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Une Saison - Horizons suspendus

Marcelin Pleynet, Dominique Labauvie (exclusivité)

D 25 avril 2020     A par Albert Gauvin - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook



POÉSIE ET SCULPTURE
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« Quand l’oeuvre d’art en elle-même se dresse alors
s’ouvre un Monde dont elle maintient le règne. »
M. Heidegger, « L’origine de l’oeuvre d’art ».

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Bois gravé de Dominique Labauvie.
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Ligne musicale dans la main, dans la bouche, dans
l’oreille, dans le palais, dans la nef, sous les cintres,
à l’arc de la voûte : la voix.

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Poésie et sculpture : le même.
Penser et sculpter : le même.

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Art : en grec « tekhnê ». L’ Art est la vertu
de l’intelligence poétique.

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Poésie et sculpture : ce qu’il faut penser... en grec.

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Il faut attraper la note.

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Poiêsis de poiein : faire, créer, produire en parlant
de l’homme — tirer en avant, faire naître, semer
une pensée dans l’âme : « Ah ! qu’un dieu veuille
donc agir si bien en vos cœurs que vous teniez
vous-mêmes fermement et sachiez donner pareil ordre
aux autres.
 » (Iliade, XIII, 55.)

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Bois gravé de Dominique Labauvie.
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Poiein : exécuter, confectionner, exécuter, bâtir.
Bâtir une demeure pour chacun des dieux :
« Et, quand enfin est couché le brillant éclat du soleil,
désireux de dormir, chacun rentre chez soi, au logis
que lui a construit l’illustre Héphaïstos, aux savants
pensers.
 » (Iliade, I, 608.)

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Poésie et sculpture : le même. Se souvenir
qu’Héphaïstos est le dieu du feu, l’artiste inventeur
à qui aucun miracle technique n’est impossible ; qu’il
est également le dieu des métaux et de la métallurgie,
le créateur de l’art du fer forgé.

« Il n’existe aucun art (tekhnê) qui ne soit une
disposition à produire (poietiké) accompagnée
de règle, ni aucune disposition à produire (poietiké)
qui ne soit un art (tekhnê) *. »

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Forger, dessiner, graver, sculpter, traverser la voix.

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* Aristote, Ethique à Nicomaque.

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Le Chou wen dit : « L’art est fait de limite,
il ressemble aux chemins qui limitent les champs. »

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La limite, la ligne, le chemin établit et ouvre le champ.

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La limite a disposition à produire la présence
de l’espace, comme présence, accueil illimité de
l’ouvert là.

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« Projeter et dessiner dans l’espace à l’aide
de nouvelles méthodes, utiliser cet espace et s’en
servir pour construire comme si l’on avait affaire
à un matériaux d’acquisition récente*. »

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* J. Gonzalez, « Picasso sculpteur et les cathédrales ».

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La sculpture ouvre la voix comme elle ouvre le champ.

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L’invisible ouvre la vue et construit le regard.

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« A présent c’est Giotto qui a le cri. »

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L’air est vivant, il forge la ligne, la fleur, « l’absente
de tout bouquet ».

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La ligne forge les invisibles liens atmosphériques
qui nous rattachent à l’horizon.

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diségno : dessin et dessein.

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diségno d’una città a volo d’uccèllo : l’espace libre du temps.

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Etre le là.

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Forger, bâtir une demeure, une parole pour
y demeurer dans le ciel.

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Ce qui s’élève repose sur la terre.

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Dans le souterrain, la voûte s’élève, repose sur
la terre : vous y êtes.

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« Comme dans l’inquiétude de la nuit, les étoiles
nous indiquent des points d’espoir dans le ciel...
ce sont ces points dans l’infini qui ont été les
précurseurs de cet art nouveau : Dessiner dans l’espace *. »

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* J. Gonzalez, op. cit.

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Bois gravé de Dominique Labauvie.
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Même dans la maison, lorsqu’ils écoutent et traversent
les jours qui ont un véritable prix pour les habitants
de la terre, le ciel est constellé dans son mouvement.

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« In the room the women come and go
Talking of Michelangelo *. »

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Que dit la sculpture ? Que l’infini est toujours
là et que la beauté tremble pour nous.

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« Désir de ramener les I multiples à un I unique
à l’infini **. »

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Les sensations aussi et l’air présent insaisissable.

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* T.S. Eliot, « The Love Song of J. Alfred Prufrock ».
« Dans la pièce les femmes vont et viennent
En parlant de Michelangelo. »

** A. Giacometti, Ecrits.

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« Faire en sorte que la sculpture soit comme une
saison qu’on traverse*. »

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Couleur, ligne d’or dans la forge : la vérité
assourdissante de l’autre côté de la maison qu’un
rayon ensoleillé traverse. Et le paysage tout autour
résonne. Il résonne, il trame dans la raison. Devant
nous, autour de nous, devant nous et derrière nous,
l’air est grave, gravé, sculpté dans l’air qu’un regard
traverse d’une ligne à l’autre soudé.

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« Devrait-ce donc pas aussi entrer en compte ce petit
instant si bref soit-il, car d’être long il n’a nul besoin,
étant un saut **. »

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* D. Labauvie, De la Sculpture comme un filtre.
** S. Kierkegaard, « Miettes philosophiques ».

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Bois gravé de Dominique Labauvie.
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C’est une chose étrange que de devoir sauter pour
retrouver le sol sur lequel nous nous trouvons.

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Penser la sculpture qui dit deux fois oui, l’espace
qui n’est pas mesurable, le volume : pensée autour
de la terre non dans son bloc mais dans sa transparence
à l’être.

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Quelle fraîcheur cette lumière qui traverse la vitre !

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Volume : du latin volumen (rouleau de feuilles
écrites), de voluo : rouler dans son esprit. Voluta
volute, bande roulée en spirale (grec : helix, qui
décrit un mouvement circulaire, une courbe, zigzag
d’un éclair — évolution circulaire des astres — replis
de l’oreille — volute ou spirale du chapiteau d’une
colonne — vrille de la vigne — sarment). Volumen :
rouleau, repli, en particulier : rouleau de papyrus
sur lequel était écrit un ouvrage ou une partie d’un
ouvrage — livre, ici même...

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le jour lentement.

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Gong — pensée — vision de l’intérieur. Ce que
nous voyons ici lettre à lettre à travers les pages
ouvre le volume à la voix qui donne le ton
et, dans son rythme, détermine sa courbure, sa forge,
son déploiement.

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« Freilich wohl ! das Geburtsland ists, der Boden
der Heimat,
Was du suchest, es ist nahe, begegnet dir schon *. »

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« O Rumeurs et Visions !
Départ dans l’affection et le bruit neufs ! ** »

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* F. Holderlin, « Le Retour ».
« En vérité c’est bien le pays natal, le sol de la patrie ;
Ce que tu cherches est là tout proche et vient déjà à ta rencontre . »

** A. Rimbaud, « Départ », les Illuminations.


Bois gravé de Dominique Labauvie.
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UNE SAISON.
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LECTURE D’UNE SAISON

Reprenons.

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HORIZONS SUSPENDUS


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Dominique LABAUVIE, Horizons suspendus, 1994.
Sculpture en fonte (6x15x3m). Quai de Seine, Paris. ZOOM : cliquer sur l’image.
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TEXTE D’INAUGURATION DE L’OEUVRE

le vendredi 4 Avril 1992, quai de Seine - Bassin de la Villette, Paris 19ème.

Marcelin Pleynet

« Car c’est poétiquement que l’homme habite. » Hölderlin

On inaugure ce qui est inaugurable, mais aussi et d’abord ce qui est inaugural, ce qui témoigne d’un présage favorable, ce qui est de l’accroissement accordé par une rencontre, ici une sculpture, une statue ; ce que l’on rencontre sur son chemin dans la ville que traverse "l’homme qui marche" (Beau titre d’une sculpture de Giacometti).
Une sculpture qui statue, une statue (étymologiquement : un être debout).
Debout devant nous elle marque la place où se tiennent les choses et les hommes. Elle dresse, elle fixe, elle établit ce qu’en elle et par elle nous découvrons : nous nous tenons debout là, dans ce moment, dans la première surprise, l’inaugurale surprise du moment où un homme s’arrête parce qu’il est dans la ville qu’il habite et qu’il est habité.

Cette sculpture devient statue lorsque nous la rencontrons de façon inaugurale. Nous ne l’avions jamais vu et nous la découvrons comme elle se trouve sur notre chemin, parce qu’elle se trouve sur notre chemin.
Aussi bien nous passons régulièrement près d’elle, et aussi bien nous l’oublions et nous oublions de la voir parce que nous sommes trop occupés et distraits de ce qui se propose à nous.
Et pourtant, parfois, dans ces occupations qui nous aveuglent, le monde s’éclaire, la sculpture surgit et nous sommes debout.
Combien de fois n’ai-je pas fait cette expérience à l’angle du boulevard Montparnasse et du Boulevard Raspail en découvrant à nouveau et avec la même inaugurale surprise le Balzac de Rodin qui est là et qui pourtant n’attend pas ?
Et c’est peut-être aussi parce que les hommes d’aujourd’hui sont de plus en plus occupés, de plus en plus occupés dans leurs occupations, qu’un artiste comme Dominique Labauvie leur propose la sculpture dans la statue.
Un être debout déployant ce qu’il en est d’être debout, déployant le regard entre le ciel et la terre, ouvrant le volume du regard à ses "HORIZONS SUSPENDUS".

La sculpture est là pour ceux qui l’inaugurent dans ce qu’elle déploie.
Non plus attachée et pesante comme un objet. Non plus dans la pesanteur de ce qui tire vers le sol, mais dans l’avènement d’une présence qui assure l’ouverture du monde, l’esprit libre de la découverte toujours inaugurale, et d’un homme déployé dans l’ensemble des sensations qu’il éprouve en se découvrant dans le libre mouvement de ses sensations.
Le mouvement de la libre surprise du déploiement d’un corps et d’une pensée.

Qu’on s’y arrête dans ce premier mouvement de la rencontre.
La sculpture de Dominique Labauvie n’impose ni droite, ni gauche, ni devant ni derrière, ni dedans ni dehors, ni haut ni bas.
Attachée au ciel par le déroulement de ses arches renversées, elle s’élève de la terre.
La terre n’est pas son nom mais le sol.
Lorsque nous la rencontrons, l’œuvre d’art, la sculpture engage dans un volume qui est le sol de la cité toute entière puisque ici comme là-bas nous y sommes et nous y habitons.
Lorsque nous la rencontrons, elle se découvre et nous entraîne à la suivre dans sa ligne, dans ce tracé qui se déploie et qui est d’abord le déploiement d’un "faire".
Le déploiement poétique, au sens étymologique du mot, d’un faire, de ce qui se fait sous nos yeux et que nous habitons. La sculpture que nous rencontrons nous dit que la ville que nous habitons, Paris, nous ne la découvrons vraiment, heureusement, toujours pour la première fois, dans la première surprise, que si toujours pour la première fois nous nous employons toujours à nouveau à l’habiter et à la faire horizons de nous-mêmes, ici proches et lointains, toujours à nouveau suspendus.

Marcelin Pleynet

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Ligne, dessin, fluidité, légèreté sont des mots qui pourraient caractériser l’oeuvre de Dominique Labauvie. Né en 1948 à Strasbourg, l’artiste se consacre très tôt a la sculpture sur bois. Après des études en histoire de l’art, il rejoint la capitale pour devenir l’assistant d’Helen Philips Hayter ; années déterminantes pour la future carrière de l’artiste.
Après l’expérimentation de divers matériaux comme le bois et la pierre ainsi que de diverses formes de sculpture (géométrique, land-art), Dominique Labauvie retourne dans un atelier pour se confronter à un nouvel élément : le métal.
Malgré la résistance naturelle du matériau, ses oeuvres se distinguent par leur souplesse et leur apparente fragilité que l’artiste parvient à conférer à la matière par son martèlement et son étirement.
« Dans le rougeoiement, le fer retrouve la fragilité qui rend le geste possible : on peut alors le conduire dans une forme. (...) L’intention passera, par conséquent, par le geste, qui la transmettra au métal, à charge pour lui de la restituer ensuite grâce a sa prodigieuse faculté de tout mettre en mémoire »
S’inscrivant dans une démarche de sculpture graphique, il s’attache à relier l’espace du dessin et celui de la sculpture. La sienne se caractérise alors par des lignes aériennes, des contours fluides, des formes graciles.
L’artiste se définit comme un graphiste de l’espace. Ainsi, il joue avec l’équilibre, la planéité et le volume, l’espace et la lumière, le vide et le plein, conduisant sa sculpture sur les chemins du paysage.
« La sculpture doit devenir une sorte de filtre à travers lequel passe le regard. (...) J’essaie de faire en sorte que la sculpture soit comme une saison qu’on traverse ou un paysage sans cesse en mouvement. Qu’elle fonctionne, en tout cas, comme un déclencheur du regard toujours dirige au-delà. »
La poésie qui émane de son travail est indéniable, elle a d’ailleurs inspiré le poète, romancier, critique d’art et essayiste Marcelin Pleynet. La collaboration du poète et de l’artiste a donne naissance en 1996 a un ouvrage Une saison dont le texte écrit par l’un est illustré par les gravures de l’autre.
C’est par cette voie que j’ai décidé de présenter Horizons suspendus et je remercie M. Pleynet d’y avoir participé. Issue d’une commande publique de la ville de Paris, Horizons suspendus est une oeuvre monumentale en fonte de 15 mètres de long, 6 mètres de haut et 3 mètres de large. Des lignes métalliques dessinant des vagues reposent sur 6 pieds en forme de rame qui s’enfoncent dans le sol. Réalisée en 1994, elle est installée au bord du canal en 1997.
Aujourd’hui, l’artiste vit et travaille à Tampa en Floride ou il se consacre également au dessin et à la gravure. (art@site)
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HORIZONS SUSPENDUS

LE SITE DE DOMINIQUE LABAUVIE

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