou de blocs de pierre dévalant la pente, ou encore de l’oiseau de proie qui va fondre sur sa victime avec une effroyable précision et une diabolique prestesse. Mais encore faut-il que la situation ait été crée. En d’autres termes, pour prendre les métaphores dont se sert le traité stratégique, il faut déployer des efforts pour tendre l’arbalète si l’on veut que le mécanisme puisse se déclencher, il faut que l’épervier s’élève dans les airs et vainque la pesanteur pour qu’il puisse, de la nue, fondre sur sa proie, il faut transporter les billes ou les blocs en haut de la pente à grand ahan ou tout au moins les pousser avec effort pour les faire basculer. Le différentiel de potentiel suscité par la configuration gagnante est le fruit d’une intervention volontariste, qui loin de suivre la pente naturelle des êtres et des choses va à son encontre et la violente [2]. Pour peu que l’on se penche sur ce qui se passe " en amont " — pour user d’une expression chère à François Jullien --- du moment crucial où le stratège peut profiter de la situation et se laisser porter par le cours spontané et irrépressible de la tendance qu’il a su détourner à son avantage, il apparaît que loin de se modeler sur le jardinage, l’activité du prince ou du chef de guerre prendrait exemple sur le dressage. Après tout, les Chinois de l’époque étaient tout autant éleveurs que jardiniers, surtout les membres de l’élite dirigeante. Ceux-ci pratiquaient plus la conduite du char que la culture du chou. Si dans les essais politiques des penseurs de l’antiquité l’efficacité humaine est pensée en termes de transformation naturelle, si dans les traités d’art militaire le stratège fait évoluer la situation à son profit comme la nature fait pousser la plante et la rivière creuse son lit, il n’en reste pas moins que dans la réalité la transformation est obtenue au prix d’une action concertée et violente, une violence de l’intervention humaine que, en dépit de leur caractère hautement idéologique, les traités d’art stratégique et les recueils de préceptes moraux ou de réflexion politique n’arrivent pas tout à fait à travestir. »

Jean Levi, Présentation, p. 45-46.

*

« Nous sommes un peu plus avancés avec des personnalités éminentes, comme Pierre Ryckmans, Jean Lévi, de bonnes traductions de Zhuangzi. Nous avons des choses qui commencent à sortir. »

Philippe Sollers, Guerres secrètes, 2007, p.250.

« Jean Levi m’envoie sa traduction de Zhuangzi [3], qui, dit-il, " pourrait, il l’espère, me servir d’arme dans ma guerre du goût. " Il signe " avec estime et amitié ". Grand merci. »

Philippe Sollers, Un vrai roman, 2007, p. 126

Jean Levi, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de la Chine, est l’auteur de nombreux ouvrages. Il est l’auteur d’une traduction remarquée de L’art de la guerre de Sun Tzu [4]. Si le Sun-Tzu est le plus célèbre de ces traités, il n’en appartient pas moins à l’ensemble des sept traités stratégiques, qui composent un manuel ayant servi de matrice à la conception chinoise de l’art de la guerre pendant plus de 2000 ans.
Cet ensemble se compose de six traités écrits à l’époque des Royaumes combattants (Vème - IIIème siècles avant J. -C.), augmenté d’un dernier, beaucoup plus tardif (il date de l’époque T’ang, VIIème - IXème siècles), qui récapitule et commente les précédents. Cette édition est donc une grande première puisque sont pour la première fois révélés au lecteur français l’intégralité des sept traités, et que le Sun-Tzu peut y être relu en fonction des autres textes de même nature.
La traduction de Jean Levi, d’une érudition minutieuse, rend la poésie de ces textes, mais aussi leur sombre puissance d’évocation quand ils décrivent combats et batailles. Augmenté d’un glossaire substantiel, cet ouvrage, dont la publication est un véritable événement éditorial, est appelé à devenir très vite un classique.

*

Lien : Jean Lévi, Réflexions chinoises : Lettrés, stratèges et excentriques de Chine.


Voir en ligne : alapage


[1Voir François Jullien, Traité de l’efficacité, entièrement dévolu à cette question de la réflexion stratégique chinoise mise en regard de la théorie occidentale — grecque principalement.

[2Je souligne. A.G.

[3Lire la présentation de deux livres de Jean Levi dans Autour de Tchouang-tseu.

[4Pluriel, 2002.
Cette traduction de L’Art de la guerre a bénéficié de l’étude de nombreux textes découverts lors de fouilles archéologiques récentes. Elle restitue toute la force littéraire et la concision du grand texte classique.

Sommaire :
Avertissement
Cartes
Présentations
A : Contexte d’une oeuvre
B : Rayonnement du Sun-tzu
Sources principales
L’Art de la guerre
Commentaire suivi
Répertoire des noms propres et des ouvrages
Bibliographie

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