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Nouveau rendez-vous avec Christine Angot

D 6 septembre 2006     A par Viktor Kirtov - C 3 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


Le précédent épisode nous avait laissé sur une critique acerbe de Pierre Assouline à propos de la dernière autofiction de Christine Angot Rendez-vous... et un éloge de Sollers.

Forum du Nouvel Observateur du 05/09/2006 :

Invitée Christine Angot. Pierre Assouline et Philippe Sollers y sont convoqués. Qu’en dit-elle ?

question de : cla
Question : Comment réagissez-vous à la virulente critique de Pierre Assouline de votre livre ?
Acceptez-vous les sceptiques ?

Réponse : Je n’ai pas lu la critique en question. Accepter ou refuser ne change de toute façon rien au travail qui se fait et que j’ai à faire.

question de : Internaute
Question : Un style nul pour explorer un nombril sans intérêt. Espérez-vous faire pire ?
Réponse : Je viens de m’apercevoir que beaucoup de questions sont dans ce genre, je ne suis pas sûre d’avoir beaucoup de temps à perdre et d’énergie à dépenser à expliquer à des gens qui n’ont pas idée de ce qu’est la littérature ce que je fais, néanmoins je sais que ça va durer comme ça toute ma vie. Je suis là, devant cet ordinateur, pour faire fonctionner pendant une heure et demie le site de l’Obs, très bien, c’est la règle. Je viens parce que je me dis "on ne sait jamais, il y a forcément des vrais lecteurs derrière tout ça". Et je sais que je ne me trompe pas.

question de : odile
Question : Dans votre dernier livre, on peut lire :
"Il était debout. Il avait remis son blouson, qu’il n’avait d’ailleurs pas enlevé."
ça veut dire quoi ?

Réponse : Ca veut dire, vous ne vous en êtes jamais rendue compte, que dans la tête, la pensée, les phrases, les impressions, ça fonctionne comme ça.

question de : Internaute
Question : Comment réagissez-vous à la critique de Jean-Paul Enthoven dans Le Point
Réponse : Sur le coup très mal, maintenant je m’en fiche.

question de : Internaute
Question : Chère Madame,
Aurez-vous bientôt l’occasion de faire une lecture publique de votre oeuvre à Paris ?
Merci de votre réponse.
D.J.

Réponse : Lundi 16 octobre au Théâtre de la Colline.

question de : Internaute
Question : Pourquoi écrivez-vous ? Etes vous une "bête" d’écriture ? Que lisez-vous en ce moment ? Quels sont vos auteurs préférés ? Quel est votre prochain projet ?
Réponse : Je viens de finir un livre de Rilke hier. J’ai Histoire de l’Oeil en cours, de Bataille. Et je suis impatiente de relire Le soleil se lève aussi de Hemingway. Je n’ai pas de prochain projet. Ca sera sûrement un livre. J’écris parce que toute la vie devient claire et intéressante avec. Parce que ça vaut le coup.

question de : Internaute
Question : Christine, n’en avez-vous pas assez de jouer votre propre rôle, de mimer vos propres répliques, d’être finalement toujours là où tout le monde vous attend ?
Réponse : Avez-vous lu dans le Nouvel Observateur l’article de Philippe Sollers sur Rendez-vous ?


Extrait du
Forum du Nouvel Observateur du 5 septembre 2006
La critique de Jean-Paul Enthoven dans "Le Point"

La critique de Philippe Sollers

Le Nouvel Observateur du 24 au 30 août 2006

Où l’on retrouve le formidable talent de critique de Sollers... Pas la critique qui étripe. La critique qui préfère élever ce qu’elle choisit de toucher, sentir, entendre et voir, une radiographie qui révèle la genèse de l’oeuvre,sa respiration, son souffle, et nous fait découvrir le beau et le talent, l’éclat du diamant derrière l’apparent banal, voire sordide.

Qu’est-ce qu’un roman nécessaire ? Georges Bataille disait : « Un livre auquel l’auteur a été contraint. » On a toujours ce sentiment en lisant Christine Angot. Mais surtout «  Rendez-vous  », son meilleur livre.

Le talent, c’est l’immédiat. A quoi bon se mettre à lire si on n’est pas saisi par les phrases, leur précision, leur rythme, le côté policier de l’intrigue ? Je veux savoir ce que veut ce banquier qui drague la narratrice. Je veux avoir le fin mot de son aventure obsédée avec cet acteur. J’ai envie de mesurer, dans cette comédie sexuelle et sociale menée tambour battant, si l’auteur est digne de l’exergue de Rimbaud ouvert au vertige : « Nous savons donner notre vie entière tous les jours. » La réponse est oui, ce qui nous propulse déjà très au-delà de la rentrée littéraire, comme on dit « rentrée scolaire et distribution des prix ». Au fond, Angot est une romancière métaphysique ; elle pense, comme Pascal, que les êtres humains vivent comme des somnambules, et qu’il y a là quelque chose de pas clair, de pas net, de pas naturel.

La vie est un théâtre, et Angot est un personnage combattant, un corps spécial, en alerte, durablement stigmatisé par son histoire d’inceste (ce qui suffirait à la mettre hors concours). Elle est très fragile et très forte. Elle sait qu’elle est invivable, et d’abord pour elle-même, mais l’invivable est préférable à la fausse vie du mensonge, de l’évitement, des demi-mesures, des compromissions, des résignations. Elle se lève, elle va mal, elle est désespérée, elle s’observe, elle commence à écrire, elle va sûrement trouver une solution. La scène s’ouvre : les acteurs viennent se prendre à son jeu, ils sont mis aussitôt sous microscope. Art sensuel : les lumières, les messages, les lieux, les gestes, les intonations. Art des portraits : le « banquier », « l’acteur », leurs femmes. Est-ce qu’une femme a pointé avant Angot, et de façon aussi crue, l’abîme à projections entre homme et femme ? Je ne crois pas.

Théâtre, donc, de la subtilité éveillée et autocritique (elle ne se ménage pas), théâtre de la cruauté aussi. C’est ça, la vie ? C’est ça. Mais la vérité, qui va la dire ? La psychanalyse ? Elle est là, en partenaire, dans un coin. La banque ? Elle montre vite ses limites. Le théâtre théâtral ? Mais l’acteur n’est jamais lui-même, il dit génialement des textes, mais qui ne sont pas de lui (il est épatant dans Tchekhov, mais il n’est pas Tchekhov). Le banquier, l’acteur vont rester comme des personnages majeurs de la société actuelle du spectacle. Angot adore le spectacle, mais ce n’est pas ça.

La vérité, alors ? C’est l’écriture, dont Angot pense qu’elle détermine et dicte la réalité. C’est son point fort, cette vérité du temps, terrible et drolatique. Elle dérange les clichés, les conventions, les dérobades et les attitudes. Les acteurs de la vie jouent faux, ils se foutent de la littérature. Mais c’est quoi, la littérature ? Un art du délire et du désir demeuré désir. Angot maîtrise son délire, elle voit juste, elle ne cède pas sur son désir. C’est pourquoi elle a raison de dire que son livre, en définitive, est beaucoup plus qu’un livre. On le lui reprochera, mais à côté, par calcul, conformisme, pruderie, mesquinerie, jalousie. Voyez tous ces livres inutiles, fabriqués comme des livres. Au-delà des bavardages qu’elle va susciter, Angot a joué, elle joue, elle avance, elle a gagné. Quoi ? Le public, qui n’a pas besoin d’autorisation pour comprendre.

Philippe Sollers
Christine Angot, Rendez-vous. Editions Flammarion, août 2006, 380 p.


Rendez-vous

La présentation de l’éditeur
« Je connaissais Éric depuis un mois. Je l’avais déjà croisé, dans des bars de théâtre à la fin des spectacles, mais nous n’avions pas parlé, presque pas, rien. Je l’avais vu jouer deux ou trois fois. C’était un acteur génial. Je le connaissais depuis un mois, mais j’avais commencé à entendre parler de lui six ans plus tôt. Des gens différents, dans des villes différentes, m’avaient rapporté avec des anecdotes toutes différentes : ah, tu sais il y a un acteur qui t’adore : Éric Estenoza. Le message me revenait régulièrement aux oreilles, et ce qui était surtout étrange, par des sources vraiment différentes, sur plusieurs années. Et ce qui était encore plus étrange c’est qu’il m’avait à peine adressé la parole le jour où il m’avait vue, une ou deux fois au cours de ces six années quand j’avais eu l’occasion de le croiser. »

Christine Angot est l’auteur de romans, dont Sujet Angot (1998), L’Inceste (1999), Pourquoi le Brésil (2002), Les Désaxés (2004), et de pièces de théâtre, dont La Place du singe (Théâtre de la Colline, 2005).

Le début
Début novembre, j’avais reçu une lettre via mon éditeur, et j’avais décidé d’y répondre. « Comme une petite annonce de Libération : vous étiez ma voisine dans l’avion AT Milan-Paris, il y a quelques semaines. Téléphoner - s’il vous plaît - au 01... ou bureau 01... ; ou écrire. Envie de vous revoir. » Je n’avais jamais pris l’avion Milan-Paris. Le type se trompait de trajet, ou ce n’était pas moi. « Par discrétion, un voisin dans un avion c’est un guet-apens, et parce que j’étais laminé par un aller-retour dans la même journée, je ne vous ai pas dit un mot. Mais vous m’intriguez, cela me ferait plaisir, en effet, de vous revoir. » L’écriture et le papier indiquaient une certaine classe. Sur le répondeur, la voix de la secrétaire était impeccable : vous êtes au secrétariat de G. Il habitait dans le sixième, et mettait tous ses numéros, professionnel, de domicile et de portable, il n’était donc pas marié. Un type seul. Il devait être moche.

J’avais appelé le bureau un lundi. La secrétaire me l’avait passé tout de suite.

Je suis content de vous entendre. Je ne m’y attendais pas. Je suis très impressionné, je suis ému de vous entendre.

Vous m’avez écrit, donc je vous appelle. Bien que je ne réponde jamais aux lettres. J’ai trouvé votre lettre amusante. C’est pour ça que je vous appelle. Mais je voulais vous dire que vous vous trompez de personne ou de trajet.

Il avait une voix éduquée, élégante, mais âgée. Séduisante, chaude :

Mais si, c’était bien le Milan-Paris. Vous n’avez pas pris le Malpensa-Paris il y a environ trois semaines ?

Si vous êtes sûr que c’était le Milan-Paris ce n’était pas moi.

Oui oui c’était le Milan-Paris. Alors vous avez un sosie, un véritable sosie.

La voix était voilée : Où peut-on vous écrire ? Chez votre éditeur ça vous parvient apparemment. Mais...



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3 Messages

  • VB | 20 octobre 2007 - 13:48 1

    Ne tirez pas sur l’ambulance, elle va bien trop vite pour se laiser cibler !

    La méchanceté, une fois de plus déploie ses ailes, engourdies.

    Comment peut-on s’acharner sur un auteur confirmé, alors que dans la rentrée littéraire, les soits-disants poésies d’écrivains notoires, font mouche ?
    Parce que ce sont des Hommes imbibés de certitude , sans vraies valeurs poétiques.

    Alors, aux questions :
    "pourquoi cette phrase incohérente ? ou "Que lisez-vous pour écrire des énormités nombrilistes ?" je dirais (si j’étais elle), Je souffre, je lis ce qui m’intêresse, et j’écris ce que je ressent.
    Voilà pourquoi Sollers, ardent défenseur des femmes spirituelles, réplique sur, le "Rendez-vous" de Angot.

    N’oublions pas de mettre cette citation en exergue :
    Tout est paradis dans cet enfer" : color=#FF6600>Sollers.

    Voir en ligne : http://valeriebergmann.hautetfort.com


  • valérie bergmann | 1er septembre 2007 - 13:52 2

    Devant le dernier commentaire ci-dessus concernant Christine Angot, je ne peux m’empêcher de réagir.

    Que celle ou celui qui sans humilité aucune, se permet non seulement de faire son procés, mais de plus ose critiquer l’adhésion de Sollers à ses livres, remplis de franchise, d’ouverture d’esprit et d’humilité.

    J’ai lu "Rendez-vous", et malgré l’inceste compté,avec beaucoup de pudeur, j’ai trouvé le livre poignant, et interéssant, jusqu’à la fin. Ces histoires d’amour m’ont conquises. Le style est simple et recherché.

    Aucune surprise que Sollers l’apprécie, elle joue dans la cour des grands.
    Aux autres de sortir de la péhistoire littéraire !!!

    Que j’arrive à aller jusqu’au bout de ma bio ? Voilà un bel exemple à suivre.

    Merci Christine Angot de faire fi des critiques que vous avez la chance d’engendrer. Les pires et les meilleures !

    Voir en ligne : http://www.accents-poetiques.com/en...


  • anonyme | 13 février 2007 - 16:37 3


    J’avoue être stupéfaite de voir Sollers soutenir Christine Angot. En lisant son article, j’aurais presque envie de la (re)lire, mais je sais que, comme les autres fois où j’ai ouvert un de ses livres, je le refermerai aussitôt dans un éclat de rire devant tant de prétention hystérique cachant très mal un manque de sensibilité affective et artistique égal à son désir frénétique de se faire valoir même pas attendrissant. Aucune innocence, aucune intelligence. Je ne comprend pas