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Paroles d’Évangiles

Évangiles. Nouvelle traduction de Frédéric Boyer. Parution : 13-10-2022

D 31 octobre 2022     A par Albert Gauvin - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



Rosselli, Le sermon sur la montagne.
Rome. Chapelle Sixtine. ZOOM : cliquer sur l’image.
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On peut relire cent fois le même texte, ce n’est jamais tout à fait le même texte. Chacun peut en faire l’expérience : il suffit parfois de changer d’édition, de mise en page, de typographie, et ce que vous croyiez avoir lu et bien connaître vous apparaît sous un jour nouveau. J’ai fait maintes fois l’expérience avec les Illuminations de Rimbaud ou les Poésies de Ducasse. C’est encore plus vrai quand surgit une nouvelle traduction d’un écrit d’une langue étrangère, qu’il s’agisse de Shakespeare, de Dante, de Hölderlin, de Nietzsche ou de Tchouang tseu. J’ai plusieurs exemplaires du Zarathoustra ou de La Divine Comédie, j’ai mes préférences qui n’annulent pas les autres traductions. « Traduttore, traditore », ce n’est pas faux, mais c’est vite dit. Toute traduction n’est pas seulement trahison, mais interprétation et toute nouvelle traduction ne trouve sa pertinence que si elle invite à une lecture renouvelée.

Il existe de nombreuses traductions de la Bible et des Evangiles. Les traductions des Evangiles s’appuient sur le texte grec (je ne reviens pas sur l’hypothèse de Bernard Dubourg qui voulait qu’ils aient été "pensés" en hébreu (Cf. Le cas Bernard Dubourg est évidemment passionnant).

Prenez le début du prologue de l’évangile de Jean dans sa traduction la plus connue :

« Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu ».

Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος.
Οὗτος ἦν ἐν ἀρχῇ πρὸς τὸν θεόν.

Bernard Pautrat, dans sa très belle traduction de 2004, reprenant en partie la traduction de Louis Segond, écrit : « Au commencement était la Parole, et la Parole était auprès du dieu... ». « Verbe » ou « Parole » traduisent le grec « logos ».

Philippe Sollers a depuis longtemps médité sur ce qu’il a appelé la lettre volée des Evangiles. Dans un entretien fort ancien pour art press, en juin 1978, alors qu’il est dans l’écriture de Paradis, il disait :

« L’idée que la Bible et les Évangiles sont ce qu’on ne voit pas parce qu’on l’a trop sous les yeux m’est venue en poursuivant mon expérience d’écriture. Ça s’est imposé à moi, ça s’est écrit malgré moi en travaillant cette histoire de langue. » / « Dans les Évangiles, comme dans La Lettre volée, l’évidence est là, à chaque instant, et est donc particulièrement invisible. »

Quelques années plus tard, en 1983 (c’est l’année de la publication de Femmes) :

« Vous connaissez les Évangiles ? Allons, avouez-le, à peine, vaguement, superficiellement, désinvoltement. Quelques bribes, souvenirs, citations, situations, mouvements divers, et là, au centre, ce personnage fulgurant qui suscite encore les passions... On vous a reparlé de la Bible ? Très bien. Cela vous agace ? Tant pis. Vous voulez en savoir davantage ? C’est probable. »

En 2003, Dans Illuminations (à travers les textes sacrés) qui s’ouvre sur un passage de l’Apocalypse de saint Jean et la lecture du poème de Hölderlin Patmos, Sollers se livre encore à une longue méditation sur les Proses évangéliques écrites par Rimbaud au dos d’Une Saison en enfer. « En vérité, Rimbaud ne cesse de penser au Christ », écrit-il. Il se peut effectivement que cela agace.
Dans son dernier roman, Graal, où saint Jean fait à nouveau entendre sa voix, Sollers écrit (Gallimard, 2022, p. 45) :

« Au commencement est le Verbe,
le Verbe est avec Dieu,
et le Verbe est Dieu.
Vous avez bien lu cette déclaration stupéfiante, digne des abîmes atlantes : LE VERBE EST DIEU. »

Sollers insiste sur le fait qu’il faut traduire au présent là où Jean utilisait l’imparfait. Ce n’est pas la première fois. Il l’avait déjà fait, « pour s’amuser un peu », dans Une vie divine, mais c’était sous le masque de M.N. et personne ne l’a remarqué [1]. J’ai déjà rappelé à quel point cette insistance sur le présent rappelait aussi ce qu’écrivait Maître Eckhart — « le plus proche de la Parole Suprême, l’obscur et lumineux Maître Eckhart » (Graal, p. 24) — dans Le grain de sénevé : « Au commencement au-delà du sens là est (ist) le Verbe » et la discussion qui s’ensuivit au Moyen-Âge sur ce présent [2]. Dans « La Connaissance comme Salut », un entretien avec la revue Ligne de risque de février 2009, Sollers déclarait encore :

« L’incarnation concerne la Parole. Au commencement est le Verbe. Ne mettez jamais cette phrase de Jean à l’imparfait, toujours au présent. Lorsqu’un évangile apocryphe note : "Jésus a dit", il faut aussi l’entendre au présent. Cela a lieu dans l’instant. Si ce n’est pas le cas, cet énoncé n’a aucune signification. "Jésus a dit", non ; "Jésus dit". Si l’on introduit le passé dans cette affaire, on est aussitôt projeté dans un film. »

Ce que l’esprit souffle de traduire au présent, il faut aussi le lire au présent.

Après avoir dirigé une nouvelle traduction de la Bible en 2001, Frédéric Boyer vient de publier aux éditions Gallimard une nouvelle traduction des Evangiles canoniques. Dans une longue préface dont vous pourrez lire plus loin des extraits (en pdf), il justifie son projet, ses choix et son « embarras » dont, dit-il, il a fait « la marque poétique » de sa traduction, « la cicatrice de [s]on travail de traducteur ». Il a notamment choisi de « doubler les mots les plus significatifs des textes comme si on avait affaire à une “traduction au carré”. » (p. 38)
Si je regarde comment il a choisi de traduire le début de l’Evangile de Jean, voilà ce que je lis (p. 431) :

1 Au commencement était le Verbe parole
et le Verbe parole était pour le Dieu (1)

Oui Dieu était le Verbe parole
2 lui qui était au commencement pour le Dieu.

Boyer traduit en respectant la lettre. Jean parle donc à l’imparfait. Voyons la suite. En français, le mot « verbe » est masculin et « parole » féminin. Je note que, dans sa « traduction au carré », Boyer écrit cependant « le Verbe parole » et pas « la parole Verbe ». Car c’est bien « Lui », le Verbe, Dieu, qui s’est fait chair en Jésus, fils de Dieu. Une « affaire » ou un « événement » dont on parle encore.
Rappelons maintenant ce que dit saint Jean :

Ἐν ἀρχῇ ἦν ὁ λόγος, καὶ ὁ λόγος ἦν πρὸς τὸν θεόν, καὶ θεὸς ἦν ὁ λόγος.

Soit littéralement :

Dans arkhế était le lógos et le lógos était auprès du Dieu et Dieu était le lógos.

ou dans la Vulgate :

In principio erat Verbum et Verbum erat apud Deum et Deus erat Verbum

Afin de vous montrer les difficultés que peut rencontrer le traducteur (et tout traducteur), je cite la longue note dans laquelle il justifie ses autres choix (c’est important les notes) :

(1). La préposition πρός, pros, avec l’accusatif fait ici difficulté. Cela peut signifier « auprès du Dieu » « apud Deum » (traduction latine de la Vulgate), voire « avec le Dieu ». πρός suivi de l’accusatif a le sens concret de « vers, en direction, du côté de, proche de » mais aussi abstrait de « en relation, destiné à, à l’avantage de », jusqu’à signifier le but et la cause, comme on le retrouve par exemple en Jean, 21, 22 et 23, ou comme en Matthieu, 13, 30 : attacher la noirceur pour (pros) la jeter au feu. Si la préposition grecque suivie de l’accusatif exprime bien la proximité, il faut ajouter à cette notion celle de direction visée, de cause, de but. Il semble que l’on puisse comprendre ici que le logos, le Verbe parole, est présent pour Dieu comme visée, comme but (ou le Dieu puisque dans le texte, ici, Dieu est accompagné de l’article défini). Le logos est l’acte même à l’avantage du Dieu, son but, et appartient à l’intention du Dieu. La destination du Verbe parole c’est d’être pour Dieu, d’en être la visée, l’intention, et c’est ainsi que l’on peut comprendre l’affirmation : le Verbe parole étant pour le Dieu, alors « Dieu est le Verbe parole » lui-même appelé dans cette même visée et causalité à devenir chair (1, 14).

Je n’ai pris qu’un exemple. Vous verrez plus loin ce que devient le « mal » et la « faute » si on se tient au plus près du grec. Le choix de chacun des mots donne beaucoup de chance à l’interprétation et à la méditation. C’est une bonne nouvelle.

Dans un interview au Monde, Frédéric Boyer déclare : «  En retraduisant les Evangiles, j’espère provoquer un nouveau désir de lecture. »

En ce qui me concerne, pari gagné.

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Cette nouvelle traduction du grec ancien des quatre Évangiles canoniques (Matthieu, Marc, Luc et Jean) entend faire redécouvrir ces textes comme des oeuvres littéraires originales, au sein de la littérature antique juive et grécoromaine. Une littérature forgée et inventée à partir des pratiques orales d’enseignement et de discussion de la Torah (la Bible hébraïque) pendant toute la période dite du Second Temple, du VIe siècle avant notre ère au Ier siècle. Une triple conviction est à l’origine de cette traduction :
1) Les Évangiles appartiennent à la culture religieuse et littéraire du judaïsme antique.
2) Rédigés dans la langue grecque de l’époque, ce sont des traductions de paroles, de discours, de citations de l’araméen et de l’hébreu de l’époque.
3) Ces textes sont des performances littéraires pour témoigner de l’enseignement d’un jeune rabbi du Ier siècle en Judée et en Galilée.
Le mot "évangile" est ainsi traduit et compris comme performance : réaliser par l’écrit "l’annonce heureuse".
Il s’agit de revisiter le vocabulaire traditionnel religieux, en revenant à la littéralité du grec ancien.
Enfin, on découvre une autre représentation de Jésus et de sa parole. Jésus cherche moins à culpabiliser qu’à libérer, il ne fonde pas de nouvelle religion mais cherche à faire abonder, multiplier, la parole de la Torah, en direction de toutes les classes sociales.
Ces textes, écrits et composés en temps de crise, dialoguent avec notre époque.

F. B.

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FEUILLETER LE LIVRE

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Pont Neuf, Shlomo Malka. Radio J 94.8 FM, 6 novembre 2022.

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L’ÉVANGILE, THEÂTRE DE LA PAROLE

Extrait (p. 36-37)

« Libère-nous de nos manques »

Les textes évangéliques s’en prennent au mal, comprenons au défaut de vivre et d’être, au défaut et au manque de compréhension et d’écoute. De quel mal parle-t-on dans ce textes ? Massivement, de ce qui nous accable, de la peine qui nous tourmente et nous fait dévier d’un chemin droit. Ainsi ai-je pris soin de faire entendre que le texte évangélique distingue le mal, la méchanceté (kakós en grec, employé quatorze fois dans les Évangiles) de la peine, de la fatigue, du tourment qui nous écrase (ponērós), plus de quarante fois dans les Évangiles). Dans le Notre Père, chez Matthieu, nous demandons d’être délivrés, libérés du tourment (ponērós), de la peine d’être tourmentés, et non du mal comme on le traduit traditionnellement (Matthieu, 6, 13) ! « Que votre lan­gage soit oui oui, ou non non. / Tout ce qui vient en plus n’est que tourment (ponērós) » (Matthieu, 5, 37), et non mal (kakós). Qui lui contraint les corps à la faiblesse, à l’épuisement (l’asthénie, dit le grec), et se montre dans le texte évangélique comme une puissance nocturne et multiple, qui possède et qui ravage la personne (les démons). Quant à la « faute » ou au « péché » (hamartia), ces traductions nous auront longtemps tenus à une seule lecture culpabilisante de cet enseignement qui se présente pourtant comme une libération et un relèvement, un soulèvement. Or, à la lecture il s’agit davantage de ce qui nous fait défaut, des manques qui nous possèdent, des échecs qui nous détournent de la voie juste et droite, et de l’écoute et de la compréhension des paroles des Écritures. Le rabbi Jésus ne culpabilise pas ses interlocuteurs, il vient pour dénoncer les manques, les erreurs que nous faisons dans la vie comme dans le travail d’interprétation de la vie, réalisé dans la lecture et l’interprétation des textes de la Tradition. Vivre c’est interpréter. Enseigner c’est, par l’étude des textes, des paroles, de la tradition vécue, délivrer l’interprétation droite qui libère, qui met fin à l’errance, au manque comme à l’erreur, qui comble de sens l’existence défaillante de chacun. Ce qui nous manque, qui nous fait manquer le but, la direction à prendre, nous détourne de la visée du sens. Si faute il y a, elle se découvre dans l’écoute défaillante de la parole. Les foules viennent avouer publiquement leurs manques, raconte Marc. L’Evangile comble, ou mieux encore, fait abonder le sens. La faute dans les Évangiles est toujours une erreur d’interprétation, une défaillance de l’écoute, un refus ou un défaut de compréhension. À l’inverse, l’évangile, l’heureuse annonce, rétablit le message que nous n’entendions pas. Si « faute » il y a, il s’agit d’abord d’une question d’interprétation, une question vitale.

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Frédéric Boyer.
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Frédéric Boyer : « En retraduisant les Evangiles, j’espère provoquer un nouveau désir de lecture »

Pourquoi, et pour qui, traduire encore les Evangiles ? L’écrivain Frédéric Boyer signe une nouvelle traduction des livres relatant la vie de Jésus. Dans un entretien au « Monde », il assure qu’il y a toujours des bénéfices à retraduire un tel texte.
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Frédéric Boyer n’a pas peur de s’attaquer à des monuments. Après avoir dirigé en 2001 La Bible nouvelle traduction (Bayard), réalisée avec vingt écrivains et vingt-sept exégètes, mais aussi traduit Augustin, Shakespeare, Virgile, et même le Kama-sutra, l’écrivain signe, ce mois-ci, une nouvelle traduction des Evangiles, publiée chez Gallimard (Evangiles, 544 pages, 22,50 euros). Dans un entretien au Monde, il assure que les quatre livres relatant la vie de Jésus, pourtant déjà traduits de nombreuses fois, n’ont pas encore révélé tous leurs secrets.
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Pourquoi vous semblait-il utile de traduire à nouveau ces textes ?

L’utilité d’une nouvelle traduction est toujours relative, surtout pour des textes qui, comme les Evangiles, ont déjà été traduits à de multiples reprises. Néanmoins, je crois qu’une traduction neuve a cela de bénéfique qu’elle permet d’interroger de nouveau un texte qui peut sembler très familier. C’est vrai en particulier d’un écrit qui, comme les Evangiles, est regardé comme sacré.
Une nouvelle traduction d’une œuvre aussi canonique permet de continuer à la questionner. Sans cela, le risque est d’en avoir une lecture figée. Le contexte de réception des Evangiles évolue constamment, tout simplement parce que les sociétés humaines elles-mêmes évoluent. Il est donc bon de se pencher encore et encore sur ces textes. Cette traduction souhaite contribuer à ce perpétuel travail d’appropriation des Evangiles.

Sur quels aspects votre traduction diffère-t-elle des traductions existantes ?

J’ai d’abord voulu honorer l’origine juive de ces textes. J’ai donc mis en avant les références récurrentes que fait Jésus à la Torah, ou bien les très nombreuses citations tirées de l’Ancien Testament qu’intègrent les Evangiles. J’ai traduit certains mots de manière à montrer le vieux fonds hébraïque du texte original. Ainsi trouve-t-on habituellement des « prêtres » du Temple dans les traductions, ce qui est un terme très chrétien. Pour ma part, j’ai préféré employer « sacrificateurs », car, de fait, ces personnages ont la charge des sacrifices.
Ma traduction cherche aussi à réinterroger des mots et expressions présents dans les traductions en français qui ne correspondent pas exactement au sens du texte grec original. Si je ne devais donner qu’un exemple, ce serait celui du mot « péché ». En français, on l’associe à l’idée de faute morale. Or, le terme grec employé dans les Evangiles – « hamartia » – renvoie à quelque chose d’un peu différent.

Ce terme désigne plutôt une situation qui est à la fois celle d’un échec et d’une erreur, comme lorsque l’on se trompe de chemin ou que l’on rate sa cible. Cela apporte une nuance à ce que peut dire Jésus dans les Evangiles : plutôt que de dénoncer un déficit de moralité, il souligne un manque de compréhension de la Loi. Enfin, ma traduction insiste aussi sur un autre aspect à mon sens fondamental des Evangiles : leur dimension très « orale ».

C’est-à-dire ?

Le texte grec des Evangiles est truffé de signaux de l’oralité, comme des interjections, des répétitions… Mais, dans la plupart des traductions, ces éléments disparaissent. Pour ma part, j’ai tenu à les conserver.

L’intérêt d’une nouvelle traduction est de renouveler la réception des Evangiles

On peut prendre l’exemple de «  kai  ». En grec, ce terme marque la prise de parole et peut se traduire à la fois par « et », « oui », « en effet », etc. Je crois que c’est le mot le plus fréquemment employé dans les Evangiles. Pourtant, les traducteurs ont souvent tendance à l’escamoter. J’ai, quant à moi, voulu le faire apparaître systématiquement.

Lire aussi (2017) : Frédéric Boyer plaide pour l’espérance

Les Evangiles sont en effet avant tout la transcription de paroles, celles que Jésus a prononcées. On se retrouve plongé au milieu des discussions, de débats sur l’interprétation de la Loi, qu’a Jésus avec ses nombreux interlocuteurs. En les traduisant, j’ai voulu faire transparaître cette ébullition orale.

A quel public s’adresse votre traduction ?

Commençons par préciser que cette traduction n’est pas confessionnelle : elle n’est pas une traduction chrétienne pour les chrétiens. Il faut prendre la situation comme elle est : la société française est largement sécularisée. Parmi nos contemporains, la majeure partie ne lit plus les Evangiles, ne les comprend plus et, en vérité, une bonne partie ne s’y intéresse même pas. En les traduisant, j’espère pouvoir provoquer un nouveau désir de lecture, susciter une envie de compréhension.
Pour cela, il me paraît nécessaire de présenter les Evangiles sous un jour différent de celui dont on a l’habitude. Il m’importe de souligner que ces textes comptent parmi les grandes œuvres littéraires de l’Antiquité. Il s’agit d’ailleurs d’une littérature bien étrange : elle ne se rattache ni à un genre précis ni à une culture en particulier.

Lire aussi : « Faciliter la lecture et la compréhension littérale » : pourquoi traduire à nouveau la Bible ?

Parce qu’ils furent rédigés dans un Orient ancien qui était un creuset linguistique, spirituel, politique, culturel, ces textes se situent à la rencontre de plusieurs civilisations. Ils sont évidemment imprégnés de culture hébraïque, celle de Palestine et celle de la Diaspora, mais aussi de culture hellénistique. Et l’influence romaine se laisse également sentir. Ma traduction, plus que celle d’un texte religieux, est donc celle d’une œuvre littéraire.

On estime que cinq milliards d’exemplaires de la Bible ont été vendus dans le monde : publier une nouvelle traduction des Evangiles, est-ce une bonne opération commerciale ?

Il faut me le souhaiter ! Cependant je n’en suis pas convaincu. Toute traduction de ce texte n’est pas un succès et l’époque garantit encore moins la réussite commerciale d’un tel projet. A la fin des années 1980, une religieuse dominicaine, sœur Jeanne d’Arc, fit paraître une excellente traduction des Evangiles. Malgré la grande qualité de son travail, ce fut loin d’être un best-seller… Dans mon esprit, l’intérêt d’une nouvelle traduction est avant tout de renouveler la réception des Evangiles.

Revenons au texte original. Dans quel contexte les Evangiles ont-ils été rédigés ?

Il est impossible d’avancer des certitudes sur ce point. Aucun manuscrit original n’existe puisque le premier manuscrit complet des Evangiles que l’on connaisse ne date que du Ve siècle. Ce que l’on peut dire pourtant, c’est que les Evangiles ont été écrits entre la décennie 40 et le tout début du IIe siècle, à mesure que meurent les témoins directs qui ont connu un certain rabbi nommé Jésus. A Jérusalem et dans d’autres lieux du monde méditerranéen, des communautés décident alors de mettre par écrit les témoignages qu’elles possèdent concernant la vie et l’enseignement de ce personnage.

Lire aussi : « En l’an 70, la start-up Jésus aurait pu disparaître »

Durant son existence, ce rabbi Jésus avait en effet réuni autour de lui une secte – le terme n’est aucunement péjoratif – comme il en existait de nombreuses autres dans le judaïsme de ce temps. Certains des membres de cette secte ont ensuite diffusé son enseignement en Palestine et dans la Diaspora : c’est cela qui est mis par écrit quand on rédige les Evangiles.

Ces textes n’ont donc pas été rédigés par les quatre évangélistes…

Non, ce sont bien des communautés et non des individus précis qui sont à l’origine des Evangiles. Si un auteur est mentionné – Matthieu, Marc, Luc ou Jean –, c’est uniquement pour placer le texte sous l’autorité d’un personnage reconnu. Les quatre évangélistes ne sont pas des auteurs au sens où nous l’entendons aujourd’hui, mais des figures tutélaires choisies pour donner plus de légitimité au texte.
Assez logiquement, ces personnages sous le patronage desquels sont placés les Evangiles sont donc des apôtres de Jésus qui l’ont connu directement, comme Matthieu ou Jean, ou bien des individus appartenant à l’entourage immédiat d’autorités éminentes du mouvement chrétien en formation, comme Luc, qui est très proche de saint Paul, et Marc, qui est sans doute un disciple de saint Pierre.

Lire aussi : Christianisme : qui sont les douze apôtres de Jésus

Dans l’Antiquité, il n’est pas rare d’attribuer à un auteur des textes écrits par d’autres afin de leur donner plus de crédit. Les chants de l’Iliade et de l’Odyssée n’ont pas été écrits par un auteur : ils ont été chantés par plusieurs aèdes avant d’être réunis sous le nom d’Homère. De la même manière, les Evangiles ont été écrits à plusieurs mains avant d’être placés sous le nom des évangélistes.
Précisons tout de même une chose : il est un Evangile pour lequel l’hypothèse d’un auteur unique demeure : celui de Luc.

Vous évoquez des communautés distinctes qui rédigent chacune leur Evangile. Pourtant, les différents Evangiles ont de nombreux points communs…

Oui, bien sûr, et c’est en particulier le cas des trois Evangiles que l’on appelle synoptiques – Matthieu, Marc et Luc – parce qu’on peut les mettre les uns à côté des autres et constater à quel point ils se ressemblent. Cette similitude a d’ailleurs conduit à penser qu’il existait une source commune à ces trois Evangiles. C’est l’hypothèse de la source Q – pour Quelle, « source » en allemand.

J’admets volontiers qu’un témoignage commun a nourri les Evangiles de Matthieu, de Marc et de Luc.

Ce texte initial commun aurait été un recueil d’un certain nombre de paroles de Jésus que l’on retrouve de manière quasi identique dans les trois Evangiles synoptiques. Il reste que ce texte initial n’a bien entendu jamais été trouvé. Pour ma part, je ne suis pas convaincu de son existence. Les paroles de Jésus présentes dans les trois Evangiles se ressemblent certes beaucoup, mais elles ne sont pas transcrites exactement de la même manière. Des morceaux aussi fondamentaux que la prière du Notre Père ou le discours des Béatitudes diffèrent ainsi légèrement.

Lire aussi : Et si l’Evangile selon Marc avait été écrit par une femme ?

J’admets bien volontiers qu’un témoignage commun a nourri les Evangiles de Matthieu, de Marc et de Luc. Pour autant, mon hypothèse est que ce témoignage a circulé non par écrit, mais à l’oral. Chaque communauté l’a ensuite adapté à sa situation, mettant en avant telle parole de Jésus plutôt que telle autre, et y a ajouté d’autres témoignages. C’est ce qui permet de comprendre que chacun des Evangiles ait une tonalité singulière.

Qu’est-ce qui distingue les Evangiles entre eux ?

Celui de Luc, par exemple, contient un récit des origines de Jésus très particulier. De manière fort littéraire, il évoque sa naissance prodigieuse – dont on fait la lecture lors de la messe de Noël – et les obstacles qu’il doit immédiatement affronter en raison de l’hostilité d’Hérode. A lire ce récit des origines, on pense aux « vies des hommes illustres » qui sont un genre classique de la littérature grecque. On peut donc supposer que l’Evangile de Luc fut composé dans une communauté hellénisée de la Diaspora, sans doute en Grèce même.

Lire aussi : Jésus a-t-il vraiment existé ? Les arguments des historiens face à la thèse mythiste

A l’inverse, l’Evangile de Matthieu se caractérise par un ton très violent à l’égard des institutions juives. C’est chez Matthieu que Jésus vitupère les « scribes et pharisiens hypocrites ». Cela conduit à penser que cet Evangile fut rédigé au moment où les judéo-chrétiens commençaient à se séparer du judaïsme.
L’Evangile de Jean est peut-être le plus original. Il fut rédigé tardivement et la communauté qui est à l’origine de cet Evangile avait très probablement connaissance des autres Evangiles. Néanmoins, elle n’a pas restitué le même témoignage. Outre qu’il donne à lire un récit différent de la vie et de l’enseignement de Jésus, il se distingue par ses emprunts à la philosophie grecque. C’est aussi le plus violent vis-à-vis des Juifs, qui apparaissent très clairement comme les responsables de la mise à mort de Jésus.

Selon vous, quels aspects des Evangiles sont les plus susceptibles de toucher nos contemporains ?

Il y a, bien sûr, l’attention que porte Jésus aux autres, et d’abord à ceux qui sont relégués aux marges de la société – les pauvres, les femmes, les étrangers. Il y a aussi son souci d’apaiser les souffrances de l’humanité blessée : les miracles que réalise Jésus ont pour fonction de guérir, pas de manifester la toute-puissance divine.
Je dirais encore que Jésus nous rappelle que nous devons toujours nous interroger. Jésus, dans les Evangiles, est constamment en train d’interpréter. Il nous dit qu’il n’y a pas de vie sans un constant effort de compréhension.

Lire aussi : Jésus était-il un révolutionnaire ?

Enfin, il y a la dernière question : est-il le Messie ? Jésus n’y répond jamais frontalement. Ce que disent les Evangiles, c’est donc que c’est à chacun, librement, de le reconnaître ou non comme tel. Ce Messie, si Messie il est, est un Messie abandonné de tous, trahi, qui finit sur la croix. Jésus, s’il est le Christ, s’il est Fils de Dieu, est donc venu parmi les hommes pour prendre la place de ce que l’humanité a abandonné. Et ce que l’humanité a abandonné, c’est l’humanité elle-même. A mon sens, toute la profondeur spirituelle du christianisme est là.

Cyprien Mycinski, Le Monde des religions, 30 octobre 2022.

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Jordaens, Les Quatre évangélistes, 1625-1630.
Le Louvre. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Salomon Malka : « Il y va de la littérature dans la Bible comme dans les Évangiles »

Par Salomon Malka

« Traduire dans la fidélité au substrat d’origine, c’est agir comme si derrière la parole grecque, on cherchait à faire entendre l’arrière-fond oral de la langue. »

FIGAROVOX/LIVRE - Le journaliste Salomon Malka présente la nouvelle traduction des quatre Évangiles de l’écrivain Frédéric Boyer, publiée chez Gallimard. Un travail titanesque qui permet de redécouvrir ces textes comme des œuvres littéraires originales, estime-t-il.

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Salomon Malka est journaliste et écrivain. Il vient de publier Elena Ferrante, À la recherche de l’Amie prodigieuse, aux éditions Écriture.

Il y a quelques années, Frédéric Boyer nous offrait une traduction de la Bible très originale. 47 auteurs – 20 écrivains et 27 biblistes regroupés en binômes – avaient été réunis par ses soins pour proposer une approche nouvelle qui consistait à faire traverser la Bible par le souffle de la littérature. Le résultat pouvait laisser sceptique. C’était en tout cas très inégal, avec ici des trouvailles heureuses et là des facilités déconcertantes. L’auteur vient de récidiver, et cette fois, il s’est mis tout seul à la tâche, avec le même objectif : mêler le grec, l’hébreu, l’araméen pour aboutir à une traduction renouvelée des textes évangélistes.

Une nouvelle traduction des Évangiles ? La chose est plutôt rare, suffisamment en tout cas pour mériter d’être saluée. D’autant que la particularité de cette traduction est d’ancrer davantage les textes dans leur source première et de leur conférer à ce titre une vigueur nouvelle.

Traduire dans la fidélité au substrat d’origine, c’est agir comme si derrière la parole grecque, on cherchait à faire entendre l’arrière-fond oral de la langue. Le grec ancien, qui était en usage, est à rapprocher selon l’auteur de la traduction dite de la Septante. Celle-ci est évidemment postérieure, mais toute la nouveauté du travail de Boyer voudrait montrer combien ces textes sont plongés dans la tradition écrite et orale du judaïsme, combien ils rappellent par maints aspects les enseignements et les discussions dans cette tradition-là, combien ils empruntent aux récits, aux paraboles, aux métaphores propres à cet univers, combien aussi ils gardent trace des glissements d’une langue à l’autre, de l’araméen, de l’hébreu, du grec.

Boyer esquisse, dans un propos introductif, une belle réflexion personnelle sur la résurrection, sur la stupeur des femmes des Évangiles devant le tombeau vide, le renvoi tout d’un coup de l’auteur à ses propres chagrins et à ce qu’il appelle « l’impossible deuil », à la certitude ou à la consolation qui vise à persuader que « ce qui s’est passé est forcément toujours vivant ». Salomon Malka

Parmi les illustrations données au passage, Jean le Baptiste devient Jean le baptiseur. « Convertissez-vous » se transforme en « changez ». À l’esprit saint on a substitué « le souffle esprit  ». En place du «  je ne suis pas venu abolir mais accomplir », on a préféré «  je ne suis pas venu détruire mais abonder » (Matthieu 5I17). Au lieu de Marie-Madeleine, Marie la «  magdaléenne ». Jésus de Nazareth devient parfois « le nazorenien  », et le plus souvent est qualifié de « Rabbi  » (ce qui est conforme au texte initial). Boyer en revanche préfère traduire le mot «  Évangile » par « témoignage » plutôt que par «  annonce ». Comme si ces textes valaient aussi comme témoignage du bouillonnement intellectuel et spirituel en vigueur aux alentours du 1er siècle, comme si pour les comprendre il fallait les situer dans la géographie de l’époque, la Judée et la Galilée traversées par des courants et des pensées divers et souvent opposés.

L’auteur préfère par ailleurs parler du « fils de l’humanité » (Bar Nasha en araméen) plutôt que du « fils de l’homme ». Dans le verset (Matthieu 1/21) « c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés », les péchés sont remplacés par des « manques », s’appuyant sur le mot «  Hett  », du verbe « Hatto » en hébreu qui veut dire «  manquer » ou « rater sa cible » ( j’ai déjà entendu cette exégèse dans la bouche de Jean-Luc Marion).

Boyer esquisse, dans un propos introductif, une belle réflexion personnelle sur la résurrection, sur la stupeur des femmes des Évangiles devant le tombeau vide, le renvoi tout d’un coup de l’auteur à ses propres chagrins et à ce qu’il appelle « l’impossible deuil », à la certitude ou à la consolation qui vise à persuader que « ce qui s’est passé est forcément toujours vivant ».

On se rend compte des constantes qui étaient déjà présentes dans la version initiale mais que la nouvelle traduction souligne davantage. La phrase d’Isaïe revient : « Préparez la voie ». On retrouve la généalogie qui remonte à Abraham et traverse toutes les générations. Comme reviennent d’un Évangile à l’autre ces « foules nombreuses » qui suivaient le prédicateur galiléen. Ces foules qui sont presque un personnage à part entière des Évangiles.

Cela dit, c’est vrai que le traducteur est arrivé à faire émerger, en modifiant légèrement quelques mots ici et là, en retrouvant la tournure rabbinique de telle ou telle parabole tirée du monde paysan et rural, en évoquant des grains, des semences, des brebis, des figuiers, du pain, du vin…Toute une imagerie, tout un paysage physique et tout un fonds poétique de la Bible qui se retrouvent soudain vivants sous nos yeux.

Admettre l’action de la littérature sur les hommes, c’est peut-être l’ultime sagesse de l’Occident où le peuple de la Bible se reconnaîtra. Lévinas

Cette imprégnation est-elle présente de la même manière dans les quatre Évangiles canoniques dont l’auteur n’omet pas de rappeler qu’ils se sont échelonnés dans le temps au moins jusqu’à la fin du 1er siècle ? Pas vraiment. Il faudrait pouvoir comparer les deux versions pied à pied. Mais ce qui est sûr, et ce qui fait la force de ce travail, c’est d’avoir à travers quelques impulsions revivifiées ces textes en les inscrivant dans leur fond naturel et en soulignant leur inspiration littéraire.

Car il y va de la littérature, dans la Bible comme dans les Évangiles, c’est le message ou l’annonce ou le témoignage de Frédéric Boyer.

Qu’est-ce qui a poussé l’auteur dans cette entreprise titanesque et un peu folle ? Il cite Lévinas pour expliquer sa démarche. « Admettre l’action de la littérature sur les hommes, c’est peut-être l’ultime sagesse de l’Occident où le peuple de la Bible se reconnaîtra ».

Salomon Malka, lefigaro.fr/vox, 22 octobre 2022.

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Frédéric Boyer — Jésus : l’histoire d’une parole

2018.

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A l’occasion de la sortie en librairie du livre "Jésus, l’histoire d’une parole", l’écrivain Frédéric Boyer et l’illustrateur Serge Bloch, ont proposé une lecture, et un accompagnement illustratif de l’oeuvre, lors d’une soirée à l’Entrepôt à Paris, le 28 septembre. Ils étaient accompagnés du violoncelliste Vincent Courtois.

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LIRE : « La Bible, c’est l’histoire des histoires »
« Jésus, l’histoire d’une parole », de Serge Bloch et Frédéric Boyer  : dessiner le Verbe


[1Cf. Une vie divine, Folio 4533, p. 453.

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1 Messages

  • Albert Gauvin | 10 août 2023 - 11:06 1

    Pourquoi lire les Évangiles quand on n’est pas croyant ?

    À quoi bon lire les Évangiles aujourd’hui ? Alors que sort une nouvelle traduction de ce texte sacré, on plonge, avec Jean, Luc, Matthieu et Marc, dans la vie de Jésus. Si Dieu est mort, que peut encore nous dire ce texte ? Et surtout comment se l’approprier quand on n’est pas croyant ?
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    Avec Frédéric Boyer Écrivain, traducteur et éditeur

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    C’est le problème des textes sacrés : on croit qu’ils ne s’adressent qu’à ceux qui y croient.
    Paradoxalement, on oublie qu’avant d’être des textes sacrés, ils sont des textes tout courts.
    Alors que nous racontent les Évangiles, mais surtout comment ? Et pourquoi les lire aujourd’hui ?

    Pourquoi s’intéresser aux Évangiles ?

    "J’ai été un peu persécuté par ces quatre textes qui forment les Evangiles. D’une part parce que j’ai eu une éducation chrétienne que ma famille a plus ou moins conservée, reniée, abandonnée. Et puis car je trouvais qu’on questionnait très peu les Evangiles dans leur douleur, dans leur nature littéraire. Comment ces textes ont-ils été produits ? À quels genres de littérature ils pouvaient se référer ? Ont-ils inventé quelque chose ? C’est des questions qui m’ont toujours passionné." Frédéric Boyer

    Les Évangiles : textes précurseurs de la tradition talmudique

    "Ces textes sont issus de la tradition juive. Ils apparaissent avant le Talmud, la mise par écrit de ce qu’on appelle la Torah orale, des discussions qui font le cœur de la vie, à la fois spirituelle et législative du judaïsme. Les Évangiles sont les textes précurseurs de cette tradition talmudique où on discute des éléments de la loi au regard des questions d’existence, qui sont très importantes et qui touchent les uns et les autres." Frédéric Boyer

    Quelles ressemblances entre les textes des Évangiles ?

    "Les textes de Matthieu, Marc et Luc sont dits synoptiques. C’est un mot grec qui veut dire que d’un seul coup d’œil, on peut voir les ressemblances. Ce sont des textes dans lesquels on retrouve souvent, presque mot pour mot, certaines phrases, certaines histoires, certaines paraboles… Mais on trouve aussi beaucoup de différences. Les deux seules choses finalement sur lesquelles ces quatre textes s’accordent, c’est d’être des témoignages de l’enseignement d’Arabie sous la titulature de Ponce Pilate." Frédéric Boyer

    Sons diffusés :

    Extrait du film de Terry Jones, Monty Python : La Vie de Brian, 1979
    Extrait de la mini-série de Franco Zeffirelli, Jésus de Nazareth, 1977
    Chanson d’Alfonso y su Dan Den, Viejo Lazaro, 1993
    Lecture par Jean-Pierre Michel du chapitre 16 de l’Évangile selon Marc, versets 1 à 8
    Extrait du sketch des Inconnus, Jésus 2 : le retour, 1990
    Chanson des Velvet Underground, Jesus, 1969

    Sans oser le demander Lundi 7 août 2023 (première diffusion le mardi 29 novembre 2022)