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L’Histoire splendide, de Guillaume Basquin

En exclusivité

D 20 mai 2020     A par Albert Gauvin - Guillaume Basquin - C 11 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


L’Histoire splendide : ce titre ne vous est plus tout à fait inconnu depuis qu’on a retrouvé une lettre du 16 avril 1874 dans laquelle Rimbaud faisait part à un communard exilé à Londres de son projet d’« entreprendre un ouvrage en livraisons, avec titre : L’Histoire splendide ». Sollers l’évoque dans un chapitre de son dernier roman Désir : « Il s’agi­rait "d’une série indéfinie de morceaux de bravoure historique, commençant à n’importe quelles annales ou fables ou souvenirs très anciens... d’une archéologie ultra-romanesque suivant le drame de l’histoire, du mysticisme de chic, roulant toutes controverses, du poème en prose à la mode d’ici, des habiletés de nou­velliste aux points obscurs..." » [1]. Le projet de Rimbaud n’a pas vu le jour. Nous sommes en 2020. Nouvelle surprise. Guillaume Basquin, auteur, en 2016, de (L)ivre de papier (roman, poème, chant) [2], mettant à profit le « CONfinement » (sic), a décidé de poursuivre l’ambition révolutionnaire de Rimbaud dans un work in progress sur lequel il travaille actuellement.

« ... pour répondre à votre invitation d’hier, m’écrit-il, j’ai choisi un extrait de 2 pages de mon livre en cours (la fin du premier chapitre), "L’Histoire splendide" ; si vous voulez bien le publier sur "Pileface", cela me ferait énormément plaisir. Normalement, la typo va varier pour chaque chapitre, à la façon "Carrousels" de Jacques Henric. La typo prévue pour ce premier chapitre est Times New Roman italique gras... »

Et bien voilà (premier état).

A.G.

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Alexandre Rodtchenko, Pur Rouge, 1921, 62.5×52.7cm.
Moscou, coll. privée. ZOOM : cliquer sur l’image.
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Fin du premier chapitre de L’Histoire splendide,
« Au commencement »
(impression prévue en Times New Roman italique gras)
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j’œuvre sans entreprendre dans le secret espoir d’un dérèglement de la durée — j’enseigne sans discourir — j’organise le délire — je lève le voile sur ce qui vous maintenait dans une demi-obscurité — je rends au lecteur sa liberté : plusieurs chemins de lecture légitime restent ouverts — il ne s’agit d’ailleurs pas d’un livre au sens habituel du terme mais plutôt d’un montage généralisé de l’histoire littéraire & de l’Histoire humaine tout court — je mâche les mots mésusés — je me garde d’intervenir dans le débat public & de lui-même le peuple se transforme — voyez :
dans le cadre de l’exposition 5x5=25 à Moscou en 1921 Alexandre Rodchenko expose un tableau nommé Pur rouge — ô Flotte rouge ! make it new with old stuff
les murs sont nos pinceaux — les places sont nos palettes ! — la toile de Tessil notre marbre ! — un héros du travail est un coup dur pour le bourgeois — agit-train — l’électricité + les Soviets ! — si l’ennemi ne se rend pas on le déterre
je suis fait de tout ce que j’ai vu : 6 personnages en quête d’auteur — puis immédiatement après 5 personnages à la faucille & au marteau — au Kremlin Staline se soucie de chacun de nous : telle est la morale de l’Esthétique réaliste-socialiste
en contrepoint une fabrique de lettres bourgeoises pour rire : Alma Luvia Pollabella
anarchopédie de formes volubiles — épicomédie de poche — livre isomorphique à sa composition — action writing !
je veux bien être pendu si je comprends un traître mot à ce roman !
mon chant ne conte pas un conte il ne chante que pour chanter — la fable ici est un simple régime de paroles & de fous & ce qui compte n’est pas le conte mais les détours les digressions — les accords & les désaccords — les venelles & les ruelles — les impasses & les culs-de-sac — les croisements & les carrefours — tout — le monde entier ses rebuts — vont dans cette embouchure du livre comme toute eau de pluie va à la mer & la mer n’en est pas pour autant changée ni ne déborde l’océan — la littérature est tout simplement du langage chargé de sens au plus haut degré possible
ce livre ne sera pas comme (L)ivre de papier composé de chapitres avec échafaudages rendus visibles mais de plateaux — ces plateaux auront des vitesses très différentes & seront composés de matières diverses — ce sera un tourbillon génial & archangélique : les fidèles seront récompensés
voyez (& lisez) : gnosis of precreate determination—agnosis of postcreate determinism : dis-cours par signes — jets d’urine — communication tactilo-olfactive — vocalises en ultrasons : Ecclesiastical and Celestial hierarchies—the ascending the descending—its Allothesis— écho-lalies — empreintes buccales — circuits magnétiques — écriture automatique — cadavre ex-quis — enfin tout sauf la bonne vieille écriture inclusive de la très progressiste République en marche — allons z’enfants de — la connerie !
le poème-en-moins devient pluriel dans une grande variété de lignes émotives :
o ômego de oméga : o hallahi oh alarido o caral avido o alarido do or (oçaño) o hallero do cor
kaléidoscope en état permanent de mutation — combinaisons inattendues entre dé-babélisation & babélisation du langage
réflexion pensémiotique : puisqu’on a fait passer ce fichier électronique Word dans une presse offset vous pouvez maintenant tenir ce volume entre vos mains — le papier imprimé seul — surtout s’il coûte cher — vérifie le texte : lieu de terreur — porte du ciel
rien d’autre
& ce rouleau dont j’ai fait une stèle — vision sur papier
polyparole
Front gauche de l’art
sera maison pour tous : chacun y pourra trouver pitance à son appétit & goût
tout y sera bon pour l’oreille & la cervelle — bonheur intégral — réminiscences d’un Paradis l’autre — journal de bord cosmique — essai florentin — disque vinyle 78t voué aux seules rayures divines
hourra dans les moissons
jaillissement de la parole
fantaisie baroque
contredanse
bagatelles
polyglossie
logophanie
toupie géante
azulejos lisibles
grande harmonie
travail avec orchestre
poésie épico-épiphanique
champ d’événements imprévus
groupe infini de parallélogrammes de forces
symphonie de mots en miniature
praxis intersémiologique
rotation anticyclonique
vertige cosmique
voyage sur place
konkrete text
ars nova
recombinaison totale de toute l’Histoire littéraire d’un écritoire l’autre
Amen illimité
rien ne reste inaccompli : sous le ciel tout est à nouveau naturellement en paix & à sa place comme Sirius
j’ai volé le feu — j’en ai fait provision : résurgence dans le présent dune figure de pathos : Prometheus or the Promise of Provision— transes d’espacetemps
un supplice chinois ce livre !
une disjonction de colonnes d’air comme chez Bartók
un glissement de surfaces phoniques : peripapetic periphery fur Mister Finnagain
ce qui inquiète le plus le chat c’est l’immobilité : je dois être un chat — chat réincarné temporairement en homme
je suis vieux — j’ai mon compte de jours
generations have trod have trod have trod & all is seared with trade
à la fin était le tribunal populaire d’Internet : no more elitism no more elite
mon écriture s’achemine à toute vitesse vers sa propre disparition par dissolution de mon moi d’auteur — mon esprit s’emparadise
le texte du multilivre — simple conjuration de signifiants — se dévide comme le serpent
les heures se rassemblent ceintes de robes multicolores
this work of mine : kick-off for new literature : look at it : look at this mess ! Dieu voit comme c’est bon
ici je ne cherche plus rien tout n’est plus que quiétude : je suis au but
le reste est touchant : j’y ai pleuré

Guillaume BASQUIN

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11 Messages

  • Albert Gauvin | 14 novembre 2022 - 22:28 1

    L’incurable présent et le feu du verbe, par Guillaume Basquin, écrivain

    « qu’est-ce qui fait 999 fois clic-clic & une fois clac me demande ma plus jeune fille Ninon ? le savez-vous ? non ? eh bien un mille-pattes avec une jambe de bois pardi ! »

    C’est entendu, cet homme-là est le diable, ou tout simplement un dément.

    Quel crédit en effet accorder à un individu capable de confondre un tableau de Malevitch avec un aéroplane volant ?

    On l’insulte, il insulte derechef, le verbe haut, la gorge chaude, les yeux brûlés, dans la belle tradition surréaliste-situationniste.

    On veut le terroriser, il réplique, atomise, monte à huit mille pieds.

    Il exerce une veille vigilante sur la façon dont le pouvoir politique instrumentalise la santé afin d’asseoir des lois liberticides, il ne cesse de renvoyer des liens, de chercher la petite bête dans le gros animal social, il n’est pas droit-de-l’hommiste au sens où vous l’entendez, il est insupportable.

    Voilà pourquoi il faut lire L’Histoire splendide, texte multiple, polyphonique, polymorphe, polylingue, en cing parties + un épilogue, titre dont on se souvient qu’il s’agit d’un projet de livre avorté d’Arthur Rimbaud : Au commencement (« était le foutre ») / Mille romans (Un chapitre que peut sauter quiconque n’a pas d’opinion personnelle sur le maniement des pensées) / Terreur (de la Révolution française par ses célibataires mêmes au fascisme sanitaire) / Entracte (Pourquoi j’écris de si bons livres) / Journal de CONfinement (Le présent est incurable) / Epilogue.

    LIRE LA SUITE


  • Albert Gauvin | 30 août 2022 - 17:53 2

    Lu sur facebook, de Claire F., ce post :

    Quel est le meilleur livre que j’ai lu au cours de cette année ? Non, un des plus remarquables ? « L’Histoire splendide », de Guillaume Basquin. – Qui est Basquin ? Un sniper.
    Je le dis avec d’autant moins de flagornerie que, suite à un différend, ce sniper m’a un jour publiquement vouée à je ne sais plus quel cercle de l’Enfer de Dante. Dirai-je que les esprits nobles ignorent le ressentiment ?
    Je ne ferai pas la chronique développée d’un livre qui cogne tous azimuts, rosse à coup de plume, passe à tabac tous les codes. Texte radical. Langue radicale. Ça « roule carré ». (Vous qui aimez la guimauve et les personnages qui font ci, qui font ça dans les rédactions de potaches, passez votre chemin.)
    Je dis seulement : Basquin est fou (un rien enragé), d’une intelligence redoutable, et doté d’une plume acérée. Il revendique une filiation avec Lautréamont qui ne le renierait pas. Basquin, c’est du gibier de potence asocial.
    N’empêche, ce fou tient de l’ange occupé à dérouler le ciel, dans le célèbre tableau de Giotto, à Padoue. En effet portée par un « mouvement spiralé dont le centre ne cesse de fuir », l’« Histoire splendide » (au titre rimbaldien) se présente en quatre longues parties suivies d’un épilogue, la deuxième étant un déroulé de 1000 aphorismes – inoxydables.
    791. « Une seule chose m’intéresse fondamentalement dans la littérature / & c’est le style – le style c’est de l’auditif pur / pas du visuel »
    816. « mon projet ? — Réanimer la totalité du langage
    839. « Je ne compose nullement un livre d’idées ou de prise de conscience / mais un volume de prise de vision ou de vue : clic-clac ! c’est dans le boîtier de mélancolie »
    844. « ah ! écrire en lignes brisées explosives — tout à fait volcaniques »
    866. « Que vaut un livre qui n’a pas la vertu de nous emporter par-delà tous les livres ? »
    907. « la pensée est un cœur qui bat »
    946. « au fond l’art n’est qu’un effort patient pour ne pas donner son consentement à l’ordre du monde tel qu’il va »
    980. « le roman doit être poésie de part en part : la poésie c’est l’impalpable coup d’aile dans l’roman »
    991. « tout artiste véritable est un déserteur »
    Aux aphorismes du franc-tireur qui manie la typographie en artiste, succède, non moins tranchée et marquée au coin des puissantes évidences, une réflexion sur l’Histoire, la Révolution française, la Terreur sanitaire qui nous fut infligée récemment (nous le sera encore quelque jour), la vie littéraire, l’art, le cinéma… Le tireur isolé entre dans toutes les maisons, aucune cible ne lui échappe.
    Tout ça, loin du tiède jus de crâne et du fragile baratin pour névrosés et transmachins qui, sans répit ailleurs, nous sont servis à la louche.
    Il évoque la mort d’André Chénier dont les dernières paroles furent, en désignant de l’index la tête qui allait tomber dans le panier : « Pourtant j’avais quelque chose là. » (Fouquier-Tinville lui répliqua : « La République n’a pas besoin de poètes »). – Basquin aussi a quelque chose là.
    Stop. Impossible de résumer le livre d’un maquisard qui dit « Je ne suis pas un auteur, mais un noteur » et qui a l’impudence de penser par lui-même, de s’exprimer dans une langue claire, frappée, jouissive, et qui se fout, se contrefout de la doxa, contre-doxa et tutti quanti.
    Basquin, écrivain de race, éditeur et pilote de ligne, commandant de bord. – Comme lui, ses livres volent de nuit. Ce sont des lucioles dansantes à des années-lumière de ce qui rampe dans le marigot éditorial.
    Guillaume Basquin, « L’Histoire splendide », Editions Tinbad, coll. Chant, 2022, 338 p., 23 euros. – J’ajoute que les objets-livres de ce bourreau du travail, éditeur perfectionniste, sont parmi les plus beaux du marché : esthétique de la couv. typo (tels ceux des éd du Canoë), qualité du papier et de l’impression.
    *

    Guillaume Basquin est un drôle d’énergumène. J’avais mis sur facebook le post suivant qu’il a très mal pris :

    Goulag - Une histoire soviétique.
    Alors que certains, véritables "possédés" (au sens que donnait à ce mot Dostoïevski), délirent sur une très hypothétique "âme russe", il faut faire un peu d’histoire, n’est-ce pas. Car celle du Goulag communiste stalinien, c’est aussi celle du XXe siècle. Et elle se prolonge aujourd’hui sous des formes nouvelles, malgré les dénégations et les révisions négationnistes. Elle a commencé avant le désastre nazi, elle se poursuit après. Le documentaire en trois parties de Patrick Rotman - que j’avais déjà mis en ligne en février 2020 - s’appuie, entre autres, sur des archives mises à jour par l’ONG Memorial que la justice russe a dissoute en décembre 2021, deux mois avant l’agression de la Russie contre l’Ukraine...

    Basquin, disais-je, l’a très mal pris. En bon "sniper" (je reprends le mot), faisant flèche de tout bois, il m’a renvoyé au "Great Reset", au "grand basculement" dont il est fort question aujourd’hui, et a décidé, non sans humour, de me me mettre "en prison" pour un mois comme... facebook - où le pire côtoie plus souvent le médiocre que le bon - aime à le faire avec les indésirables. C’est que, pour Basquin comme pour quelques-uns de ses afficionados, la guerre en Ukraine est la faute aux... Américains. Je suis le dernier à me faire des illusions sur la démocratie américaine et le pouvoir macronien (ne l’ai-je pas suffisamment dit ? N’ai-je pas suffisamment écrit sur le Gestell, le dispositif, sur Mabuse ?), mais ignorer la malfaisance spécifique du pouvoir russe me paraît quand même, comment dire, un peu léger ! Je n’ai rien à retirer de ce que je mettais en ligne dès le 21 février dans Retour de la guerre.
    Mais je suis finalement rassuré : comme j’avais "liké" le post de Claire F. sus-cité (je me renie rarement), Basquin, se souvenant sans doute que j’avais été le premier à publier un extrait de son Histoire splendide dès mai 2020 et fait une critique plutôt sympathique des derniers Cahiers de Tinbad, m’a fait part sur Messenger, amicalement je tiens à le préciser, de son nouveau projet : réécrire... Les Possédés, à la lumière de sa perception - mi visionnaire, mi complotiste - de la réalité mondiale actuelle. Comme Claire F., même si l’on m’agresse, je ne suis pas sujet au ressentiment (plutôt à l’éclat de rire, voire au fou-rire), j’attends donc impatiemment la suite. A bon entendeur, salut !

    PS : je précise que je ne rapporte là que des propos publics, à l’exception de tel message privé auquel je fais allusion et dont je ne rapporterai pas le contenu complet, plutôt émouvant d’ailleurs.


  • Albert Gauvin | 14 août 2022 - 10:03 3

    Traver­sée

    C’est à une tra­ver­sée que nous convie Guillaume Bas­quin, avec L’Histoire splen­dide, dont j’ai par­tagé la com­pa­gnie à la fois esthétique et fac­tuelle une par­tie de l’été. Ce livre prend racine dans les années de confi­ne­ment, que nous avons tous subies, et qui tout compte fait laissent inter­ro­ga­teur (que l’on soit com­plo­tiste ou non).
    Et même si l’ouvrage est par nature un livre de cir­cons­tance, le lec­teur ne s’arrête pas avec exac­ti­tude aux faits tant la pen­sée du texte se montre à lui. Il s’agit davan­tage d’un livre sur la poli­tique, sur l’art d’écrire et sur une forme de rébel­lion dont la colère n’est pas loin, acti­vant de la pen­sée, n’évitant pas les confi­dences impor­tantes, et dont la forme est en un sens une vraie aven­ture littéraire.

    Plai­sir double donc, recherche de la beauté et inté­rêt pour l’intellection, grâce à un art de la pro­so­die, qui revient tout sim­ple­ment au goût par­tagé de la langue. Du reste, cela faci­lite la com­pré­hen­sion de ce voyage dans le domaine des idées, de la chose poli­tique, de la croyance, de l’homme en géné­ral. Il y a plai­sir à s’étonner, à phi­lo­so­pher un ins­tant avec l’auteur.
    Cette his­toire splen­dide est avant tout une his­toire de rela­tion, donc un texte qui dit et qui lie. Car cette des­crip­tion du confi­ne­ment lié au Covid 19 — dont on ne connaît tou­jours pas aujourd’hui les limites ni le degré de mor­bi­dité -, ici base de l’énonciation, serait sans effet si la force de l’écriture ne nous invi­tait pas à une espèce de hors-champ du livre, dans ce qu’il tait — ou qu’il sou­ligne a pos­te­riori.

    Quant à moi, ce que j’aime dans la lec­ture, c’est aper­ce­voir l’écrivain, sa vérité — qui rend le style tri­bu­taire du tem­pé­ra­ment de celui qui écrit. Par­fois, appa­raît donc Guillaume Bas­quin. Son tra­vail de pilote, son goût pour l’Île de Ré, son humeur, sa culture qui en passe beau­coup par la musique ou le cinéma.

    j’écris parce que je n’ai pas trouvé d’autre moyen pour me débar­ras­ser de mes pen­sées — bonnes ou mau­vaises — le chant seul décharge l’individu d’une déme­sure quel­conque — entende qui a des oreilles !

    Pour résu­mer le déroulé com­plexe de ce recueil de frag­ments — où l’on devine une ten­dance très contem­po­raine pour les éclats et les impres­sions de cut — sans amoin­drir le pro­grès (work in pro­gress ?) de cette espèce de jour­nal, je dirais que nous avons affaire à un écri­vain en son miroir, mais nul­le­ment devant son image nar­cis­sique.
    Plu­tôt devant des frac­tures, des bouts, des cor­pus­cules de textes, des angles, des divi­sions, qui pour­raient cor­res­pondre aux morceaux d’un miroir brisé lequel, pour finir, per­met­trait la construc­tion d’une œuvre par bouts, par extraits, par reflets aléa­toires dans un miroir en pièce. Ici un livre-miroir, un livre éclaté, tou­chant à dif­fé­rentes notions, thèmes, ins­pi­ra­tions. Ce qui unit, c’est la pen­sée qui ne cesse de se mani­fes­ter et de pro­duire du texte.

    écrire par mon­tage / c’est comme tenir dans sa main deux pierres de silex & les frot­ter l’une contre l’autre sans cesse — que d’incendies alors ! — feux sol-air

    J’ajoute que j’ai trouvé dans ce recueil de bri­sures un idéa­lisme phi­lo­so­phique, un idéa­lisme méta­phy­sique devrais-je mieux dire. L’auteur fait confiance au livre, ne le livre pas au soup­çon, et dès lors, donne confiance en lui.
    Capa­cité du lan­gage à sau­ver, à ne pas tra­hir l’homme dans l’homme, à véhi­cu­ler une haute idée de la lit­té­ra­ture, à croire en son pou­voir performatif.

    L’entre­prise de G. Bas­quin est d’étoffer le monde grâce au texte, lequel per­met d’agrandir et d’engendrer une réa­lité, sorte de conscience — chère à Teil­hard de Char­din — et de foi dans l’intelligence, dans l’art tout bon­ne­ment. L’on peut se confier, l’on peut décrire et démon­trer, tout cela reste le pou­voir de l’écrit.

    dans mon appa­rente dérive aléa­toire je suis sou­mis aux bal­lot­te­ments & aux rou­le­ments des nuages je cherche le pas­sage je trouve le par­cours le plus bref le rac­courci : je passe (& ne tré­passe pas) tra­verse per­fore trans­perce trouve la faille la fente : les silences & les blancs de la lec­ture sépa­rant les mots appa­rem­ment col­lés les uns aux autres dans une écri­ture com­pact’ : le Kai­ros est avec moi

    En matière musi­cale, je crois que l’on va de réci­ta­tifs en arias, peut-être vers une forme écrite d’un sprech­ge­sang tout à fait harmonieux, légè­re­ment fluide, éthéré par­fois, œuvre dodé­ca­pho­nique peut-être ? Ce qui ne nuit nul­le­ment à l’hétérogénéité, aux dif­fé­rentes phases qui se suc­cèdent et font une par­ti­tion cho­rale.
    Cette expres­sion demeure ori­gi­nale, et m’a beau­coup tou­ché, m’a concerné (même si je n’aime pas trop ce mot, mais ici il est indis­pen­sable pour carac­té­ri­ser ce que j’ai ressenti).

    je suis toutes les formes à la fois : musi­cale peinte ciné­ma­to­gra­phiée com­po­sée mon­tée sculp­tée & enfin cal­li­gra­phiée : c’est une suite de minus­cules poèmes où les mots se touchent & s’é c a r t e n t

    L’image du poète — ou peut-être l’imagination poé­tique de l’écrivain, son por­trait -, se défi­nit et se conçoit dans un champ ver­bal, champ ver­bal qui a son hors champ bien sûr, nous condui­sant aux idées. Est-ce là socra­tique ?
    Je le pense, car ce qui prime dans la repré­sen­ta­tion du sujet c’est sa défi­ni­tion dans le monde éter­nel des objets.

    J’ai lu ce livre à l’écriture épique, comme un poème de la rela­tion, objet néces­si­tant un sujet pour le jus­ti­fier, donc abso­lu­ment pas d’un point de vue maté­ria­liste. Et s’il faut que la lit­té­ra­ture s’adosse à un concept, je choi­si­rais l’idea capable de mon­trer la vérité. Pour conclure j’ajouterai que de cette His­toire splen­dide il reste une clarté du pro­pos qui montre par trans­pa­rence par exemple, la rhi­no­cé­rite venue de Rhi­no­cé­ros, la pièce d’Eugène Ionesco, ou sinon l’idée mar­quante d’une odys­sée joy­cienne qui ne veut s’achever, ayant une rela­tion avec les grands textes (Homère, La Bible…), de l’acabit d’un récit infini, comme le temps qui ne cesse de pas­ser.
    Et ici, c’est plus l’angoisse de l’enrôlement, de la conta­mi­na­tion des idées fas­cistes — notre monde poli­tique baigne bel et bien dans ce jus noi­râtre -, et aussi du monde méta­pho­rique de la peur poli­tique (que l’on soit conspi­ra­tion­niste ou non), qui retiennent sou­vent le souffle du liseur, de son tra­vail, de sa puis­sance face à lui-même. L’ouvrage donne puissance.

    Quittons-nous sur cette der­nière cita­tion de l’auteur :

    ces pages ne sont cen­trales que si l’on retient la notion de volume sphé­rique tour­nant autour d’un point absent — cette convic­tion seule est à même de tenir un tel centre pour indé­fi­ni­ment déplacé & non seule­ment déplacé mais encore emporté dans le grand mou­ve­ment cos­mique inter­stel­laire lui-même : ô stella stellae !

    didier ayres, le 12 août 2022.


  • Albert Gauvin | 15 mai 2022 - 11:55 4

    Un épique chant anti-confinement

    par Steven Sampson

    L’Histoire splendide, de Guillaume Basquin, s’inscrivant dans la tradition des textes prophétiques, se livre à une dénonciation de la cité, personnifiée ici par Emmanuel Macron, fustigé à cause de sa politique sanitaire.

    La haine peut-elle engendrer le beau ? Maldoror dit : «  Lecteur, c’est peut-être la haine que tu veux que j’invoque dans le commencement de cet ouvrage ! » Lautréamont débute donc en signalant le « museau hideux » et les « rouges émanations » du lecteur ; chez Guillaume Basquin, les émissions sont matérielles : « au commencement était le foutre ! que diable ! & le foutre était en l’hom’ ! comment ça le foutre ! le sperme ? oui ! ». Quel commencement hard ! C’est normal : Basquin a attendu six ans depuis son précédent livre avant de s’ériger en romancier, une attente infernale, si on réfléchit sur la valeur du chiffre six (ici la numérologie compte).

    Qu’est-ce qui a fait décoller cet homme polyvalent – pilote de ligne à Air France ; éditeur de la revue Les Cahiers de Tinbad ; directeur d’une maison d’édition portant, elle aussi, un nom renvoyant au Tinbad the tailor de Joyce ; collaborateur de nombreuses revues ; et, surtout, poète –, le poussant à s’épandre dans un format expansif ? En un mot, c’est le confinement. Être cloué au sol à Paris intra-muros, incarcéré entre ses propres murs, a fait flipper pas mal d’esprits au printemps 2020. L’épreuve était d’autant plus insupportable pour les navigants, ces cosmopolites itinérants, habitués à se moquer des frontières, sauf de celle séparant la troposphère de la stratosphère.

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    Vue de Paris © Jean-Luc Bertini

    Basquin a dû s’adapter à son éloignement du firmament : au lieu de côtoyer les nuages, de voir les cieux de près, il s’est rabattu sur l’ouïe, afin d’entendre la voix venant d’en haut, celle de « Yhwh ». La transcription hébraïsante en dit long sur ses ambitions d’intégrer le canon, candidature renforcée par la division du texte en cinq parties, à l’instar du Pentateuque : « Au Commencement », « Mille Romans », « Terreur », « Entracte » et « Journal De CONfinement ».

    L’Ancien Testament garde-t-il sa pertinence ? C’est le socle du testament d’après, il prépare l’éruption de l’équivalence phallus = parole, foutre = verbe, une identité qui « coule de source  ». Le poète se trouve à ladite source, il prend le monde sous sa langue, l’exposant dans un volume intitulé L’Histoire splendide. La petite rondelle qu’est l’hostie sert-elle de modèle ? Non : l’auteur a déjà expérimenté cette forme avec (L)ivre du papier (2016), donc il se contente maintenant d’une figure différente, la roue carrée, adaptation de l’archétype précédent. C’est dire combien un texte se constitue à partir du tissage génétique des aïeux, la semence primordiale. Dont celle même de l’auteur : l’auto-génération.

    Kundera prétend qu’un roman transmet une vision implicite de l’histoire du roman. Basquin l’explicite : « Le roman-roman tel que le conçoivent la quasi-totalité de mes confrères […] est un genre moribond & usé par les redites – sans intérêt pour moi – fi de l’intrigue traditionnelle ! – il faut plutôt concentrer le pinceau sur un seul personnage important : moi-même ». Dans Corpus Rothi II, essai sur Philip Roth, j’avais appelé ce schéma « monofiction » (monothéisme ?) : l’œuvre construite autour d’un unique personnage prophétique. Peu importe les « masques » qu’il revêt, l’intérêt réside dans son rapport à ses fidèles et à soi en tant qu’incarnation du Verbe.

    L’Histoire splendide se positionne vis-à-vis des prophéties antérieures : « Voici l’histoire de Guillaume : dans (L)ivre de papier livre deutérocanonique je m’installai avec l’intention méritoire de me refaire l’esprit au contact d’autres esprits cela personne ne l’a vraiment compris à 3 ou 4 exceptions près… » Être un oracle, c’est braver l’incompréhension, en suivant le sillage des patriarches, tel le créateur de Paradis  : « la machine de guerre textuelle implique le dégagement d’un nouveau vecteur vitesse-verbale & c’est l’écriture percurrente pour la première fois théorisée par Philippe Joyaux dit Philippe Sollers en son Paradis I & 2… ».

    « Vecteur vitesse-verbale » : allitération alléchante ! Elle explique l’esthétique de Basquin, la rage, l’empressement, le vertige. Rien n’est à inventer, il est simplement question de ranimer le monde endormi : « Les cloisons & les divisions ? foutre ! – je n’admets plus que les multiplications : Le Livre des Passages x Femmes x Paradis x (L)ivre de papier – y a-t-il d’autres influences ? ma foi non : tout y est déjà inscrit en creux / y a plus qu’à fouiller / déterrer / déplacer & développer. » Développer, ça implique apprendre et répéter, en ayant recours à l’écriture automatique, à une « longue suite d’onomatopées ». Basquin cherche à déconstruire les mots, pour en trouver les composants de base : «  ma lalangue contrairement à la novlangue ne passera pas tralala ! » À partir de cet idiome intime, il va bâtir un «  delldale », un « babelivre », un « globe hiéroglyphique ». Pour lui, comme pour Hölderlin, tout se résume au rythme : celui-ci, depuis Joyce, appartient à la prose. Pourquoi ne pas s’inspirer de Werner Nekes, cinéaste allemand et inventeur de la notion de kinème, l’équivalent du phonème en linguistique ? C’est la voie royale vers le ciel.

    On réalise l’ascension par l’intermédiaire de la Vierge Marie, assimilée à un «  ascenseur / trou dans l’univers ! sortie / point de fuite ! ». Un trou sublime ne supporte aucune obstruction, donc Basquin s’interdit la ponctuation, outil profane : « Pourquoi exiger / mon lecteur / dans ce volume tout à fait céleste virgules points-virgules & autres signaux annonciateurs de ralentissement de la lecture ? » Cela n’empêche pas que le deuxième chapitre, « Mille Romans » (un clin d’œil à Deleuze et Guattari), soit divisé en autant de paragraphes, histoire de laisser au lecteur le temps d’intégrer de denses paradoxes, de prendre sa respiration.

    À la fin, on en aura besoin. « Journal De CONfinement », ultime chapitre, est une tirade contre la politique sanitaire du gouvernement, responsable de la « peste » actuelle, reliée par l’auteur à celle des temps bibliques. Citant Fabrice Hadjadj, il affirme que, dans le Livre de Samuel, elle a été déclenchée par le roi David en vue d’un dénombrement de la population : « David est puni d’avoir réduit son peuple à des chiffres manipulables  ». Ah, comme elle a bon dos, la « Volonté de Technique » ! Si justifiée que soit cette méfiance à l’égard de la science, on ne suit pas forcément les arguments de l’auteur sur le port du masque, l’incarcération volontaire ou le professeur Raoult. Sans doute ces prises de position extrêmes dynamisent-elles la verve de Basquin : c’est grisant de croire qu’il y a un sens à l’Histoire. Une telle croyance peut engendrer – pardi ! – de très belles formules. Mais, lorsqu’on s’aventure sur le terrain de la santé publique, la haine ne suffit pas pour démentir ; on a beau conspuer Oliver Véran, jusqu’à preuve du contraire il faut lui accorder le bénéfice du doute, le souci d’éviter des conséquences mortelles.

    Que le terme « religion » vienne de « relire » ou de « relier » (querelle philologique), son étymologie convient à Basquin, grand lecteur de « Dante Sade Rimbaud Lautréamont Mallarmé Pound Joyce Sollers Haroldo de Campos : ça vous va messieurs ? ». Liées par des relectures et par le fil conducteur d’une métaphore magnifique (selon l’auteur, chaque poète désire écrire son propre Livre de la Genèse), ces pages confirment l’auto-proclamation : «  ce livre est du soleil-langage enfermé dans un volume qui est un dé-tambour ». Heureusement, l’auteur n’a pas suivi l’exemple de Rimbaud, pour qui, selon Sollers, L’Histoire splendide fut le titre d’un projet de livre abandonné. Basquin, lui, a achevé son ouvrage, pour survivre en temps de peste, et continuer – on l’espère ! – à pester.

    En attendant Nadeau, 11 mai 2022.


  • Albert Gauvin | 3 mai 2022 - 19:40 5

    Ajouter au désordre du monde

    « Je voudrais entreprendre un ouvrage en livraisons, avec titre L’Histoire splendide », écrivait Arthur Rimbaud, le 16 avril 1874, depuis Londres, à l’éditeur Jules Andrieu. Mais le poète n’ayant jamais mené à bien ce projet, c’est ce même titre qu’a choisi d’adopter aujourd’hui Guillaume Basquin pour son nouveau livre. Celui-ci, divisé en cinq parties d’inégale longueur, adopte une ponctuation minimale et se veut une sorte de Bible en état d’ébriété ; plagiant et pastichant à tout va...


    Les lettres françaises, avril 2022.
    ZOOM : cliquer sur l’image.
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  • Albert Gauvin | 19 avril 2022 - 17:39 6

    Pascal Payen-Appenzeller reçoit : Guillaume Basquin, écrivain, éditeur, pilote de ligne.

    Thème : “Un écrivain à l’aventure”. RC, 15 avril 2022.

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  • Albert Gauvin | 2 avril 2022 - 13:09 7

    Les pages que nous propose Guillaume Basquin sont assez éloignées de la quantité pléthorique de roman dont les maisons d’édition nous accablent, surtout à la rentrée d’automne. Leur nombre augmente d’année en année et leur qualité, elle, a tendance à décroître.


    Gérard-Georges Lemaire, 31 mars 2022.
    ZOOM : cliquer sur l’image.
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  • Albert Gauvin | 21 mars 2022 - 11:56 8

    L’écrit fait masse

    Sous l’égide impli­cite de Sol­lers qui fait men­tion d’un pro­jet aban­donné par Rim­baud où celui-ci aurait écrit “la véritable His­toire, lit­té­ra­le­ment et dans tous les sens”, Guillaume Bas­quin sai­sit la balle au bond pour créer un livre masse dont il défi­nit le programme : “racon­ter de façon la plus poly­pho­nique qui soit les des­seins réels de l’Histoire”.
    Et ce, sur plus de qua­rante siècles jusqu’à l’accident glo­bal du Covid. Cet “inci­dent” tient plus de 80 pages finales dans ce cor­pus conçu en 5 épisodes.

    Le livre prouve com­bien il est temps de lever la voix et le voile et com­ment le faire. La part la plus impor­tante de livre est titrée “mille romans”. Elle ras­semble un cor­pus majeurs de 1000 seg­ments. Ils intro­duisent de la pen­sée dans la litté­ra­ture post­moderne qui en manque cruel­le­ment.
    De même que le “Au com­men­ce­ment” qui ouvre le livre dans un texte confes­sion magis­tral qui n’est pas sans rap­pe­ler le “paradis” de Sollers.

    En libre par­cours entre fic­tion et ima­gi­naire, Bas­quin écrit pour rat­tra­per ce qui lui échappe. Il fait de son livre comme le demande Nova­rina “un exer­cice d’idiotie”. Le tout pro­gram­mée par une intel­li­gence et un savoir qu’il s’agit de jeter aux orties afin que le texte devienne un champ d’action de force vive.
    Se retrouvent le fami­lier et l’étrange, la force des choses et le hasard, la rue et l’art, la douche et le bron­zage. Bref, le texte devient de la médi­ta­tion phi­lo­so­phique et de la fic­tion poé­tique. L’auteur y émet des pro­lé­go­mènes face aux conne­ries aux morts et devant les son­ne­ries aux morts.

    Mais, quoiqu’en dise Bas­quin, ses “conci­lia­bules” ne se limitent pas à exor­ci­ser ses propres cau­che­mars. Il y va de la vie du monde et de ses ava­tars là où l’écriture détourne ou dis­suade de toute assise. La seule issue reste d’écrire en por­tant à faux et en empor­tant la pos­si­bi­lité du fon­da­men­tal.
    Car ce qui est trahi par l’écriture, c’est l’écriture même — flèche visant le vide, tom­bant tou­jours trop tôt ou trop tard. Mais qui per­met à tout dis­cours de se poursuivre.

    jean-paul gavard-perret, lelitteraire.com.


  • Albert Gauvin | 8 mars 2022 - 11:08 9

    Un livre pour enfants du XXI° siècle. Comme James Joyce inscrivait Lucia dans son sillage, Guillaume Basquin dédie son thésaurus à « l’élue souveraine et à ses enfants ». Dans la dernière longueur du Finnegans Wake, Joyce écrivait : « Carry me along, taddy, like you done through the toy fair ! » Et Basquin, en introduction (p. 39) de L’Histoire splendide : « qu’est-ce qui fait 999 fois clic-clic & une fois clac me demande ma plus jeune fille Ninon ? » Naissance par l’oreille.
    Mais depuis 1939, l’Histoire s’est encore enrichie, ou alourdie, ou fumée d’actes et de formules politiques, scientifiques, littéraires. De drames. Un sens ? Ce n’est pas certain. S’est déposée en tout cas une masse d’expériences, jusqu’à celle des fake news et du Coronavirus. Alors se pose à nouveau la question des livres et du Livre (Guillaume Basquin est l’auteur du (L)ivre de papier, paru en 2016).
    Mallarmé, dans une « époque de transition », mettait à l’abri dans le Livre ses poèmes qu’il retirait de la circulation générale ; pour Anatole son fils il mettait en chantier un Tombeau. Et Guillaume L. Basquin, fils de Marc ? Il dépose composés dans L’Histoire splendide (titre emprunté à Rimbaud annonçant un projet de feuilleton) cinq « livres » et un épilogue, chacun ayant sa tonalité particulière. Quand vous en êtes à la question du livre (nous y sommes, et aussi, crucialement aujourd’hui, quant à l’avenir de l’édition), deux voies semblent s’offrir, celle de l’épure et celle du thésaurus. Basquin a opté pour le livre-somme, la compilation, où son tempérament libertaire fait feu de toutes boissons (avec deux millésimes de choix : la Terreur révolutionnaire et la crise du Coronavirus). S’isole-t-il ? Page 142 : «  l’île est comme un tapis de terre volant en silence – mais où atterrir ? »
    L’ouvrage de Guillaume Basquin procède par montage de « coupes ». La coupe est pleine ? Souhaite-t-il parfois qu’elle soit de lui éloignée comme le demanda le Christ ? Nous sommes souvent emportés par sa verve, à quelques moments peut nous prendre le sentiment de contempler un champ de ruines plus que l’hourra (Hopkins) des moissonneurs.

    Sitaudis, 8 mars 2022.


  • Albert Gauvin | 19 décembre 2021 - 16:57 10

    Voici un nouvel extrait de L’Histoire splendide à paraître aux éditions Tinbad en mars 2022. C’est la fin du chapitre 3, « Terreur ». L’Histoire splendide est une fiction (roman ? poème en prose ?) parsemée de thèses, comme telles discutables, mais qu’on ne saurait lire en faisant abstraction de leur trame formelle. Il faudra en démêler l’écheveau (à tous les sens de ce mot : cf. écheveau). J’essaierai de le faire à la sortie du livre.

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    « Terreur »
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    le covidisme est un fascisme comme un autre — covidisme/islamisme  : même combat  : si on laisse pousser le moindre brin de l’un / très vite il occupe tout l’espace social / & l’extirper devient vite mission presque impossible — & d’ailleurs / comme le nazisme / il cultive sa langue avec des éléments toxiques  : #gestesbarrières #distanciationsociale #jerestechezmoi #jesauvedesvies etc. — les mots peuvent être comme de minuscules doses d’arsenic  : on les avale sans y prendre garde / ils semblent ne faire aucun effet / & voilà qu’après quelque temps l’effet toxique se fait sentir  : destruction de l’ancienne société  ! leur bruit se fait entendre partout  : il n’est plus de repos sur cette triste terre hors la Suède  !

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    le vrai fascisme/ disait Roland Barthes / n’est pas d’interdire de dire / mais de forcer à dire — dans la crise du covid-19 / pour être un bon citoyen / il faut afficher publiquement qu’on reconnaît la Terreur / via entre autres le port du masque

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    le covidisme est la nouvelle religion de l’An 2020 — et sa radicalisation intolérante (rejet des non-croyants) est la Nouvelle Saint-Barthélemy  : on ne tue plus les Protestants / mais on veut exclure les covido-sceptiques de la société / c’est-à-dire les tuer socialement

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    pas de plus belle mascarade que cette panique mondiale / que cette union sacrée dans la panique — la communauté internationale devenue hectique & épilectique sous le signe du virus de la terreur & de la terreur du virus  : qui refuse le vaccin à ARNm contre le covid-19 / celui-là sera fiché et tatoué

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    en décembre 2020 / un premier mien ami a tenté de se suicider à cause / semble-t-il / de l’horizon totalement bouché par la Terreur sanitaire

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    il y a vraiment un côté Apocalypse dans cette focalisation diabolique sur le masque-muselière en fRance  : Moi / je suis l’Alpha et l’Oméga / dit le Seigneur-Masque / Celui qui est & qui vient / le Remède-(impuissant)-sur-tout  :

    MAINTENANT JE T’INTERDIS DE SORTIR
    MAINTENANT TU NE PEUX PLUS SORTIR SANS MASQUE
    MAINTENANT TU N’AS PLUS BESOIN DE SORTIR
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    la paranoïa est une pathologie contagieuse / qui érode les liens traditionnels pour soumettre les psychismes à de nouveaux liens / ceux de l’idéologie (par exemple / le covidisme)

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    la Covid-19 est une maladie politique — la première de l’Histoire — telle est sa réelle nouveauté (en plus d’être / peut-être / je dis bien  : peut-être / la première bombe génétique — je dédie cette pensée à Paul Virilio)

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    en 2021 il s’agit de choisir entre la soumission au fascisme sanitaire et la dignité — faites vos jeux  !

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    ma réponse au paSS sanitaire  : cet hameçon grossier fut saisi avec tout l’emportement que ses promoteurs en pussent donner

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    les Covidistes radicaux  : la fureur & le déraisonnement le plus inepte était leur réplique / & cette ivresse était telle qu’à qui n’en a pas été témoin / elle est & sera entièrement incroyable — telle est la principale raison d’existence de ce livre

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    le fascisme est une doctrine qu’on approuve ou combat — la bêtise n’en est pas une

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    oh  ! sans doute le mot de liberté ne sera pas rayé du dictionnaire — mais il ne manquera pas de sophistes pour établir que / la collectivité covidiste ayant établi une fois pour toutes le Bien et le Mal / est libre qui obéit & esclave qui lui résiste

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    la terreur covidiste ‘made in France’ est l’héritière directe de la Terreur révolutionnaire de 93 — je dois cette pensée à Pascal Boulanger

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    il semble ne plus rester que la Terreur pour nous obliger à penser qu’il se passe encore quelque chose — & voilà pourquoi la Covid-19 a tant occupé les pages des médias  : la Terreur sanitaire est le dernier combat entre les hommes  :

    WAR IS PEACE
    FREEDOM IS SLAVERY
    MASK IS FREEDOM
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    Crédit : Bibliothèque turbulente, 19 décembre 2021


  • Albert Gauvin | 28 septembre 2020 - 21:20 11

    Un nouvel extrait inédit du premier chapitre du prochain livre de Guillaume Basquin. LIRE ICI.