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Marc Dachy est mort, mais l’esprit Dada est toujours présent...

D 12 octobre 2015     A par Viktor Kirtov - C 2 messages Version imprimable de cet article Version imprimable    ................... PARTAGER . facebook


L’écrivain Marc Dachy, spécialiste du dadaïsme, est mort

Le Monde.fr| 9 et 10.10.2015
Par Josyane Savigneau

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Capture d’écran d’un entretien vidéo avec Marc Dachy diffusé sur Vimeo en mai 2014.


C’était une encyclopédie vivante du mouvement Dada, un homme charmant, de grande culture, curieux de tout, qui aimait la vie et les longs débats entre amis, autour d’un verre. Marc Dachy est mort d’un cancer, jeudi 8 octobre à Paris, à l’âge de 62 ans.

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Le livre sur amazon.fr

Il avait publié son dernier livre au printemps, Il y a des journalistes partout. De quelques coupures de presse relatives à Tristan Tzara et André Breton (Gallimard, « L’Infini »). C’était une étude, à la fois érudite et pleine d’humour, à partird’articles de presse – certains assez récents – sur le dadaïsme et sur Breton.

Dachy avait parfois la dent dure avec des contributeurs – le poète Alain Bosquet par exemple – mais savait toujours admirer – les textes d’Aragon en particulier.

Son humour était aussi dans le choix du titre de ce livre dont il ne savait pas qu’il serait le dernier. Car Il y a des journalistes partout est tiré d’une lettre de 1917 de Tristan Tzara à Francis Picabia. L’intégralité de la phrase est :« Je m’imagine que l’idiotie est partout la même puisqu’il y a partout des journalistes. »

Tout savoir sur Dada

La passion de Marc Dachy pour Dada a commencé très tôt, en Belgique où il est né en 1952. Il avait à peine 18 ans quand il a découvert Clément Pansaers (1885-1922) – il a publié en 1986 une sélection de textes de celui-ci (Ed. Gérard Lebovici/Champ libre). A partir de là, il a voulu tout savoir de Dada. Pas seulement de Tristan Tzara (1896-1963), fondateur du mouvement à Zurich avec Hugo Ball en 1916 et arrivé à Paris en 1920.« Breton attendait Tzara impatiemment, comme en témoigne la correspondance passionnée et intelligente qu’ils entretenaient entre Zurich et Paris, précisait Marc Dachy dans un entretien au Monde en 2010.Aragon a écrit, dans son Projet d’histoire littéraire contemporaine et dans d’autres récits, qu’ils attendaient Tzara comme un nouveau Rimbaud, ce qui n’est pas peu dire. »

On ne peut pas citer tous les travaux de Marc Dachy sur Dada, mais on relira ou découvrira avec bonheur Tristan Tzara, dompteur des acrobates (L’Echoppe, 1992) et son Journal du mouvement Dada, qui lui valut le Grand prix du livre d’art en 1990 (Skira). Ou, pour un rappel ou une initiation Dada, la révolte de l’art dans la collection « Découvertes » de Gallimard.

Une « chronique-collage »

Pour les plus curieux, il faut aller du côté des dadaïstes moins célèbres auxquels s’est aussi intéressé Marc Dachy. Kurt Schwitters (1887-1948) notamment, dont il a édité et traduit plusieurs textes et à propos duquel il a publié cette année La Cathédrale de la misère érotique, une réflexion sur le Merzbau, œuvre-phare de Schwitters à l’architecture stupéfiante, unique dans l’histoire de l’art « qui invite à entrer dans l’intelligence des conceptions singulières du génie enjoué de l’artiste » (Ed. Sens Tonka).

En 2005, à propos de la publication d’Archives Dada. Chronique de Marc Dachy (Ed.Hazan), Philippe Dagen écrivait dans Le Monde : « Marc Dachy a inventé une solution qui a deux mérites immenses : elle donne sans cesse la parole aux protagonistes et les introduit avec la plus grande précision. Les Archives Dada sont, comme l’indique le sous-titre, une chronique, plus exactement une chronique-collage. En recherchant des textes oubliés, des témoignages contemporains ou postérieurs, en les traduisant souvent, Dachy rend à Dada et aux dadaïstes leurs propres paroles, leurs timbres singuliers, leurs parti-pris. (...) Chacun de ces montages est composé de sorte que ce qui est de l’ordre de l’unité n’y recouvre pas les oppositions et n’enferme pas Dada dans une cohérence factice. »

Dans ces Archives Dada comme dans son ultime livre, on voit combien Marc Dachy avait de l’archive un usage jamais ennuyeux. Il savait, à partir de ses recherches,composer une narration, une « chronique » en effet.

Il était aussi directeur de collection et animateur de la revue lunapark, qu’il avait fondée à Bruxelles en 1975 et pour laquelle il a reçu le Prix des créateurs des mains d’Eugène Ionesco. lunapark a interrompu sa parution en 1985 avant de renaître en 2003. Marc Dachy n’en avait pas fini avec ses désirs d’édition, de traduction, et malgré tout ce qu’il a fait pour Dada, pour Gertrude Stein, pour d’autres, son travail demeure inachevé.


Marc Dachy en quelques dates

5 novembre 1952
Naissance à Anvers (Belgique).

1975
Création de la revue lunapark.

1990
Journal du mouvement Dada (Skira).

2015
Il y a des journalistes partout (Gallimard, « L’Infini »).

8 octobre 2015
Mort à Paris.

Josyane Savigneau
Journaliste au Monde
Crédit : Le Monde des Livres

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Sa dernière prestation vidéo

25 mars 2015 , en direct sur RCJ, avec Josyane Savigneau, c’est, à notre connaissance, la dernière prestation vidéo publique de Marc Dachy, ce qui aujourd’hui la rend d’autant plus émouvante et précieuse.

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Philippe Sollers autour de Dada et Marc Dachy

19 juin 2015, Philippe Sollers participe à une rencontre animée par Josyane Savigneau autour du livre de Marc Dachy Il y a des journalistes partout. De quelques coupures de presse relatives à Tristan Tzara et André Breton, publié dans la collection L’Infini. Rencontre à la Maison de la Poésie, filmée par G. K. Galabov et Sophie Zhang.


« Dada, c’est le triomphe du non-sens
opposé au sens falsifié.
Comme tel, c’est immortel.
Marc qui est malade ce soir
a vécu sa vie
en faveur de ce non-sens réitéré
contre le sens falsifié. »

Ph. Sollers

Marc Dachy sur pileface (une sélection)


- Marc Dachy, Dada et les dadaïsmes

- Le pays où tout est permis de Sophie Podolski

Avant leur rupture dans les années 2000, Marc Dachy et Marc-Edouard Nabe ont été amis. Les évocations de Dachy abondent dans les Journaux de Nabe. En voici deux :

- A propos des « Petits Riens » de Nabe supposés « plagiés » par Sollers dans « Carnet de Nuit

- La rencontre de Guy Debord par Marc Dachy selon Nabe

Aussi, cette anecdote rapportée dans Inch’Allah, Journal intime 3 de Nabe où Marc Dachy joue les bons offices entre Marc-Edouard Nabe et Jean-Jacques Schuhl.
Le 6 avril 1987, rencontre inattendue que Nabe attendait depuis longtemps avec Jean-Jacques Schuhl. C’est Marc Dachy qui les remet en face l’un de l’autre au vernissage d’une exposition Picabia. Nabe s’adresse à la mère de Schuhl, se souvenant d’un livre sur Bacon, qu’elle lui avait montré chez elle à Aix. Schuhl entendant ça, intervient très pince-sans-rire :
"- Aix and Bacon..."

Puis après leur rupture, Nabe passera aux attaques ad-hominem contre Marc Dachy. Elles ne méritent pas que leur soit donné un écho, ici.


L’éditeur et historien de l’art Marc Dachy est mort

Par Mathieu Lindon
Libération, 11 octobre 2015,

Spécialiste du mouvement dada, il était âgé de 62 ans.

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Marc Dachy, en 2003. Photo Patrice Praxo. Sipa

Né en 1952 à Anvers, Marc Dachy est mort le 8 octobre. Spécialiste des avant-gardes et des mouvements marginaux, il avait le plus souvent œuvré lui-même de manière plutôt underground, en particulier avec sa revue Luna Park qui parut de 1975 à 1982 (avant de reprendre de 2003 à 2009). Le premier numéro du premier avatar faisait la part belle à sa Belgique natale, avec Christian Dotremont, du mouvement CoBrA pour l’art et la poésie, Frédéric Baal pour le théâtre, Françoise Collin pour le féminisme et la philosophie et aussi Sophie Podolski, une jeune Belge déjà morte à l’époque dont Marc Dachy, après Philippe Sollers dans Tel Quel, allait s’employer (avec un succès inégal) à faire connaître l’œuvre, y consacrant le numéro 6 de Luna Park.

Mais il y avait aussi au sommaire Jean-Jacques Schuhl (qui n’avait alors publié que Rose poussière), comme il allait y avoir Gertrude Stein, William Burroughs et Brion Gysin (rappelons que ces deux derniers furent ensemble les auteurs d’Œuvre croisée). Marc Dachy travailla sur Francis Picabia, John Cage, Marcel Duchamp, publiant aux éditions Gérard Lebovici et correspondant avec Guy Debord. Tristan Tzara et le mouvement Dada étaient ses spécialités d’érudit très particulier. Son dernier livre, paru cette année dans la collection « l’Infini » de Philippe Sollers chez Gallimard, s’intitule Il y a des journalistes partout. De quelques coupures de presse relatives à Tristan Tzara et André Breton, ce titre provenant d’une phrase de Tzara à Picabia : « Je m’imagine que l’idiotie est partout la même puisqu’il y a partout des journalistes. »

Mathieu Lindon

Crédit : Libération

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Crédit : Roland Jaccard

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