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« La Vraie Vie de Dante » par Alessandro Barbero

Biographie

D 13 avril 2021     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


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de Alessandro Barbero
(Avec la contribution de), Sophie Royère (Traduction)
Éditeur : Flammarion (17 février 2021)
Le livre sur amazon

Résumé

Cette biographie de Dante (1265-1321) plonge le lecteur au coeur de la société violente et multiforme du XIIIe siècle. Avançant entre hypothèses et faits avérés, elle brosse le portrait d’un homme de son temps, dévoilant notamment les mystères entourant son mariage et son engagement politique passionné.

À propos

« Je ne cherche pas à expliquer pourquoi, sept cents ans après la mort de Dante, il vaut encore la peine de lire La Divine Comédie : je raconte la vie d’un homme du Moyen Âge, qui eut des parents, des oncles, des tantes et des grands-parents, qui alla à l’école, tomba amoureux, se maria et eut des enfants, s’engagea dans la politique et fit la guerre, connut des succès et des malheurs, la richesse et la pauvreté. Sauf que cet homme est l’un des plus grands poètes qui aient jamais foulé la terre. » C’est ainsi que l’auteur de cette biographie trépidante nous plonge au coeur de la société violente et multiforme du XIIIe siècle, retraçant ici une bataille au côté d’un Dante chevalier, dévoilant là les mystères entourant son mariage alors qu’il était encore enfant. Dante fut un citoyen aisé de Florence, la plus riche ville italienne, c’est-à-dire, à l’époque, la plus riche d’Europe. Une ville guelfe, protégée par le pape, amie du roi de France, où l’on trouvait en abondance argent, immigrants, commerces, chantiers...

Dante, lui, ne s’intéressait pas aux affaires, il vivait de rentes et pouvait s’adonner à ses passions, l’étude et l’écriture. Vers l’âge de trente ans, il se découvrit une autre passion, la politique, et s’y jeta à corps perdu - ce qui lui valut le bannissement de la ville. En associant la rigueur historiographique à la clarté de l’écriture, comblant les lacunes des précédentes biographies,

Alessandro Barbero brosse le portrait vivant d’un homme de son temps, éloigné de la sacralisation du Poète à laquelle nous sommes habitués.

Sur l’auteur

Alessandro Barbero enseigne l’histoire médiévale à l’université du Piémont-Oriental de Vercelli. Il est l’auteur, aux Éditions Flammarion, de Waterloo, Le Jour des barbares, Histoires de croisades, La Bataille des trois empires et Le marchand qui voulait gouverner Florence (Champs-Flammarion, 2017).

On en parle...

La plume de Barbero réussit brillamment à reconstituer aussi bien les intrigues de l’époque que les multiples facettes, privées, publiques, d’un être aux divers talents.
Le Point

Rencontre avec l’auteur Alessandro Barbero

Grand entretien avec Alessandro Barbero, en direct de la Maison de la Poésie le 10 avril 2021. Rencontre animée par Fabio Gambaro.

L’historien médiéviste et romancier italien Alessandro Barbero publie une biographie trépidante du héraut des lettres italiennes. Un portrait vivant qui révèle l’homme de son temps, loin de la sacralisation du Poète à laquelle se livrent bien des commentateurs !
Outre ses talents d’écrivain, Alessandro Barbero, révèle dans cet entretien un vrai talent de conteur et s’exprime avec aisance dans la langue de Molière

JOURNÉE ITALISSIMO – « LA VRAIE VIE DE DANTE 1265-1321 »

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Crédit : Maison de la Poésie

L’art de lire la divine comédie avec "La divine comédie illuminant Florence" de Domenico di Michelino

Préparez-vous à aller jusqu’en enfer...


La Divine Comédie par Domenico di Michelino. Fresque de la Basilique de Sainte Marie de la Fleur, Florence en Italie, 15ème siècle.. © Getty / DEA/G. DAGLI ORTI
ZOOM : cliquer l’image
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L’été, c’est la saison de tous les voyages... Aujourd’hui, on vous en raconte un un peu particulier, celui du poète italien Dante Aligheri dans son poème « La divine comédie ».
La scène se passe où ? A Florence. Quand ? Au début du XIV siècle
Dante, robe rouge et chausses noires, est au centre de la fresque. De sa main gauche, il tient un volume de sa « Divine comédie », d’où jaillissent de courts rayons dorés qui illuminent la ville de Florence étendue sur sa gauche. A sa droite, la porte de l’Enfer, première étape de son long voyage à travers les trois règnes supra terrestres : l’enfer, le purgatoire et le paradis.
Attention, ça risque de sentir le souffre, « Vous qui entrez ici - c’est écrit sur la porte (de l’enfer) - abandonnez toute espérance »
La vie des habitants de l’enfer, évidemment, se déroule six pieds sous terre. Ils vont à la queue leu leu, nus comme des vers, comme un tumulte qui roule, et qui descend, qui descend jusqu’à Lucifer qui n’attend qu’eux, enflammé comme un baba au rhum, excepté qu’il est tout rouge cramoisi …
Pauvres âmes faillies, pauvre troupeau des âmes nues et lasses qui claquent des dents ! Ils ne peuvent même pas s’échapper car derrière eux une bande de démons atroces ferme la marche ; ça crie, ça souffre, c’est moche, c’est sec et c’est marron ! On n’a pas mérité ça, allez hop on fout le camp !
Après l’enfer, Dante se rend au purgatoire … Le purgatoire, c’est la montagne qui s’élève, là, vous voyez, à l’arrière-plan de la fresque, un piton blanc ceint de sept anneaux... Sept, comme les sept péchés capitaux.
Dante gravit les corniches les unes après les autres : orgueil, envie, colère, avarice, gourmandise, luxure … et au milieu : l’acédia, l’amour tiède, l’indifférence, la tristesse de Dieu, mal redoutable s’il en est et cause, selon Thomas d’Aquin, de tous les autres péchés …
Ce n’est pas facile facile, mais bon il y arrive. Purifié par son ascension, Dante atteint le vert jardin du paradis terrestre. Adam et Eve sont là, dans leur éternelle liberté, tout nus, au sommet du cône, comme deux mariés au-dessus d’une pièce montée ...
Dante peut toucher les étoiles. Au-dessus, tout en haut, vous entendez ? C’est la voûte céleste : le paradis, un dégradé de bleu serti de points brillants : des planètes et des étoiles scintillantes...

Crédit ; France Inter

DANTE, 700ème anniversaire par Alessandro Barbero

par Marc Mentré | Jan 3, 2021

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L’édition française du “Dante” d’Alessandro Barbero est attendue pour février 2021, mais sans attendre nous avons lu l’édition italienne originale. Au terme d’une enquête minutieuse, l’auteur nous brosse le portrait d’un Dante intime et fragile, brisé en pleine ascension sociale et que l’épreuve de l’exil va transformer de manière irréversible

Le 11 juin 1289, jour de la Saint Barnabé, l’armée florentine arrive devant le château de Poppi. Devant elle, s’étend une vaste plaine, Campaldino. En face, les troupes d’Arezzo barrent la vallée. Un jeune Florentin de 24 ans, Dante Alighieri, se trouve en première ligne, parmi les 150 feditori de Florence qui vont recevoir la charge de la cavalerie adverse…

Le livre d’Alessandro Barbero s’ouvre par cette scène de guerre, et le Dante qu’il nous raconte est loin des canons traditionnels : oubliés ou quasi la poésie, le dolce Stil novo, La Divine Comédie… Place au soldat, à l’homme d’action, au responsable politique ambitieux, à l’exilé errant de cour en cour.

C’est un Dante intime qui s’esquisse. Un enfant né dans une famille relativement aisée. Un homme fier, hautain, peut-être méprisant et dédaigneux, mais confiant en ses capacités intellectuelles. Un homme ancré dans la société du Moyen Âge et lié par un complexe réseau familial et d’amitiés.

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« Son écriture était maigre et longue et très convenable »

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Le pari d’Alessandro Barbero est audacieux tant les traces de la vie du Sommo poeta sont fragiles, dispersées et incomplètes. Par exemple, aujourd’hui encore aucune source directe ne permet d’affirmer que Dante se trouvait à la bataille de Campaldino.

Seul nous le dit un commentaire de Leonardo Bruni dans la Vita di Dante, qu’il consacra au poète. Dans ce témoignage qui remonte à 1436, il écrit :

Il (Dante – Ndr) participait à tous les exercices ; de fait, dans cette bataille mémorable et immense, il fut à Campaldino, jeune et en bon estime, il se trouva dans l’armée combattant vigoureusement à cheval et au premier rang.

Pour appuyer ses dires, Bruni cite une lettre autographe de Dante, dont il décrit la calligraphie : « son écriture était maigre et longue et très convenable, selon les quelques lettres que j’ai vu que j’ai vu écrite de sa propre main ». Malheureusement, tout cela est perdu.

Au final, la présence de Dante semble peu contestable, mais c’est sur ce fil ténu qu’est construit le livre d’Alessandro Barbero. Il avance méthodiquement, recoupant tant faire se peut les dates, les témoignages, évitant dans la mesure du possible cette source d’auto-authentification qu’est La Divine Comédie.

Le Dante d’Alessandre Barbero est donc né dans une famille relativement aisée. Il en possède en tout cas tous les marqueurs, l’un des principaux étant sa participation comme cavalier à la bataille de Campaldino. La possession d’un cheval, d’une armure, son alignement en première ligne autant de signes qui trahissent sa position sociale. Mais pour autant, était-il noble ?

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Un portrait du Clan Alighieri

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On sait qu’il le revendique dans La Divine Comédie, faisant remonter ses quartiers de noblesse à son aïeul Cacciaguida. Et le fait que Farinata degli Uberti, incarnation de la vieille noblesse florentine, lui adresse la parole et dialogue avec lui au Chant X de l’Enfer est souvent interprété comme un indice des origines nobles de la famille de Dante.

Dans une société organisée et hiérarchisée comme l’était la Florence féodale de la fin du XIIIe siècle, la question était loin d’être anecdotique. Elle l’était encore moins pour Dante, car en dépendait « sa collocation dans la société florentine et ses rapports avec ses meilleurs amis. »

Tout le travail d’Alessandro Barbero est donc de démêler les fils complexes des origines familiales de Dante, de reconstituer sa famille, d’en dresser un arbre généalogique, et de replacer ce portrait du “clan Alighieri” dans une Florence à la féodalité bien réelle mais à la définition beaucoup plus floue, qu’elle ne l’était alors, par exemple, dans la France voisine.

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L’importance du patronyme

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Dans ce contexte, deux marqueurs sont importants, le patronyme étant le premier d’entre eux. Dante nous dit A. Barbero « était fier de posséder un nom depuis quatre générations. » et cela est corroboré par le fait qu’à Florence on disait « gli Alighieri (ou, pour être précis, “gli Alaghieri”) ».

Mais un nom sans richesse n’était rien dans une ville en pleine expansion où s’opposaient vieilles familles (nobles) au patrimoine constitué et nouveaux riches industriels, commerçants et banquiers.

Ici, très clairement Dante n’est ni l’un l’autre. Certes « il possédait un patrimoine » et était donc relativement aisé puisqu’il semble être le premier membre de sa famille « qui pouvait se permettre de vivre de ses rentes ». Cette richesse réelle —mais relative— n’est pas un fait communément accepté par les commentateurs remarque Alessandro Barbero.

Toutefois, l’origine de ce patrimoine n’était guère glorieuse :

Son père, son grand-père, ses oncles étaient des usuriers, au moins dans le sens technique du terme.

Ce “petit bourgeois” presque “balzacien” peut être considéré comme un modéré lorsqu’il se lance en politique. En tout cas, il s’est coulé dans la mouvance idéologique majoritaire de l’époque :

C’est un popolano 1 quoique d’orientation modérée, enclin au compromis avec les “Grands” et horrifié par la dictature des petites gens.
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De facto, il va tourner le dos à ses amis nobles

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Mais pour modéré qu’il soit, dans cette Florence fracturée, emplie de haine, nourrie de vendetta, difficile d’être neutre, surtout qu’il participe à l’exercice du pouvoir du “popolo”. De ce fait, il tourne le dos à ses amis nobles, dont le premier d’entre eux est Guido Cavalcanti. Souvent on ne retient que la rupture poétique ; en fait, il en une autre qui est politique :

Guido avait connu un autre Dante, désireux de fréquenter les bandes de jeunes nobles, auteur de vers qui célébraient une culture et un style de vie aristocratique ; désormais, il ne le reconnaît plus.

La suite de l’histoire est connue : l’exil et la mort de Guido, l’hostilité du pape Boniface VIII, l’engagement sans cesse croissant de Dante dans la définition de la politique de Florence, le retour des guelfes noirs dans les malles de Charles de Valois en novembre 1301, la —plutôt les— condamnation à l’exil… mais ici je laisse les lecteurs découvrir le minutieux et passionnant travail de reconstitution du parcours de Dante auquel s’est livré Alessandro Barbero.

Pour Dante, en tout cas, à partir de 1302 tout devient compliqué, et pour l’auteur de sa biographie également. Les sources manquent pour raconter son parcours :

Dante vécut en exil les vingt dernières années de sa vie. Ce sont des années sur lesquelles nous savons peu, bien moins que ce que nous avons pu reconstituer jusqu’à présent. Il n’existe pratiquement pas de document d’archives qui nous parle de lui ; les allusions autobiographiques contenues dans ses œuvres deviennent toujours plus cryptiques, et peuvent être interprétées selon les modes les plus divers.
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Les mystères de Vérone et de Bologne

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Par exemple, difficile de percer, ce qu’A. Barbero appelle les “mystères de Vérone” : par quel membre des Scaglieri, Dante est-il accueilli (recueilli ?) au début de son exil ? Il y a ensuite les “mystères de Bologne” : combien de temps (s’il y est allé) le poète est-il resté dans cette, ville dirigée par des Guelfes blancs alors que “depuis la rupture, les Blancs voulaient sa peau » ? Etc.

Pourtant, cet exil va transformer Dante. Ce responsable politique d’une commune, représentant du “popolo” va devenir un adepte de la culture de cour. vue comme une forme suprême de raffinement également intellectuel :

il n’est pas douteux que durant ces années Dante fréquenta les grandes familles nobles qui dominaient les régions montagneuses de l’Italie centrale.
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L’histoire d’une rupture entre deux Dante

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Ce sera pour lui un changement profond. Politiquement ces familles appartiennent et dirigent le parti gibelin et sont des soutiens de l’Empire. Mais il est une autre évolution plus subtile que souligne Alessandro Barbero :

même s’il restait fidèle à l’affirmation des Dolci rime selon laquelle la véritable noblesse est celle de l’âme, Dante élaborait cependant une vision du monde dans laquelle il restait peu d’espace pour la foule des trafiquants, changeurs, usuriers et entrepreneurs, en grande partie paysans justes urbanisés et enrichis de peu, qui formaient le peuple des communes.

Bref, ce que raconte Alessandro Barbero est l’histoire d’une rupture entre deux Dante, celui de Florence et celui de l’exil. Une rupture poignante mais irréversible. Dante va même devenir étranger à la langue de sa ville. Dans la canzone Amor, da che convien pur ch’io mi doglia, il écrit qu’il espère que cette canzone parvienne à

Fiorenza, la mia terra

Il appelle ainsi Florence, car il l’a toujours nommée ainsi et toute l’Italie fait de même. Mais à Florence on ne dit plus Fiorenza remarque Alessandro Barbero qui s’appuie sur Remigio del Chiaro Girolami, le prédicateur dominicain de Santa Maria Novello. Celui-ci disait,

que désormais seuls les étrangers utilisaient ce nom : les citoyens ne l’appelaient plus ainsi, mais dans leur langue corrompue l’appelaient Firençe. Sans le savoir, Dante s’était transformé en un étranger.

Notes

- DANTE, par Alessandro Barbero, Laterza, Rome – Bari, 2020
(Édition en langue italienne. Toutes les citations sont extraites de DANTE et traduites par moi. Une édition en français de cet ouvrage devrait paraître le 17 février 2021 chez Flammarion.)
- Alessandro Barbero enseigne l’Histoire médiévale à l’Université du Piémont Oriental, à Vercelli. Essayiste et romancier il est l’auteur de nombreux ouvrages dont Bella vita e guerre altrui di Mr Pyle, gentiluomo. pour lequel il a obtenu le prestigieux prix Strega en 1996.Il a aussi publié entre autres Carlo Magno, un Padre dell’Europa, Donne madonne, mercanti e cavalieri, Sei storie medievali, un Dizionario del Medioevo (avec Chiara Frugoni).

Crédit : ladivinecomedie.com

La Table des matières du livre

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Avant-propos de l’édition française et Extraits

- Avant propos par Alessandro Barbero
- 1. La Saint Barnabé
- 2. Dante et la Noblesse

VOIR ICI (pdf)

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