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Pourquoi j’ai été chinois (II)

Le voyage en Chine

D 15 septembre 2006     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


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Chine, 1974. Long-Men, temple bouddhiste

«  J’ai d’abord éprouvé pour la Chine une attirance physique. le taoïsme, mon système métaphysique préféré, est avant tout une expérience érotique : la disposition du corps chinois par rapport au langage et à l’écrit. » [1]

Et Gérard de Cortanze de préciser dans Philippe Sollers ou La volonté de bonheur : « Le taoïsme n’est pas une religion mais une respiration, une position, au sens où on l’entend dans l’érotisme. »

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Chine, 1974, La Cité interdite.


«  On ne le dira jamais assez : La Chine est aussi une expérience intérieure [...] ; une recomposition de l’espace et du temps, de l’audition et du geste, que notre civilisation planétaire, monomaniaque, affairiste, puritaine et morbide, ne peut que vouloir déformer et nier. »

(la Guerre du Goût)

Cité par Gérard de Cortanze
Philippe Sollers, ou La volonté de bonheur
Editions du Chêne, 2001
ainsi que les illustrations



Pendant la guerre, le jeune Philippe regarde un globe terrestre dans la bibliothèque paternelle :

«  C’est décidé : j’irai voir un jour ce qui se passe là-bas, derrière la sphère de bois peint, dans le jaune profond, en Chine. » (Studio, 1997)
 [2]

Et plus tard, l’adulte Philippe Sollers, dans Passion fixe (2000), regardant dans le rétroviseur a ces mots :

«  Pourquoi ces lectures intensives, cette passion pour tout ce qui touchait à la poésie, à la peinture et à l’histoire de cette civilisation, au moment même où elle semblait balayée sans retour ? ». C’est une question. Allons plus à fond. «  C’était le truc amusant à faire à l’époque », lit-on dans Portrait du joueur (1984) où l’auteur "fait" beaucoup dans l’autodérision.

Ca n’existe plus aujourd’hui ? Non Alors c’était quoi ? «  Ce serait asez long à t’expliquer. Et ennuyeux. Tu sais, j’avais une amie chinoise. Elle apprenait le chinois. Il y a des bouquins épatants à lire, ils ont une drôle de logique, les Chinois. Tu n’as jamais entendu parler de Sun Tse, des Treize articles sur l’art de la guerre ? »

(on trouve aussi dans Portrait du Joueur, une magnifique tirade citant tous les noms d’oiseaux et les motivations de son revirement littéraire spectaculaire avec la sortie de Femmes après sept ans de "Paradis" et de vaches maigres... On peut être écrivain et avoir des doutes humains sur la validité de ce que l’on a fait et se demander s’il n’y a pas d’autres moyens de défendre sa pensée avec plus de reconnaissance intellectuelle, sociale et matérielle. Contourner l’obstacle plutôt que se frapper la tête contre le mur sur lequel on bute. Nous reviendrons sur ce tournant capital dans son oeuvre. La publication de Femmes date de 1983.)



En 1974, c’est un autre tournant qui se négocie avec le voyage en Chine. La fêlure, que l’on peut dater de ce voyage cf. [3], dans une autre certitude, une autre utopie : la croyance en la capacité de la révolution maoïste à révolutionner les esprits et la pensée, à changer l’homme et l’organisation de la société de façon durable ! A réussir là, où les soviétiques avaient échoué.

Consultons à nouveau Gérard de Cortanze

« Du retour du voyage en Chine on ne veut retenir que le costume mao dont sont affublés les cinq voyageurs lors de leur descente d’avion à Orly, et la polémique qui s’en est suivie dans les colonnes du Monde, etc [...]. D’un côté on prend tout cela trop au sérieux [...] on ne veut pas voir le côté léger de la chose comme lorsque le petit groupe confie qu’il avait envisagé une rencontre au sommet Mao-Lacan ! [...) « sursaut maoïste romantique » [...) Philippe Sollers ne s’est jamais engagé dans la police politique chinoise ! On excluait, on se lançait des anathèmes. Grande vitalité à dépenser. Dérision. Dernier avatar des avant-gardes : dadaïsme, surréalisme, lettrisme, etc... [4]
[...]

Mais il y a plus important : dans un entretien donné à la revue Lire en mai 1998, Philippe Sollers, à qui l’on demande si traduire les poèmes de Mao était une manière de se libérer répond :

«  Il y eu Mao, certes, par provocation ; mais aussi un intérêt pour Ezra Pound, pour Claudel, pour le taoïsme, pour tout un système symbolique différent. Aujourd’hui encore, je ne peux pas écrire un livre sur le peintre De Kooning sans m’intéresser à la Chine ». Voilà l’essentiel. Ce dont il faudrait absolument parler. La Chine, c’est avant tout un certain rapport à la littérature et à la sexualité — les lectures, porte-fenêtre ouverte, face au bois de bambou ; la mappemonde qui tourne, couleurs broyées, en pleine furie guerrière. »

D’après Philippe Sollers ou La volonté de bonheur
par Gérard de Cortanze
Editions du Chêne, 2001



[1cité par Gérard Cortanze in Philippe Sollers, ou La volonté du bonheur, Editions du Chêne, 2001, p. 125.

[2Ibid p.121

[3Julia Kristeva, Les Samouraïs

[4L’épisode a coûté cher à Sollers, en crédibilité, jetant une ombre sur ses écrits présents et futurs

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