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Martine et Ségolène : le match

L’année du tigre (1998), Le Journal du mois (2006).

D 21 novembre 2008     A par Albert Gauvin - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


« Le "deux fusionnent en un" : contre la contradiction comme causalité du procès. [...] Dans "un se divise en deux", l’accent est mis sur la transformation. »

Philippe Sollers, Sur le matérialisme, 1974.

« Toute personne sensible aux charmes de l’anarchie ne peut qu’observer le processus avec intérêt. »

Marc Lambron, Mignonne, allons voir..., 2006.

*

Avant Ségolène..., Martine. En tout cas, dans le journal de l’année 1998, L’Année du tigre.
Mais, après Martine, Ségolène : c’était en 2006 dans le Journal du mois.
Et après Ségolène, Martine ?

« L’avenir, pour la société planétaire, est aux petites filles intelligentes et têtues, transformées en gestionnaires équitables. C’est une vocation (Femmes, livre d’anticipation). »

Portraits croisés par ordre d’entrée en scène [1].

*

Mercredi 29 avril 1998

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Martine Aubry en juin 1998

Déjeuner avec Martine Aubry. Conviction, énergie, connaissance des dossiers, elle est très séduisante (presque personne ne partage ce sentiment). Elle est tout simplement belle. Les hommes ont peur, les femmes sont jalouses et terrorisées. Parfait.

Elle a, toutes les dix minutes, un tic de langage : « Disons le simplement. »

La politique : pouvoir et fatigue. Moins ennuyeuse que la vie "sociale" en général ? Sans doute. Je lui dis à part qu’on pourrait, un jour, parler d’autre chose. « Mais oui, pourquoi pas, j’en ai ras-le-bol de tout ça. » Il n’en est rien, mais sourire dans les yeux, netteté, charme.

Tony Blair a dit, paraît-il, qu’il n’y avait pas de politique de droite ou de gauche, mais simplement une bonne et une mauvaise politique. Aubry : « ça ne veut rien dire. Il y a une bonne ou une mauvaise politique de gauche. »

[...]

Vendredi 1er mai

Je repense à Martine Aubry parlant avec force et rapidité : 35 heures, emploi, chômage, banques, banlieue, réinsertion, éducation, exclusion, sécurité, solidarité, études, euro-sondages, modèle italien de la Lombardie, initiative, liberté, solidarité, etc.

Auto, boulot, dodo.

L’avenir, pour la société planétaire, est aux petites filles intelligentes et têtues, transformées en gestionnaires équitables. C’est une vocation (Femmes, livre d’anticipation).

[...]

Jeudi 26 novembre [2]

Martine Aubry, dans Match : « Ce n’est pas un hasard si j’ai une passion pour la musique, l’opéra et l’architecture baroques. Je pense que c’est la sublimation de ce que sont les hommes. Le baroque nécessite une très grande technicité et une très grande rigueur auxquelles s’ajoutent une imagination débridée et parfois même un peu de folie. Pour moi, un être humain, c’est cette somme : un mélange de force et de fragilité. C’est aussi ce que je suis, même si l’on me perçoit souvent autrement dans mes fonctions actuelles. »

L’Année du tigre, Journal de l’année 1998.

*

Biographie, bibliographie

*

26 février 2006.

Toujours Ségo... Jusqu’où pourra aller Ségolène Royal ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle est en train de vieillir d’un coup ses partenaires socialistes. Ils pérorent, elle se tait. Ils font semblant d’avoir un programme, elle n’en a pas, d’où sa force.
On dit qu’elle n’est qu’une image, mais nous sommes définitivement dans une société d’images. Plus profondément : on a oublié la déclaration métaphysique de Mitterrand avant sa disparition : « Je crois aux forces de l’esprit, je ne vous quitterai pas. » Le miracle de Jarnac a eu lieu : Mitterrand s’est bel et bien réincarné sous nos yeux à travers sa fille, mais aussi à travers l’absente, Ségolène elle-même. Le vieux magicien avait préparé son coup fantastique : revenir en femme parmi nous, en force tranquille souriante et rassurante. Toutes les angoisses, toutes les catastrophes, toutes les violences travaillent pour Ségo.
C’est l’infirmière courageuse et chic qu’il nous faut.

Et c’est là qu’il convient d’écouter attentivement Bernadette Chirac depuis la ville sainte de Bénarès : « Ségolène Royal peut être une candidate sérieuse, elle peut même gagner. Ses petits camarades socialistes ne lui feront pas de cadeaux, mais l’heure des femmes a sonné. Regardez Angela Merkel en Allemagne. Ségolène a un look, et à l’heure actuelle ça compte beaucoup.

« A l’avenir, il y aura de plus en plus de femmes pour commander les hommes. C’est bien embêtant pour eux, mais c’est ainsi. » Eh bien, si Bernadette le dit, c’est parti.

25 juin 2006

[...] Ses atouts : une enfance malheureuse dans une famille catholique de huit enfants, un père colonel très réactionnaire, une fierté et une ténacité à toute épreuve, une morale d’acier. On la soupçonne de vouloir militariser la lutte contre la délinquance ? D’avoir ainsi un retour de refoulé au père ? Elle tient bon : « Alors, quoi, le mot discipline serait un mot de droite ? » Et aussi : « Depuis quand l’uniforme des militaires, des gendarmes et des pompiers ne serait pas socialiste ? » C’est vrai, ça, et honte à ceux qui ont crié autrefois, sous les coups de matraque, « CRS-SS ! ». Un colonel socialiste n’a rien à voir avec un colonel d’extrême droite. Un policier socialiste se remarque aussitôt, malgré l’uniforme, et inspire une confiance qu’un gendarme du Front national serait incapable d’incarner. N’importe quel dissident de l’ex-URSS vous dira qu’un gardien socialiste était doux, modéré, ouvert, humaniste, cultivé.
La discipline, vous dis-je, la discipline. Une bonne équipe est une équipe disciplinée.

25 novembre 2006 [3]

[...] Que de mois inutiles et ennuyeux à endurer, encore des débats, des meetings, des dérapages, des torsions, des révélations, des clearstreams, des petites phrases empoisonnées, des vidéos trafiquées. Et tout ça pour quoi ? [...]

Le Journal du dimanche

*

Biographie, bibliographie

*

Morale

« Le caillou découvrit le caillou et dit "Je me vois", puis : " Qui m’a séparé de moi ?"
Le caillou surpris répondit au caillou : "Tu es, comme moi un caillou. D’où viens-tu ?"
Le caillou déçu dit : "Tu n’es donc pas moi ? Nous n’avons pas la même voix.’
Le caillou lui répondit : "Puisque nous ne savons, l’un et l’autre, nous mouvoir, ici je suis toi ; où tu es tu es moi."
"Serons-nous, un jour, un seul caillou ? Serons-nous, partout, le même caillou ?"
Et le caillou dit : "Autour de la terre nous sommes la même pierre." »

Edmond Jabès, Le Retour au livre
(Exergue à Jean Lévi, Propos intempestifs sur le Tchouang-tseu, Allia, 2003).

*

[1Extraits choisis en toute partialité et mauvaise foi.

[2Il y a dix ans.

[3Il y a deux ans.

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2 Messages

  • marianne | 25 mars 2010 - 15:44 1

    VSD du 17 mars :

    VSD. [...] Quelle fleur voudriez-vous offrir à celle qui dirige le PS ?
    _ Ph. S. À Martine Aubry ? Une orchidée.

    VSD. C’est une plante hermaphrodite, comme vous l’écrivez.
    _ Ph. S. (il rit.) Oui, oui. Que Martine Aubry réfléchisse à la signification de l’orchidée et je l’invite à relire Proust, quand il évoque l’orchidée cattleya.

    VSD. Martine Aubry vous ferait-elle fantasmer ?
    _ Ph. S. Je lui offre une orchidée, pas une rose.

    VSD. Et quelle fleur pour sa rivale socialiste Ségolène Royal ?
    _ Ph. S. Comme elle est très proche de Bernard-Henri Lévy, je ne me permets pas d’aller sur les plates-bandes d’un philosophe.

    *

    Nouvel Observateur du 25 mars :

    Aubry présidente !

    Elle est la meilleure candidate. Cela me paraît presque évident dans la mesure où elle seule a été capable de sortir le PS du traumatisme de 2002. Son succès vient de loin, il est profond. Lié aux origines basques de sa mère. Je connais ce caractère très tenace auquel personne ne fait attention. Les Français sont épuisés par la politique spectacle qu’on nous inflige à haute dose depuis deux ans. Aubry, elle, est aux antipodes du "people" genre Carla Bruni. Elle est presque un personnage de roman : mystérieuse, plutôt jolie, même sexy, si on a un peu d’imagination.


  • A.G. | 8 mars 2010 - 20:52 2

    Vu à la télé « la solide et charmante Martine Aubry », sobre, précise, convaincue, anti-Frêche résolue.

    « L’entreprise France a maintenant besoin d’une femme populaire, épanouie, bien en chair, pas people pour un sou, avenante et sécurisante. C’est Martine Aubry, aucun doute, bien meilleure dans le rôle de l’identité nationale sans burqa que Ségolène Royal, trop branchée au centre, et que ses concurrents masculins déjà très vieillis. » Le Journal du Dimanche, 31 janvier 2010.

    Ce qui s’écrit au seuil de cette nouvelle année du tigre était prévisible dès le Journal de l’année 1998, non ? En tout cas, j’en formulais l’hypothèse dès novembre 2008, après le désastreux congrès de Reims.
    _ A suivre...