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Apollinaire et Cécile Coulon

Lauréate du prix Apollinaire 2018, aussi dit le "Goncourt de la poésie"

D 12 novembre 2018     A par Viktor Kirtov - C 7 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


7 septembre 2019 : Le septième Prix littéraire « Le Monde » a été attribué à Cécile Coulon pour « Une bête au Paradis » ,
« J’ai eu envie d’aborder la question du corps des femmes dans le monde rural »
Cécile Coulon

Plus ICI

Ce matin je prends la radio en cours d’émission alors que quelqu’un lit le poème d’un poilu à sa « bien-aimée ». Je ne suis pas étonné, nous sommes le 12 novembre 2018 et ces derniers jours, des documentaires à la télévision ont fait revivre ces lettres de poilu, rassemblées par la Mission du Centenaire 14-18.

Mais ce poème, émis à partir du front, qui mêle l’horreur de la guerre des tranchées et l’ardeur de l’amour, le beau et le laid, est un joyau qui brille d’un éclat particulier. Je me dis que ce poilu a bien du talent et que la femme, bénie entre toutes les femmes, qui reçoit ces mots d’un homme, ne peut qu’en être flattée et honorée !

…La femme s’appelle Lou, le poilu, Guillaume Apollinaire, le poème date de 1915. La clé est dans le poème et confirmée quand le présentateur de l’émission, Augustin Trapenard, l’annonce à la fin de la lecture, et présente l’invitée du jour, la poétesse Cécile Coulon, lauréate, le jour même, du prix Guillaume Apollinaire 2018 pour son recueil de poèmes Ronces.

Les récepteurs radio ne projettent pas encore d’image, mais je revois le visage de Cécile Coulon, aperçu lors d’une ancienne émission TV de La Grande Libraire – elle est aussi romancière. Un visage qui ne s’oublie pas, un visage irradiant : peau laiteuse et cheveux blonds-blancs captent l’objectif. Boule de lumière dans la lumière. On dirait une adolescente, qu’elle n’est pas, privilège et grâce de ces visages qui restent juvéniles longtemps.

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Cécile Coulon en vers libres

Elle est romancière et vient de recevoir le prix Apollinaire, pour son premier recueil de poèmes, "Les ronces", ainsi que le prix révélation poésie, décerné par la Société des gens de lettres. De la jeunesse, de l’intime, de l’amour, de l’Auvergne et du talent avec Cécile Coulon, invitée d’Augustin Trapenard.


Cécile Coulon, romancière, nouvelliste et poétesse française. © AFP / Thierry Zoccolan
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Elle est l’une des plus jeunes et des plus prometteuses nouvelles voix de la littérature française. Ses romans, Le roi n’a pas sommeil , Trois saisons d’orage ou encore Le coeur des pélicans , publiés chez Viviane Hamy ont été distingués par le public et la critique.

Son premier recueil de poèmes, Les Ronces (publié au Castor Astral) a fait l’unanimité, et vient d’être récompensé par le prestigieux Prix Apollinaire. Qu’en dit-elle ?

Guillaume Apollinaire parle et écrit à tout le monde. Il a le don de la simplicité intense.

La poésie, c’est la permission de se donner le temps.

La poésie est une façon d’enlever les intermédiaires pour me confronter au langage.

...

Carte blanche

Pour sa carte blanche, Cécile Coulon a écrit un texte inédit, "Pourquoi écrire un poème" qu’elle lit en fin d’émission et que l’on peut écouter dans l’enregistrement audio qui ouvre l’article.

Programmation musicale :

· Jean Ferrat –La Montagne

Crédit : https://www.franceinter.fr/emissions/boomerang


collection Edouard Dermit/éditions Mentha

·

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A propos du Prix Apollinaire

[Guillaume Apollinaire (1880-1918), il est mort le 9 novembre 1918, deux jours avant l’armistice. Son vrai nom : Wilhelm Apollinaris de Kostrowitsky, il était surnommé « Kostro… »...]

Le Prix Apollinaire, fondé en 1941, est considéré comme un Goncourt de la poésie – en partie parce que certains membres du jury ont été ou sont jurés Goncourt, comme Hervé Bazin, Robert Sabatier ou Tahar Ben Jelloun.

En 2016, le Prix Apollinaire renoue avec son grand passé. Désormais, il est accueilli par le célèbre café littéraire Les Deux Magots, où Guillaume Apollinaire lui-même avait ses habitudes.

À présent, le jury, présidé par Jean-Pierre Siméon, est composé de Marc Alyn, Linda Maria Baros (secrétaire générale), Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, Georges-Emmanuel Clancier (président d’honneur), Fabienne Courtade, Philippe Delaveau, Guy Goffette, Jean Portante et Jean Rouaud.

A propos de Cécile Coulon, la lauréate 2018

Cécile Coulon est née en 1990 à Clermont-Ferrand. Après avoir fait ses débuts littéraires à l’âge de 16 ans avec Le Voleur de vie (Revoir, 2007), elle publie cinq autres romans chez Viviane Hamy, dont Le roi n’a pas sommeil (Prix Mauvais genres 2012),Le Cœur du Pélican (2015) et Trois saisons d’orage (Prix des libraires 2017).

En 2018, paraît son premier recueil de poèmes :Les Ronces. Comme l’écrit Tahar Ben Jelloun, la poésie de Cécile Coulon « est un regard tendre et exigeant jeté sur le réel. Poésie de l’audace et de l’émotion née d’images inattendues, belles, fortes et quotidiennes, mais il s’agit d’un quotidien intérieur, pensé, rêvé, inventé par une jeune femme qui aime la vie et lui rend hommage avec vérité et musique ».


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Les ronces convoquent le souvenir de mollets griffés, de vêtements déchirés, mais aussi des mûres, qu’on cueille avec ses parents dans la lumière d’une fin de journée d’été, alors que la rentrée scolaire, littéraire, approche.

Entre les caresses et les crocs, Les Roncesde Cécile Coulon nous tendent la main pour nous emmener balader du côté de chez Raymond Carver. Sur ces chemins, elle croise des vendeurs de pantoufles, des chiens longilignes, un inconnu qui offre une portion de frites parce qu’il reconnaît une romancière...

Ses romans Le Roi n’a pas sommeil et Trois saisons d’orage (Viviane Hamy, 2012 et 2017) et son essai Les grandes villes n’existent pas (Le Seuil, 2015) ont été particulièrement remarqués.

Cécile Coulon est lauréate du Prix Mauvais genre (2012), du Prix du meilleur roman des lecteurs Points (2014) et du Prix des libraires (2017).


« Si je mourais là-bas… » (poème à Lou)

Si je mourais là-bas sur le front de l’armée

Tu pleurerais un jour ô Lou ma bien-aimée

Et puis mon souvenir s’éteindrait comme meurt

Un obus éclatant sur le front de l’armée

Un bel obus semblable aux mimosas en fleur

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Et puis ce souvenir éclaté dans l’espace

Couvrirait de mon sang le monde tout entier

La mer les monts les vals et l’étoile qui passe

Les soleils merveilleux mûrissant dans l’espace

Comme font les fruits d’or autour de Baratier

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Souvenir oublié vivant dans toutes choses

Je rougirais le bout de tes jolis seins roses

Je rougirais ta bouche et tes cheveux sanglants

Tu ne vieillirais point toutes ces belles choses

Rajeuniraient toujours pour leurs destins galants

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Le fatal giclement de mon sang sur le monde

Donnerait au soleil plus de vive clarté

Aux fleurs plus de couleur plus de vitesse à l’onde

Un amour inouï descendrait sur le monde

L’amant serait plus fort dans ton corps écarté

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Lou si je meurs là-bas souvenir qu’on oublie

— Souviens-t’en quelquefois aux instants de folie

De jeunesse et d’amour et d’éclatante ardeur —

Mon sang c’est la fontaine ardente du bonheur

Et sois la plus heureuse étant la plus jolie

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Ô mon unique amour et ma grande folie

Apollinaire, Guillaume, « Si je mourais là-bas... »,œuvres poétiques, Paris, Gallimard, 1956.

Apollinaire sur pileface (sélection)

Cocteau Apollinaire - Une étoile aînée

Apollinaire, le meilleur ami de Picasso

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7 Messages

  • Viktor Kirtov | 7 septembre 2019 - 16:29 1

    Une nouvelle distinction pour l’encore très jeune auteure.

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    Cécile Coulon : « J’ai eu envie d’aborder la question du corps des femmes dans le monde rural »

    propos recueillis par
    jean birnbaum
    et raphaëlle leyris

    Jusque-là, Cécile Coulon n’avait jamais participé à une rentrée littéraire. Bien lui a pris de se lancer : Une bête au Paradis, le (déjà) septième roman de l’écrivaine née en 1990, a reçu le Prix littéraire Le Monde. La noirceur de ce conte cruel, la beauté sèche de son écriture ont emporté le jury présidé par Jérôme Fenoglio, directeur du Monde, et composé de journalistes travaillant au « Monde des livres » (Jean Birnbaum, Florent Georgesco, Raphaëlle Leyris, Florence Noiville et Macha Séry) et aux quatre « coins » du Monde  : Emmanuel Davidenkoff (Développement éditorial), Clara Georges (« L’Epoque »), Raphaëlle Rérolle (« Grands reporters »), Solenn de Royer (Politique) et Alain Salles (International). Une bête au Paradis (lire « Le Monde des livres » du 30 août) succède à A son image, de Jérôme Ferrari (Actes Sud).

    Vous n’aviez jamais participé à une rentrée littéraire jusqu’à aujourd’hui. Quel rapport Entretenez-vous avec les prix littéraires ?

    Je n’avais jamais voulu être dans une rentrée littéraire, parce que la surproduction éditoriale me faisait très peur. Avec Viviane Hamy, qui a été mon éditrice jusqu’à l’année dernière, je me posais la question en ces termes :

    « Est-ce que ça vaut le coup de prendre ce risque d’être écrasée par les autres pour avoir éventuellement une chance que mon nom se retrouve sur la liste d’une sélection ? » Je me disais que j’avais le temps. Mes romans sont parus entre janvier et mars parce que nous pensions que, si succès il devait y avoir, il fallait que ce soit un succès de librairie – ils durent plus longtemps. Mais ce raisonnement valait à l’époque où la rentrée de janvier comptait moins de livres qu’aujourd’hui. En disant cela, j’ai l’impression d’être vieille !

    Les prix littéraires, on n’a pas envie d’y penser, mais on est obligé de le faire, parce que ça peut changer la donne pour le destin d’un livre – ça peut aussi n’avoir aucun effet. Toujours est-il que je suis très heureuse d’avoir reçu le prix du Monde, d’autant qu’il y avait une belle sélection.

    Avez-vous un lien particulier avec « Le Monde » ?

    J’ai un abonnement numérique ! Je viens d’une famille où j’ai toujours vu traîner Télérama et Le Nouvel Observateur sur la table du salon. Mon oncle et ma tante étaient abonnés au Monde, mes parents l’achetaient en fonction de la « une ». Quand j’ai commencé à publier, à 18 ans, on m’a dit : « Tu commences à compter à partir du moment où tu as un papier dans “Le Monde des livres”. » Donc je rêvais un peu d’y voir un de mes livres critiqué, même en négatif ! [En 2012, le supplément publiait une critique très enthousiaste de son troisième roman, Le roi n’a pas sommeil].

    Au début de l’année, avec « Sérotonine » (Flammarion), on a vu Michel Houellebecq s’emparer de la ruralité pour en faire de nouveau un objet

    romanesque, alors qu’une large partie de la littérature contemporaine l’avait délaissée. Vous avez un discours sur la nécessité d’un pareil geste…

    Pendant un moment, la littérature a abandonné le monde agricole. L’exode rural a provoqué une sorte d’exode littéraire. Mais il se trouve que les campagnes n’ont pas été totalement vidées. Alors que cet « exode » se produisait, on a vu émerger une étiquette « littérature de terroir », réunissant tous les textes qui parlaient des fermes, des champs et des étangs, destinés à un certain public. J’ai toujours trouvé ça condescendant. Mais il y a des écrivains comme Marie-Hélène Lafon, Pierre Bergounioux ou Franck Bouysse qui ont heureusement fait en sorte de ramener ce monde au premier plan.

    Une bête au Paradis n’est pas un « roman agricole », c’est d’abord un roman noir. J’ai eu envie d’y aborder la question du corps des femmes dans le monde rural.

    Qu’est-ce qu’ils deviennent, avec leurs désirs, leurs métamorphoses, quand tout cela est secondaire, soumis au rythme des saisons, à la vie des animaux ? Est-ce que ces corps, qui ne sont pas moins forts que ceux des hommes, ont une place pour exister ?

    Vous avez cité plusieurs noms d’auteur. « Une bête au Paradis » porte-til les traces de romans qui ont compté pour vous ?

    Je cite à nouveau Marie-Hélène Lafon, dont Le Soir du chien (BuchetChastel,

    2001) a beaucoup compté pour moi. Il y a aussi L’Epervier de Maheux, de Jean Carrière (Pauvert, 1972), un Goncourt génial et oublié. Et puis Le Puits, d’Ivan Repila (Denoël, 2014), qui m’a mis une claque : on pouvait donc écrire aujourd’hui un conte avec très peu de personnages, enfermés, et qui vous emporte. Tout est possible si on travaille son style avec une rigueur absolue.

    Comment travaillez-vous le vôtre ?

    J’ai un rapport à mon écriture qui est plus celui d’une lectrice que d’une auteure : je me demande d’abord ce que j’ai envie de lire. Ce qui m’intéresse, ce sont les livres dont l’auteur n’apparaît pas. Je dois être complètement au service de l’histoire. Une bonne histoire sans un style vivace, vivant et poétique, c’est un superbe moteur sans carrosserie autour. J’enlève tout ce qui est inutile. Si mes livres avaient des corps, ce seraient ceux de marathoniens, d’une sécheresse absolue, mais dotés du nécessaire pour ne pas cesser d’avancer

    Crédit : Le Monde des Livres,


  • Viktor Kirtov | 4 décembre 2018 - 09:16 2

    La valise idéale de La Grande Librairie. Cécile Coulon avait choisi les « Mémoires d’Hadrien » de Marguerite Yourcenar comme livre à prendre dans sa valise à l’approche des vacances de l’été 2017. Les raisons de son choix ? Ecoutez là ! C’était dans "La Grande Librairie" du 25.05.17 :

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  • Albert Gauvin | 17 novembre 2018 - 19:11 3

    Je rappelle que la citation d’A.M. est tirée d’un extrait des Voyageurs du Temps dont elle est un condensé. Cf. Les Voyageurs du Temps ou la résurrection spirituelle de Paris.


  • Viktor Kirtov | 17 novembre 2018 - 18:36 4

    Oui cher A.M., avec Cécile Coulon c’est aussi « une salubre rafale de vent dans les arbres » !
    …dans les arbres des ‘territoires’, pourrait-on ajouter, comme disent aujourd’hui les journalistes qui commentent l’actualité !
    Ces derniers jours, ne parlait-on pas de la révolte des territoires en colère, contre leurs dirigeants et leaders d’opinion, ceux-là même qui ont établi leur terrier au chaud dans la capitale et font la pluie et le beau temps à leur guise qu’ils annoncent, ’d’une façon fort civile’, comme dirait La Fontaine.

    Oui, déjà La Fontaine opposait le rat des villes et le rat des champs et, plus près de nous, Houellebecq, bon sismographe des tremblements de la société en même temps qu’entomologiste qui, comme des insectes, épingle nos contemporains, n’a t-il pas intitulé un de ses romans satiriques (récompensé par le Goncourt 2010) : « La Carte et le Territoire »…

    A la fable de La Fontaine, Cécile Coulon ajoute celle du « blaireau » des champs, attaché à son terrier et aux bruits familiers qui l’entourent. Ainsi, pourrait-il en être de ‘la salubre (et familière) rafale de vent dans les arbres’, celle qui effraierait et ferait fuir le rat des villes de La Fontaine.

    Oui, il faut écouter Cécile Coulon défendre le blaireau des champs sur la scène de l’Opéra-Théâtre de Clermont-Ferrand. Vous y découvrirez aussi un autre aspect de son talent. C’est ICI .

    Continuez, cher A.M. à utiliser ce forum pour nous faire partager vos remarques. Vous y êtes le bienvenu et merci de votre contribution.


  • A.M | 17 novembre 2018 - 17:02 5

    On dira ce qu’on veut, tout se passe quand même à Paris, et le plus souvent dans l’ombre. Paris a été, est, et sera. Les voyageurs du temps s’en occupent. Tout a l’air tranquille, surveillé, verrouillé, mais voici, à l’instant, une salubre rafale de vent dans les arbres. La rose a son pourquoi, elle attend d’être vue. Elle fleurit, là, devant moi, au-dessus de la haie très verte.


  • Viktor Kirtov | 16 novembre 2018 - 21:33 6

    ...Au moins dans trois de ses états :
    - Sur le plateau de La Grande Librairie, avec François Busnel, pour y présenter son livre « Trois saisons d’orage » (10 mars 2017)
    - Dans l’émission « Des mots de minuit », avec Philippe Lefait où l’on prend le temps d’échanger et de laisser affleurer le fond de l’Être. (21 juin 2018)
    - Dans un exercice sur la scène de l’Opéra-Théâtre de Clermont-Ferrand, entre conférence et one-woman show, une occasion de découvrir une autre facette des talents de Cécile Coulon (21 octobre 2017) :

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    Sur le plateau de La Grande Librairie

    (10 mars 2017)
    Cécile Coulon y présentait son livre « Trois saisons d’orage » (Prix des Libraires 2017).

    « Il y a un petit côté Faulkner en France dans ce livre »
    François Busnel

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    "Des mots de minuit", extrait de l’émission #567
    (21 juin 208)
    Cécile Coulon et Éric Hazan sont les invités de l’émission animée par Philippe Lefait (une émission diffusée uniquement sur Internet par Culturebox de France Télévisions).

    La comédie humaine... Lui a l’abord policé et tranquille de la sagesse, celle de l’âge qui n’a rien perdu de son fantasme subversif.
    Pour elle, grande lectrice, une course de fond littéraire, dense, diverse et toujours surprenante, commencée à l’adolescence.
    Une même rage intranquille chez ces deux là. L’extrait présenté est centré sur Cécile Coulon.

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    « Des mots de minuit », c’est le titre de l’émission. Est-ce l’effet de la nuit qui libère une parole plus authentique ? Le talent d’accoucheur-psychanalyste de Philippe Lefait n’y est sans doute pas étranger non plus.
    Un échange dans le calme et la lenteur (de plus en plus rare dans une émission, mais nous ne sommes pas en prime time et pas sur le réseau grand public de France Télévision.). Encore un effet bénéfique de la nuit, pour laisser le temps à la parole vraie d’émerger.
    Ainsi ; avons-nous droit à un entretien de qualité qui nous donne l’impression de mieux comprendre d’où vient cette auteure, où va-t-elle, ce qui l’anime ; et qui dit animation, dit force de vie, ...une force qu’elle applique à produire de la littérature.


    © Les dédicaces de Cécile Coulon et de Éric Hazan
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    L’intégrale de l’émission ICI

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    TEDx Clermont

    (21 octobre 2017)
    Sur la scène de l’Opéra-Théâtre de Clermont-Ferrand :

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    Cécile Coulon vit toujours à Clermont-Ferrand où elle poursuit actuellement des études de lettres modernes, en doctorat. Ses écrits, fictifs, s’ancrent dans la mémoire des lieux, des paysages et de ceux qui choisissent, ou non d’y habiter. En 2012, « Le Roi n’a pas sommeil » a remporté le Prix France Culture/Nouvel Observateur, son dernier roman en date, « Trois Saisons d’orage », a remporté le Prix des Libraires en 2017.
    Crédit : TEDx-Clermont


  • Viktor Kirtov | 15 novembre 2018 - 20:22 7

    Ce qu’elle dit de son recueil de poèmes

    suivi d’extraits.

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    Elle dit aussi, que c’est son livre le plus autobiographique.

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    Ce qu’elle écrit dans ce recueil de poèmes

    Des poèmes en forme de petites nouvelles traitées avec la technique de la poésie narrative : un début, une chute, une fin. Sa petite gueule d’ange bénie des dieux tutoie aussi l’enfer. Les griffures, les déchirures profondes d’apprentissage de la vie sont là. Elle cache ses balafres dans ses poèmes et par les tatouages de son corps. Elle les panse par des chutes en forme d’humour ou d’espoir. Ses poèmes narratifs racontent l’intime, la vie, la beauté, l’émerveillement et la douleur d’être. Il y a aussi du stoïcisme chez elle. L’apprentissage et la maîtrise de la souffrance dans la course à pied, « le running », qu’elle pratique de façon intensive. Elle a entrepris une thèse sur le thème « sport et littérature ». Boule de lumière et d’énergie d’une terre volcanique. Sa terre d’Auvergne.

    Et aussi sur sa page Facebook, cette saillie nature :

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    Jeux des mots, pirouette, cabriole !

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    Ce que dit d’elle, son éditeur, Les Editions Viviane Hamy :

    Cécile Coulon est née en 1990. Après des études en hypokhâgne et khâgne à Clermont-Ferrand, elle poursuit des études de Lettres Modernes. Elle consacre actuellement une thèse au "Sport et Littérature".

    Son premier roman Le voleur de vie et son recueil de nouvelles Sauvages sont parus aux Éditions Revoir.

    Outre son goût prononcé pour la littérature, de Steinbeck à Luc Dietrich, Nathalie Sarraute ou Marie-Hélène Lafon en passant par Tennessee Williams, Stephen King ou Prévert, elle est aussi passionnée de cinéma (Pasolini, La nuit du chasseur, The Big Lebowski, L’année dernière à Marienbad, Bruno Dumont, Duncan Tucker, Larry Clark, John Waters) et de musique (Elvis Presley, Jerry Lee Lewis, Chuck Berry, Ramones, Lesley Gore, Otis Redding, John Legend).
    Ses cinq romans ont paru aux Éditions Viviane Hamy : Méfiez-vous des enfants sages (2010), Le Roi n’a pas sommeil(2012, couronné Prix Mauvais Genres France Culture / Le Nouvel Observateur la même année), Le Rire du grand blessé(2013), Le Cour du Pélican (2015) et Trois saisons d’orage (2017).

    Source : Editions Viviane Hamy

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    Ce que dit d’elle la critique littéraire

    Elle est considérée comme l’une des voix les plus prometteuses de sa génération.

    « L’écriture, tour à tour sèche comme une trique ou gorgée de sève et de feu, est admirablement maîtrisée. » - Le Monde des livres
    _
    « une sacrée raconteuse d’histoire » - Le Figaro littéraire

    « Son talent est époustouflant. » - Elle

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    « Les ronces », quelques extraits

    Elle a une petite gueule d’ange et par conséquent familière du paradis, peut-on penser, mais ceci ne serait que le masque des apparences.
    Des apparences qui ne servent pas la poésie : pas le meilleur passeport pour écrire « Les fleurs du mal » peut-on aussi penser ?. …Dante a bien écrit sur le paradis, mais aussi sur l’enfer. Quel enfer cache sa petite gueule d’ange ? Quelle est la vie intime d’un ange ? Les théologiens ont disserté sur le sexe des anges, les sociologues d’aujourd’hui parleraient peut-être de genre ? Ses ailes lui donnent-elles un avantage compétitif quand elle court ? Ou bien ses ailes lui permettent-elles de nous observer de plus haut pour raconter nos vies à travers ses personnages ?
    C’est épuisant de toujours voler : est-ce que les ailes vont toujours me porter ? Les anges n’ont pas que des certitudes. Ils se posent et portent les questions des humains, juste avec un peu plus d’acuité et de sensibilité… Et l’éternité, et Dieu dans tout ça, qu’en pense t-elle ?
    Lisez son recueil de poèmes et Cécile Coulon vous apparaîtra peut-être différente de son image et digne d’oser aborder la poésie, celle qu’elle a choisie, la poésie narrative en vers libres. Et finalement, plus humaine et plus attachante.

    Voici quelques extraits de son recueil. Sont-ils suffisants pour restituer un Être dans son envers, au-delà de son endroit ? Sûrement pas, mais il vous est toujours loisible d’aller au-delà en la lisant dans le texte intégral.

    LA SURFACE, POÈME POUR CEUX QUI ONT MAL
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    dans ces moments où tu cesses de tourner avec le monde
    quand tu ne comprends pas
    que les autres ne puissent pas comprendre
    que tu es blessée
    que tu es cassée
    qu’il y a dans ta tête
    la voix insupportable du passé
    qui répète
    « je te l’avais bien dit
    je te l’avais bien dit »
    dans ces moments où tu ne peux pas
    aller plus loin que la porte de ta chambre
    où ta colère est une valise pleine impossible à fermer
    quand tu sautes sur ton cœur pour qu’il cesse d’aboyer
    les autres ne comprennent pas
    non
    ils ne comprennent pas
    que c’est comme être punie après un long voyage
    qu’on t’a renvoyée
    qu’on t’a humiliée
    les autres ne peuvent pas faire autrement
    que de te prendre dans leur bras
    en murmurant « ça va aller »
    l’amour est un naufrage
    et la voix du passé s’agace
    « je te l’avais bien dit
    je te l’avais bien dit
    tu ne m’as pas écoutée »
    ne t’inquiète pas
    tu auras longtemps mal
    ça peut prendre une semaine
    un mois ou une année
    jusqu’à ce que le prochain bateau passe
    ne t’inquiète pas
    il faudra du temps

    avant que tu puisses enfin
    remonter à la surface

    dans ces moments où tu te demandes si tu as mérité
    cette plaie grande ouverte qui bat comme un tambour
    quand tu ne sais plus
    si tu te détestes ou non d’y avoir cru
    Personne ne devrait s’en vouloir d’avoir cru en l’amour
    c’est un enfant farceur, c’est un mauvais joueur
    qui est parti avec les meilleures cartes
    et la voix du passé
    dans ton corps tout entier
    Brisé de larmes et de fatigue
    qui répète
    « je te l’avais bien dit
    je te l’avais bien dit
    tu ne m’as pas écoutée »
    ne t’inquiète pas
    Il faut que tu apprennes à vivre de nouveau
    à retrouver ta place
    ta tristesse est un enclos
    ouvert
    Il faudra du temps
    mais un jour
    tu sauras comment
    remonter à la surface.

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    DIEU

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    Je ne crois pas en Dieu mais il y a des jours en moi
    que je bénis tel un nouveau-né sous la main levée
    d’un homme d’église. Des heures mélodieuses,
    durant lesquelles j’arpentais ma liberté,
    faussement acquise, et faussement rendue.
    Je m’imaginais capable d’accomplir de grandes choses,
    cette certitude me portait en des contrées
    bleues, effrayantes d’arbres drus, de lacs
    fins, aux flots agréables à l’œil et à l’oreille.
    Personne ne m’avait appris qu’on ne peut vivre
    en des moments que l’on a, alors qu’ils peinent
    à s’éteindre, déjà perdus.

    Je ne crois pas en Dieu mais il y a des jours en moi
    que je bénis, en lesquels je trouve la force nécessaire
    pour sécher mes sanglots et avancer jusqu’au prochain
    rebord.

    […

    Je ne crois pas en Dieu mais il y a des erreurs que le temps,
    les paroles des êtres fidèles, et l’orgueil des moments

    importants
    n’effacent pas. Je ne veux plus être pardonnée :

    il est trop tard.
    J’interroge mes parents, des inconnus :
    comment fait-on pour vivre avec moins de bonté d’âme
    que ce qu’on a reçu ?
    Ils ne me répondent qu’avec des sourires graves,
    qu’avec des gestes pleins de cette tendresse de celles et ceux
    qui n’en peuvent plus.

    Je ne m’appartiens pas ; je ne crois pas en Dieu mais je refuse

    de vivre à moins d’un mètre du paradis. Lorsqu’on me demande

    où je compte aller, je n’entends pas, puisque je suis déjà partie.

    Je ne crois pas en Dieu pourtant il reste une voix qui vibre
    dans ma poitrine comme une corde usée : alors, vaincue,

    je m’enroule
    dans des couleurs sombres, et je sens la chaleur,

    la douce chaleur,
    la dernière de toutes, passer sur moi, sans arrêter

    sa course furieuse.

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    DOUCEMENT DISPARAÎTRE
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    Rien ne m’a plus blessée dans ma courte existence
    que de vivre raisonnablement ;
    ça a commencé lorsque je suis devenue, très tôt,
    une enfant gâtée,
    par d’autres autorités que celle de mes parents,
    conquise, choyée par les personnages des histoires
    qu’on me lisait,
    j’étais la préférée de femmes et d’hommes qui ne vivaient
    pas ailleurs que dans mon imagination.
    Ce genre de fête intérieure donne naissance
    à des adolescents insupportables et capricieux,
    incapables de baisser la tête, prêts à pleurer
    pour la moindre étincelle dans l’œil de la chienne
    qui va bientôt mourir, prêts à cogner
    pour le moindre ajustement impossible à construire

    […]

    On entre en âge adulte comme on entre en promesse
    de guérison : la voix manque de plus en plus souvent,
    les yeux sont fatigués et nous acquiesçons gentiment
    devant les contrats que moins d’un an plus tôt
    nous aurions refusé de signer.
    On se demande, chaque jour, comment enlacer
    un cœur brisé.
    On se demande, chaque jour, comment accepter
    de perdre ce que les personnages d’histoires anciennes
    nous avaient confié.
    Rien ne m’a plus blessée dans ma courte existence

    que de vivre raisonnablement,
    je ne pensais pas que ce moment viendrait aussi vite
    avec son cortège de bonnes intentions
    à cheval sur des êtres qui ne seront rien pour moi
    une fois qu’ils partiront,
    dedans une mélodie, d’un temps plus ancien

    que celui des livres, joue doucement,
    elle a remplacé les chants barbares,
    je crains qu’elle ne s’éteigne, comme s’est éteinte
    ma voix, ou du moins ce qu’il en restait
    après en avoir laissé un morceau,
    une large part,
    à un personnage que je ne suis pas.

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    COURIR
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    La course, la vraie –celle qui ne s’embarrasse ni d’écriture technique sur le sujet ni d’éléments numériques pour mesurer le corps et ce qui palpite à l’intérieur –la course, la vraie, est comme la poésie ou l’amour véritable ; elle n’exige rien d’autre que l’essentiel. Malgré tout, pour elle, l’essentiel, c’est déjà trop.

    […]

    Courir c’est ruisseler de douleur, de la gorge aux talons, des poumons aux genoux ;choisir d’abandonner au paysage, à la vitesse,tout ce qu’on ne sait pas faire de soi. Parcourir la courbure de l’horizon comme on laisse traîner ses doigts sur une peau craquée par l’hiver et la fuméedes maisons basses.Courir, c’est admettre que nous n’irons pas plus loin que le bout de la terre,qu’à la fin le reste est un grand vide que nous voudrions voir, ne serait-ce qu’une fois dans l’existence,quitte à s’évanouir longtemps, emportés dans ces stupides transhumances pendant lesquelles j’ai la chance d’oublier,de rompre ces jambes gaspillées au quotidien en attentes débiles, en montées et descentes de train.La course, la vraie, est une manifestation d’indifférence ;ce n’est pas grave de ne pas arriver, ce n’est pas grave de s’écrouler sous la pluie,ce n’est pas grave de sentir la peau pleurer par tous ses yeux disponibles. Courir c’est brandir un drapeau troué pour dire qu’il ne nous resteque ça –et encore les groupes publicitaires voudraient nous l’enlever–, cet acharnement à mourir plus vite que la moyenne,à creuser, gonfler, puis de nouveau creuser son ventre,s’élancer à l’assaut des falaises, des pistes et des trottoirs mouillés.

    La course, la vraie, est une fureur carnivore. Un astre brûlant caché dans les jointures du corps ; elles grincent, la nuit, comme un miracle froissé.Une force qui rugit, à laquelle nous sommes forcés de croire puisque qu’il n’y a qu’elle qui puisse suspendre aux crochets des montagnes des femmes et des hommes emplis de cette beauté brutale qui ne supporte ni la lenteur,ni les cris,ni ces bouquets d’amnésie qu’on s’offre pour éviter d’avoir mal. Courir c’est le langage des ténèbres né dans une bouche humide de sueur, de larmes et de salive. À l’heure où les familles passent à table, où les enfants vont dormir et les vieillards s’efforcer de survivre, la course, la vraie, s’ébroue dans la pénombre et ses lucioles en furie font un cortège immense aux paupières de la nuit.

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    FIN D’UN ESPOIR TENACE
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    Maintenant qu’il ne reste plus rien que le souffle lent du passé
    qui ne cesse d’intervenir dans cette décision atroce,
    je cherche dans mes gestes une manière, moins sale
    que celle de la main qui passe sur des yeux gonflés,

    […]

    Bien sûr, en d’autres lieux, en d’autres temps, j’ai appris
    à pardonner, à combler le manque de caresses brûlantes
    par des plateaux télévisés et des œuvres
    ni remarquées ni remarquables, faites pour me hisser
    au-delà de ce que mes parents, et les leurs, et les vôtres
    nomment « une vie raisonnable ». Des leçons
    simples à apprendre ; raconter des histoires,
    les suspendre à des lèvres inconnues,

    s’enivrer d’amitiés sincères
    et vivre avec à l’intérieur ce cœur comme un écolier maigre
    supporte, chaque jour, sur son dos, le poids de son cartable.

    Maintenant qu’il ne reste plus rien que le souvenir gorgé

    de sanglots

    d’un moment si précisément enfoncé dans la chair

    comme un sabot dans une terre mouillée,

    j’en appelle à la fureur des orages
    pour noyer cette naïveté d’enfant roi, pour qui chaque minute
    est une éternité durant laquelle il faut s’employer à donner
    le meilleur de soi-même et créer des pays désirables
    pour remplacer les ruines futures du monde moderne.

    […]

    Je n’ai pas encore trente ans et déjà des cheveux blancs.
    Le talent est une denrée périssable. Ce soir j’entends
    la voix d’une autre femme, elle murmure qu’il est peut-être
    venu, le moment du génie véritable :
    « Ceux qui n’écrivent pas ont le courage de ne pas le faire,
    ce rugissement, oh mon enfant, fais-lui mal, fais-le taire. »
    Je ne sais pas qui parle et je ne me pose pas la question,
    je voudrais savoir m’étendre, savoir me perdre dans
    le ronronnement d’un animal endormi
    et admettre, peut-être,
    que cette voix, ce soir, a probablement raison.

    Jusqu’ici, j’ai vécu accoudée aux balcons des montagnes
    avec une cigarette entre les doigts et du foin dans les cheveux ;

    l’aube passait sur la campagne,

    accompagnant les vols d’oiseaux
    qui tournaient sur les moissons comme des danseurs

    aveugles et amoureux.

    Maintenant qu’il ne reste plus rien que ces paupières

    ravagées de pleurs graves

    et de couleurs changeantes,
    je pense à ce balcon où je vivais

    paisiblement et sans ardeur, il est temps d’éteindre la cigarette,

    de saluer cette aube royale, et de rentrer, enfin, à l’intérieur.

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    LA PARTIE
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    Il y a des jours comme ça
    où je me demande si
    la partie est terminée
    ou si, au contraire,
    elle vient juste de commencer.
    Aujourd’hui est un de ces jours-là
    sauf qu’il dure depuis dix ans,
    déjà.
    Je commence à trouver le temps
    long.
    En plus de ça, depuis ce matin
    je me demande si un poème
    est le début, ou la fin
    d’un énième chapitre.
    J’en suis arrivée à la conclusion suivante :
    un poème c’est quelque chose
    d’éphémère et joli
    comme la signature d’un doigt
    sur la buée d’une vitre.

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    Cécile Coulon « Qu’y s’y frotte… »

    « Jacques Bonnaffé lit la poésie » dans son émission sur France Culture vient de consacrer quatre émissions intitulées : Cécile Coulon « Qu’y s’y frotte… » 1/4.à 4/4.
    Voici la quatrième :

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    Crédit : https://www.franceculture.fr/emissions/jacques-bonnaffe-lit-la-poesie/cecile-coulon-qui-sy-frotte-14-jaimerais