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Tel Quel, automne 1977 - hiver 1982

Les sommaires du n°71-73 au dernier numéro le n°94

D 16 mars 2008     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


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« On n’a jamais envisagé l’art comme se plaçant à ce point dans un espace d’improvisation à partir de quelque chose de très simple. C’est pour ça que l’histoire de la musique de jazz me paraît dans un sens moins important que le fait de répérer ces moments tout à fait bizarres qu’on a dans tous les disques, dans tous les enregistrements depuis le début, où on peut dire que quelque chose d’extraordinaire est en train de se passer, à un moment donné. Alors que ça se prépare, qu’ensuite ça donnera une forme qui finira par s’arrêter mais qu’à un moment donné quelque chose vraiment se passe... »

Philippe Sollers, Jazz, Tel Quel n°80, été 1979.

Ecoutez, par exemple, Anthony Braxton, Chick Corea et Dave Holland, dans No Greater Love

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Le numéro 75 contient un entretien avec le compositeur allemand Karlheinz Stochausen venu au 30e festival d’Aix-en-Provence (août 1977) pour la création de son oeuvre Sirius.
Voici la 4e partie de cette oeuvre (Markus Stockhausen est à la trompette, en solo).















A noter dans Tel Quel n°82 l’extrait d’un roman de Dominique Rolin qui paraîtra en 1980 chez Denoël, L’Infini chez soi. L’un des personnages s’appelle Jim.
























En page 1 de couverture (ci-dessus) : Ashura (Asuras). Temple de Kofukuji à Nara au Japon. De quoi s’agit-il ?

« asura (ou ashura, exiuluo) : parfois traduit par titans, personnages avec lesquels les asura partagent la volonté de conquérir les dieux. Habitants du quatrième des dix mondes, quatrième mauvaise destination. Les origines des asura remontent aux plus anciennes croyances indo-iraniennes. Les asura sont des sortes de dieux inférieurs, de là leur jalousie envers les dieux contre lesquels ils mènent une guerre sans fin. Cette jalousie les enlaidit. Ils sont dévorés d’orgueil et luttent pour conquérir un pouvoir qu’ils n’ont pas. Ils habitent les rives et les abîmes marins. C’est dans un texte attribué à Ashvagosha qu’ils figurent comme une destination particulière de renaissance. Ils sont fourbes et violents. Les asura par contre peuvent se montrer craintifs devant un ennemi puissant. L’iconographie ne les dessert pas vraiment. Hideux, ils ont plusieurs bras voire plusieurs têtes. Par contre leurs femmes seraient belles. Ces asura qui représentent le quatrième des dix mondes, nous incitent à réfléchir sur notre condition d’hommes (cinquième monde), encadrés par ces mauvais titans et par les dieux (sixième monde). »

Voir le Diagramme des dix mondes et correspondance entre les six voies et les trois mondes de la cosmologie indienne ici.

En quatrième de couverture (ci-dessous), le sommaire du numéro : l’Inde, la Chine, la Bible, Hugo (le XIXe à travers les âges), Joyce, l’URSS. Dix ans de traversées.

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« Et nous progressons relisant ce qui est écrit moins au commencement que déjà répété ouvert... »

Marcelin Pleynet, Relire ce qui est écrit,
Tel Quel n°19, automne 1964 (p.43).

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« Il fallait sortir de la longue histoire de Tel Quel pour fonder autre chose dans une grande ouverture. »

Philippe Sollers, Le Bulletin Gallimard, mars-avril 2008.

Ce sera L’Infini->611].

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L’héritage intellectuel de Mai 68

"Tel Quel" fut la dernière des avant-gardes.

LE MONDE | 27.07.2010 | Par Josyane Savigneau (La saga des revues)

Entre 1960 et 1982, ce sont 94 numéros pour une histoire et une légende dans le paysage intellectuel de la seconde moitié du XXe siècle. Une revue qui a même obtenu sa notice dans Le Petit Larousse, précisant que son principe était "d’unir systématiquement la pratique littéraire à la réflexion théorique". Un nom, Tel Quel, qui fait penser à Paul Valéry. Mais c’est plutôt du côté de Nietzsche que, déjà, les fondateurs se tournaient, mettant en exergue du premier numéro son "je veux le monde et je le veux tel quel".

Tel Quel paraît pour la première fois en mars 1960, mais son véritable départ est en 1963, avec un nouveau comité de rédaction, comme le démontre Philippe Forest dans son Histoire de "Tel Quel" (Seuil, 600 p., 1995). Et ce fut la dernière des avant-gardes, qui a réussi sa propre dissolution. Pourquoi la dernière ? Parce que, toujours selon Forest, mais cette fois dans De "Tel Quel" à "L’Infini" (éd. Cécile Defaut, 2006) "depuis, s’est ouverte une autre histoire dont nous ne pouvons plus croire que, de rupture en rupture, d’époque en époque, elle nous mènerait quelque part". Pour Forest, "si le souvenir de Tel Quel suscite tant d’énervement et d’agitation, c’est parce qu’au-delà de l’histoire de cette revue, le débat porte en réalité sur le devenir de la littérature et de la philosophie françaises depuis 1960 : faut-il liquider l’héritage de ce que deux polémistes ont fort justement nommé la "pensée 68" ? On peut, à bon droit, penser que non".

Tout a commencé avec six jeunes gens de moins de 25 ans : Philippe Sollers, Jean-René Huguenin, Jean-Edern Hallier, Renaud Matignon, Jacques Coudol, Fernand du Boisrouvray. Les éditions du Seuil n’ont accepté de financer cette revue que parce que Philippe Sollers, en 1958, à 22 ans, venait d’obtenir un grand succès et une reconnaissance littéraire avec son premier roman, Une curieuse solitude. Tel Quel se voulait un groupe, d’où émanait la revue au sous-titre très ambitieux - Littérature / Philosophie / Art / Science / Politique - et une collection, dirigée par le seul Sollers. Le contrat avec le Seuil précisait que le comité de rédaction était totalement indépendant.

Dès le premier numéro, la revue affiche son soutien au Nouveau Roman, avec un texte de Claude Simon, et très vite, comme l’a souvent souligné Sollers, souhaite "une transformation de la bibliothèque", en mettant en avant, notamment, Antonin Artaud, Georges Bataille, James Joyce, Louis-Ferdinand Céline. Francis Ponge, las de la NRF, s’intéresse à ces jeunes gens, chez lesquels il trouve une énergie qui lui redonne une jeunesse.

Mais, sur fond de guerre d’Algérie, les conflits se multiplient. Départs, exclusions, aboutissent, en 1963, à la constitution d’un nouveau comité de rédaction autour de Philippe Sollers, avec Marcelin Pleynet (secrétaire de rédaction) Denis Roche, Jean-Louis Baudry, Jean Thibaudeau, Jean Ricardou, Jean-Pierre Faye - qui partira pour créer sa propre revue, Change, tandis que le groupe se verra rejoint par Pierre Rottenberg, Jacqueline Risset, et Julia Kristeva, dont l’apport théorique sera majeur.

"Le groupe, écrit Philippe Forest dans De "Tel Quel" à "L’Infini", organise, à Cerisy, un colloque présidé par Michel Foucault. (...) Les conditions sont réunies pour que s’établisse un dialogue avec Roland Barthes, Jacques Derrida ou Jacques Lacan." Avec Louis Althusser aussi. Tel Quel apparaît alors comme une revue de théorie littéraire et de réflexion politique.

Faire vraiment l’histoire de Tel Quel, ce serait faire une histoire des crises successives, mais on a vu qu’il y fallait l’espace d’un gros livre. Des crises qui étaient signes de vitalité et gages de renouvellement. Au milieu des années 1960 s’estompe le soutien au Nouveau Roman, pour aller vers une marxisation qui débouchera sur le maoïsme. En 1970, Tel Quel et la revue communiste La Nouvelle Critique organisent ensemble le colloque de Cluny. Il ne débouche pas sur une union, loin de là. Tel Quel est désormais en rupture totale avec le Parti communiste. Et les liens de la revue avec l’intellectuelle italienne Maria-Antonietta Macciocchi, interdite de Fête de L’Humanité en 1971, à cause du gros livre qu’elle vient de publier, De la Chine, ne fera que spectaculariser la rupture.

S’ouvre alors une "période chinoise" de Tel Quel, moins strictement maoïste que la légende ne le laisse croire (rien à voir avec les militants de la gauche prolétarienne, avec ceux qui prônent l’établissement des intellectuels en usine), mais très tournée vers la pensée chinoise. Comme le prouvent plusieurs numéros spéciaux, notamment après le fameux voyage en Chine de Philippe Sollers, Marcelin Pleynet et Julia Kristeva, auxquels se joignent Roland Barthes et François Wahl, en 1974...

La légende, encore, voudrait que ce tropisme chinois occulte toute autre préoccupation. C’est évidemment faux, comme en témoignent les numéros sur les Etats-Unis et sur les dissidents en Union soviétique, ou, dans les dernières années, sur le féminisme et la psychanalyse.

Au tournant des années 1980, Sollers sent qu’on est entré dans une autre époque. Les rapports entre le Seuil et le groupe se dégradent. A l’automne 1982, alors qu’il vient de terminer son nouveau roman, Femmes, Sollers quitte le Seuil pour Gallimard. Le Seuil lui interdit l’utilisation du titre Tel Quel, dont il est copropriétaire.

Il fonde alors, avec Marcelin Pleynet comme secrétaire de rédaction, mais sans comité de rédaction, la revue L’Infini, d’abord chez Denoël, puis chez Gallimard. Les polémiques s’estompent, le travail est plus silencieux, mais la revue vient d’atteindre le numéro 112. Et surtout, au printemps 2008, le numéro 101-102 a publié un index de tous les textes parus. On a pu alors constater que de nombreux jeunes écrivains, aujourd’hui reconnus, de Christine Angot à Michel Houellebecq avaient publié, encore inconnus, dans L’Infini.

Tel Quel. 1960-1982.

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