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« Michel Houellebecq : “Moi, moche et méchant ?” » (in Complément d’enquête)

suivi de Houellebecq-Sollers

D 18 juillet 2021     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Documentaire « Complément d’enquête » sur Houellebecq

A l’été 2019, il a suffi d’une tribune controversée dans le Monde sur la mort de Vincent Lambert pour relancer “Sérotonine”, son dernier roman paru quelques mois avant. Il a même frôlé les 500 000 ventes selon son éditeur !

La polémique, ça rapporte. Et Michel Houellebecq est le meilleur. En 20 ans, en 7 romans, l’écrivain a conquis la planète : 4 millions de livres vendus, traduits en 42 langues. C’est plus que la Bible jurent ses amis !

Ecrivain applaudi par ses pairs, le Prix Goncourt 2010 connait un succès populaire rare au royaume des Lettres. En avril 2019, Emmanuel Macron lui remettait la Légion d’honneur à l’Elysée.

Plateforme, Soumission : ses romans ne laissent personne indifférent.
Prophète moderne pour certains, il n’est qu’un provocateur islamophobe et misogyne pour d’autres. Devenu l’idole d’une droite décomplexée, il agace l’intelligentsia de gauche.

Mais que sait-on vraiment de Michel Houellebecq ? Quel homme se cache derrière la cigarette ? Qui connait le parcours cabossé de Michel Thomas, son vrai nom ? Qui sont ses amis, ses soutiens, quelles sont ses opinions politique ?

Houellebecq c’est la success-story d’un loser, d’un mal parti. L’histoire d’un petit informaticien dépressif devenu « grand écrivain » multimillionnaire.

Le magazine d’investigation « Complément d’enquête » (France 2) du 17 juin 2021 vous raconte l’histoire incroyable du plus fou des auteurs français.
Un portrait réalisé par Clément Castex, Matthieu Renier et Karim Annette :

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Houellebecq-Sollers

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En 1998, Le Nouvel Observateur les avait rassemblés :

Voici ce que l’on peut lire à la page 229 des « Particules élémentaires », le roman de Michel Houellebecq :

Dans le train Bruno tenta de se plonger dans "Une curieuse solitude", renonça assez vite, réussit quand même à lire quelques pages de "Femmes" - surtout les passages de cul. Philippe Sollers semblait être un écrivain connu ; pourtant, la lecture de "Femmes" le montrait avec évidence, il ne réussissait à tringler que de vieilles putes appartenant au milieu culturel ; les minettes, visiblement, préfèrent les chanteurs. Dans ces conditions, à quoi bon publier des poèmes à la con dans une revue merdique comme "l’Infini" ? » Vengeance d’un jeune moraliste contre un immoraliste invétéré ?

Ces deux romanciers, contempteurs à succès du monde d’aujourd’hui, abordent souvent les mêmes thèmes (guerre des sexes, procréation, clonage, religion) ; ils n’hésitent pas à faire entrer la biologie, l’économie, la politique dans le roman contemporain ; ils ont l’art de jouer avec les médias et d’en tirer bénéfice ; et ils font parfois l’objet des mêmes procès : sympathies droitières, misogynie, etc. A la veille de leur passage chez Bernard Pivot, à « Bouillon de culture », « le Nouvel Observateur » les a mis face à face.

Le Nouvel Observateur. Philippe Sollers, vous avez certainement lu « les Particules élémentaires » et les deux passages qui vous y sont consacrés...

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Philippe Sollers. - Depuis la parution de ce livre, je reçois un tas de coups de téléphone où on me dit : vous avez rencontré Houellebecq et vous apparaissez dans son roman. Houellebecq, ici présent, ne pourra pas me contredire si je prétends qu’on s’est parlé pour la première fois il y a à peine trois semaines. D’emblée, il y a confusion entre la réalité et la fiction. On est au coeur du sujet : comment, immédiatement, les gens réduisent une oeuvre d’imagination à des positions idéologiques.

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Michel Houellebecq. - Ou à des ragots.

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Ph. Sollers. Le portrait qui est fait de moi dans ce livre apparaît à travers le fantasme d’un personnage, Bruno, qui se voudrait écrivain, qui n’y arrive pas, et qui va voir un personnage du spectacle médiatique nommé Sollers.

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M. Houellebecq. - J’utilise assez volontiers les personnes réelles à partir du moment où elles deviennent mythiques : Mick Jagger, Brigitte Bardot. De même que je ne me prive pas non plus d’utiliser des lieux réels. Ici il s’agit en effet du personnage médiatique Sollers, et non de l’écrivain.
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Houellebecq sur Sollers dans « Les Particules élémentaires » (1998)

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"Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ?

Je ne sais pas, vous pourriez publier mon texte.

Ouh là là ! il s’est esclaffé comme si j’avais fait une bonne farce. Une publication dans L’Infini ? Mais, petit bonhomme, vous ne vous rendez pas compte… Nous ne sommes plus au temps de Céline, vous savez. On n’écrit plus ce qu’on veut, aujourd’hui, sur certains sujets… un texte pareil pourrait me valoir réellement des ennuis. Vous croyez que je n’ai pas assez d’ennuis ? Parce que je suis chez Gallimard, vous croyez que je peux faire ce que je veux ? On me surveille, vous savez. On guette la faute. Non non, ça va être difficile. Qu’est-ce que vous avez d’autre ?" Il a paru réellement surpris que je n’aie pas apporté d’autre texte. Moi j’étais désolé de le décevoir, j’aurais bien aimé être son petit bonhomme, et qu’il m’emmène danser, qu’il m’offre des whiskies au Pont-Royal.

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Houellebecq dans Une Vie divine (2006) de Sollers

Sous le prénom de Daniel, Sollers brosse un portrait au vitriol de Michel Houellebecq dans "Une vie divine". Cryptage transparent : même finale du prénom, la secte de Raël favorable au clonage devient l’EVU (Eglise de la Vie Universelle), idées pour lesquelles Daniel-Michel a quelque sympathie.

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Michel Houellebecq jeune
Collage Frédéric Vignale
Une fois à Paris, j’ai rendez-vous, en fin d’après-midi, au bar du Lutétia, avec mon vieil ami Daniel, cinéaste [1] désormais mondialement célèbre, comme le prouve son dernier grand entretien dans Destroy. Il a l’air à la fois en pleine forme et très déprimé, résultat probable des tranquillisants et des somnifères qu’il absorbe à haute dose. Il boit des alexandras, parle peu, savoure le triomphe de son dernier film, La Vie éternelle (accueil mitigé en Asie, gros succès, en revanche, à Berlin, Madrid, San Francisco et Toulouse). Il glisse, les larmes aux yeux, sur la mort de son chien adoré, Trott, le seul grand amour de sa vie. Daniel est le type même du nihiliste actif et professionnel d’aujourd’hui, pornographe et sentimental. Il reste obsédé par la baise, frémit à la vue de la moindre jeune salope locale, a peur de vieillir, poursuit un rêve d’immortalité génétique, et a même donné son ADN, pour être cloné, à l’Eglise de la Vie Universelle (l’EVU), laquelle est partie à l’assaut des comptes en banque des déprimés du monde entier, tentés par le suicide et la réincarnation corporelle. […]

La suite ICI

Sollers à propos de La Carte et le Territoire (2010) de Houellebecq dans sa chronique du JDD

Houellebecq

Laissez tomber les romanciers américains surévalués : ils s’essoufflent, leurs livres sont barbants, leur domination s’achève. Vous avez mieux, en français direct, sous la main : le nouveau Houellebecq*, excellent raconteur, roman noir, humour noir, où l’auteur se met lui-même en scène, et va jusqu’à décrire son propre et atroce assassinat dans des pages admirables de précision (on apprend ici beaucoup sur la reproduction des asticots).

S’il y a une justice en ce monde, le prix Goncourt doit couronner cette œuvre puissante. La vision du monde de Houellebecq est toujours la même : tout le monde meurt, tout doit disparaître dans une apocalypse inévitable (au passage, j’apprends avec amusement que j’ai disparu depuis longtemps). Et puis soudain, à propos d’art, ce cri : "Picasso c’est laid, il peint un monde hideusement déformé parce que son âme est hideuse, et c’est tout ce qu’on peut trouver à dire à Picasso, il n’y a aucune raison de favoriser davantage l’exhibition de ses toiles, il n’a rien à apporter, il n’y a chez lui aucune lumière, aucune innovation dans l’organisation des couleurs ou des formes, enfin il n’y a chez Picasso absolument rien qui mérite d’être signalé, juste une stupidité extrême et un barbouillage priapique qui peut séduire certaines sexagénaires au compte en banque élevé."

Ce message de haine est-il une plaisanterie ? Sans doute, mais ce n’est pas sûr. Il se pourrait, après tout, que ce jugement soit partagé par le ministre de l’Intérieur actuel, le Président lui-même, voire par le père du Président très mauvais peintre, dont on a pu voir l’exposition récente dans une galerie en face de l’Elysée. De même, il n’est pas exclu qu’une grande majorité de Français soit, au fond, d’accord pour censurer ces "barbouillages priapiques".

Il n’est donc pas inutile de rappeler qu’en avril 1940, la République française, avant l’arrivée des Allemands, a refusé à Picasso la nationalité française. C’était un délinquant anarchiste dangereux, et son engagement dans la guerre d’Espagne (Guernica) prouvait bien qu’il était d’origine tout à fait étrangère. Houellebecq va-t-il réussir à bloquer la montée irrésistible des prix de ses tableaux ? Attendons.

La Carte et le Territoire, Flammarion.
Le Journal du mois de Philippe Sollers dans le JDD,

le 28 août 2010


Eloge de Houellebecq par Sollers chez Ardisson (1998)

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Extrait d’une émission de Thierry Ardison qui accueillait Philippe Sollers à l’occasion de la publication de son livre « Une vie divine » dédié à Nietzsche, en compagnie des invités du plateau Lio, Arno Klarsfeld, Alévêque, Baffie.
Allusion au personnage de Daniel, calqué sur Houellebecq.

Sollers : "Houellebecq est un écrivain important de notre époque parce qu’il décrit exactement la misère sexuelle de notre époque." .
Brèves tensions sur le plateau à propos de Houellebecq.

Sollers reprend : " y’a un romancier important d’aujourd’hui qui s’appelle Michel Houellebecq ; pas la peine de faire comme s’il n’existait pas.... et qui décrit de façon très précise et pertinente la misère sexuelle dans laquelle se trouve le monde contemporain ; si vous voulez faire semblant d’être en dehors de la misère sexuelle, il faut venir nous le prouver, avec vos résultats, l’écrire et le publier ; il faut que chacun parle de sa vie privée, il faut que chacun ose dire la façon dont il vit ; est-ce que ça va, est-ce que ça ne va pas ; est-ce que vous frimez, est-ce que vous inventez....... le monde où nous vivons, un monde où le faux bonheur rutile de partout et où les masses frustrées, résignées peuvent allumer des bagnoles en banlieue ou bien se déprimer chez eux en se branlant sur n’importe quoi sans jouir.

Puis, éloge sulfureux du baiser par Sollers. ( "on aspire l’âme de l’autre"). " Une femme qui ne vous embrasse pas vraiment ne vous aime pas".

Images d’archive INA.

PLUS ICI : Houellebecq sur Sollers suivi de Sollers sur Houellebecq

Prix Décembre)

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Michel Houellebecq avec Philippe Sollers, le 12 novembre 1998
A l’occasion de l’attribution du Prix Décembre pour "Les particules élémentaires". (Photo : JACQUES DEMARTHON / AFP).

Les particules élémentaires obtiendront le Prix Décembre 1998. L’indépendance d’esprit du jury de ce prix, souvent qualifié d’anti-Goncourt aura reconnu avant les autres, la naissance du phénomène Houellebecq, dont les livres, les uns après les autres constituent une magistrale fresque des grands travers de notre époque. Couchés sur le papier alors qu’ils sont encore "frais", comme les premières fresques étaient incrustées dans le plâtre "fresco", encore humide. Saisis sur le vif dans l’instantanéité du temps, tableau d’époque ou pièce à conviction pour les sociologues ou procureurs du futur. Dans le jury de ce prix : un certain Philippe Sollers.

Prix Goncourt

Le Goncourt sacre Michel Houellebecq en octobre 2010 pour son roman « La Carte et le Territoire », publié aux éditions Flammarion, prix pour lequel il était régulièrement cité depuis dix ans.

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L’écrivain Michel Houellebecq le 5 octobre 2008 à Paris.
(© AFP Olivier Laban-Mattei)
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L’écrivain semble aujourd’hui assagi, mûri, moins provocateur, sans toutefois perdre sa vision acide du monde ni son ironie. Dans La Carte et le Territoire, salué par une critique quasi-unanime, Houellebecq éreinte l’art, l’amour, l’argent, les « people » et met en scène son assassinat, particulièrement sanglant. Il se caricature avec jubilation : il « pue un peu moins qu’un cadavre »et ressemble « à une vieille tortue malade », écrit-il de son double littéraire.

Quelques liens sur pileface

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Houellebecq sur Sollers suivi de Sollers sur Houellebecq

« Stupéfiant ! » met à nu le système Houellebecq

« Sérotonine », le livre événement signé Houellebecq

Dossier Houellebecq ; L’art de la consolation

La correspondance Houellebecq/BHL. Une partie d’échec décryptée

Sur Houellebecq et « La Possibilité d’une île » : Beigbeder/Arrabal et Sollers

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