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« Sur Proust » par Philippe Sollers

D 13 juillet 2021     A par Viktor Kirtov - Jean-Hugues Larché - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Ce texte nous a été communiqué par Jean-Hugues Larché en complément de son « hommage à Proust » pour son 150e anniversaire.

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Pour info, il y a un entretien de Sollers passionnant sur Proust dans le N° 51 [1] de l’Infini. Suivi d’ailleurs d’un grand texte de Kerouac sur Shakespeare.

J-H.L.

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SUR PROUST

Nota : Soulignements et encarts par pileface

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Sophie Bertha  : J’ai le sentiment que dans Proust c’est le côté noir qui vous intéresse, la permanence toute puissante de la cruauté, et non le côté lumineux des essences et des révélations.

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Philippe Sollers  :


Peinture 324 x 362 cm, 1985 (Polyptyque A) et Peinture 324 x 362 cm, 1985 (Polyptyque E)
© Archives Pierre Soulages - ZOOM : cliquer l’image
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« Le noir est antérieur à la lumière. Avant la lumière, le monde et les choses étaient dans la plus totale obscurité. Avec la lumière sont nées les couleurs. Le noir leur est antérieur. Antérieur aussi pour chacun de nous, avant de naître, “avant d’avoir vu le jour”. Ces notions d’origine sont profondément enfouies en nous ; »

Pierre Soulages

La lumière sans le noir est une fausse lumière. La lumière de Proust est trop souvent exploitée à des fins d’affadissement de sa révélation. Le moment capital pour moi, et je l’ai relue récemment, c’est la grande scène de la fin du Temps retrouvé. Indissociablement vont se mêler, à ce moment-là, les révélations les plus importantes sur le Temps et celles sur les destructions dans le temps. Au point qu’on pourrait simultanément comparer cette fin du Temps retrouvé au massacre des prétendants de l’Odyssée, quand le narrateur proustien va rentrer chez lui, non pas à Ithaque, mais dans la dimension énorme du vrai qu’il ne soupçonnait pas. Et en même temps, tout le monde y compris lui-même est frappé de sénescence et de décomposition dans le moment qui suit. C’est cette lumière sur fond noir qui est la vraie lumière et non pas les signaux lumineux qui, de temps en temps, tous très importants bien sûr, jalonnent la Recherche. Il faut aller au moment essentiel, c’est-à-dire à cette grande partie finale du Temps retrouvé, qui, je trouve, n’a pas été assez analysée comme il le faudrait.

Regardez le cheminement. D’abord le narrateur se rend à une réception chez la princesse de Guermantes, puis il rencontre sur sa route le baron de Charlus, frappé d’une attaque, accompagné de Jupien ; et il nous décrit le châtiment en quelque sorte physique du baron de Charlus qui ne sait plus très bien comment saluer, qui se trompe dans son élocution et qui n’en est pourtant pas moins toujours aussi prisonnier de son vice sexuel, au point que Jupien qui bavarde un petit moment avec le narrateur, est obligé de lui courir après car il a déjà engagé une conversation avec l’un des jardiniers des Champs-Élysées. Voilà donc quelqu’un qui visiblement est frappé à mort, qui est en train de se décomposer, mais qui maintient malgré tout comme s’il était irresponsable, comme un enfant, son aberration sexuelle. Proust insiste beaucoup là-dessus. Vous savez que dans sa correspondance, Proust explique que le personnage de Charlus a beaucoup déplu aux homosexuels, notamment à Gide. Et le reproche à Proust de ce qu’on pourrait appeler l’église homosexuelle, c’est d’avoir peint l’homosexualité sous une forme dégradante.

Dans quelle situation le narrateur est-il ? Il a renoncé à écrire son livre, il sort d’une maison de santé et il a renoncé à son talent littéraire, il n’y arrivera jamais... 11 a beau se demander s’il peut évoquer ce qui autrefois lui paraissait si poétique, peut-être ces lumières d’autrefois, ces lumières conscientes d’autrefois... Quand tout à coup se produit la série des révélations. Et vous allez voir qu’aucune de ces révélations n’est vraiment visuelle. Premièrement, c’est la dénivellation des pavés dans la cour : brusquement surgit le baptistaire de Saint-Marc de Venise et, comme toujours avec Proust, nous entrons dans une série d’événements liturgiques. Deuxième révélation, si je ne me trompe pas, la vaisselle, le bruit, ou plutôt le son, comme ce tintement qu’il avait entendu un peu auparavant, en rentrant par le train ; brusquement ce tintement de couvert et c’est soudain tout l’espace de Balbec qui se met à vibrer. Troisième chose le goût, et enfin le livre.

S. B.  : Et aussi la serviette.

Ph. S.  : La serviette, pardon j’oubliais, la serviette dans la foulée du bruit. Le bruit qui pourrait être aussi bien une sonnerie d’élévation, à la messe par exemple. Ensuite le linge qui évoque immédiatement le drap de l’autel. Tout ceci est décrit dans la liturgie catholique la plus stricte. Ensuite le livre qui est vraiment un livre de messe : François le Champi de George Sand dans la bibliothèque du prince de Guermantes, qui rappelle la lecture par sa mère de François le Champi lorsqu’il était enfant ; c’est ce volume-là, pas un autre, c’est ce volume ancien, original, une Bible en quelque sorte ... Et à ce moment-là, la clé de la mécanique comparative de Proust c’est la description d’un rapport de forces entre espaces au pluriel et temps au pluriel. Il a même cette métaphore extraordinaire : c’est une « brusque immigration », et il dit que si cet espace ou ce temps ancien rentre par hémorragie dans le nouveau, c’est pour montrer justement qu’il n’y a ni espace, ni temps, surtout pas de temps... que s’il ne rétablissait pas sa conscience, au fond il pourrait cesser d’exister. Ce qui débouche quand même sur des convictions immédiates et très profondes.

« La mort est une sorte de non événement »

C’est ce que disait Axel Kahn

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Premièrement, que la mort n’a aucune importance. Ce qui n’est pas rien. Que la mort peut même être acceptée avec joie, qu’elle est tout à fait secondaire. Ensuite qu’il faut se presser d’écrire ça, ce qu’on a découvert, puisque ça c’est sûr.

C’est là qu’arrive l’objection, la plus grave dit Proust, et nous entrons alors dans le bal des vampires, des gens vieillis ; c’est extraordinairement important parce que le narrateur est tellement sûr de sa conviction intime - d’être au-delà de la sensation d’habiter ce corps-là - qu’il ne se rend pas compte qu’il a vieilli et ce sont les autres qui lui manifestent ce même étonnement qu’il a de les voir inconscients d’être changés en mécanique et en vieillesse ; et cette phrase merveilleuse dont je me souviens à l’instant que les femmes laides ne vieillissent pas, parce que la laideur est encore humaine, alors que les femmes belles sont devenues des monstres.

Donc vous avez là une série de meurtres en quelque sorte, y compris de résignation sacrificielle, tout à fait impressionnante et que Proust dit être le dernier obstacle à franchir.

S. B : L’illumination s’est faite dans le noir.

Ph. S. : Voilà. On peut même dépasser cette terrible objection de la vieillesse, de la mort et du gâtisme généralisé et y voir aussi comme une théorie de l’Histoire. C’est-à-dire qu’au fond, tous les dix ans, tout est oublié, il n’y a plus que ce qui est actuel. Quelqu’un s’est déshonoré, dix ans après c’est complètement oublié. On prend les mêmes vieilles canailles et on les réélit, dit Proust. Il arrive donc toujours un moment où la mécanique refoulante ne fonctionne plus, ce milieu social qui était si protégé parce qu’il procédait par exclusion n’en a plus la force. Les ressorts sont brisés, à ce moment-là, le haut descend vers le bas et le bas remonte vers le haut. Tout le monde a oublié les choses les plus élémentaires, par exemple une fable de La Fontaine ne dit rien aux gens lorsque Rachel la récite et c’est ici aussi qu’il y a l’épisode de la Berma abandonnée par ses enfants. La décomposition du passé ce n’est pas seulement la décomposition physiologique des corps, c’est une décomposition sociale.

S. B : Et historique.

Ph. S.  : Et historique. Et là vous savez que Proust est très pressé. La guerre de 14- 18 tombe sur la page. L’intégration qu’il fait des données de la Première Guerre mondiale en achevant A la recherche du temps perdu, c’est un tour de force car il n’était pas parti pour ça. Et c’est là qu’il est très proche de nous. L’écrivain qui à mon avis a bien lu cette scène du Temps retrouvé et qui va en faire, après la Deuxième Guerre mondiale, un usage transposé admirable,

c’est Céline dans D’un château l’autre. Prenez le début à tous égards éblouissant de ce roman où vous avez l’évocation de la traversée des enfers, avec Charon sur ce bateau qui s’appelle La Publique, sur la Seine, et ils sont tous là, les vieux pétainistes, ils essaient de s’ accrocher : là aussi il y a un massacre. Donc vous avez le XXe siècle, du moins sa première moitié, bouclé par Proust et Céline, avec l’intervention de deux guerres, d’une façon tout à fait héroïque parce qu’il faut se presser de transformer complètement la vision en fonction des événements. Proust avait sans doute l’idée de la scène finale, mais elle a été tout à fait transformée par les événements historiques de la guerre. Vers la fin, Proust compare assez souvent - et cela m’a beaucoup intéressé parce que le roman que je viens de publier [2] porte aussi sur des questions militaires - le travail d’un écrivain à celui d’un général en campagne, à celui qui, par exemple, peut décider au milieu du champ de bataille qu’une diversion devient l’objet principal plutôt que le fond de l’engagement prévu. Vous savez qu’il est très souvent question de stratégie militaire avec Robert de Saint-Loup. Proust parle de ce qu’il est en train de faire lui-même à cause de l’explosion de la guerre. Et là, il y a aussi cette idée très importante que la guerre peut être encore une science médicale et que parfois on ne sait pas ce qu’une guerre, sur le plan purement stratégique, va développer comme maladie imprévisible, comme éruption, comme épidémie et c’est à l’horizon la révolution russe de 1917 avec l’arrivée à la fin de A la recherche du temps perdu des premiers émigrés.

J’ai eu la curiosité à partir de là de me demander ce qu’était devenu Proust, après la mort de Rivière, dans le paysage intellectuel français. Et je crois pouvoir vous dire ceci : les révélations de Proust sur l’existence du temps, l’arrivée à cette conviction par l’expérience sensible, et non par le concept, les considérations - qui reprennent évidemment aussi Saint-Simon de très loin - sur la physiologie, sur la sexualité, sur la société, l’illumination noire qui se déduit de tout ceci et qui nous amène à une prodigieuse vérité paradoxale - comme toujours chez Proust, il n’y a pas d’orthodoxie proustienne, il n’y a que des paradoxes créateurs -, eh bien, tout cela devait être en quelque sorte refoulé par la suite, tellement c’est gênant. Et c’est pour cela qu’à la fin de ce siècle, ici et maintenant nous avons une chance de lire Proust peut-être pour la première fois autrement qu’universitairement.

S. B : Donc Proust aurait été occulté pendant des années ?

Ph. S.  : A partir de 1930, c’est comme si Proust n’existait plus. Il n’en est plus jamais question. Vous n’avez pas un mot, plus un mot dans la NRF, qui s’en désintéresse. Paulhan n’en parle jamais. Gide, cela va sans dire, Proust n’était pas sa tasse de thé... Par la suite, les grands meneurs de l’avant-guerre et de l’après-guerre n’en parlent pas davantage. Vous n’avez pas un mot chez Breton qui le déteste, pas un mot chez Aragon qui croit qu’il suffit de dire qu’Albertine était Albert pour résoudre le problème, stupidité manifeste ; pas un mot chez Malraux, pas un mot chez Sartre, pas un mot chez Camus, pas un mot non plus par la suite. Ce n’est que très tard avec Barthes, et j’en suis témoin puisque nous en parlions, qu’on recommence à se demander s’il ne faut pas reconsidérer l’univers proustien, et là nous sommes déjà pratiquement à la fin des années 70.

S. B. : Au moment de Tel Quel, vous en parliez ?

Ph. S. : J’en ai parlé à beaucoup d’occasions, de toute façon je commence comme ça dans mon premier livre Une curieuse solitude. Après je suis un autre parcours, oui j’en ai reparlé en maintes occasions mais un peu dans le désert. Le seul qui avait une attitude d’entière admiration pour Proust c’était Mauriac. Quand je le voyais, Mauriac n’arrêtait pas de me parler de Proust. On se voyait en somme pour parler en secret de Proust, pour moi c’était important de connaître quelqu’un qui avait dîné avec Proust, tard dans la nuit, Proust dans son lit, les·taches d’encre sur les draps, poulet froid, champagne, tout ça. Et Mauriac considérait que son œuvre était elle-même abolie par celle de Proust, c’était des propos du genre : quand le soleil se lève, là tout disparaît.

S. B. : Mais ce silence, pourquoi ?

Ph. S. : Parce que c’est un siècle de fanatisme, c’est un siècle d’oubli. Et Proust au fond a surpris tout le monde. A part un soutien permanent de Rivière et de Gaston Gallimard, c’est très controversé, Proust. Et à peine débouche-t-il sur quelque chose qui est comme une plénitude de sa gloire qu’il est brutalement refoulé. Quand vous lisez Drieu la Rochelle qui fait un panorama de la littérature française dans son journal, le nom de Proust a disparu. Proust est trop complexe. En plus il démontre quelque chose de très important si on veut réfléchir aux problèmes de notre époque : c’est qu’on peut être en France et dans la culture française un juif pleinement intégré. Ce qui est extrêmement gênant pour tout le monde. Et en plus non seulement un juif pleinement intégré, mais un juif qui peut même avoir des regards sur la société qui peuvent passer - si l’on est dans la bien-pensance nouvelle - comme antisémites. Pour tout ce qui est en train d’arriver, Proust en est à un niveau d’élaboration beaucoup trop subtil, beaucoup trop intelligent, beaucoup trop pervers pour être accepté, même chose pour les considérations sur la sexualité qui innervent absolument tout le continent proustien. Il faudra attendre très longtemps pour que peut-être, et seulement maintenant, on se repose la question de ce que Proust a réellement voulu dire dans sa recherche de la signification de l’homosexualité, c’est une question si importante...

S. B. : Dans votre Théorie des exceptions, vous placez Gomorrhe, monde du « silence et de la dérobade » avant Sodome, Gomorrhe pour Proust est « supérieur » à Sodome.

Ph. S. : Voilà, je pense que c’est ça le renversement. Cette partie essentielle de Proust me paraît avoir été mésinterprétée sous le coup d’une conviction étrange, idéologique, qui consiste à dire que Proust a voulu transposer la sexualité masculine dans la sexualité féminine et qu’il a donc trahi le gidisme mais aussi le saphisme classique, comme le lui reprochait Nathalie Barney par exemple. Tout ceci mériterait une étude très détaillée [3]. Je crois que ça gênera éternellement tout le monde. Comme le dit un jeune critique ? qui commence à travailler là-dessus, notamment dans un texte qui s’appelle « Céline et Proust » [4] paru dans L’lnfini, il est probable qu’il n’y a pas d’écriture plus hétérosexuelle que celle de Proust. Ce qui a l’air d’un paradoxe. Pourquoi ? C’est vrai que tout ce qui relève de l’homosexualité masculine - qui a l’air de définir ce qui se passe de plus vérifiable dans l’organisation sociale - est toujours déconsidéré ou ironisé chez Proust. En revanche, ce qui formerait l’envers totalement improductif, totalement gratuit, non-impliqué dans un échange, qui serait l’homosexualité féminine, est toujours donné comme le grand mystère, la chose dont on peut se demander à quoi elle correspond exactement ; et donc cette Recherche du temps perdu, et Le Temps retrouvé lui-même, c’est aussi une recherche de la signification que ceci peut avoir. Proust ne se demande jamais la signification que peut avoir le trafic incessant, entre hommes, où on apprend au fur et à mesure les coups de théâtre... que Robert de Saint-Loup lui-même, et le liftier, et Charlus, etc. Tout ceci forme une partie théâtrale, amusante et en même temps terrible de la Recherche. En revanche, univers plus noir, plus dérobé, moins spécifiable, étrangement présent partout : qu’est-ce qu’elles peuvent faire ensemble ? Et rappelez-vous quand même que c’est une étrange question parce qu’il faut toute la Recherche du temps perdu pour y répondre et encore y est-il répondu de façon assez peu convaincante, puisqu’on ne sait pas très bien, même quand on paie deux petites blanchisseuses, ce que deux femmes peuvent faire ensemble. Proust était quand même un habitué de bordel, rien n’aurait été plus facile à vérifier éventuellement. En réalité le soupçon porte sur le fait que rien n’est vérifiable dans cette affaire. Le simulacre est honni. Entre hommes, le simulacre est vite ponctué. Ça se ponctue. De femme à femme passe quelque chose qui est certes présent dans la scène de Montjouvain, l’histoire de la photographie du père, mais ça va beaucoup plus loin puisque Albertine peut à chaque instant être l’objet de sollicitations de la part de la boulangère. A n’importe quel moment pourrait avoir lieu quelque chose d’inexplicable et de ce point de vue l’enquête d’Aimé sur le passé d’Albertine, après la mort d’Albertine, est un des plus grands moments de A la recherche du temps perdu. C’est une avancée considérable de la connaissance humaine, une avancée considérable de la littérature. Il y a très peu d’exemples d’une avancée aussi bouleversante sur l’hypothèse que l’envers de la société est constitué par cette quasi-absence de société qui se produit, à chaque instant, dans une sorte d’intimité insurveillable.

Je crois qu’on n’a encore absolument pas compris que nous sommes dans un horizon où l’homosexualité masculine est survalorisée, où elle imprègne à chaque instant tous les jugements, y compris souvent le jugement féminin parce que celui-ci est très dépendant, souvent hystériquement, de l’homosexualité masculine. Proust a mis le doigt sur quelque chose de tout autre qui est une forme de gratuité extraordinaire qui l’inquiète, qui détermine la jalousie qui chez lui est le vrai organe sexuel, l’organe sexuel du narrateur. Proust a voulu en composant la Recherche mettre quasiment sur le même plan la révélation lumineuse de l’absence de temps par rapport à la version noire de l’homosexualité féminine comme secret de toutes les homosexualités. C’est d’une audace extraordinaire parce que ceci nous serait en quelque sorte toujours caché. De même qu’il nous serait caché - sauf dans le souvenir de la mémoire involontaire qui relève de l’absence de temps-, que le Temps n’existe pas, de même nous serait caché par des tas de discours, de parades visibles, cet invisible courant souterrain de l’homosexualité féminine. C’est donc une très grande nouveauté dans la connaissance.

S. B. : L’homosexualité féminine désigne-c-elle alors un autre lieu qui serait d’un ordre disons métaphysique ou de savoir ?

Ph. S.  : Proust ne spécifie pas, mais qu’il ait fait de ce lieu son adversaire principal nous intéresse, je pense, dans la mesure où ce serait l’antimatière de la matière de la création littéraire, c’est ça qu’il veut dire. Ce serait donc un lieu où la littérature se ferait à chaque instant de ne pas se faire et pour qu’elle se fasse il faut traverser ce lieu ou avoir une connaissance de ce lieu. Donc c’est un lieu de vide en effet, de dissolution.

S. B.  : La préface à Tendres Stocks de Morand, de nombreux passages du Contre Sainte-Beuve, de la Recherche montrent combien Proust réfléchit intensément sur la question du style. Est-ce que cette réflexion, est-ce que la pratique de Proust le rendent aussi contemporain ?

Ph. S.  : Ce qui m’amuse toujours dans le cas de Proust, c’est qu’au fond il ment pour sauver sa mère et sa grand-mère. Cette façon de se légitimer par rapport aux Français en se donnant comme mère et comme grand-mère des adeptes passionnées de Madame de Sévigné est émouvante. Tout démontre au contraire que la mère de Proust qui appelle Proust son petit crétin, son petit crétines, avait finalement assez mauvais goût. D’abord elle admirait Sainte-Beuve, ça nous vaut le Contre Sainte-Beuve. Elle n’aimait pas Stendhal et il faut lui démontrer que Stendhal c’est bien. Et tout à l’avenant... Elle n’aime pas tellement Baudelaire, et Proust est bien décidé à lui montrer que les hiérarchies célestes c’est très important dans Baudelaire, surtout quand on sait qu’il y a un poème qui ouvre Les Fleurs du Mal qui s’appelle « Bénédiction » et qui est consacré aux crimes maternels. Vous pouvez trouver des traces de cette violente guerre entre Proust et sa mère, et des conséquences qu’elle a eues, tout grand écrivain étant peut-être en effet un matricide, c’est une question que je pose. Dans un livre que j’ai publié d’une amie psychanalyste, qui s’appelle La Vocation de l’écrivain [5] et qui comporte tout un chapitre sur Proust, on voit que la surveillance de Madame Proust quant à son petit crétines, ça passe par la maladie, l’asthme et tout ça. C’est pourquoi une vision maternisée de Proust, autrement dit, homosexualisée à la masculine, est totalement erronée. Proust s’est donné comme objectif de gagner sur sa mère, c’est-à-dire sur rien d’autre que le préjugé de son temps. Le préjugé c’était Sainte-Beuve, le préjugé c’était Renan, le préjugé c’était l’admiration de l’institution et, si j’ose dire, du Collège de France. C’était le respect de l’autorité plutôt que des francs-tireurs. Ce que Proust n’arrête pas de seriner pour sa propre cause de style va à l’encontre de tout ce qui était inculqué à l’époque. Il n’y aurait pas de Proust sans cette guerre. Pourquoi ? Proust, qu’est-ce qu’il a à dire ? Qu’il est lui-même Baudelaire, qu’il est lui-même Racine, qu’il est lui-même Flaubert, ça va de soi. Et que si personne ne s’en aperçoit, c’est bien dommage, parce que c’est comme ça, un point c’est tout. Autrement dit un classique est toujours nouveau par définition mais personne ne se rend compte qu’il est déjà nouveau parce qu’il semble loin. Et le vrai créateur moderne est un classique que personne ne voie parce qu’il est trop près. Il faut s’arranger avec ce paradoxe, encore un ! C’est parce que le moderne est nouveau, et parce qu’il décoiffe tout le monde, et parce qu’il bouleverse la vision, qu’il est parfaitement classique. Ah ! allez donc expliquer ça... que pour être Titien il faut être Manet devant qui tout le monde se rassemble pour hurler de rire et cracher. Comment se fait-il - autre phrase proustienne - que la vérité d’hier soit le préjugé d’aujourd’hui ? etc., etc. Alors vous voyez, c’est aux antipodes de l’académisme classique institutionnalisé : on étudie les anciens, on essaie surtout que personne de vivant ne vienne perturber le jeu commémoratif. Et aux antipodes aussi du préjugé moderniste qui est : du passé faisons table rase, nous voici, c’est nous, dadaïsme, surréalisme et compagnie. C’est donc sur deux fronts que se mène cette violence histoire. Sur deux fronts, j’allais dire encre le préjugé maternel d’un côté et le brouhaha de la pseudo-innovation fraternelle de l’autre. On n’est tranquille nulle part. Ni à la maison ; ni dehors. Il faut se battre sur deux fronts.

Il y a là une accusation très directe, au fond, comme si Proust disait qu’une complicité fondamentale réunit l’académisme et le modernisme et que le vrai moderne est déjà un classique en dépit de l’académie et des modernes. Ça vous fait beaucoup de monde à combattre à la fois. Deuxième proposition parfaitement paradoxale qui suit de la première, c’est éblouissant, on dirait même une hypothèse à la Borges tellement elle est fantastique : c’est qu’au fond, il n’y a jamais qu’un seul écrivain, à travers le temps, avec des styles contradictoires, même tout à fait opposés, mais que ce serait le même, sous des déguisements différents, tantôt Chateaubriand, tantôt Racine, tantôt Baudelaire, tantôt lui, Proust, qui poursuivrait le même énorme travail. C’est tout de même assez vertigineux, non ? Il y aurait donc l’humanité d’un côté, concept vague, et puis un seul écrivain qui continuerait son travail (rires), en dépit, donc, de toute l’humanité.

Je crois que ce qu’il faut repérer surtout c’est l’insistance très subversive de Proust sur la religion du XIXe siècle, religion instituée, laïcisée, Collège de France, temple du mauvais goût dit Proust, car Renan écrit mal, Sainte Beuve est un pécheur, il commet une sorte de péché spirituel : il ne peut pas imaginer l’autre, et on ne doit pas parler de littérature si on ne peut pas se mettre à la place de l’autre. Il faut rentrer dans la perspective du langage même du sujet et donc s’inscrire contre cette religion du XIXe siècle encore très opérante partout. Nous vivons sous cette tradition, sous sa coupe, sous ses oublis.

Rien ne bouge. Philippe Muray a écrit un livre capital qui s’appelle Le Dix-neuvième siècle à travers les âges [6].

C’est un livre qu’il faut absolument lire, car c’est le premier grand réquisitoire sur la religiosité dix-neuviémisme et sa prétention à être définitive, .on peut mettre le Panthéon là. Proust est très polémique avec ça. Alors pour attaquer cette religion-là, il se sen un peu de tout, y compris des cathédrales, y compris de Saine Marc de Venise, cout est légitime dans ces cas-là, il faut faire revenir en effet Sévigné, Saine-Simon, parce qu’il s’agit d’attaquer un faux style. Car quelque chose de faux s’est produit, s’est installé au cœur du pouvoir.

Il y a je crois, chez Proust, la décision très fondamentale de ne pas obtempérer, de ne pas plier le genou devant ce faux-là. Ça s’appelle la question du style parce que c’est le style qui dévoile si c’est vrai ou si c’est faux. Là encore ce ne sont pas les concepts - pensez à la fameuse phrase sur Flaubert : son emploi de la grammaire a renouvelé davantage notre vision du monde que les catégories de Kant. Proust là aussi lutte contre la vérité limitée, c’est-à-dire contre tout le philosophisme, la Métaphysique elle-même dirait Heidegger, contre la vision du monde qui croit qu’on peut arriver à une vérité simplement par le concept. On va aller même encore plus loin, dire qu’on accordera toujours moins de place à l’intelligence - ce qui est évidemment un paradoxe énorme étant donné que personne n’a été plus intelligent que Proust - pour bien montrer que seul le style va dire où est le vrai et le faux. Et je crois qu’il a raison, c’est-à-dire qu’il y a toujours de la vérité en plus de la vérité incontournable, scientifique. Et ça vaut pour n’importe quel moment historique social et ça vaut aussi pour n’importe quel individu. On va savoir si c’est vrai ou faux selon le style et pas uniquement selon ce qu’il dit. Et il peut même arriver que quelqu’un dise quelque chose qui paraît faux mais qui sera vrai à cause du style. Ce sont des paradoxes comme ceux-là que Proust avance, pas du tout acceptables pour la Métaphysique parce que qu’est-ce que la vraie vérité, eh bien, répond-il, elle est toujours singulière. Elle est toujours singulière, elle n’arrive qu’à un seul, mais cet un seul est innombrable à travers le temps puisqu’il n’y a cou jours qu’un écrivain qui fait le même travail. Et il est toujours classique, bien que personne ne le reconnaisse comme tel au moment où il se produit, et ceci surcout depuis le XIXe siècle ! Parce qu’avant, personne n’allait dire que Racine n’était pas classique. Il était classique a priori. Donc quelque chose s’est passé dont nous ne sommes pas sortis. Eh bien Proust est dans cette dimension de I’Histoire, je crois, quand il cherche son temps et qu’il le trouve, parce qu’il a quand même la bonne grâce de nous dire qu’il l’a trouvé, retrouvé...

S. B.  : Mais il nous dit l’avoir trouvé dans la littérature.

Ph. S.  : Ah non, la littérature vient comme urgence à témoigner.

S. B.  : Mais alors qu’est-ce que signifie une phrase comme celle-ci,« la vraie vie, c’est la littérature » ?

_ Ph. S.  : Il n’y a pas autre chose à faire, tant qu’on est en vie, que de témoigner de quelque chose qui est au-delà de la vie et on ne peut le faire que par la littérature. La seule vie réellement vécue, c’est la littérature parce qu’elle va à chaque instant témoigner de quelque chose dont Proust vous dit expressément que ça se situe en dehors du temps et que ça rend la mort absolument sans importance. La mort tombe dans la vie.


Et si nous voulons avoir un point de vue non-nihiliste sur la littérature, nous allons avoir beaucoup de difficultés à transmettre les messages absolument triomphants d’un certain nombre d’écrivains dont on nous raconte toujours qu’ils ont échoué, qu’ils se sont essoufflés et qu’ils ne sont pas arrivés au but. L’œuvre de Proust est un immense message de triomphe, rien d’autre ! L’œuvre de Joyce aussi dont on dit toujours qu’il a sombré dans une impasse, alors qu’un hymne comme Finnegans Wake... c’est un hymne triomphal, c’est une victoire, c’est un communiqué de victoire au sens christique, c’est-à-dire qu’on a vaincu le monde. C’est vrai aussi de Céline qui termine dans un rire absolument triomphal et pourtant plein de tortuosité. Donc la vraie vie réellement vécue, c’est cet aspect de la vie qui par la littérature prend enfin une tonalité non-nihiliste. Seulement l’église nihiliste est toute puissante et tient les leviers de toute l’interprétation ; il est donc très peu question des victoires obtenues par les écrivains qui vivent leur vie comme littérature. C’est simplement la doxa nihiliste. Là encore, voir Nietzsche. Le temps perdu, l’éternel retour, le temps retrouvé, ça peut se penser ensemble. D’ailleurs, tout écrivain un peu intéressant ne s’intéresse qu’au Temps et à la façon d’en sortir... mais le temps se défend, le temps a ses fervents, le temps a son clergé. Le temps va faire semblant de continuer à être le temps qu’il faut. On peut même inventer du temps quand il y a des difficultés, des gadgets imprévisibles comme : si l’Histoire va mal, fin de l’Histoire. Mais jamais quelqu’un ne vient vous parler de la fin du temps. Ou de la fin des temps.

S. B.  : La question du Temps est au centre, dites-vous, de la littérature du XXe siècle. Vous, Sollers romancier, vous écrivez vos mémoires « en direct », sans vous retirer dans « une chambre de liège » [7]. C’est une allusion à Proust ; est-ce dire que, chez lui, il n’y a pas d’instantané, ou plutôt que l’instantané est autre ?

Ph. S.  : Oui, parce qu’il y a carrément l’hypothèse de la nature angélique chez Proust, l’irruption de la nature angélique ; c’est dans une note, d’ailleurs écartée du manuscrit par l’éditeur, au moment justement des nappes de l’autel : les anges qui font hymne, les anges qui font peut-être comme les hélices d’avion mille tours à la minute, qui vrombissent quand survient l’union, le hors temps, par choc. Deux temps qui ont la même densité de réel : le temps qui resurgit n’est pas passé, le temps qui est présent n’est plus présent. On est dans une explosion du temps, il n’y a plus de temps. Encore une fois c’est une hémorragie, on franchit un barrage qui distingue le passé et le présent et brusquement quelque chose est là qui est toujours dans la révélation. Alors pour aller à ce que vous dires : un instantané de quelque chose comme un ange passe, oui, un ange. La dénivellation des pavés c’est instantané, le retour du bruit est instantané, tout ce qui passe par un déséquilibre inopiné est instantané.

Mais il faut aussi avoir des renseignements sur l’enfer pour aller au paradis. Il faut savoir ce que c’est, sinon on va dans les limbes comme les enfants non baptisés. Il faut avoir cette vision de l’enfer. Et là ce qui m’amuse toujours, c’est Madame Ritz dans ses Mémoires, vous savez, qui dit : « Je ne sais pas ce que Marcel Proust faisait toujours avec le maître d’hôtel, je ne vois pas très bien ce qu’ils pouvaient avoir à se dire ». C’est une remarque d’une naïveté ravissante. Bien entendu Proust voulait savoir ce qui se passait dans les coulisses, il y a la société et puis il y a ce qui se passe pendant ce temps-là, dans les boudoirs, dans les chambres. Il y a l’apparence et puis il y a toujours un envers, un envers de l’histoire contemporaine comme dit Balzac. Remarquable personnage, y compris de A la recherche du temps perdu, bien négligé, et pour lequel je n’ai pas du tout la désinvolture qu’ont affichée beaucoup de romanciers dits modernes. Balzac est un immense écrivain dont il faut absolument réenseigner la lecture et qui comme tel savait, avait su s’organiser, avec sa police à lui, son réseau de renseignements à lui. Proust a été, a créé lui-même un remarquable réseau de renseignements.

Je veux dire par là que c’est quelqu’un gui s’est renseigné. Et ce qui me frappe c’est de voir aujourd’hui à quel point les écrivains sont en somme d’une timidité invraisemblable... Je ne sais pas s’ils sont contents comme ça, ils ont l’air retraités d’avance. Ils font de l’exotisme, évitent de se renseigner. Ils ont peur de savoir, ils n’en ont pas envie. On les flatte un peu, ils sont contents, ils se contentent de très peu de chose.

Un écrivain gui ne se renseigne pas ne peut pas écrire. Balzac était renseigné, Proust aussi.

Mais d’ailleurs une tyrannie bien organisée, douce, a tout intérêt à encourager des écrivains non informés, le plus possible émasculés et gui se tiennent tranquilles... (rires).


S. B.
 : Vous aimez les écrivains chez qui la mondanité prend place : Saint-Simon, le Prince de Ligne, Proust, Morand ; plus récemment dans La Fête à Venise  [8] vous citez des phrases du Journal intime de Warhol. La mondanité « aristocratique », comme elle se manifeste encore chez Proust, débouche-t-elle sur autre chose que la mondanité « moderne » à la Warhol ?

Ph. S.  : Le thème de la mondanité c’est en général celui de la vanité, au sens où on représente le visage et la tête de mort gui l’accompagne, vanité au sens plastique. Il y a aussi l’idée chez Proust, profondément, que la perversion est aristocratique, ou si vous préférez que l’aristocratie n’est vraiment elle-même que lorsqu’elle arrive à la perversion et que la perversion n’est légitimée que par une position aristocratique. C’est pourquoi il suit avec tellement de minutie la dégradation de ce qui s’est présenté comme aristocratie et qui, petit à petit, finit par s’allier à ce qui remonte, du bas, sous la forme de Madame Verdurin devenue princesse de Guermantes. C’est, si j’ose dire, la comparaison sans cesse de la perversion avec la perversation. La perversion est indubitablement quelque chose que Proust valorise, sur quoi il fonde ses observations. Il n’y a aucune différence entre le salon Guermantes brillant du début, celui qu’il imagine si brillant, et le bordel de l’Acacia. C’est de la même essence. Et l’essence est aristocratique, Charlus est un personnage qui incarne ça au maximum, et c’est l’un des personnages les plus forts que le roman universel nous ait légués. En revanche, la perversation c’est justement le mélange. C’est la perversion non assumée qui sert à la rentabilité ou à la malversation, donc à la perversation. Les femmes de la Recherche sont le plus souvent dans la perversation, c’est-à-dire dans la revanche du bas sur le haut... Et c’est une thèse très originale parce qu’elle consiste à observer la société dans son évolution, dans ses conflits de classe, dans ses conflits d’intérêt à l’intérieur même des catégories de classe - à propos de l’affaire Dreyfus notamment -, à considérer cette société en gardant toujours l’appréciation sexuelle, en n’oubliant jamais cette donnée dans l’affaire, ce qui est prodigieux. Freud n’a pas lu Proust, mais il aurait dû en être ravi, car le fil qui court à travers toutes ces histoires, d’intérêt, d’argent, de préséance, est toujours aussi une question sexuelle. Par contre, l’aristocratie déchue de Warhol n’est plus qu’une aristocratie parfaitement frigide dont il faut observer le simulacre privé de toute perversion réelle. Nous sommes en pleine perversation et Warhol est le dandy de la peinture de cette perversation. Il a été un réaliste froid, y compris sur lui-même. C’est mieux que des tas de mensonges, y compris de peintres dits abstraits. C’est brutal, ça dit la laideur d’une époque. C’est-à-dire exactement ce que méritent les États-Unis d’Amérique... On a les artistes qu’on mérite (rires). Les Anglais, eux, s’en sont mieux tirés : ils ont eu Francis Bacon. Une autre aventure, à propos du Temps, et de la vérité comme figure.

Philippe Sollers
Amsterdam, 1994


[1Automne 1995

[2Le Secret, Gallimard, 1993

[3Voir, depuis, le Proust de Julia Kristeva, Le Temps sensible, Gallimard, 1994.

[4Stéphane Zagdanski, « Céline et Proust », L’infini, n° 40, novembre 1992, p. 96-123, repris dans Le Sexe de Proust, coll. L’infini, Gallimard, 1994.

[5Catherine Millot, La Vocation de !’écrivain, Gallimard, 1991.

[6Philippe Muray, Le Dix-neuvième siècle à travers les âges, coll. L’infini, Denoël, 1984.

[7Cf. Philippe Sollers, Le Rire de Rome, Entretiens avec Frans De Haes, Gallimard, 1992, p. 200 et 72.

[8La Fête à Venise, Gallimard, 1991.

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