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Quand la grande Catherine de Russie achetait la bibliothèque de Voltaire

suivi de : « Le cerveau de Voltaire »…
et vidéo « Pourquoi le corps de Voltaire a-t-il été éparpillé façon puzzle ? »

D 4 juin 2018     A par Viktor Kirtov - C 1 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


PARTIE I

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Collectionneuse à tous égards


L’Enjambée impériale,
Caricature contre Catherine II de Russie, 1792-1794. Eau-forte coloriée
© Bibliothèque nationale de France - ZOOM : cliquer l’image
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C’est à la mort de son mari, le tsar Pierre III, que Catherine II (1729-1796) se fait sacrer impératrice à Moscou, le 22 septembre 1762. On connaît l’admiration que lui vouait Voltaire : il n’hésite pas à l’appeler « la bienfaitrice de l’humanité ». Commencée en septembre 1763, la correspondance entre Voltaire et Catherine II comporte quelque cent quatre-vingt-dix-sept lettres dans lesquelles le vieux philosophe fait sa cour épistolaire pour gagner l’impératrice à la cause des Lumières. Bien qu’elle fasse traduire en russe des articles de l’Encyclopédie, ses opérations militaires vont à l’encontre de l’esprit des Lumières. Voltaire feindra d’ignorer ce grand écart. À la mort du philosophe, Catherine II acquiert sa bibliothèque, près de 7 000 volumes, conservés aujourd’hui encore à Saint-Pétersbourg. La place nouvelle qu’occupent les femmes dans la vie publique n’échappe pas aux critiques ni aux quolibets, comme en témoigne cette caricature.et ses bulles grivoises (que l’on peut zoomer) et qui font référence à son appétit de conquêtes territoriales et sexuelles.

Croqueuse d’hommes, Catherine II ne collectionnait pas que les livres. Le passionnant documentaire du réalisateur germano-belge Peter Woditsch porté sur les écrans en 2002,« Le Secret perdu de Catherine la Grande », Sophimage, ARTE, RTBF) laisse peu de doutes sur la question d’un « cabinet érotique » au sein du palais. Outre les révélations du père du documentariste, qui, en captivité, avait vu des photos montrées par un officier de la Luftwaffe, deux soldats de la Wehrmacht et la fille très âgée d’un ancien gardien du palais confirment l’existence de plusieurs pièces ayant contenu des meubles, des peintures et des objets d’un érotisme on ne peut plus explicite, et jusqu’à des cloisons sculptées. Par ailleurs, un album de photographies existe, qui rassemble plusieurs pièces de ce même mobilier, ainsi qu’un inventaire, daté de 1939, mentionnant une collection d’objets érotiques incluant meubles et lustres. [1]


Dans la collection des meubles de Catherine II
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L’acquisition de la bibliothèque de Voltaire

La bibliothèque de Voltaire a été acquise par l’impératrice Catherine II peu de temps après la mort de Voltaire survenue le 30 Mai 1778. Dès qu’elle eut reçu de son agent littéraire et politique M. Grimm la confirmation de cette triste nouvelle, Catherine II lui écrivit (le 21 Juin 1778) : « Quand je viendrai en ville cet automne, je rassemblerai les lettres que ce grand homme m’a écrites, et je vous les enverrai. J’en ai un grand nombre, mais s’il est possible, faites l’achat de sa bibliothèque et de tout ce qui reste de ses papiers, inclusivement mes lettres. Pour moi, volontiers, je paierai largement ses héritiers, qui, je pense, ne connaissent le prix de rien de tout cela… Je ferai un salon où ses livres trouveront leur place… »

Les pourparlers concernant cet achat furent menés par M. Grimm et I. Chouvalov avec la nièce et héritière de Voltaire, Mme Denis, qui finalement reçut de l’impératrice la somme de cent trente cinq mille trois cent quatre-vingt dix-huit livres, quatre sols, six deniers ainsi qu’un coffret avec un portrait de Catherine II, des diamants et des fourrures. Toute cette acquisition fut suivie et même contrôlée par le gouvernement français dont l’opinion officielle fut formulée par le premier ministre Charles Gravier de Vergennes dans sa lettre à l’envoyé français à St-Pétersbourg le chevalier de Corberon : « …Cette affaire est absolument étrangère à la politique et il est au moins inutile que nous nous mêlions de priver Catherine II d’une chose à laquelle elle parait mettre un assez grand intérêt… »

Au début du mois d’août 1778 la bibliothèque de Voltaire arriva à St-Pétersbourg sur un bateau spécialement envoyé par Catherine II. J.-L. Wagnière qui suivit les livres et les manuscrits dans leur voyage, s’occupa de leur déballage et les rangea au Palais d’Hiver dans les pièces attenantes au cabinet de travail de l’impératrice, puis, une fois sa tâche terminée, il revint au pays, chargé de nombreux cadeaux. Wagnière remit les clefs des armoires de la bibliothèque à Alexandre Loujkov (1754 – 1808), un homme cultivé et distingué, traducteur de français.

La bibliothèque de Voltaire devint partie intégrante de la bibliothèque personnelle de Catherine II. En novembre 1785 l’ensemble de la bibliothèque de D. Diderot et des ses manuscrits arriva à son tour à St-Pétersbourg et pris place à côté de celle de Voltaire. Au cours des dernières années du XVIIIe siècle la bibliothèque de l’Ermitage fut non seulement le lieu de travail préféré de l’impératrice, mais aussi une des curiosités de la capitale russe, que l’on présentait avec plaisirs aux diplomates et voyageurs étrangers. Une des premières descriptions de la bibliothèque de Voltaire, après son transport en Russie, fut faite par Iohann-Gottlieb Georgi dans sa « Description de la ville de St-Pétersbourg » (édition russe du 1794) : « A un étage supérieur de l’Ermitage se trouve la bibliothèque de Voltaire. Achetée par l’impératrice à son héritière, elle occupe une salle, ayant en son centre des armoires, avec un plateau carré en bois où se trouve le buste en bronze de Voltaire et une grande maquette du château de Ferney avec ses parcs ».

Au début des années 1850 la bibliothèque de Voltaire trouva un nouvel emplacement à l’Ermitage, mais, dès 1861, elle fut transportée dans le bâtiment de la Bibliothèque Impériale Publique.

Un an après ce transfert fut fait le nouvel inventaire de la collection, on pensa aussi à faire la description sommaire des notes, que le philosophe avait laissées en marge de ses livres. Vers la fin des années 1860 la bibliothèque de Voltaire fut mise dans les armoires de la Salle ronde au deuxième étage de la Bibliothèque Publique (là où aujourd’hui se trouve la conservation des livres russes). Dans cette même salle trouva sa place la statue de Voltaire par Houdon, qui rentra à l’Ermitage en 1884.

Conformément à son « Catalogue » la bibliothèque de Voltaire comporte 6 814 volumes (y compris 20 volumes de manuscrits décrits par Caussy).

En analysant le répertoire des éditions de la bibliothèque on peut noter le très grand intérêt que Voltaire portait à la littérature philosophique, juridique et théologique. Ces ouvrages furent un éminent support idéologique au philosophe dans ses combats contre la religion catholique, ainsi que contre toute religion. Les traités juridiques richement annotés des remarques marginales furent utilisés dans la lutte pour la nouvelle législation. La bibliothèque comporte un très bon choix d’ouvrages sur l’histoire de la France, de l’Europe et de l’histoire universelle. Voltaire avait un bon répertoire des ouvrages dramatiques et poétiques en français et en italien.

Par ailleurs, comme toute bibliothèque vraiment encyclopédique, elle avait dans son répertoire les meilleurs périodiques scientifiques du temps, les œuvres de Newton, dont Voltaire fut le vulgarisateur en France, les traités médicaux du célèbre hollandais Hermannus Bœrhaave , des descriptions de voyages, des atlas, en somme des livres traitant de presque toutes les sciences et parlant de tous les arts.

Les œuvres de Voltaire occupent une place à part dans sa propre bibliothèque, elles sont richement annotées de remarques, corrections et autres traces de lecture du philosophe.

Pour exemple : « Le dictionnaire philosophique », qui est conservé à la bibliothèque dans toutes ses rééditions successives et avec les notes marginales de Voltaire, donne la possibilité de pénétrer aujourd’hui dans le laboratoire de travail du philosophe et de voir l’évolution de ces idées pendant plusieurs années de suite.

La bibliothèque et les manuscrits de Voltaire contiennent un compendium considérable de documents sur l’histoire russe : il s’agit tout d’abord de la rossica française et de cinq volumes de manuscrits, qui furent préparés en Russie et envoyés à Ferney lors du travail de Voltaire sur « l’Histoire de l’Empire de Russie sous Pierre-le-Grand ».

Voltaire - membre honoraire de l’Académie des sciences de St-Pétersbourg - contribua beaucoup dans les pays de l’Europe à la propagande du nom et des réformes de Pierre-le-Grand, dans ses ouvrages historiques et polémiques ; il créa une image favorable de la Nouvelle Russie. Dans les années 1760/1770, il fit beaucoup pour la présentation idéologique dans les pays occidentaux de la politique de Catherine II qui fut pour Voltaire « l’autocratrice-impératrice-bienfaitrice Catherine la Grande », protectrice de la tolérance religieuse.

C’est pourquoi parmi les manuscrits russes de Voltaire, qui sont conservés dans sa bibliothèque, nous voyons non seulement un « Extrait du Journal de Pierre-le-Grand », mais aussi la traduction française du célèbre « Instruction pour la commission chargée de dresser le projet d’un nouveau Code des Lois » de Catherine II. Ce document fut envoyé à Voltaire en 1769, il fut utilisé par lui dans ses travaux polémiques et rentra en Russie avec sa bibliothèque.

« Ma coutume est d’écrire sur la marge de mes livres ce que je pense d’eux », écrivait Voltaire dans une lettre à Mme de Saint-Julien. Environ 2 000 volumes de sa bibliothèque portant les traces de lecture de leur propriétaire, confirment cette déclaration. On distingue à peu près 30 genres de traces de lecture qui se divisent en notes « écrites » (notes de texte) et notes dites « muettes ». A côté des annotations de la main de Voltaire, on trouve aussi dans ses livres de nombreux signets - bandes de papier glissées entre les pages, les « papillons » - petits bouts de papier collés sur le texte du livre ou en marge, les pages cornées ou pliées, les mots et phrases soulignés, ainsi que les différents signes graphiques (traits, croix, points, etc.) faits à l’encre ou au crayon, à la sanguine ou à la pointe sèche.

Ses annotations sont souvent la réaction immédiate à sa lecture, parfois elles expriment son opinion définitive, résultat de longues médiations. Dans tous les cas elles sont d’une sincérité frappante. Annotant ses livres, Voltaire ne se souciait ni de censure, ni de publicité.

Un mot suffit d’habitude au Voltaire-lecteur pour exprimer son attitude positive ou négative par rapport à la lecture. « Bien », « bon », « vrai », « excellent », « bravo », - de cette manière, laconique mais émotionnelle, il confirme son accord avec l’auteur. « Non », « faux », « erreur », « bêtise », « sottise », « galimatias ! » - et ce sont seulement quelques exemples d’un large spectre des appréciations négatives, que nous donnent les notes marginales.

Ecrivain dont le style peut passer pour exemplaire, Voltaire est très sensible à toute nuance de la langue. Et comme tel il se montrait bien sévère à l’égard de ses confrères de plume, ne supportant ni métaphores maladroites, ni expressions ampoulées, ni rimes banales, ni inexactitude. « Mal écrit », « inintelligible », « mauvaise comparaison », « quel galimatias d’expressions », « quel style ! », - s’écriait le critique impitoyable. Les reproches et les remarques sarcastiques abondent dans les marges des tragédies de Belloy et de Crébillon, on les retrouve dans les ouvrages philosophiques, historiques, économiques, scientifiques de Buffon, de Dubos, d’Helvétius, d’Holbach, de Linguet, de Mably, de Montesquieu, de Rousseau et de beaucoup d’autres.

L’un des procédés préférés de Voltaire était d’ajouter quelques mots à la suite du nom de l’auteur, du titre de l’ouvrage ou du chapitre, de l’alinéa, etc. les caractérisant d’une manière brève et parfois mordante. C’est ainsi qu’à la fin de la tragédie de Baculart d’Arnaud « Fayel », après la remarque de l’auteur « Le rideau s’abaisse », on lit cette phrase ajoutée à la main : « Il ne devait pas se lever ». Il y a des annotations dont le sens est beaucoup plus général. Ce sont les opinions de Voltaire se rapportant à un auteur, un éditeur, ou un traducteur, à un livre en entier ou à une partie du livre. « Plate préface.Elle rend nécessaire ce que l’auteur veut combattre », - écrit-il en marge du « Christianisme dévoilé » de d’Holbach. « Livre dangereux » - cette note figure sur la feuille de titre de plusieurs ouvrages de la critique philosophique présents dans sa bibliothèque.

Après la parution en 1979 du premier volume du Corpus des notes marginales de Voltaire dans les éditions « Académie-Verlag », plusieurs comptes-rendus favorables furent publiés dans la presse russe et européenne. Dans une lettre adressée à O. Golubéva, Robert Shackleton, Président de la Fondation Voltaire à Oxford, écrivait : « Je crois pouvoir affirmer que le retentissement international de l’édition des notes marginales de Voltaire fera époque dans les annales du Siècle des Lumières ».

Le travail des conservateurs de la Bibliothèque de Voltaire et la consolidation de l’intérêt international pour cette collection amenèrent à l’idée de la création à la Bibliothèque Nationale de Russie du « Centre d’étude de l’Encyclopédisme et du XVIIIe siècle » (« Centre Voltaire ») ayant comme base informatique la bibliothèque et les manuscrits de Voltaire et plus largement la bibliothèque de Catherine II

L’idée de la création du « Centre Voltaire » à St-Pétersbourg fut soutenu par le président de la République Française, Jacques Chirac, qui avait visité la Bibliothèque Nationale de Russie le 26 Septembre 1997.

Les travaux architecturaux et de construction ont débuté en 2001 et terminés au mois de mai 2003. Ainsi l’ouverture du « Centre Voltaire » de la Bibliothèque Nationale de Russie pourra être considérée comme un cadeau à St-Pétersbourg à l’occasion de son tricentenaire.

L’idée de la création du « Centre Voltaire » à St-Pétersbourg fut soutenu par le président de la République Française, Jacques Chirac, qui avait visité la Bibliothèque Nationale de Russie le 26 Septembre 1997.

Les travaux architecturaux et de construction ont débuté en 2001 et terminés au mois de mai 2003. Ainsi l’ouverture du « Centre Voltaire » de la Bibliothèque Nationale de Russie pu être considérée comme un cadeau à St-Pétersbourg à l’occasion du tricentenaire de la naissance de Voltaire..


La Biblioothèque Nationale de Russie
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Voir ICI : « Un trésor à Saint-Petersbourg
La prestigieuse bibliothèque de Voltaire »

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Le projet caressé d’une copie du château de Voltaire dans le parc de l’impératrice

Catherine II, caressait le projet de construire dans le parc de sa résidence de Tsarskoië-Sélo une copie du château de Ferney, où Voltaire vécut les 20 dernières années de sa vie.

« Faites-moi avoir la façade du château de Ferney et, s’il est possible, le plan intérieur de la distribution des appartements », écrivit-elle à Grimm, son agent littéraire et politique. « Il faut encore que je sache quels appartements du château sont vers le nord, et quels vers midi, levant et couchant ; il est encore essentiel de savoir si l’on voit le lac de Genève des fenêtres du château et de quel côté il en est de même du mont Jura […]. »

Sur l’ordre de Catherine II, en 1779, ont été relevés les plans du château de Ferney et de ses parcs, ainsi qu’un modèle détaillé de tout le bâtiment. Le secrétaire de Voltaire J.-L. Wagnière a été chargé de transporter à St-Pétersbourg les échantillons des tentures murales et des tissus recouvrant les meubles. Le « Ferney russe » à Tsarskoië-Sélo devait, dans l’esprit de l’impératrice, symboliser à jamais la honte de la France, qui n’avait pas rendu les derniers hommages à Voltaire.


Maquette du Chateau de Ferney. Bois, papier,verre, métal et plâtre - 100 x 65 cm - H. 48 cm
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Echantillons des tentures murales et des tissus du château
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Dès 1779, des plans détaillés du château de Ferney et de ses parcs furent dressés ainsi qu’une maquette démontable de l’ensemble des bâtiments. J.-L. Wagnière, – « le meilleur secrétaire de Voltaire » – fut chargé de faire parvenir à Saint-Petersbourg des échantillons des tentures murales et des tissus utilisés pour tapisser les meubles du château. Une partie de ceux-ci, envoyés par bateau sont visibles dans les vitrines de la bibliothèque Voltaire de Saint-Petersbourg, avec annotations et détails. De même qu’une copie de la maquette du château de Ferney, toujours à l’Ermitage.

Cependant, le projet de construction de la copie du château de Ferney en Russie n’a pas été réalisé, probablement pour des raisons financières mais aussi politiques : la révolte de Pugatchev a épuisé les réserves d’état. Au début des années 1780 on a assisté au rapprochement évident de la Russie avec la France de Louis XVI et avec l’Autriche en vue de nouvelles répartitions territoriales du monde.[Crédit : https://www.fykmag.com/un-tresor-a-saint-petersbourg-la-prestigieuse-bibliotheque-de-voltaire/]

Nota : les plans détaillés du château et les échantillons de tentures et murales et tissus constitués par Catherine servirent lors de la rénovation du château, inaugurée par E. Macron le 30 mai 2018 (jour anniversaire de la mort de Voltaire)

La commande au sculpteur Jean-Antoine Houdon d’une statue de Voltaire


Voltaire (J-A Houdon)
Marbre, H. 138 cm, 1781, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg.
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Voltaire (J-A Houdon)

Cette statue de Voltaire assis dans un fauteuil est parmi les chefs-d’œuvre du sculpteur Jean-Antoine Houdon. Réalisée en 1781 pour Catherine II, elle est livrée en Russie deux ans plus tard. Le penseur des Lumières a posé pour Houdon peu avant sa mort. Le sculpteur lui donne l’apparence d’un philosophe antique, avec des vêtements aux larges plis et à la splendeur majestueuse. Houdon le dépeint les mains reposant sur les bras de la chaise, les plis de son cou et le visage ridé, marques de vieillesse mais avec le regard fixe, pénétrant et ironique. (cf. musée de l’Ermitage).


PARTIE II

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Le cerveau de Voltaire

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Franck Nouchi

Le cerveau de Voltaire

Flammarion, 2012

Le cœur et le cerveau de Voltaire ont été conservés après sa mort. Le Bulletin de la Société française d’histoire de la médecine, dans son numéro 21 de 1927, nous en conte les péripéties. Sur le socle du plâtre original [2] du « Voltaire assis » de Houdon, plâtre qui se trouve aujourd’hui dans le salon d’honneur de la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu, on peut lire cette inscription : « Cœur de Voltaire donné par les héritiers du marquis de Villette. ».

Quant au cerveau… c’est l’objet du roman de Frank Nouchi, qui mêle roman et réalité et où Philippe Sollers apparaît comme personnage de roman

Extrait de l’avant propos

Lorsqu’il meurt, le 30 mai 1778, Voltaire est l’intellectuel le plus connu au monde. […] De l’Angleterre à la Prusse et à la Russie, il avait su séduire les plus puissants souverains d’Europe. Prêchant la tolérance, luttant contre le fanatisme, Voltaire était la figure emblématique des Lumières.

En février 1778, usé et malade, Voltaire a quatre-vingt-quatre ans lorsqu’il entreprend un voyage qui le mènera de son domaine de Ferney à Paris. Il n’a pas quitté le pays de Gex depuis vingt ans et n’a pas revu la capitale depuis son départ pour la Prusse en 1750. Son envie d’assister à la création d’Irène, sa nouvelle –et dernière– pièce, à la Comédie-Française, est la plus forte.

Le 30 mars 1778, pour la sixième représentation, le triomphe est tel que Voltaire s’exclame : « Vous voulez donc me faire mourir à force de gloire ! » C’est son sacre. Dans les rues, des milliers de personnes l’acclament au passage de son carrosse.

Le 2 avril, Irène est jouée à Versailles. Sans doute trop puissant pour être autorisé à se rendre en ces lieux, Voltaire n’a pas été invité.

Hébergé chez le marquis de Villette, dans un hôtel particulier qui se trouve à l’angle de la rue de Beaune et du quai qui, bientôt, portera son nom, Voltaire est mourant. Ses dernières visites ont été pour l’Académie et son Dictionnaire. « Notre langue est une gueuse fière, disait-il, il faut lui faire l’aumône malgré elle. »

Voltaire meurt le 30 mai 1778 dans d’horribles souffrances. Le lendemain, il est autopsié par M. Try, un chirurgien de la rue du Bac, assisté par l’apothicaire du quartier, M. Mitouart. Selon M. Try, les reins et la vessie étaient épouvantablement infectés et perforés, « semblables à du lard décomposé ». Le cœur était très petit, le cerveau très gros. Pour son dérangement, M. Mitouart demanda à garder le cerveau. Quant à M. de Villette, il se réserva le cœur, qu’il fit enfermer dans un étui d’argent doré.

Recousu tant bien que mal, le corps de Voltaire est transporté à l’abbaye de Seillières, près de Romilly, dans l’Aube. Il y restera treize ans, jusqu’au retour triomphal à Paris, le 11 juillet 1791. Dans les rues qui mènent au Panthéon, des centaines de milliers de parisiens acclament le cercueil du philosophe. Sur des bannières, on peut lire : « Si l’homme est créé libre, il doit se gouverner. » Ou encore : « Si l’homme a des tyrans, il doit les détrôner. »

Le cœur de Voltaire fit un tout autre voyage. Après moult étapes, au nom de NapoléonIII, le ministre de l’Instruction publique, Victor Duruy, fit déposer ce « bien national » à la Bibliothèque impériale le 16décembre 1864. Il se trouve aujourd’hui dans le salon d’honneur de la Bibliothèque nationale, rue de Richelieu. Sur le socle du plâtre original du « Voltaire assis » de Houdon, on peut lire cette inscription : « Cœur de Voltaire donné par les héritiers du marquis de Villette. »

Quant au cerveau…

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L’urne avec le cerveau de Voltaire
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[Les archives de La Comédie française gardent trace de sa remise à l’institution, en 1924, dans « une urne en cristal taillé, montée sur un socle en bois, le couvercle en cristal, scellé par une bande de papier gaufré. Au socle est attaché le cachet de la pharmacie Mitouart, rue Coquillière. »]

On a volé le cerveau de Voltaire (extrait Sollers personnage du roman)

[ Le vol a eu lieu dans le laboratoire de génétique du musée de l’Assistance publique où Clélia exerce et venait de procéder à une analyse ADN comparée des restes de cerveau détenus par La Comédie française, avec l’ADN du cœur détenu par la Bibliothèque nationale de France. Et, comme à la BnF, on trouve à la Comédie française une autre statue de Voltaire par Jean-Antoine Houdon. Elle orne le vestibule de l’institution.]

[…] En arrivant au Marigny, elle observa que la terrasse était presque vide. Un homme seul était attablé : Philippe Sollers buvait son café et son quart Vittel tout en feuilletant la presse du matin. À l’intérieur de l’établissement, un vieil homme remplissait une grille de Loto. Un autre, accoudé au zinc, lisait Le Parisien. Apparemment, personne ne semblait guetter l’arrivée de Clélia.

Au bout d’un instant, elle se décida.

—Monsieur, s’il vous plaît. J’attends quelqu’un que je ne connais pas. Personne ne vous a dit qu’il me cherchait ce matin, par hasard ?

Le garçon sourit :

—Eh non, chère mademoiselle. Personne. Encore un de ces idiots de Facebook. Même pas capable de se rendre à un vrai rendez-vous.

—Non, rien à voir. La personne dont je parle devait avoir un livre de Voltaire à la main.

Les entendant, un autre serveur les interrompit :

— Voltaire ? Vous avez dit Voltaire ?

Clélia crut qu’il se moquait d’elle en imitant Louis Jouvet.

—C’est bien vous qui avez parlé de Voltaire, non ?

—Oui, finit par dire Clélia.

—Alors, en ce cas, un monsieur, ce matin, a laissé quelque chose à votre intention. Il m’a dit de vous dire qu’il s’excusait, mais qu’il ne pourrait pas honorer votre rendez-vous. Attendez-moi, je reviens…

Au bout d’un instant, le serveur réapparut, un paquet à la main.

— Tenez.

Il s’agissait d’un volume des œuvres complètes de Voltaire dans la collection La Pléiade. Un petit mot manuscrit avait été glissé entre deux pages :

Mademoiselle, pardonnez-moi. Je ne savais plus si je pouvais vous faire confiance. Je ne voulais pas me retrouver en tête-à-tête avec Attias [Marcel Attias, commissaire de police]. Je suis sûr que vous me comprendrez. Si vous êtes venue seule à ce rendez-vous, considérez-moi comme le plus bête des hommes. J’en suis désolé. Vraiment. Bien à vous. L.

Que voulait dire ce « L. » ? Clélia se dit qu’elle y réfléchirait plus tard et commanda un café. Un homme venait de s’asseoir à la table de Philippe Sollers. La cinquantaine, de fines lunettes, et des cheveux auburn assez longs, il semblait bien connaître l’écrivain. Très vite, les deux hommes se mirent à rire aux éclats. S’asseyant à la table d’à côté, Clélia entendit qu’ils parlaient de Sarkozy.

—Non mais, tu l’as vu hier soir à la télé ? Cette allusion à Carla et à sa grossesse, grand style, non ?

Il arrive parfois dans la vie que l’on décide d’agir totalement à l’improviste, le cerveau déconnecté de toute prudence, de toute timidité. Une impulsion décisive :

—Excusez-moi de vous déranger. Vous êtes bien Philippe Sollers, non ?

Clélia s’était jetée à l’eau sans être certaine de savoir nager.

—Mais oui, dit l’écrivain en levant son légendaire porte-cigarettes. On ne peut rien vous cacher, chère mademoiselle. Que puis-je pour vous, si je peux quelque chose ?

—Je voudrais vous interroger à propos de Voltaire, mais ce n’est peut-être pas le moment…

L’homme assis en face de Sollers se leva :

—Bon, Philippe, faut que j’y aille. Médrano n’attend pas. Mademoiselle, je vous laisse entre les mains, et les mots, de notre meilleur spécialiste de Voltaire. Je vous souhaite une bonne journée. Salut Philippe.

L’homme alla détacher son vélo garé juste à côté du café, face au kiosque à journaux.

—Je vous dérange, dit Clélia.

—Pas du tout. C’est son heure.

— Il fait du cirque ?

—Non (rire de Sollers).Médrano, nom de code, c’est Le Monde, son journal. Alors, vous vous intéressez à Voltaire ?

Clélia se dit que le plus simple était de tout raconter. Sollers avait visiblement du temps. Au bout d’un quart d’heure, il l’interrompit.

—Mais c’est extraordinaire ce que vous me racontez là, mademoiselle ! Extraordinaire, vraiment ! Il n’y a pas longtemps, j’étais allé voir son cœur à la BN. Et je me disais qu’un jour j’irais voir son cerveau. Incroyable ! Il vous avait donné rendez-vous ici, au Marigny ? Et c’est au Monde qu’il a écrit une lettre, non ? Eh bien, figurez-vous que la personne avec laquelle je parlais comme chaque matin est un des rédacteurs en chef du Monde. Je crois bien qu’il s’occupe de votre affaire, sacré hasard, vous ne trouvez pas ?

Clélia se dit que rien de tout cela n’était fortuit. Le voleur devait savoir que Philippe Sollers et son ami journaliste avaient leurs habitudes au Marigny. Chaque matin, à la même heure, ils refaisaient le monde.

—Je crois que le voleur nous a fait un tour à sa façon, résuma Sollers, aux anges. Vous, mon copain et moi, cela fait beaucoup, je trouve. Curieux, tout de même…

Intrigué, l’auteur de Femmes poursuivit :

—Peut-être est-il anglais, votre voleur ? Les Anglais aiment Voltaire, les Français ne l’aiment pas. Il est mort riche, donc ça ne va pas. Il n’était pas dévot, donc ça ne va pas non plus…

—Sur Internet, j’ai vu que vous avez beaucoup écrit sur Voltaire…

—Vous devriez lire le texte de présentation que j’ai écrit pour le numéro spécial de L’Infini consacré à Voltaire. Dans ce texte, que j’ai appelé « Le principe d’ironie », je cite Barthes. Le texte qui servait de préface aux Romans et Contes, en Folio. Tout Voltaire est là. Si vous m’attendez, je monte le chercher dans mon bureau…


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Le bureau de Sollers était situé au dernier étage de l’immeuble surplombant le Marigny. Deux minutes plus tard, il était de retour, un numéro de L’Infini dans une main, son porte-cigarettes dans l’autre.

—Écoutez, vous allez voir : « En somme, ce qui nous sépare peut-être de Voltaire, c’est qu’il fut un écrivain heureux. Nul mieux que lui n’a donné au combat de la Raison l’allure d’une fête. Tout était spectacle dans ses batailles : le nom de l’adversaire, toujours ridicule, la doctrine combattue, réduite à une proposition (l’ironie voltairienne est toujours la mise en évidence d’une disproportion) ; la multiplication des coups, fusant dans toutes les directions, au point d’en paraître un jeu, ce qui dispense de tout respect et de toute pitié ; la mobilité même du combattant, ici déguisé sous mille pseudonymes transparents, là faisant de ses voyages européens une sorte de comédie d’esquive, une scapinade perpétuelle.


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Car les démêlés de Voltaire sont non seulement spectacle, mais spectacle superlatif, se dénonçant soi-même comme spectacle, à la façon de ces jeux de Polichinelle que Voltaire aimait beaucoup, puisqu’il avait un théâtre de marionnettes à Cirey. » C’est très important, vous savez, ces marionnettes. Elles préfigurent celles d’aujourd’hui…

— Que voulez-vous dire ? demanda Clélia.

—Le voleur ne disait pas que des bêtises dans son texte, mais chuutt !... (Sollers mit un doigt sur la bouche). Un écrivain heureux, vous dis-je… A-t-on encore le droit de l’être aujourd’hui, heureux, mademoiselle ?

—Et ces allusions à BHL et à Alain Minc, vous en pensez quoi ?

—Rien, ma chère amie. Rien. No comment, fit Sollers tout en allumant une cigarette.

Clélia aurait pu l’écouter durant des heures mais elle décida de ne pas abuser du temps de l’écrivain.

— Je pourrai vous revoir ? demanda-t-elle.

—Absolument. No problem. Maintenant que vous savez où me trouver. Tenez-moi au courant, elle m’intéresse beaucoup, votre affaire. À bientôt, sans faute…

Sollers fit un petit signe d’au revoir avec son fume-cigarette avant de replonger dans ses journaux.

Label Histoire - Pourquoi le corps de Voltaire a-t-il été éparpillé façon puzzle ?

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Le 30 mai 1778, François-Marie Arouet dit Voltaire pousse un cri terrible avant de rendre son dernier souffle. Il a 83 ans. Il a révolutionné le siècle des lumières et il meurt à Paris en pleine tempête pré-révolutionnaire... Lui, l’esprit libre, qui a lutté toute sa vie contre les dogmes et les obscurantismes, Lui, le philosophe qui triomphe... dans la littérature, la poésie, le théatre... s’éteint en quelques jours , et cette mort va plonger le pouvoir et l’Eglise dans un dilemme terrible. Mais que faire de son corps ? Quelles funérailles pour ce libre penseur, star de son époque ! la fosse commune ou le goupillon ? Vous apprendrez dans cette émission que son cadavre va voyager dans une diligence. Son cœur sera embaumé. Son cerveau gardé comme un trophée. Une histoire incroyable qui vous emmènera jusqu’à la construction du Panthéon !!! Pourquoi Voltaire a t-il suscité tant de passion même après sa mort ? Pourquoi le corps du philosophe a-t-il été éparpillé façon puzzle ?

Label Histoire, 2 avril 2014.


[2qui a servi pour la commande de Catherine II du « Voltaire assis » de Houdon à Saint-Pétersbourg

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1 Messages

  • Anwen | 23 septembre 2018 - 13:13 1

    Bonjour,
    Permettez deux mots au sujet de Catherine II de Russie. Merci.
    La Russie était tombée dans un état lamentable quand apparut la grande Catherine II, qui fut pour son pays une sorte de Providence vivante, une rénovatrice de la vie intellectuelle, morale, matérielle.
    A ce moment, le pays était livré à l’ignorance, au luxe, à la grossièreté. Cela faisait une société où le désordre allait de pair avec le pouvoir.
    Il fallut une femme pour arranger tout cela.
    Catherine fut d’abord une femme malheureuse ; c’est cela qui la grandit et lui donna la connaissance de la nature humaine. « Mes deux maîtres, disait-elle, furent l’isolement et l’adversité. » Pendant 18 ans, elle vécut ainsi, isolée et désolée. Abandonnée de son époux Pierre III, qui passait ses journées à jouer avec des poupées et des soldats, et ses nuits dans des orgies immondes, Catherine fut à bonne école pour étudier l’homme. N’étant encore que fiancé, ce prince absurde et cynique se plaisait à entretenir la jeune fille qui allait devenir sa femme, de ses maîtresses et de ses intrigues amoureuses.
    C’est pendant que son mari s’amusait, que Catherine employait son temps à étudier la Russie, cette nouvelle patrie sur laquelle elle, princesse allemande, allait régner. Elle lisait, étudiait, cherchait, se rendait compte de toutes choses ; c’était le temps des idées nouvelles, elle connaissait les œuvres de Montesquieu, de Bayle, de Voltaire, de Rousseau, et s’assimilait l’esprit du siècle, qui du reste était le sien. Elle s’appliqua très sérieusement à devenir une grande souveraine, et ses efforts furent couronnés par l’attachement profond que le peuple russe lui témoigna pendant les 34 années de son règne. La Russie tout entière l’appelait sa « Mère ». Ce fut une véritable restauration du régime féminin.
    Dans des notes qu’elle laissa et qu’elle écrivait dans sa solitude, on trouve ces phrases :
    « Dieu m’est témoin que je ne souhaite que le bien du pays où sa volonté m’a appelée à régner. La gloire de la Russie est ma gloire. C’est mon principe. Je veux ce but général ; rendre tout le monde heureux.
    « La liberté est l’âme de tout ; sans elle, tout est mort. La liberté politique anime tout.
    « Pour un souverain qui veut être aimé et veut régner avec gloire, un pouvoir dépouillé de la confiance de son peuple ne signifie rien. Cette confiance est facilement atteinte par le vouloir du bien public et par la justice.
    « La paix est indispensable pour un grand empire comme la Russie. Nous avons besoin d’accroître la population, non pas de la diminuer. Ceci pour la politique intérieure ; pour l’extérieur, la paix nous assure plus de grandeur que les hasards d’une guerre toujours ruineuse.
    « Réunir la mer Caspienne à la mer Noire et la mer Baltique à la mer du Nord, et diriger par là tout le commerce indo-chinois, aurait pour résultat d’élever la Russie à un degré de puissance supérieur à celui des autres puissances.
    « Qu’est-ce qui pourrait s’opposer au pouvoir sans limite d’un souverain gouvernant un peuple de guerriers ? » (Bilfacoff, Catherine II, p. 246).
    Catherine II estimait que le gouvernement des peuples est soumis comme celui des individus à des règles fixes, et c’est l’évolution sociale qu’elle s’efforçait d’étudier, cherchant à réaliser dans les limites de son pouvoir les rêves de justice et de progrès des philosophes de son temps.
    C’est dans le but de faire des réformes qu’elle convoqua à Moscou, en 1767, des députés de toutes les parties de la Russie ; ils furent 545, à qui elle proposa l’examen d’un projet grandiose de réformes sociales. Elle se faisait l’illusion de croire que tous ces hommes allaient d’emblée comprendre ses idées généreuses. C’est dans son célèbre Nakaze, qu’elle leur présenta, que l’esprit de Catherine II se révéla surtout.
    Ce travail comprenait 655 paragraphes, entièrement composés par l’Impératrice qui y mit toute sa sagesse, toute la force de sa pensée, se faisant législatrice sans consulter aucun homme, ne voulant même pas connaître leur opinion pendant qu’elle travaillait, de peur d’en être impressionnée. Elle disait : « Il s’agit de passer un seul fil et de s’y tenir fermement. »
    Naturellement, son entourage la critiquait, les députés devant elle furent confus et indécis, mais elle eut le courage de persévérer dans sa grande entreprise, elle ordonna aux députés d’examiner ce Nakaze et leur demanda de lui faire connaître les besoins du peuple dans chaque province qu’ils représentaient. Le Nakaze fut appelé « le Grand Édit ». Leurs exposés furent appelés « Petit Édit ».
    Suite : https://livresdefemmeslivresdeverites.blogspot.com/2017/07/la-revolution-francaise-cest-la.html
    Cordialement.

    Voir en ligne : La Révolution Française c’est la résurrection de la Femme