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Les plaisirs de la porte ou la visite à l’écrivain

Fragonard, Le Verrou

D 23 janvier 2008     A par D. Brouttelande - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Les « plaisirs » de la porte... Sollers les a expérimentés d’abord en étant mis à la porte de plusieurs établissements scolaires, puis en tant qu’écrivain, en commentant la vidéo de La porte de l’Enfer> et en nous laissant voir par le trou de la serrure dans les lettres de Sophie (Portrait du Joueur)... Mais ceci n’est que la partie la plus visible des choses... il y a bien d’autres portes et d’autres clés chez Sollers que nous fait découvrir Dominique Brouttelande .

Une nouvelle fois, il chemine dans les oeuvres de Sollers et autour, ici de porte en porte pourrait-on dire. A la façon d’un jeu de piste labyrinthique ou d’une enquête policière. Avec un talent certain il dénoue pour nous le fil d’Ariane. Suivez le, en confiance, il vous emmène quelque part...

V.K.



... il faut vite essayer, avec les mots qui restent, essayer quoi, je ne sais plus, ça ne fait rien, je ne l’ai jamais su, essayer qu’ils me portent dans mon histoire, les mots qui restent, ma vieille histoire, que j’ai oubliée, loin d’ici, à travers le bruit, à travers la porte...

Samuel Beckett
L’innommable


A l’occasion de l’édition dans La Pléiade d’un volume d’Oeuvres de Buffon, Philippe Sollers ajoutait le souvenir du naturaliste à sa collection d’écrivains qu’il demeure urgent de lire. Au terme de l’article apparaissait brièvement le personnage de Hérault de Séchelles, encore un peu connu (au moins son nom) pour avoir été un acteur révolutionnaire, mais évoqué ici pour sa célèbre visite à Buffon.

De quelques portes au XVIIIe siècle

En octobre 1785, Hérault de Séchelles, jeune aristocrate de près de vingt-six ans, déjà avocat au Châtelet à dix-huit ans, se rend en effet à Montbard chez le vieux comte de Buffon. Un récit retrace la rencontre, intitulé Visite à Buffon, édité l’année même sans nom d’auteur et sans savoir d’ailleurs si son auteur l’avait réellement commandé. En 1801, ce texte, complété, adopte le titre sous lequel nous le connaissons : Voyage à Montbard. Hérault de Séchelles est déjà mort.

Réédité récemment [1], il est bien entendu à lire ; à la fois pour ce qu’il nous dit de Buffon, et pour sa place dans la naissance d’un exercice devenu genre à part entière : la visite à l’écrivain [2].

Il apparaît certes difficile de ne pas citer Hérault de Sechelles à propos de Buffon tant le « reportage » réussit à présenter le grand homme en situation. Et Philippe Sollers ne manque donc pas de le faire. Nous profiterons de ce rappel pour tenter de lui trouver une certaine signification. Car, à lire Voyage à Montbard, la manière dont Hérault de Séchelles rapporte les premiers instants de la rencontre avec Buffon a attiré notre attention au point de susciter avec la plus grande liberté le désir de convoquer des personnages chers à Philippe Sollers, qui pourraient bien ici faire autrement parler notre visiteur. Des échos en seraient même venus jusqu’à nous...

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A Montbard, Hérault de Séchelles est accueilli par le fils de son hôte. On monte les escaliers, traverse le salon, atteint la chambre. Entre le comte qui, selon le jeune visiteur, prend plus de temps qu’il n’en faut pour refermer la porte et se retourner vers lui. Les règles de la bienséance se verraient presque enfreintes. A partir de cette observation, en guise d’explication, Hérault de Séchelles émet une série d’hypothèses en insistant particulièrement sur la dernière.

« Me voici maintenant dans la chambre de Buffon. Il sortit d’une autre pièce ; et je ne dois pas omettre une circonstance qui m’a frappé, parce qu’elle marque son caractère ; il ouvrit la porte, et, quoiqu’il sût qu’il y avait un étranger dans son appartement, il se retourna fort tranquillement et fort longtemps pour la fermer ; ensuite il vint à moi. Serait-ce un esprit d’ordre qui met dans tout la même exactitude ? C’est la tournure de M. de Buffon. Serait-ce le peu d’empressement d’un homme qui, rassasié d’hommages, les attend plutôt qu’il ne les recherche ? On peut aussi le supposer. Serait-ce enfin la petite adresse d’un homme célèbre, qui, flatté de l’avidité qu’on témoigne de le connaître, augmente encore avec art cette avidité en reculant, ne fût-ce que d’une minute, cette même minute où il satisfait votre désir, et se prodigue d’autant moins que vous le poursuivez davantage ? Cet artifice ne serait pas tout à fait invraisemblable dans M. de Buffon. [3] »

Manifestement, comparée aux précédentes plutôt expédiées comme se suffisant plus ou moins à elles-mêmes (mais alors, curieusement, pourquoi poursuivre ?), Hérault de Séchelles prend, à son tour, du temps et du plaisir (en voilà peut-être la raison ?) à dérouler cette dernière tentative d’explication, même « pas tout à fait invraisemblable ».

Par fantaisie, à convertir cette hypothèse en sujet féminin, (au hasard, le comte serait devenu comtesse), on s’amuse à pratiquer la nouvelle clé de lecture de cette porte dont la manière retardée d’être fermée, signe d’« une petite adresse », d’« un artifice », pour reculer « ne fût-ce qu’une minute, cette minute » où s’épanouit la satisfaction du désir... donne un sens bien équivoque à la scène.

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Le Verrou de Fragonard


Fragonard, Le Verrou, peint vers 1777
(Voltaire meurt en 1778, Fragonard en 1806)

Cette histoire de porte, de porte de chambre, de porte de chambre que le maître des lieux ferme si lentement, à ce point empreinte de désir, ne pourrait-elle pas alors nous en rappeler une autre et constituer une surprenante variation (au final, ambiguë) du Verrou, toile que Fragonard vient de peindre quelques années plus tôt, vers 1777 ? Voyez l’amant (il n’est pas dit qu’il ne s’agisse pas d’un comte, voire d’un marquis) en pleine extension, la tête opposée à cette main si sûre, ne va-t-il pas dans un ultime petit geste adroit, dans un délicat mouvement de poussée du bout de ses trois doigts réunis, condamner cette porte ? Et même dans l’urgence à prévenir une irruption subite et importune, parions que son geste est exécuté sans précipitation comme l’exigent en pareil cas les impératifs de silence et de discrétion, gages d’une impeccable clandestinité.

Hérault de Séchelles, cet aristocrate très en vue, n’était-il pas en mesure de connaître le collectionneur, commanditaire et propriétaire du tableau, le marquis de Véri, qui meurt précisément en cette année 1785 ? Aurait-il vu ce tableau ? Ou seulement vient-il de parcourir depuis peu les premières gravures que Maurice Blot a en tirées l’année précédente, en 1784 ?

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Si l’année 1777 est présumée l’année du Verrou de Fragonard, elle est avec certitude celle de Point de lendemain de Vivant Denon.

Souvenons-nous alors de ce conte édité sous les seules lettres M.D.G.O.D.R. dans lequel en creux une comtesse joue un rôle bien déterminé. A relire cet autre texte court, on relève combien pour accéder au cabinet de Madame de T..., l’amie de la comtesse, les portes se ferment et s’ouvrent sans cesse dans le déploiement des promesses du lieu. Suivons donc le ballet des portes de ce palais enchanteur, certainement sublimes.

Après plusieurs étapes, le narrateur nous a emmené jusqu’au cœur du château, de l’appartement, lieu magique, temple : le cabinet. Madame de T... à la fois guide et objet de désirs, glisse au gré de la progression d’un état à l’autre au risque de perdre son statut privilégié. « C’est ainsi que par intervalle elle excitait ma curiosité sur ce cabinet » au point que « ce n’était plus madame de T... que je désirais, c’était le cabinet. » « ...enfin nous arrivâmes à la porte de son appartement, de cet appartement qui refermait ce réduit si vanté ». Une fois entrés et pacte conclu, « nous ouvrîmes doucement la porte : nous trouvâmes deux femmes endormies ; l’une jeune, l’autre plus âgée... ». On fait sortir la dernière « par une porte secrète... » ; lui succèdera bientôt la plus jeune par la même ouverture. « Près d’entrer » une ultime recommandation sur le sens de la visite ; « vous serez censé n’avoir jamais rien vu... » « J’allais répliquer ; les portes s’ouvrirent... » « La porte se referma, et je ne distinguai plus par où j’étais entré [4] »...

Dans son récit, Hérault de Séchelles écrira quant à lui : « Je vis enfin ce que j’avais tant désiré de connaître, le cabinet où travaille ce grand homme. » « On monte un escalier : on entre par une porte verte à deux battants ; mais on est fort étonné de voir la simplicité du laboratoire. Pas un livre, pas un papier ; ne trouvez-vous pas que cette nudité a quelque chose de frappant ? [5] »

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Quelle visite ?

En attendant, et pour rester dans ce registre choisi, pas surprenant, une fois le vis-à-vis instauré entre l’hôte et son visiteur, qu’on finisse à Montbard dans les bras l’un de l’autre...« Il vint à moi majestueusement, en ouvrant ses deux bras. [6] », nous dit Hérault de Séchelles à propos de Buffon. Et c’est à ce moment et à la faveur de cette proximité que le visiteur remarque la « jeunesse » du comte (cette allure de 60 ans pour un homme de près de 80 ans) confirmant ainsi ce que Voltaire, quelques décennies plus tôt, avait déjà été amené à constater sur la forme physique du naturaliste.

Souvenons-nous encore de Vivant Denon qui, à vingt-huit ans, lorsqu’il visite précisément Voltaire (cette rencontre se déroule dix ans avant celle de Montbard, en 1775) avait au contraire vu un véritable vieillard de quatre-vingt-un ans dont le portrait ensuite dessiné sans concession, le Déjeuné de Ferney, avait été à l’origine de leur brouille.

Si Hérault de Séchelles ignorait sans doute le contenu de la correspondance échangée en juillet 1775 [7] entre Vivant Denon et Voltaire, on est frappé néanmoins par la similitude des sujets abordés d’entrée. Même prise en compte de la maladie comme possible obstacle à la rencontre, mais signalée comme douteuse ou trompeuse ; chez Vivant Denon, pour s’en moquer en la prévoyant ; chez Hérault de Séchelles, pour la respecter en constatant à quel point physiquement Buffon n’en montre aucun effet. Quand encore dans sa première lettre, Vivant Denon se présente à Voltaire, son aîné de plus d’un demi siècle, comme un « camarade » (ce que son correspondant accepte en réponse avec...ironie), Hérault de Séchelles ne manque pas lui de rapporter les premiers mots d’accueil de Buffon en ces termes : « Je dois vous regarder comme une ancienne connaissance, car vous avez marqué le désir de me voir et j’en avais aussi de vous connaître. Il y a du temps que nous nous cherchons. [8] »

Mais à noter au terme de la relation ces deux vers « L’amitié d’un grand homme est un bienfait des Dieux, /Je lisais mon devoir, et mon sort dans ses yeux  [9] » extraits d’une vieille tragédie écrite près de soixante dix ans plus tôt, intitulée  ?dipe, d’un certain Voltaire, doit-on seulement en considérer le rappel comme l’hommage flatteur d’une autorité à une autre ? Ou ces vers ne s’adresseraient-ils pas plutôt à un autre destinataire ? Du moins, la référence à Voltaire ne constituerait-elle pas ici un signe de connivence, de complicité que le jeune visiteur enverrait à son aîné ?

Pourquoi ne pas se demander en effet si Hérault de Séchelles en allant rencontrer chez lui Buffon ne rejoue pas dix ans plus tard la visite de Vivant Denon à Voltaire et ne cherche pas par son récit à s’inscrire dans le prolongement de ce dernier en se référant notamment au portrait caricatural de la célébrité qui a pu en être tracé (on n’a pas manqué de relever les impertinences de Hérault de Séchelles pour insister sur la vanité du personnage) ? D’autant qu’à la base de la rencontre, un enjeu commun semble partagé. Il s’agit pour l’un et l’autre, quasiment du même âge pour la circonstance, de rencontrer la célébrité de l’époque et de le faire savoir. En 1785, Buffon en reste une, sinon la dernière, dont le souvenir d’une entrevue singulière et domestique doit être formalisé de quelque manière au profit du visiteur.

De quelques portes au XXe siècle

Ses Mémoires [10] le rappellent, Philippe Sollers a rencontré, approché, côtoyé nombre d’écrivains. Les a-t-il « visités » ? Assurément pour le premier d’entre eux, François Mauriac, d’abord à sa propriété (« Visite classique du jeune écrivain à Malagar... [11] ») puis à Paris. Il conserve notamment le souvenir d’un homme assis sur son petit lit comme celui-ci avait vu Proust, allongé dans le sien, en pleine nuit... On cherchera en vain chez Philippe Sollers un portrait de François Mauriac se plaisant à mettre en exergue tels ou tels traits défavorables visant par ailleurs sa propre mise en valeur. Pas plus de relation, détaillée, descriptive de la ou des rencontres, pas de grand écrivain « en pantoufles ». A l’inverse, ce sera de la part de François Mauriac, à propos du Défi, le fameux article dans le Bloc Note du 12 décembre 1957... et l’expression d’un parrainage dont lui-même avait bénéficié avec Barrès...

Avec Aragon, l’histoire se caractérise très vite par un malentendu de fond. Les assommantes lectures de poèmes... « Voix déclamatoire, très dix-neuvième siècle, la diction plaintive et forcée que vous entendez déjà dans l’enregistrement d’Apollinaire, « Ouvrez-moi cette porte où je frappe en pleurant », etc. [12] » Sans compter Elsa et sa dédicace : « A Ph. S., maternellement. » Là, non, c’est trop, on ferme.  [13] » Au choix, rideau, porte... Aucun voyage possible ni plaisir par ici.

Philippe Sollers retrace encore sa relation avec un autre écrivain, Francis Ponge ; le contexte de la rencontre et, avant la brouille, ses visites rue Lhomond, à deux pas du Panthéon, ... de Voltaire (le deuxième entré au Panthéon). On écoute Rameau, le musicien préféré de Ponge. Aborde-t-on alors cet auteur que personne ne lit plus vraiment (sauf lui, Ponge, car quel autre contemporain a pensé déclarer à sa place qu’il s’agit de « l’un des plus grands poètes en prose de notre littérature » ?), dénommé Buffon ? Peut-être... Mais si.

On imagine la scène suivante : ils viennent d’en parler, surtout Ponge, le projet global du naturaliste, le style, l’esquisse d’une confrontation avec, pourquoi pas, Malherbe, il rappelle ce qu’il a toujours cherché à exprimer... Pour démontrer la pertinence de telle ou telle position, mais aussi pour le plaisir, il lui arrive d’aller chercher un de ses livres. « Ponge lit très bien tel ou tel texte du Parti pris ou de La Rage de l’expression, c’est très beau, net, concentré, ça résonne. [14] » Son choix vient précisément de se porter sur Le parti pris des choses. Il feuillette le livre, s’arrête au texte visé, on ne baisse pas la musique, la première phrase s’annonce ainsi : « Les rois ne touchent pas aux portes... »

Il avait bien sûr commencé par dire le titre : Les plaisirs de la porte...

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La critique du tableau "Le Verrou" de Fragonard (ou archive pdf)

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[1Hérault de Séchelles, Voyage à Montbard, Le Promeneur, Gallimard, 2007

[2Les Lieux de Mémoires, La visite au grand écrivain, Quarto, tome 2, Gallimard, 1997, p 2131-2155

[3op. cit., p 38-39

[4Vivant Denon, Point de lendemain, Desjonquères, 1987, p 55-59

[5op. cit., p 45

[6op. cit., p 39

[73 et 5 juillet 1775, Voltaire, Correspondance, La Pléiade, tome XII, Gallimard, 1988

[8op. cit., p 39

[9op. cit., p 91-92

[10Philippe Sollers, Un vrai roman Mémoires, Plon, 2007

[11op. cit., p 62

[12op. cit., p 69

[13idem

[14op. cit., p 61

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2 Messages

  • D.B. | 9 octobre 2015 - 13:05 1

    Aragon, qui sort de l’exposition Fragonard, après avoir observé durant un long moment "Le verrou", nous rappelle un des ses poèmes...

    SERRURE DE SÛRETÉ

    Ma parole
    La main prise dans la porte
    Trop engagé mon ami trop engagé
    Pour ainsi dire
    Ou
    Passez-moi le mot
    Merci
    Je tiens la clef
    Le verrou se remet à tourner comme une langue
    Donc

    Aragon, Le Mouvement Perpétuel


  • V.K. | 23 janvier 2008 - 18:09 2

    La visite au grand écrivain (extrait)

    par Clémence Boulouque
    _ Lire , juillet2003 / août2003

    <img_1_clip_image003.gif|left> Hommage, admiration, rite initiatique, adoubement, il y a de tout cela dans la visite au grand homme. Où les visiteurs d’hier deviennent les visités d’aujourd’hui.

    « Je suis allé voir Mauriac à Malagar. J’avais dix-neuf ans et n’avais encore rien publié mais je me proposais de faire son portrait pour un journal local, se souvient Philippe Sollers. Il m’a reçu très aimablement. Puis je publie Le défi et, là, Mauriac s’enthousiasme, m’évoque en se souvenant comment Barrès avait célébré ses premiers écrits. Cet adoubement a été déterminant dans mon existence car il a fait un certain bruit. Mais, par la suite, Mauriac s’est rendu compte que je n’étais pas mauriacien, ce qui l’a un peu déçu. Mais je l’aimais beaucoup, il était très drôle - lucide, modeste, d’une grande fidélité à Proust, renouvelée et sincère, alors qu’entre 1930 et 1960, il avait disparu du paysage littéraire. »

    Lorsque Sollers raconte ses autres visites, ce sont les noms de Céline, Bataille, Sartre, Aragon qui défilent - ou encore de Paulhan.

    « Il m’a invité pour travailler, c’était un être drôle, un soleil radieux ; il se mettait à sa table et écoutait des chansons populaires à la radio. Chez lui, je découvrais des livres introuvables ailleurs, sur la Chine, le taoïsme... Mais, en réalité, celui que j’avais le plus envie de rencontrer, c’était Breton. Je suis allé le voir au 42, rue Fontaine. J’avais l’idée de fonder une revue et lui ai donné un questionnaire qu’il n’a jamais rempli... »

    L’ancien visiteur est devenu celui que l’on visite - là encore les noms se pressent. D’autant plus que Philippe Sollers est l’éditeur que l’on sait :

    « J’ai publié ce que je considère comme le meilleur texte de Beigbeder, Nouvelles sous ecstasy. Et j’aurais aimé publier Houellebecq et Angot... »

    [...] « Il faut faire attention à la moindre chose publiée », a conseillé Mauriac à Philippe Sollers.
    _ [...]

    Crédit : Lire