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D’une extase à l’autre : La Madeleine du Caravage
et la Thérèse du Bernin

D 13 février 2019     A par Viktor Kirtov - C 0 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


La Madeleine en extase du Caravage


Prière à Caravaggio, (La main de Lisa Santos Silva)
Madeleine en extase (1606) - ZOOM : cliquer l’image
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Michelangelo Merisi, dit le Caravage, faisait l’objet d’une exposition au musée Jacquemart-André à Paris jusqu’au 28 janvier. On pouvait y voir deux toiles représentant la même Madeleine en extase.


<Le Caravage a peint deux toiles représentant la même Madeleine en extase. Celle de gauche est dite « Madeleine Klain » - © Collection particulière, Rome / Collection particulière
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Elles étaient pour la première fois exposées ensemble au Musée Jacquemard-André à Paris. L’occasion d’enfin percer le mystère ?

A une période de sa vie où il fuit Rome et sa police, le Caravage, peintre maudit, a réalisé deux tableaux quasi identiques. Sont-elles toutes deux de la main du maître ? La première, la « Madeleine Klain » a été authentifiée par le spécialiste Roberto Longhi en 1935. L’autre, découverte en 2015, reconnue en 2016 par une autre experte, Mina Grigori. Si le musée ne prend pas partie, il reste un mystère autour de la version originale. Qui plus est, Le Caravage, de son vrai nom Michelangelo Merisi, ne signait pas ses toiles… La datation de ces deux tableaux est encore également discutée.

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Le peintre et la marquise

Traditionnellement, on considère que le Caravage peint bien une Madeleine lorsqu’il quitte Rome en mai 1606 pour fuir sa condamnation à mort, après qu’il a tué Ranuccio Tomassoni lors d’une bagarre. Il se réfugie sur les terres des Colonna, à Paliano. Là où la police du pape ne peut rien. Et aussi, nous dit Pierre Curie, conservateur du musée Jacquemart-André,« pour une raison très simple : les Colonna, une famille italienne des plus influentes, protège le Caravage depuis son enfance. En 1576, pour échapper à la peste, la famille Merisi avait quitté Milan pour aller à la campagne, à Caravaggio. Le père, Fermo Merisi, y devint l’employé de la princesse Costanza Colonna Sforza. A l’époque, sur le mode patriarcal, les nobles prenaient sous leur coupe leurs fermiers et leurs employés ».Ainsi, la marquise s’était-elle sans doute prise d’affection pour le tout jeune Michelangelo. Tant et si bien qu’après un apprentissage de quatre ans dans l’atelier d’un peintre de Milan, il quitta la ville en 1592, pour suivre à Rome sa bienfaitrice, devenue veuve entre-temps.

C’est donc dans une résidence des Colonna que le Caravage se retrouve en 1606, pour éviter la décapitation. Pendant ce séjour de quelques mois à Paliano, il peint beaucoup. Des toiles sombres, où la couleur s’absente et laisse la place à davantage de sobriété, comme dans Le Souper à Emmaüs. Mais aussi pour la (les) Madeleine en extase, où le personnage apparaît seul sur un fond neutre. On ne sait pas ce qui a motivé ce sujet, qui ne répond à aucune commande. Néanmoins cette Madeleine en extase est l’un des motifs les plus célèbres du peintre et préfigure le baroque de L’Extase de sainte Thérèse,du Bernin. Figure de la sensualité d’une part et pécheresse pénitente de l’autre, est-elle une projection de l’artiste ? Les Madeleine se ressemblent, à quelques détails près. Extraites de collections privées, elles n’ont jamais été montrées ensemble. C’est donc une première, qui offrira l’occasion aux experts de lever un mystère.
Crédit Telerama

VOIR AUSSI : Les Tableaux vivants du Caravage


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Et aussi : Sollers et Le Caravage


L’Extase de sainte Thérèse du Bernin


Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin, L’Extase de sainte Thérèse (1647-1652)
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Cette sculpture en marbre de Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin (1598 – 1680), est située dans la chapelle Cornaro de l’église santa Maria della Vittoria à Rome.
Né à Naples, il arrive à Rome en 1605 où son talent fut vite reconnu.
La chapelle se présente comme une scène de théâtre où les membres de la famille Cornaro installés dans des loges sur les côtés semblent plus deviser entre eux qu’observer la scène.

Le groupe lui-même est encadré par des colonnes de marbres polychromes et des rayons dorés dirigent la lumière venue d’un oculus caché aux spectateurs. L’ange, jeune et beau, (tel un Cupidon), vêtu d’une tunique vaporeuse, soulève d’une main la bure de la sainte, tandis que de l’autre, il tient le trait qui doit lui transpercer le cœur.

Teresa de Ahumada y Cepida est née le 28 mars 1515 d’une famille pieuse de petite noblesse castillane. En 1527 elle perdit sa mère et devant la vie de divertissements qu’elle menait, son père l’envoya en 1531 au couvent des Augustines d’Avila. En 1537 elle prononce ses vœux sous le nom de Thérèse de Jésus au couvent de l’Incarnation, mais sans ferveur excessive, jusqu’à sa conversion en 1544 survenue en contemplant une statue de Christ flagellé.
Sous l’influence de ses confesseurs, son évolution spirituelle la porte à fonder en 1562 un nouveau couvent où elle revient à la règle primitive des Carmélites. De 1567 jusqu’à sa mort en 1582 elle fonda 17 monastères de l’Ordre des Carmélites Déchaux. Ses crises de convulsions et pertes de connaissances sont accompagnées de visions où son âme et son corps sombrent dans une béatitude de plaisirs et de douleurs.

Saint Thérèse, vêtue de la bure monacale, à gros plis rigides, portée par un nuage, se tient affaissée, les yeux clos, la bouche entre-ouverte, en pleine extase avant la « transverbération » qui est le transpercement mystique et physique du cœur par un trait comme le fut le Christ sur la Croix.

Les deux personnages principaux de la sculpture tirent leur origine d’un passage écrit par Thérèse d’Avila dans son autobiographie publiée sous le titre la Vie de sainte Thérèse de Jésus (1515-1582), une mystique cloîtrée, carmélite déchaussée, réformatrice et religieuse (1622). On y trouve décrites des visions divines, y compris celle où elle a vu un ange jeune et beau debout à côté d’elle.


« J’ai vu dans sa main une longue lance d’or, à la pointe de laquelle on aurait cru qu’il y avait un petit feu. Il m’a semblé qu’on la faisait entrer de temps en temps dans mon cœur et qu’elle me perçait jusqu’au fond des entrailles ; quand il l’a retirée, il m’a semblé qu’elle les retirait aussi et me laissait toute en feu avec un grand amour de Dieu. La douleur était si grande qu’elle me faisait gémir ; et pourtant la douceur de cette douleur excessive était telle, qu’il m’était impossible de vouloir en être débarrassée. L’âme n’est satisfaite en un tel moment que par Dieu et lui seul. La douleur n’est pas physique, mais spirituelle, même si le corps y a sa part. C’est une si douce caresse d’amour qui se fait alors entre l’âme et Dieu, que je prie Dieu dans Sa bonté de la faire éprouver à celui qui peut croire que je mens. »

La position du corps de sainte Thérèse et l’expression de son visage, ont conduit certains observateurs, tel Jacques Lacan, à les expliquer comme le signe d’un moment d’extase sexuelle. « Elle jouit, Thérèse », disait Lacan ! Mais Nicolas Mattei, dans sa conférence sur l’art Baroque, Sainte Thérèse d’Avila par Le Bernin en décembre 2009, corrige ainsi : notre époque, excessivement marquée par Freud et la psychanalyse, ne peut voir ici qu’une extase tout ce qu’il y a de plus physique. Il s’agit cependant d’une extase mystique. »

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Crédit : www.1oeuvre-1histoire.com et Wikipedia