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Culture : « Impression, soleil levant » part en Chine

Suivi de : « Si l’histoire du tableau nous était contée »

D 30 août 2020     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


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Monet : « Impression, soleil levant » part à Shanghaï

ARTS Dans trois semaines, le plus célèbre des tableaux de Monet quittera son écrin du Musée Marmottan Monet pour Shanghaï, où il sera exposé jusqu’en janvier 2021. Un signe de reprise des échanges culturels internationaux.

Eric Biétry-Rivierre

Ces dernières années, Impression, soleil levant a beaucoup voyagé : en 2015 au Japon et en 2019 en Australie. Dans trois ans, le tableau devrait partir pour l’Allemagne.musée Marmottan Monet


Claude Monet. Impression, soleil levant © C. BARAJA/MUSÉE MARMOTTAN MONET, PARIS
ZOOM : cliquer l’image
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Larguez les amarres ! Impression, soleil levant, le tableau auquel l’impressionnisme doit son nom, part en Chine. Une première. Ce paysage, qui fut objet de scandale lors de la première exposition de la Société anonyme des artistes peintres, sculpteurs et graveurs organisée au printemps 1874 dans l’ancien studio du photographe Nadar, au 35, boulevard des Capucines, fera le voyage avec huit autres toiles de Claude Monet. Du 17 septembre au 3 janvier 2021, cette vue de l’avant-port du Havre peinte rapidement à l’hiver 1872, monde flottant, mélange confus de mâts, de grues et de cheminées d’usines dans une brume grise et bleue quittera son alcôve parisienne argent et rouge pompéien pour être placé au cœur d’une exposition à Shanghaï, au One Art Museum. Un geste qui se veut signal du renouveau des échanges culturels internationaux.

« Le Covid-19 a ruiné nos activités à l’étranger, explique Marianne Mathieu, directrice scientifique du musée parisien qui conserve l’icône, le Musée Marmottan Monet. Avant la pandémie nous produisions trois à quatre événements par an qui contribuaient à ce que notre institution s’autofinance à 100%. Puis, début mars, une présentation de quelques-uns de nos chefs-d’œuvre prévue à Shanghaï a été avortée, ce qui ne nous était jamais arrivé. Nous avons bien alors trouvé une étape de remplacement, à Bologne, mais celle-ci a été reportée au dernier moment et notre sélection s’est trouvée confinée là-bas dans un coffre-fort (la sélection sera finalement visible à partir du 28août, NDLR). Enfin une autre exposition Monet prévue en Nouvelle-Zélande ce mois-ci est tombée. »

Il y aurait de quoi faire baisser les bras à n’importe quel responsable de musée public. Toutefois, lorsque la situation s’est décantée, l’équipe de Marmottan a décidé de se porter aux avant-postes. Il lui était vital de signifier le plus rapidement possible à ses partenaires qu’elle maintenait les liens. Elle a donc questionné l’Académie des beaux-arts, propriétaire du Musée Marmottan Monet, et le conseil d’administration a voté pour ce prêt exceptionnel.

Au One Art Museum, les huiles de Monet se découvriront en regard d’estampes japonaises, celles de Hokusai et de Hiroshige, pour insister sur l’influence qu’ont eu les paysages asiatiques sur l’artiste. Elles voisineront également avec des variations contemporaines d’Impression signées Vicky Colombet et Gérard Fromanger. Enfin, le public pourra s’immerger dans une vue en 3D du port du Havre en 1872.

« Bien sûr, nous sommes souvent sollicités. Notre politique est de ne prêter Impression que s’il y a un intérêt scientifique à l’exposition dans laquelle on souhaite l’inclure. Mais également s’il y a un intérêt symbolique. Et tel est bien le cas ici, poursuit Marianne Mathieu. Le voyage d’Impression à Shanghaï se veut la marque de la reprise de l’activité entre les musées, même les plus lointains. »

C’est bien comme cela que l’ont compris le consulat et l’ambassade de France, très enthousiastes sur place. Ils ont permis l’obtention de la dérogation exceptionnelle pour Marianne Mathieu. La frontière s’entrouvre exceptionnellement pour cette commissaire et accompagnatrice réglementaire des prêts. Elle partira toutefois avant eux, dès le dimanche 30août, pour cause de quatorzaine obligatoire. « Après qu’au départ nous aurons veillé au bon conditionnement des œuvres et à leur installation dans l’avion, le vol se passera sous la responsabilité d’un délégué. Cette tolérance se généralise désormais. Elle permet de réduire les coûts de convoiement autrement exorbitants. Pour ma part, j’examinerai chaque toile sur place et dresserai les constats ad hoc. Notez qu’Impression comme les huit autres Monet (La plage de Trouville et Camille sur la plage de 1870, Vue de Voorzaan de 1871, Bateau de pêche, effet de soir et Falaise et porte d’Amont, effet de matin de 1885, deux vues du pont de Charing Cross des années 1900 et Bateau dans le port de Honfleur de 1917) se trouvent en excellent état. »

Reste qu’Impression a déjà beaucoup voyagé ces dernières années. En 2015 à Tokyo puis Kyoto, en 2017 au Havre et en 2019 à Canberra, au National Gallery of Australia. En 2023, le tableau devrait encore aller un mois au Barberini Museum de Potsdam où il retrouvera son pendant moins célèbre mais tout aussi fascinant, Port du Havre, effet de nuit, une œuvre du fonds de cette institution du land de Brandebourg mais qui s’admire actuellement au Havre, en prêt au Musée Malraux (MuMa) dans le cadre d’une belle exposition consacrée aux paysages nocturnes et à l’apparition de l’éclairage artificiel au XIXe siècle.

Crédit : Le Figaro - vendredi 21 août 2020


Si l’histoire du tableau nous était contée

Claude Monet : impression trompeuse

Par Annick Colonna-Césari,
Archives L’Express du 20/09/2014

En 2014, une exposition au musée Marmottan, à Paris, retraçait le destin de cette toile mythique.

Le tableau de Monet a donné son nom au mouvement le plus célèbre de l’histoire de l’art. Et pourtant, il a bien failli sombrer dans l’oubli.

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C’est une vue du port du Havre. Encore faut-il le savoir, car, au premier regard, on ne distingue qu’un magma de tons bleutés et orangés. Lorsqu’il exécute ce tableau, Monet a 32 ans et déjà dix ans de carrière derrière lui. Il fait partie d’une bande de jeunes rebelles qui combattent l’académisme. Et les portes des Salons leur restent désespérément fermées. D’où leur décision d’organiser leur propre exposition, qui se tient en avril 1874, boulevard des Capucines, dans l’ancien atelier de Nadar. C’est dans ce cadre qu’est dévoilée Impression, soleil levant, aux côtés des toiles de Boudin, Degas, Renoir et Pissaro. Elle fera scandale, comme le rappelle aujourd’hui le musée Marmottan.

Pour Louis Leroy, chroniqueur de l’époque au Charivari, cette marine aux allures d’esquisse relève du sacrilège. Il s’empare de son titre pour fustiger ce qu’il baptise ironiquement "l’exposition des impressionnistes". Le Tout- Paris se gausse de Monet et de ses amis. Le terme sera pourtant vite adopté. Ainsi naîtra l’impressionnisme. Tout est parti de là. Nul n’imaginait qu’un demi-siècle plus tard le mouvement susciterait un engouement international. Trois décennies supplémentaires seront nécessaires pour qu’Impression, soleil levant accède à la reconnaissance.

Achetée 800 francs en 1874, la toile est revendue au quart de sa valeur en 1878

Si le tableau de Monet focalise les sarcasmes, c’est parce que sa facture est audacieuse. Il trouve néanmoins un acquéreur, Ernest Hoschedé, commerçant aisé et collectionneur. Il l’achète 800 francs (l’équivalent de 2200 euros) ; un bon tarif comparé au prix d’achat moyen des tableaux de Salon, (entre 1000 et 1500 francs). Mais cette oeuvre, dont on aurait pu penser qu’elle deviendrait l’emblème du groupe, va retomber illico dans l’anonymat. Aucun de ses membres ne s’en réclamera. "Ce scandale a donné une image négative au groupe et chacun veut tourner la page", explique Marianne Mathieu, commissaire de l’exposition du musée Marmottan. Quatre ans plus tard, en 1878, Hoschedé, en faillite, s’en sépare : Impression est revendue à l’hôtel Drouot dans l’indifférence générale, au quart de sa valeur initiale.

Le paradoxe est là. Après sa révélation brutale, le tableau sombre dans l’oubli. Les premières histoires de l’impressionnisme citent rarement son nom et lorsque, dans les années suivantes, on retrouve sa trace, il apparaît sous d’autres titres, notamment Soleil couchant. On le confond même parfois avec un autre Soleil levant de Monet. Pourtant, Impression est tombée en de bonnes mains. Son deuxième propriétaire, le Dr Georges de Bellio, bienfaiteur de la petite bande, le conserve soigneusement. En 1894, il le lègue avec toute sa collection à sa fille, Victorine, et à son gendre, Eugène, Donop de Monchy.

Le moment aurait pu, là encore, être propice à sa reconnaissance car, à cette époque, l’école impressionniste commence à gagner les faveurs du public et Monet, ses galons de chef de file. Quant aux époux, ils seront de plus en plus sollicités pour des prêts de tableaux. "Mais on ne leur demande pas Impression", ajoute Marianne Mathieu. C’est eux qui tenteront de le faire connaître.

Même lorsque les hommages au maître de Giverny se multiplient, après sa disparition, en 1926, la situation ne change guère. Question de goût : les oeuvres les plus prisées sont les moins radicales, les plus construites. Toujours les mêmes : Le Pont de l’Europe, Gare Saint-Lazare, Les Tuileries et Le Train dans la neige. Les chiffres le confirment. Dans les années 1930, quand les Donop de Monchy font estimer leur collection, les deux premiers sont évalués à 210000 francs, le troisième à 200000 et Impression plafonne à 110 000.

Comble de l’ironie : lorsque, en 1948, est ouverte au musée Marmottan une salle Donop de Monchy, destinée à accueillir l’importante donation consentie par le couple, le tableau est carrément ignoré. Le discours inaugural rend hommage au style novateur de Monet et à sa Gare Saint- Lazare. Pas un mot sur l’oeuvre qui deviendra l’icône de l’impressionnisme.

Impression, soleil levant ne sera intronisée qu’à la fin des années 1950. Au moment où quelques historiens d’art renommés, et notamment l’Américain John Rewald, se penchent sur les origines du mouvement et redécouvrent enfin le rôle fondateur du tableau. En 1959 vient l’apothéose. A l’occasion d’un prêt au musée de Mulhouse, la toile est assurée pour une valeur de... 50 millions de francs. Sa redécouverte est également liée à la nouvelle vogue que connaît Monet, dans le sillage des peintres expressionnistes abstraits américains.

A leur façon, les cambrioleurs qui, faisant irruption en 1985 au musée Marmottan, dérobent la toile, en même temps que huit autres, contribuent eux aussi à asseoir son mythe. Mais le doute n’est plus d’actualité. Pour la presse, c’est "le Monet le plus célèbre", son "chef-d’oeuvre". Retrouvé en 1990, après un rocambolesque périple qui l’aura mené du Japon à la Corse, Impression, soleil levant regagne ses cimaises. Depuis, il voyage dans les grandes expositions, de New York à Londres et Tokyo. En 2010, toutefois, il n’a pas parcouru les quelques kilomètres le séparant du Grand Palais pour la rétrospective Monet qu’y organisait le musée d’Orsay. Caprice de star.

Références


Sur la plage (1860), d’Eugène Boudin, "maître" de Monet.
© MUSÉE MARMOTTAN MONET, PARIS/THE BRIDGEMAN ART LIBRARY
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Monet, né en 1840, a grandi au Havre. Il y rencontre son "maître", Eugène Boudin. Le "roi des ciels" lui transmet le goût des effets subtils de la lumière. Et dans son sillage, aux côtés de Jongkind et de Courbet, il s’engage, dès les années 1860, dans une exploration inédite de la nature. A l’encontre des règles académiques, ces artistes posent leur chevalet en plein air, cherchant à capter l’instantanéité du paysage. C’est ainsi qu’en 1872 Monet peint une vue du port du Havre. Juste avant l’exposition de 1874, l’auteur du catalogue s’enquiert du titre de la marine. "Mettez Impression ", répond l’artiste. Sur les rivages normands aux reflets changeants naît une nouvelle école de peinture.

Soleil levant ou couchant ?


Au Havre, Monet peignit son chef-d’oeuvre à l’hôtel de l’Amirauté (au centre, en blanc, sur cette carte postale de 1900).
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Monet a peint cette vue du port du Havre, depuis l’hôtel de l’Amirauté, où il séjourne. Mais de quoi s’agit-il ? D’un soleil levant ou couchant ? Et en quelle année a-t-il été exécuté ? En 1872, comme indiqué à côté de sa signature, ou en 1873, comme d’autres l’ont plus tard affirmé ? Pour répondre à ces questions, les commissaires se sont entourés de scientifiques, dont l’astrophysicien Donald W. Olson, professeur à la Texas State University. L’emplacement de la scène a d’abord pu être localisé à partir d’archives photographiques, et les motifs identifiés. Sont venues ensuite l’analyse de la position du soleil et celle du niveau de marée (haute, ici), l’étude des rapports météorologiques et des horaires de l’écluse, ouverte, d’après la toile. Six dates ont été retenues : les 21 ou 22 janvier 1872, à 8h10 ; les 13 ou 15 novembre 1872, à 7h35 ; les 25 ou 26 janvier 1873, à 8h05. Mais, compte tenu du fait qu’un vent d’est souffle sur le tableau, la date inscrite par Monet, celle du 13 novembre 1872, à 7h35, est la plus probable. Un soleil levant, donc.

Les impressionnistes au musée Marmottan


Georges de Bellio a acquis la toile en 1878 (ici, vers 1865). ©REMUS NICOLESCU
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En 1938, les époux Donop de Monchy décident de donner leur collection au musée Marmottan. Victorine connaît bien cet hôtel particulier du VIe arrondissement, devenu un musée depuis qu’en 1934 son ancien propriétaire, Paul Marmottan, l’a légué à l’Académie des beaux-arts. Elle aime l’atmosphère de cette demeure d’amateur d’art, dans laquelle se côtoient tableaux flamands et mobilier Empire. 400 pièces viendront donc l’enrichir au lendemain de la guerre : des ivoires, des céramiques, et 11 toiles impressionnistes, les plus attendues. Cette donation incite Michel Monet, fils cadet du maître de Giverny, à léguer à son tour, en 1966, les oeuvres de son père restées en sa possession. L’institution rassemble ainsi la première collection au monde d’oeuvres de Monet.

Impression, soleil levant. L’histoire vraie du chef-d’oeuvre de Claude Monet. Musée Marmottan, Paris (XVIe). Catalogue, coédition musée Marmottan/Hazan..

Crédit : lexpress.fr

Philippe Sollers, à propos de « Soleil levant » et du Japon

Pour vous dire ma situation internationale, comme on dit, c’est très amusant parce que par exemple pour les Américains, je suis too french alors que pour les Japonais, à plusieurs reprises, c’est même pas assez français. Pourquoi ne serais-je pas français comme les Impressionnistes après tout sont français. Le drapeau japonais peint par Monet, c’est connu (rires), Soleil levant. Donc il y a ça..

Philippe Sollers
Dialogue avec Shizuko Abe

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1 Messages

  • Anwen | 1er septembre 2020 - 11:02 1

    Épisode de l’Exode et le drapeau du Japon
    C’est alors qu’en masse les Israélites quittèrent l’Egypte. Et c’est Myriam (ou Marie l’égyptienne devenue Moïse) qui conduit le mouvement. Ils étaient 600.000 d’après le Pentateuque ; 240.000 d’après Manéthon ; enfin 6.000 d’après Volney. C’est plus probable et c’est peut-être même encore exagéré. Si nous supprimons encore un zéro et mettons 600, nous serons peut-être plus près de la vérité.
    Le passage de la Mer Rouge que Myriam fit effectuer à ses compagnes à marée basse loin des côtes aurait fait périr les Égyptiens qui les poursuivaient, parce que, arrivant 5 ou 6 heures après et ne connaissant pas le passage, ils furent surpris et entraînés par la marée haute.
    A peine sur l’autre rive, en sûreté, un cri d’allégresse, de soulagement, s’échappe de la poitrine de ces femmes libérées et s’exhale en un chant poétique qui nous a été conservé. Ce chant commence par ces mots : « Je chanterai un cantique à l’Éternel, car il s’est hautement élevé, il a jeté dans la mer le cheval et celui qui le montait. Il ne s’agit donc pas d’une armée, mais d’un seul homme. Du reste, les Égyptiens n’avaient pas de cavalerie. La Mer Rouge s’appelait alors la mer de Suf ; on l’appelait aussi Madian. Elle prit le nom de Mer Rouge depuis cet événement parce que la couleur rouge était celle de l’étendard féministe.
    Le Dr Ebers, qui a écrit un ouvrage sur le Mont Sinaï, nous apprend que, dans une inscription antique, on désigne cette mer en ces termes : « les eaux du pays rouge ». Toute l’antiquité a dû connaître cet événement, car nous en trouvons le récit, sous forme de légende, dans l’Encyclopédie japonaise. Et parlant des Japonais, M. Cailleux dit : « Ces peuples reconnaissent un ancien législateur qui, venu de loin, leur donna les éléments de leur culte. Il se nommait Mousa, il avait pour emblème le soleil rayonnant qui est resté jusqu’aujourd’hui dans les armes du Japon. ».

    Voir en ligne : Chine et Japon