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La Guerre des Fleurs

Le grand roman de l’érotisme floral

D 10 octobre 2006     A par Viktor Kirtov - C 3 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



"Le grand roman de l’érotisme floral", c’est le sous titre de la 4e de couverture de Fleurs, le nouvel essai de Philippe Sollers - car il s’agit bien d’un essai, malgré l’accroche au dos - à paraître le 27 octobre aux Editions Hermann. Édition illustrée de 26 planches en couleurs par Gérard van Spaendonck.

Avec Fleurs, Philippe Sollers poursuit sa Guerre du goût et son Eloge de l’Infini...sur un terrain où on ne l’attendait pas vraiment, celui de la botanique... Une nouvelle cueillette littéraire, symbolique, érotique, poétique, esthétique... à sauver dans l’arche de Noé sollersienne. Un bouquet pour ne pas perdre l’envie de maintenir en éveil nos cinq sens. « Plus à contre-courant, tu meurs » disait-il dans son Journal du mois ( juillet 2006 ). Et si, au contraire, c’était sa façon de plaider contre nos « violences » écologiques, nous les humains du début du XXIe siècle ?
Mais non, vous ne trouverez pas de plaidoyer frontal, pesant ! Que des images odorantes subliminales, et plus si affinité : Fleurs et Femmes que Sollers nous invite à lire en parallèle, à moins que ce ne soit Les Folies françaises...

Un essai en forme d’anthologie des grands textes où les fleurs-femmes sont les personnages principaux, Morceaux choisis mis en scène par Philippe Sollers ( Cantique des Cantiques, littérature française et universelle avec Joyce, Dante, Shakespeare... en passant par les mystiques Angelus Silesius, les penseurs persans Omar Khayan qui vivait au XI-XIIe siècle, chinois... Dialogues avec les textes de Philippe Sollers : de l’art de la plaidoirie et de la citation pour preuve. Il s’est déjà expliqué, à ce propos, dans l’Etoile des Amants :
« - Vous faites beaucoup de citations. - Ce ne sont pas des citations, mais des preuves. - Des preuves de quoi ? - Qu’il n’y a qu’une seule expérience fondamentale à travers le temps. Formes différentes, noms différents, mais une même chose. Et c’est là, précisément, le roman. »
Ou encore :
« Les citations sont utiles dans les périodes d’ignorance ou de croyances obscurantistes[...] »
complète-t-il dans Fleurs en citant le Panégyrique de Guy Debord :
..."Le Grand roman de l’érotisme floral" aux arômes Sollers.

Ce qu’en dit Philippe Sollers
Ce qu’en dit son éditeur
Extraits & Citations
Ce qu’en dit la critique

Ce qu’en dit Philippe Sollers

Dans son Journal du mois

Journal du Dimanche du 30 juillet 2006 :

[...]je continue à écrire un livre sur les fleurs, plus à contre-courant tu meurs. Cela me permet, en ce moment, de rendre visite au très grand poète persan Omar Khayyam (1040-1125), qui a été aussi un mathématicien et un astronome célèbre. Ses quatrains sont presque tous des célébrations du vin, de l’ivresse, mais aussi des « jolies », qui pour lui sont toutes des tulipes. Il est bon de l’écouter dire « Au loin islam, religion, péché ! », et « Assieds-toi au Paradis avec une jolie ».
Et ceci :
« Boire du vin, chatouiller des jolies comme des tulipes, c’est mieux que des cafarderies, des hypocrisies. S’ils sont damnés, ceux qui font l’amour et qui boivent. Qui donc voudra voir le Paradis ? Qui ? »

Ce qu’il en dit dans Fleurs

«  ...Fleurs, publié en français au début du vingt et unième siècle), il restera à se demander qui aura été capable, à quel moment, et pourquoi, de composer un tel florilège »

Ou encore :

«  « La rose est sans pourquoi » dit Angelus Silesius. Nous vivons désormais sous la dictature du pourquoi et de sa destruction quotidienne planétaire. Mais les fleurs, par-delà le Bien et le Mal, persistent malgré le bruit, l’oubli, la fureur, les cendres. Un bouquet, ici les rassemble : les fleurs sont des mots, les mots sont des fleurs. »

Ce qu’en dit son éditeur

L’ouvrage de Philippe Sollers est un parcours dans l’univers des fleurs. L’auteur y voyage, en relève les sons, les parfums, les saveurs, les visions et les caresses. [...] Philippe Sollers évoque la place de choix que les fleurs, ces muses muettes et enivrantes, occupent dans les écrits des plus grands auteurs de l’histoire. Du Cantique des cantiques à Premier amour de Samuel Beckett, en passant par le Roman de la Rose, Dante, Ronsard, Shakespeare, Rousseau, Baudelaire, Rimbaud, Proust, Colette, Ponge, Genet et bien d’autres, l’auteur révèle l’imaginaire botanique qui imprègne les plus grands ouvrages de l’histoire.

Oeuvre poétique, Fleurs emporte le lecteur au fil des pages par son style léger, alerte, enlevé, musical et sensuel. Plus qu’un roman ou qu’un essai littéraire, ce florilège est un long poème, au sens du moins où Philippe Sollers lui-même définit la poésie, c’est-à-dire comme « un appel à la coalescence des cinq sens ». Le poème devient de la sorte une métaphore absolue de l’acte érotique où le lecteur jouit de tous ses sens en même temps, [...]

À travers la rêverie poétique, le lecteur aura la joie de retrouver un Sollers philosophe et pamphlétairequi fustige une fois de plus le douloureux nihilisme ambiant. [...]

Autant de raisons pour lesquelles HERMANN s’enorgueillit d’inaugurer son département « Hermann - Littérature » avec ce magnifique livre. »

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Extraits & Citations

Exergue

L’orage rajeunit les fleurs.
Baudelaire

Le début

«  On sait peu de choses de Gérard Spaendonck (1746-
1822), sauf sa réputation qui a été considérable dans
le domaine de la botanique et de la représentation des
fleurs. Cet anonymat très actif convient au sujet que
j’aborde. Le continent, ou plutôt l’océan des fleurs est
un monde tellement multiple et varié qu’il serait fou
de croire l’embrasser et le surplomber. Voyons quand
même l’étrange histoire de cet aventurier végétal
et plastique
. »

Extrait 1 - Le sensualisme floral : Sollers en son jardin

«  J’essaie de voir, ou plutôt d’écouter et de respirer, le jardin où je suis. Après le printemps des pâquerettes, des giroflées, des roses, des mimosas et des lilas, c’est l’été des lavaters (explosifs), et puis de nouveau des roses, des canas, des géraniums, de la sauge (pointue et discrète), de la lavande (merveille des narines), des fleurs d’acacias blanches ou roses, [...] »

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Extrait 2 - Sollers pamphlétaire et compilateur

«  La misère des temps est telle que la plupart des critiques croient qu’on peut se débarrasser d’un livre en disant qu’il comporte beaucoup de citations. Sur ce sujet, Debord, dans Panégyrique, dit ce qu’il faut :
« Les citations sont utiles dans les périodes d’ignorance ou de croyances obscurantistes ».
 »

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Extrait 3 - Sollers lecteur et herméneute : réflexions proustiennes

«  Le narrateur de La Recherche du Temps perdu commence par nous entraîner dans son laboratoire tournant de sommeil et d’enfance, pour nous conduire assez vite dans « une petite pièce sentant l’iris » où il a pris très tôt l’habitude de s’enfermer. Ce sont, bien entendu, les toilettes, seul lieu de la maison qu’il peut fermer à clef. L’endroit ne sent pas que l’iris : il est aussi parfumé par un cassis sauvage « poussé au-dehors entre les pierres et la muraille et qui passait une branche de fleurs par la fenêtre entrouverte. »

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La fin

«  Écoutons un romancier d’aujourd’hui (c’est un père incestueux qui parle à sa jeune fille). Elle le questionne :

«  - Ton peintre préféré ?
- Manet. Fleurs dans des vases ou des verres. Fin de sa
vie. Juste avant qu’on lui coupe la jambe. Fleurs coupées.
[...]
- Le bar ?
- Au champagne. Deux roses, une jaune et une rose.
[...]
- Elle est rousse ?
- Blond vénitien. Fleur blonde et noire, avec feuillage.
La foule, elle, est noyée. Naufrage enjoué. Trapèze. Je vais même jusqu’à compter les boutons de sa redingote. Huit.
- Pile ou face ? [...]
 »
[...]
 »

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Citations

«  L’angoisse ou l’attirance ravie des mammifères humains par rapport aux fleurs se comprend sans peine : naissance cachée, éclosion, flétrissure, disparition, mort, rééclosion préparée en retrait, tout un jaillissement spontané, orchestrable, toute cette passagèreté, ont un côté énigmatique et fascinant qu’on aimerait maîtriser. Cette beauté dit la vérité, mais laquelle ?

Rilke :

« Rose, ô pure contradiction, volupté de n’être le sommeil de personne sous tant de paupières. »

Tous les chemins mènent Arôme.
 »

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Ce qu’en disent les critiques

« Philippe Sollers arpente le continent des fleurs et analyse leur langue en compagnie d’un botaniste du dix-huitième siècle, Gérard Van Spaendonck. Dans son bouquet, il y a des lys, des roses, des tulipes, des lilas, mais aussi Dante, Ronsard, Rousseau, Baudelaire, Proust, Ponge ou Genet... »
Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur

« J’aime ce florilège, au sens propre du terme. Ce bouquet, ou ce parterre de fleurs, composé par un immense lecteur, pertinent et sensible, de ce que des écrivains ont écrit sur les fleurs. (...) A cela s’ajoute son propre sens poétique, son style, son rythme, son travail sur la sensation. J’y ai vu à la fois un poème et un pamphlet contre l’époque, et il est difficile de mêler les deux. Il a réussi.
Enfin, j’ai été personnellement très sensible à la fin, car j’aime particulièrement les Folies françaises. »
Josyane Savigneau



Nota : L’intérêt de Sollers pour la botanique, en fait, n’a rien de nouveau. Je me souviens d’un passage où, sur une demi-page, il énumère les noms savants de toutes les plantes autour de lui. Malheureusement, ma mémoire me fait défaut pour retrouver la référence du livre concerné. Si un lecteur peut combler cette lacune, qu’il n’hésite pas à compléter cette note.

VOIR AUSSI :

Fleurs, pré-annonce du livre
Entretien chez Mollat, sur Fleurs
Qu’est-ce que l’érotisme floral ?, Fleurs (extraits)
Fleurs chinoises, Fleurs (extraits)
Le manuscrit, Fleurs (extraits)

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3 Messages

  • Viktor Kirtov | 23 mars 2018 - 16:39 1

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    N’est-elle pas envoutante cette orchidée ? Philippe Sollers dans son livre Fleurs, lui consacre un chapitre avec l’ orchidée Cattleya immortalisée par Proust. Swann aimait « faire Catleya » avec Odette… :

    « Proust passe du mystère des aubépines à la révélation de l’orchidée « aux larges pétales mauves ». L’orchidée, on s’en doute, n’est pas une fleur d’église. C’est ici le catleya d’Odette (Proust écrit cattleya avec un seul t). Avec Odette, dans le langage de son amant obsédé et jaloux, Swann, faire l’amour se dit « faire catleya ». Ça commence, en voiture, par des arrangements timides de la fleur dans le corsage. Ça devient ensuite un code secret. Comme toujours, avec Proust, et c’est sa grande force vicieuse par rapport aux étalages de laideur érotique pornographique (plaie de notre temps), vous êtes priés d’imaginer l’acte ou la série d’actes qui s’ensuivent. Comment fait-on « catleya » ? Est-ce une pratique vraiment démocratique ? Tout le monde en est-il capable ? Ne s’agit-il pas d’une perversion hautement spécialisée et privilégiée, et, dans son élitisme dépassé, à proscrire ? N’est-il pas préférable d’encourager toutes les autres pratiques et représentations sexuelles sauf celle-là ? Chaque magazine un peu branché de l’été me propose ses suppléments ou ses dossiers « sexe », mais nulle part, même s’il s’agit d’un ensemble désopilant sur « les philosophes et l’amour » (de Platon à Sartre), je ne trouve la moindre référence à « faire catleya ». Proust n’est décidément pas à la mode. J’aurai donc parcouru en vain ces textes et ces photos (onanisme, fellations, sodomie active ou passive, postures sadomasochistes, homosexualités diverses, bref toute la ménagerie des lourds mammifères humains), sans trouver une seule femme ni une seule fleur, et encore moins un catleya. »

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    Il entend l’anglais, Proust (traduction de Sésame et les lys de Ruskin), et voici son Sésame : catleya. On dit un catleya. Dans cat, il y a chat ou chatte, suivez mon regard vers ce elle et ce il y a. Ce Proust, n’en doutons pas, est un dangereux maniaque, une sorte de psychotique stabilisé pervers, qui doit se réjouir, ces temps-ci, de voir des plants de lys sauvages, espèce désormais protégée, faire obstacle, dans un vaste champ de village français, à la construction d’un incinérateur de déchets qui exigerait leur arrachage. La commune de Combray a pourtant un besoin urgent de cet incinérateur. Le repousser à cause de lys est encore un mauvais coup des partisans de l’art pour l’art dirait M. de Norpois).

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    Odette fait peut-être « catleya », comme son amant aux goûts raffinés mais conventionnels (Botticelli, Vermeer), elle n’en perçoit pas la nature de fleur. Encore moins peut-il être question de défloration, selon les croyances antiques, puisque nous avons affaire à une demi-mondaine, autrement dit à une prostituée de luxe, entretenu et transformée en fausse noble , Odette de Crécy. Sur la défloration, Buffon a cette phrase amusante : « Toute situation honteuse, tout état indécent dont une fille est obligée de rougir intérieurement, est une vraie défloration. » Odette est loin de cette pudeur naïve, et c’est pourquoi c’est une femme artificielle, ou une fleur artificielle, une actrice déjà usée qui, aujourd’hui, jouerait son rôle dans le carnaval people :

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    « Elle trouverait à tous ses bibelots chinois des formes « amusantes », et aussi aux orchidées, aux catleyas surtout, qui étaient, avec les chrysanthèmes, ses fleurs préférées, parce qu’ils avaient le grand mérite de ne pas ressembler à des fleurs, mais d’être en soie, en satin. »

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    N’empêche, Odette mérite d’être un nom de fleur. Donnez-moi un Odette, c’est-à-dire un catleya, oui, oui, celui-là, bien que ce ne soit pas mon genre. »

    Philippe Sollers
    Fleurs, le grand roman de l’érotisme floral,
    Editions Hermann, 2006

    Photo via https://www.facebook.com/raymond.alcovere

    ***


  • Viktor | 29 septembre 2006 - 09:25 2

    N’ai pas le Lys d’Or sous la main pour rechercher le paragraphe p. 42 que vous mentionnez. Ne suis pas sûr que le passage auquel je pensais était exclusivement dédié aux fleurs, plutôt la botanique, en général.


  • A. Gauvin | 25 septembre 2006 - 20:12 3

    La "pensée" s’impose, n’est-ce pas, pour toutes celles et tous ceux qui aiment les fleurs.

    Quant au livre dont vous cherchez la référence, ne s’agit-il pas du "Lys d’or" (Gallimard) ? On y trouve en effet, p 42, un long passage qui commence ainsi : "Je dois d’abord m’occuper des fleurs.".

    Suivent les...oiseaux, " Tenez le chevalier, par exemple, aux cris musicaux et flûtés, m’irait assez bien, le chevalier dit gambette ou pied rouge. "

    J’aime aussi beaucoup ce chevalier...