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Première édition de La Nuit de la lecture

Réouverture de la salle Labrousse, Site Richelieu BnF

D 14 janvier 2017     A par Viktor Kirtov - C 3 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


C’est la fête de la lecture avec la simultanéité de deux événements culturels d’intérêt :
- "La Nuit de la lecture" dans de nombreuses villes de France (et aussi d’établissements francophones à l’étranger), ce week-end des 14-15 janvier 2017
- Réouverture de la magnifique salle Labrousse du site historique Richelieu de la Bibliothèque nationale de France après 6 ans de travaux

Nuit de la lecture

L’ÉVÉNEMENT

Le ministère de la Culture et de la Communication lance la Nuit de la lecture le 14 janvier 2017 en collaboration avec les acteurs du livre et de la lecture. Un événement où et pourquoi ?

Une Nuit de la lecture dans les bibliothèques et les librairies

Pour lire ensemble, lire le soir, en pyjama, en musique, en langue des signes... Pour le plaisir de la lecture


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5 idées de sorties pour fêter les livres à Paris

par BFMTV

Sélection non exhaustive.

La BNF à la lumière de la bougie.
À l’occasion de cette Nuit de la lecture, la plus grande bibliothèque de France ouvrira les vastes salles de lecture de son Haut-de-jardin jusqu’à 22h. Les expositions du moment (La France d’Avedon, vieux monde, new look ; Pascal, le cœur et la raison et Jeunes photographes de la Bourse du talent) seront exceptionnellement en accès libre.

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De 17 à 22h. Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, quai François Mauriac, 13e.

La Bibliothèque Richelieu dévoile ses splendeurs.. Le site Richelieu-Louvois de la BNF s’associe à la Nuit de la lecture et rouvre ses portes ce week-end. Berceau historique de la Bibliothèque nationale de France, le site accueille les bibliothèques de l’Institut national d’histoire de l’art et de l’Ecole nationale des Chartes dans un cadre exceptionnel. A ne pas manquer, la gigantesque salle de lecture Labrouste, véritable chef-d’oeuvre architectural.

Entrée libre.

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À la découverte de la poésie indienne, au musée Guimet.
À partir de 16h30 et dans le cadre de l’exposition Ascètes, sultans et maharadjas, le musée des arts asiatiques-Guimet invite le jeune comédien Loïc Mobihan à lire des poèmes indiens millénaires. Le tout, dans le cadre extraordinaire de sa bibliothèque historique, bâtie en 1889.

De 16h30 à 17h30

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Visiter l’expo Gaston de nuit, à Pompidou
M’enfin ! Vous n’avez pas encore vu l’expo Gaston, au-delà de Lagaffe ? Voilà peut-être l’occasion de se rattraper.Le centre Pompidou ouvrira exceptionnellement les portes de sa bibliothèque samedi jusqu’à minuit. L’occasion de découvrir comment le héros gaffeur, imaginé par Franquin il y a soixante ans, a tracé sa légende.

Jusqu’à minuit. Bibliothèque publique d’information-Centre Pompidou. 1, rue Beaubourg, 4e. Entrée libre.

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Soirée pyjama à la médiathèque Marguerite Yourcenar
Les familles sont conviées à une pyjama party autour du conte musical Tous au lità la bibliothèque Marguerite Yourcenar. Les musiciens Sébastien Buffet et Philippe Begin vous accueillent sur des airs de bossa, de rock ou de rumba. Glissez-vous sous la couette et profitez d’une soirée tout en douceur.

De 20h à 22h. Médiathèque Marguerite Yourcenar, 41, rue d’Alleray, 15e. Entrée libre.

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Crédit : www.bfmtv.com/
- Culture
- Exposition Spectacle

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La sélection de Télérama

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Pour profiter de la Nuit de la lecture, on peut aussi consulter les 10 sorties de la sélection Télérama
Par Julie Biet

Voir ICI : La sélection de Télérama

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En province et à l’étranger

La nuit de la lecture, c’est aussi en province et dans des établissements francophones à l’étranger.

Tout le programme de la première édition de la "Nuit de la lecture" est à retrouver sur :
www.nuitdelalecture.culturecommunication.gouv.fr/Programme

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Week-end Portes ouvertes du site Richelieu

La majestueuse salle Labrouste du site Richelieu, le site historique de la Bibliothèque nationale de France rouvre ses portes après 6 ans de travaux, faisant suite à 18 ans de fermeture. Edifié sous Napoléon III, ce temple de l’histoire de l’Art sera ouvert exceptionnellement au public vendredi, samedi et dimanche 15 janvier 2017.

Le site sera ouvert à tous pour des visites exceptionnelles des espaces rénovés, des présentations de trésors issus des collections patrimoniales de la Bibliothèque nationale de France, de l’Institut national d’histoire de l’art et de l’École nationale des chartes. Projections, conférences et performances théâtrales sont également au programme.

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VIDEO. La bibliothèque Richelieu redevient la cathédrale des livres


Bibliothèque Richelieu : visite exceptionnelle...

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Yves Jaeglé
12 janvier 2017

Bibliothèque nationale, Paris (IIe), lundi. Avec ses verrières, ses dorures à la feuille d’or et ses fresques picturales, la salle Labrouste, joyau du site, s’est refait une beauté pendant six ans ;

La BN — surnommée Boîte noire tant elle intimidait —, Bibliothèque nationale née de la volonté des rois de France, avant la création de la BNF François-Mitterrand de l’autre côté de la Seine en 1995, reste un temple du savoir. Sa mythique salle Labrouste était endormie depuis dix-huit ans, tandis que des travaux interminables, commencés tardivement, ont duré six ans. François Hollande a inauguré hier sa réouverture après des travaux chiffrés à 230 M€.

Il faut y aller, franchir la porte, surtout pour ces trois journées portes ouvertes, à partir de vendredi. Ici ont été conservés longtemps les plus grands ouvrages des lettres françaises, avant leur transfert dans les tours de verre du XIIIe arrondissement.

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Un ouvrage de 1492

Désormais, l’Institut national de l’histoire de l’art propose dans ses rayonnages 1,7 million de documents, livres ou estampes. L’ouvrage le plus ancien ? Un livre relatant le couronnement de Louis XII datant de 1492. Le plus récent ? Il n’y en a pas qu’un, ils sont même légion et viennent de sortir, choisis par Anne-Elisabeth Buxtorf, directrice de la bibliothèque, et ses collaborateurs, qui suivent l’actualité artistique la plus contemporaine.

Des artistes inconnus du grand public de 30 ou 40 ans ont aussi leur place ici. Le fonds abrite également des estampes de Goya ou Gauguin, et des catalogues de ventes depuis le XVIIe siècle, qui permettent de suivre les péripéties du marché de l’art. Curieux choc des anciens et des modernes. Car ces livres — des dizaines sur Picasso, par exemple — se nichent dans l’architecture fastueuse voulue par Napoléon III, qui désirait égaler, voire dépasser, la British Library comme plus belle bibliothèque du monde. L’architecte Henri Labrouste (1801-1875), déjà auteur de la Bibliothèque Sainte-Geneviève, s’attela à cette bibliothèque impériale : 3,8 km de dorure à la feuille d’or quand on lève la tête vers les coupoles et fresques picturales de cette cathédrale aux verrières immenses. A l’époque, l’électricité n’avait pas été inventée. Les colonnes de fonte, filiformes, s’effacent au profit de la lumière naturelle.

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Une restauration complexe

« Sartre et Beauvoir ont travaillé ici », sourit la directrice. Sur sa page Facebook, le site Richelieu a mis en ligne de vieilles cartes d’abonnés célèbres, comme celle de Michel Galabru, assidu en 1958, inscrit en tant qu’« artiste dramatique, expert en théâtre cabaret-revues anciennes ». Ce point n’a pas vraiment changé : s’il faut justifier d’une recherche précise pour s’installer, l’accès reste libre.

Le chantier de restauration a été plus complexe que prévu. Amiante, et plomb dans les peintures murales ont provoqué de très longs arrêts. « On pensait que ça irait beaucoup plus vite. Après le transfert des livres vers le XIIIe, et avant l’accueil des ouvrages d’art, on a traversé pendant des années une salle fantôme. C’était vide, triste, pas rénové, marronnasse », se souvient la directrice. Ce haut lieu de la pensée française est enfin redevenu un chef-d’oeuvre. Avec ses petites touches de rose magenta près des dorures, une couleur inventée par le perfectionniste Labrouste lui-même. A voir au moins une fois dans sa vie, comme la tour Eiffel.

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Trois jours de portes ouvertes

Pendant trois jours, le berceau historique de la Bibliothèque nationale de France, désormais rebaptisé Richelieu, bibliothèques, musée, galeries — le musée, avec ses objets d’art, n’ouvrira au public qu’en 2020 —, propose des visites spéciales, gratuites et sans réservation. Tout commence par une conférence publique vendredi à 19 heures dans la salle Labrouste, sur le projet architectural de la rénovation du site Richelieu. Samedi et dimanche, de 11 heures à 19 heures, entrée libre avec des visites-découvertes des espaces rénovés : salle Labrouste, magasin central où les livres sont stockés, salle de lecture des arts du spectacle, rotonde, salle de lecture des manuscrits, etc. Il faut seulement s’inscrire à l’accueil en arrivant pour participer à la visite.

Des projections de témoignages d’amoureux de la BNF — de l’historienne Elisabeth Badinter à François Schuiten, le créateur de la BD « les Cités obscures » — sont diffusées. Spectacles et présentations de manuscrits, estampes, cartes, éditions rares, objets précieux sont également au programme. Des visites guidées sont aussi organisées toute l’année le jeudi et le samedi.

Bibliothèque nationale de France, 58, rue de Richelieu (Paris IIe), rens. visites@bnf.fr ; tél. 01.53.79.53.79 et 01.53.79.49.49. Portes ouvertes les 13, 14 et 15 janvier. Dans le cadre de la Nuit de la lecture, la BNF, avec la salle Labrouste, reste ouverte jusqu’à 22 heures samedi soir.

Crédit : LeParisien.fr


Sollers et la lecture

La lecture et l’écriture, les deux faces de l’activité d’écrivain.

Raimbaud avait une grande capacité de lecture, Sollers aussi, et c’est parce qu’il en a expérimenté les bienfaits qu’il nous exhorte à lire, leitmotiv constant dans ses textes ou entretiens, face au symptôme de l’érosion de la lecture dans notre civilisation actuelle, une forme d’asservissement volontaire au système, Sollers ose même dire une forme de tyrannie, reprenant là, des mots de Voltaire.

Et il combat cette tendance avec ses armes d’écrivains.. Des formules choc en témoignent : « Lire, cest vivre », « Le but de la littérature est là pour apprendre à lire », « La lecture comme résistance active », « Lire, c’est se réveiller »…

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Lire c’est vivre

« On ne sait écrire que si on sait lire, mais pour savoir lire il faut savoir vivre. La lecture est un magnifique art de vivre. C’est pourquoi une tyrannie bien organisée ne souhaite pas qu’on sache lire. Elle sait que lire, vraiment lire, c’est se réveiller. La lecture est un acte de conquête, pas de dévotion. Rappelez-vous la magnifique phrase de Pound que je cite : « Nous devrions lire pour accroître notre pouvoir. Tout lecteur devrait être un homme intensément vivant. Et le livre, une sphère de lumière entre ses mains. » »
Ph. Sollers

Entretien avec Gilles Anquetil, Le Nouvel Observateur du 5 avril 2001.
Sur pileface

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Interdire de lire, c’est interdire de penser

« L’écriture et la lecture sont des formes d’activité mentale que je crois profondément menacées. Cela, je m’en explique un peu partout. Le premier devoir d’un tyran et, dans notre monde, il y a toujours une tyrannie possible — c’est d’interdire au maximum la lecture parce qu’elle crée des esprits critiques individuels. Je pense à un beau texte de Voltaire parodiant un édit donné par la Sublime porte interdisant la lecture à tous les croyants. Interdire de lire, c’est interdire de penser. »

Philippe Sollers,
L’esprit français

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La lecture et sa voix

… C’est Claudel ayant cette formule lumineuse : « Le but de la littérature est de nous apprendre à lire. » C’est Proust comparant le travail du romancier à celui d’un traducteur. Ce sont Joyce ou Artaud donnant à leurs écrits une portée physique et vocale insoupçonnée jusqu’à eux. La lecture met en mouvement le corps tout entier. Pour en convaincre quelqu’un, il suffit de lui demander innocemment de réciter un poème. Puis de lui demander pourquoi il dit ça comme-ci ou comme-ça. L’effet est immédiat, redoutable. Comme par hasard, le moment d’apprendre certains textes par coeur est en train de revenir. Après tout, il n’y a pas que la Bible et le Coran, et il est capital de s’entendre dire ce qu’on dit. La lecture est d’abord une voix, même silencieuse.

Philippe Sollers,
Le Monde du 21-07-1995.
sur pileface

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La lecture comme résistance active

Par Olivier Renault

A propos du recueil d’essais et d’entretiens : Discours Parfait. Sollers y poursuit son travail « essayistique » entamé depuis longtemps, doublant ainsi son écriture romanesque et réactiavant le toujours jeune couple écriture / lecture :

« Se porter au point précis où ça crée et ça pense est un acte de salubrité individuelle. Ou de salut, à la manière de Nietzsche. Le programme actuel porte-t-il sur une imbécilisation du monde ? Il faut intervenir : […] Le mode d’action : la lecture. « Voltaire dit que beaucoup de gens ne lisent que des yeux. Là où la lecture s’affaiblit – j’allais dire où il n’y a plus de possibilités nerveuses, musculaires de lire – cela correspond à un programme. Un programme, j’insiste, de tyrannie. » »

Olivier Renault, Librairie L’Arbre à Lettres, Paris 14e

PAGE, Janvier-Février 2010

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Lire c’est se réveiller

Par Livia (rédactrice pileface)

« On remarque dans la préface de Eloge de l’Infini, qui se présente sous la forme d’un avertissement, l’introduction d’un nouvel élément, soit un véritable réquisitoire contre ce que Sollers nomme l’Adversaire. Ce dernier ne lit pas. Il est même convaincu qu’il peut s’en passer, que l’écrit et la lecture ne sont d’aucune efficacité dans ce monde mené par l’argent, le sexe et la corruption. En ne lisant pas, il ne risque pas de voir ses certitudes ébranlées au contact de ceux - écrivains, artistes ou philosophes - qui refusent l’asservissement volontaire. L’Adversaire n’a pas de visée stratégique, il vit dans le court terme, dans la superficialité et il est inquiet. »

Le mal a un nom. Un Adversaire, on le combat. Lire c’est se réveiller.

Livia

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Philippe Sollers lit Paradis II (1986)

Sur pileface

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Philippe Sollers lit Les Voyageurs du Temps (2012)

filmé par G.K.Galabov & Sophie Zhang

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3 Messages

  • Viktor Kirtov | 16 janvier 2017 - 15:31 1

    PARIS (AFP) -
    Plus de 250.000 personnes ont participé samedi soir à la première édition de la Nuit de la lecture qui a donné lieu à près de 1.500 événements dans les bibliothèques et les librairies de France, a indiqué dimanche le ministère de la Culture.


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    La ministre Audrey Azoulay s’est félicitée dans un communiqué de la "réussite" de cette manifestation. "Créée à l’initiative du ministère de la Culture et de la Communication, et pensée comme un moment de partage populaire, festif et fédérateur autour du livre, elle a rencontré dans les bibliothèques et les librairies un vif succès", accueillant un public "divers et nombreux", écrit-elle.

    "Plus de 250.000 personnes" ont pu profiter des animations, lectures en pyjama, cafés littéraires, concerts ou déambulations insolites proposés dans des lieux ouverts jusque tard dans la nuit pour l’occasion", précise le ministère.

    A Paris, la Bibliothèque nationale de France, qui organisait en outre samedi et dimanche des journées portes ouvertes sur son site Richelieu, son berceau historique en cours de rénovation, a accueilli 7.000 participants samedi soir, selon le ministère.

    Toujours dans la capitale, la Bibliothèque publique d’information du Centre Pompidou a accueilli 1.700 personnes tandis que 4.200 personnes se sont pressées à la bibliothèque de la Part-Dieu à Lyon et 5.000 à la bibliothèque Alexis de Tocqueville à Caen.

    La première Nuit de la lecture a mobilisé quelque 16.000 bibliothèques publiques et points d’accès à la lecture et 3.500 librairies.

    Des auteurs, conteurs, danseurs et acteurs ont également apporté leur concours à cette manifestation parrainée notamment par le rappeur, écrivain et réalisateur Abd al Malik, la lauréate du prix Goncourt 2016 Leïla Slimani, les écrivaines Véronique Ovaldé et Karine Tuil.

    © 2017 AFP


  • Viktor Kirtov | 14 janvier 2017 - 19:23 2

    On peut aussi évoquer Jacques Derrida et Hélène Cixous dont les parcours se sont croisés dans la vie et à travers leurs textes aux multiples entrelacements.

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    Jacques Derrida, Hélène Cixous
    « Chaque livre est une pédagogie destinée à former son lecteur [...]
    lequel apprend à lire (à "vivre") cela, qu’il n’etait pas habitue à recevoir d’ailleurs. On espère qu’il en renaîtra autrement déterminé [...]. »

    Jacques Derrida, Apprendre à vivre enfin.

    *
    « Ceci est un exercice de rêve. Ceci est l’exercice du rêve. Ceci est l’histoire du manuscrit volant. Je le lis "aujourd’hui" et le lisant me lis le lisant, et tandis que je le lis comme d’habitude lui me lisant, je sens, je hume l’air humide et sale entre nous, légère insistance de l’éternité. Tout a changé, rien n’a changé. »

    Hélène Cixous, Insister. A Jacques Derrida

    Ou encore, de la même veine :

    « Dès lire, j’écris. Je le vois : ton texte veut tous les lire que seule l’écriture, ce que tu appelles l’écriture, sème. Tout à la fois lire, lire, lire, lire et jamais encore — plus je lis plus je vois à lire, infinilire.
    Voir à lire gare à lire délire plulire surlire souslire dublire doublire oublire
    Voilà lire voile à lire. Je te lis, quoi »

    Hélène Cixous, Insister. A Jacques Derrida, (Galilée, 2006, p. 24. Toute la page est... à lire.)

    *

    Nota : « Oublire » : un mot de Jacques Lacan repris aussi par Sollers, notamment dans son portrait chinois lors d’un entretien avec Josyane Savigneau (Le Monde du 05.04.2016.)

    […] J. S. : Vous êtes un mot à la mode insupportable.
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    Ph. S. : Valeurs. Ce mot, constamment répété par les charlatans de tout bord, est l’un des plus dévalués de la langue française.

    J. S. : Vous êtes un néologisme.

    Ph. S. : « Oublire » puisque plus personne ne sait ce qu’il lit.

    oOo


  • A.G. | 14 janvier 2017 - 12:42 3

    Avant toute chose, il faut lire, night and day, de Voltaire, De l’horrible danger de la lecture (1765), et de Marcel Proust, Sur la lecture (1906).

    De l’horrible danger de la lecture

    Voltaire

    Nous Joussouf-Chéribi, par la grâce de Dieu mouphti du Saint-Empire ottoman, lumière des lumières, élu entre les élus, à tous les fidèles qui ces présentes verront, sottise et bénédiction. Comme ainsi soit que Saïd-Effendi, ci-devant ambassadeur de la Sublime-Porte vers un petit État nommé Frankrom, situé entre l’Espagne et l’Italie, a rapporté parmi nous le pernicieux usage de l’imprimerie, ayant consulté sur cette nouveauté nos vénérables frères les cadis et imans de la ville impériale de Stamboul, et surtout les fakirs connus par leur zèle contre l’esprit, il a semblé bon à Mahomet et à nous de condamner, proscrire, anathématiser ladite infernale invention de l’imprimerie, pour les causes ci-dessous énoncées.

    1° Cette facilité de communiquer ses pensées tend évidemment à dissiper l’ignorance, qui est la gardienne et la sauvegarde des États bien policés.

    2° Il est à craindre que, parmi les livres apportés d’Occident, il ne s’en trouve quelques-uns sur l’agriculture et sur les moyens de perfectionner les arts mécaniques, lesquels ouvrages pourraient à la longue, ce qu’à Dieu ne plaise, réveiller le génie de nos cultivateurs et de nos manufacturiers, exciter leur industrie, augmenter leurs richesses, et leur inspirer un jour quelque élévation d’âme, quelque amour du bien public, sentiments absolument opposés à la saine doctrine.

    3° Il arriverait à la fin que nous aurions des livres d’histoire dégagés du merveilleux qui entretient la nation dans une heureuse stupidité. On aurait dans ces livres l’imprudence de rendre justice aux bonnes et aux mauvaises actions, et de recommander l’équité et l’amour de la patrie, ce qui est visiblement contraire aux droits de notre place.

    4° Il se pourrait, dans la suite des temps, que de misérables philosophes, sous le prétexte spécieux, mais punissable, d’éclairer les hommes et de les rendre meilleurs, viendraient nous enseigner des vertus dangereuses dont le peuple ne doit jamais avoir de connaissance.

    5° Ils pourraient, en augmentant le respect qu’ils ont pour Dieu, et en imprimant scandaleusement qu’il remplit tout de sa présence, diminuer le nombre des pèlerins de la Mecque, au grand détriment du salut des âmes.

    6° Il arriverait sans doute qu’à force de lire les auteurs occidentaux qui ont traité des maladies contagieuses, et de la manière de les prévenir, nous serions assez malheureux pour nous garantir de la peste, ce qui serait un attentat énorme contre les ordres de la Providence.

    A ces causes et autres, pour l’édification des fidèles et pour le bien de leurs âmes, nous leur défendons de jamais lire aucun livre, sous peine de damnation éternelle. Et, de peur que la tentation diabolique ne leur prenne de s’instruire, nous défendons aux pères et aux mères d’enseigner à lire à leurs enfants. Et, pour prévenir toute contravention à notre ordonnance, nous leur défendons expressément de penser, sous les mêmes peines ; enjoignons à tous les vrais croyants de dénoncer à notre officialité quiconque aurait prononcé quatre phrases liées ensemble, desquelles on pourrait inférer un sens clair et net. Ordonnons que dans toutes les conversations on ait à se servir de termes qui ne signifient rien, selon l’ancien usage de la Sublime-Porte.

    Et pour empêcher qu’il n’entre quelque pensée en contrebande dans la sacrée ville impériale, commettons spécialement le premier médecin de Sa Hautesse, né dans un marais de l’Occident septentrional ; lequel médecin, ayant déjà tué quatre personnes augustes de la famille ottomane, est intéressé plus que personne à prévenir toute introduction de connaissances dans le pays ; lui donnons pouvoir, par ces présentes, de faire saisir toute idée qui se présenterait par écrit ou de bouche aux portes de la ville, et nous amener ladite idée pieds et poings liés, pour lui être infligé par nous tel châtiment qu’il nous plaira.

    Donné dans notre palais de la stupidité, le 7 de la lune de Muharem, l’an 1143 de l’hégire.