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Hodeir & Joyce

L’ONJ joue "Anna Livia Plurabelle" d’André Hodeir

D 7 mars 2021     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


L’Orchestre national de jazz (ONJ) joue "Anna Livia Plurabelle" d’André Hodeir pour le centenaire du compositeur et critique, né le 22 janvier 1921 à Paris et disparu en 2011, également à Paris.

L’ONJ joue André Hodeir

L’Orchestre National de Jazz joue André Hodeir "Anna Livia Plurabelle" à la Maison de la Radio et de la Musique.

« J’ai fini Anna Livia : le voici. Maintenant qu’il est terminé, j’ai à peine assez de force pour tenir une plume, à cause de tout le travail, des soucis, de la mauvaise lumière, des circonstances et du reste. Quelques mots d’explication : c’est le bavardage de deux lavandières qui, à mesure que la nuit tombe, sont changées en arbre et en pierre. La rivière se nomme Anna Liffey. Quelques mots du début sont hybrides, à la fois danois et anglais. Dublin est une ville fondée par les Vikings. Son nom irlandais est Balluclee : ville du Gué des haies. Sa boîte de Pandore contient tous les maux auxquels la chair est sujette. La rivière est tout à fait brune, riche en saumons [« gay lord salomon » ou dans la première traduction d’Anna Livia sous contrôle de l’auteur « un saulomon verge galant »], très sinueuse, peu profonde. Son scindement vers la fin (sept barrage) représente la ville en construction. Izzy deviendra plus tard Isolde. » James Joyce

« Joyce m’est venu en deux temps, la lecture d’Ulysse puis un petit livre de Jean Paris dont j’ai voulu vérifier l’opinion selon laquelle les allitérations et la prose syncopée dans Finnegans Wake étaient très proches du scat chorus des chanteuses de jazz. Ça m’a beaucoup interpelé dans la mesure où, à l’époque, je cherchais des textes sur lesquels travailler. En effet, comme compositeur de jazz, je n’avais le choix qu’entre inventer un texte ou une langue imaginaire comme je l’ai fait dans Jazz Cantata, ou trouver un texte en anglais, parce qu’en français ça ne me convenait pas pour ce que je voulais faire. Je me suis précipité sur Finnegans Wake et j’ai été convaincu. » André Hodeir

Concert sans public diffusé samedi 6 mars à 19h sur France Musique dans le Jazz Club d’Yvan Amar.

Patrice Caratini (direction), Ellinoa (mezzo-soprano), Chloé Cailleton (contralto), Catherine Delaunay (clarinette), Julien Soro (saxophones), Rémi Sciuto (saxophones, clarinette, flûte), Fabien Debellefontaine (saxophones, clarinette), Matthieu Donarier (saxophones, clarinette), Thomas Savy (saxophone baryton, clarinette), Clément Caratini (saxophones, clarinette), Christine Roch (saxophone ténor, clarinette), Sophie Alour (saxophones, clarinette), Frédéric Couderc (saxophone basse, clarinette), Claude Egea (trompette, bugle), Fabien Norbert (trompette), Sylvain Bardiau (trompette), Denis Leloup (trombone), Bastien Ballaz (trombone), Daniel Zimmermann (trombone), Robin Antunes (violon), Stéphan Caracci (vibraphone), Aubérie Dimpre (vibraphone), Benjamin Garson (guitare), Raphaël Schwab (contrebasse), Julie Saury (batterie)

Présentation

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Partie française

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Partie anglaise

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Crédit France Musique

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« Dans Anna Livia, j’espère avoir bien traité le passage nocturne à la fin de la pièce, ce que j’appelle “L’Acte nocturne”. Je l’ai traité de la façon suivante : les instruments changent tout à coup. Dans Anna Livia, il y a beaucoup d’instruments : neuf saxophones, six cuivres, etc. Tout à coup il ne reste plus qu’une clarinette, deux vibraphones, une guitare et une contrebasse. » André Hodeir

«  Joyce est un des plus grands musiciens de tous les temps », proclame Philippe Sollers à Christian Rosset. Dans la même édition de l’émission Surpris par la nuit [Portrait de l’artiste en musicien – James Joyce] [1], Hodeir se montre circonspect. Agacé même au souvenir de cette déclaration de Joyce ayant achevé le chapitre « Sirènes » d’Ulysse : « J’y ai usé de toutes les ressources de la musique. C’est une fugue avec toutes les nuances musicales : piano, forte, rallentando, etc. Un quintette intervient aussi comme dans Les Maîtres chanteurs de Wagner. Depuis que j’ai exploré et utilisé toutes les ressources et les artifices de la musique dans ce chapitre, je n’ai plus d’intérêt pour elle.  » Franck Bergerot

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Patrice Caratini en 2009.

L’Orchestre national de jazz (ONJ) célèbre l’héritage musical d’André Hodeir, disparu en 2011, à l’occasion du centenaire de sa naissance (il est né le 22 janvier 1921 à Paris) et du dixième anniversaire de sa mort. Violoniste, compositeur, arrangeur, critique musical, écrivain, pédagogue, Hodeir a établi par son travail des passerelles en France, à partir des années 1950, entre les musiques classique, contemporaine et le jazz, signant des pièces d’une grande originalité et sophistication.

Un artiste "iconoclaste, très en avance sur son temps"

"André Hodeir est un personnage assez iconoclaste, un compositeur très en avance sur son temps", explique Frédéric Maurin, directeur artistique de l’ONJ. "En termes de formation et d’apprentissage de la musique, il est contemporain de Pierre Boulez. Mais il s’est toujours senti proche d’une certaine forme de jazz. Il avait une vision personnelle, un langage musical assez complexe, une façon particulière d’écrire, de penser la musique. Il côtoyait ce qu’on a appelé le Third Stream [ndlr : "troisième courant", né dans les années 50, qui oeuvrait à fusionner jazz et musique classique européenne], un mouvement où l’on trouvait des compositeurs comme Gunther Schuller, George Russell et John Lewis."

Au milieu des années 60, André Hodeir se lance dans l’écriture d’une œuvre très ambitieuse, Anna Livia Plurabelle, composée sur le texte éponyme du chapitre le plus connu d’un roman de James Joyce, Finnegans Wake, un ouvrage totalement énigmatique, réputé inaccessible, dans lequel l’écrivain irlandais maniait des éléments de différentes langues. Ce texte dépeint un dialogue entre deux lavandières.

Considérée comme l’un des plus grands chefs-d’œuvre du compositeur, cette sorte de cantate de jazz d’environ 50 minutes, écrite initialement en version franco-anglaise pour deux voix et vingt-trois instruments, est retransmise sur France Musique samedi 6 mars 2021, en direct à partir de 19 heures dans l’émission Jazz Club dans le cadre de son cycle Jazz sur le vif. Prévu de longue date, le concert ne pourra pas accueillir de public pour cause de Covid-19. Une autre partie du programme que l’ONJ interprétera à cette occasion ne sera pas diffusée samedi mais captée pour une prochaine émission : elle concerne des pièces écrites pour le Jazz Groupe de Paris, une formation que Hodeir avait fondée en 1954.

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Patrice Caratini et Frédéric Maurin, ONJ
(Nathalie Mazéas / Sylvain Gripoix)

Un œuvre pionnière, "magnifiquement écrite"

La performance de samedi 6 mars constitue une formidable occasion de (re)découvrir une partition magistrale, pionnière en son temps à bien des égards. "D’une part, c’est une oeuvre qui se base sur un texte, rappelle Frédéric Maurin. Il y a une dimension d’articulation, un cohérence, entre le chant, qui contient du texte, et la musique, quelque chose d’assez poussé. Chez Joyce, il y a une façon d’écrire qui paraît incompréhensible à la lecture, mais qui possède une forme de musicalité, je pense que c’est ce que voyait Hodeir."

Le directeur de l’ONJ admire d’autre part le brio du compositeur : "Il y a une maîtrise remarquable de l’écriture pour orchestre. C’est magnifiquement écrit et ça sonne incroyablement bien. Dans le jazz, peu de pièces sont pensées de cette manière : une œuvre de 50 minutes, sur la continuité, dans cette forme novatrice. Ça a été écrit avant la mode du rock progressif et ses ’programmes-concepts’. Enfin, dans l’utilisation du langage musical, c’est une œuvre qui comporte énormément de contrepoints, avec une écriture très précise, très fournie." Si Anna Livia Plurabelle s’inscrit dans le jazz, la pièce ne comporte pas de phase d’improvisation mais des parties solo pré-écrites pour les chanteuses et les instrumentistes.

Extrait du dernier enregistrement en date d’Anna Livia Plurabelle, réalisé sous la direction de Patrice Caratini en 1992, sorti chez Label Bleu en 1994.

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Frédéric Maurin a confié la direction de l’orchestre au célèbre contrebassiste, compositeur et chef d’orchestre Patrice Caratini, qui a bien connu Hodeir et a dirigé l’un des rares enregistrements de l’œuvre au début des années 90. Lors de la "reprise de création" (expression employée par l’équipe de l’ONJ pour cette œuvre si rarement jouée jusque-là) de samedi, les parties vocales féminines seront assurées par les chanteuses Ellinoa, mezzo-soprano, et Chloé Cailleton, contralto.

La pièce Anna Livia Plurabelle a été créée en juin 1966 à la Maison de la Radio et diffusée sur les ondes en février 1967. Elle a été reprise en 1971 pour une publication discographique aux États-Unis (rééditée en France en 1981) avec des textes intégralement en anglais. Par la suite, l’œuvre n’a été rejouée qu’en 1992 par l’ensemble Cassiopée du violoniste Philippe Arrii-Blachette, sous la direction de Patrice Caratini, une captation sortie en disque en 1994. "Les versions discographiques existantes sont très différentes, souligne Frédéric Maurin. Celle de 1966 a été enregistrée par les musiciens de jazz de l’époque, tels que Jean-Luc Ponty, Bernard Lubat.. Celle de 1992 a été enregistrée par un effectif comptant des musiciens issus du jazz tels que Marc Ducret, mais aussi d’autres issus de la musique contemporaine."

Un effectif intergénérationnel

Frédéric Maurin se réjouit de mettre en lumière une œuvre majeure du répertoire jazz français du 20e siècle servie par des artistes d’âges très variés : "Je suis très heureux car la version que nous allons présenter regroupe des anciens musiciens de l’ONJ, des solistes de l’orchestre actuel et des membres de notre Orchestre des jeunes. J’aime beaucoup ce côté intergénérationnel, le tout sous la direction de Patrice Caratini, un acteur majeur du jazz français."

Annie Yanbekian, france info.

LIRE : Anna Livia Plurabelle sur wikipedia

le jazz et son double par Pierre Fargeton (préface de Martial Solal)

Sur le site de Jazz Magazine, un dossier de Franck Bergerot sur le thème "Hodeir ! Mais pourquoi Joyce ?" : partie 1 ; partie 2 ; partie 3.


[1Surpris par la nuit par Christian Rosset, avec l’écrivain Philippe Sollers, les compositeurs Jean-Yves Bosseur et André Hodeir, diffusée le 11 octobre 2002 (France Culture).

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