J’ouvre le journal L’Union du 22 octobre, dans son édition carolomacérienne :
CHARLEVILLE-MEZIERES (08). La publication, par l’éditeur haut-marnais Castor & Pollux, de l’ouvrage « Rimbaud, le météore de la poésie française » de la Chinoise Jie Wang, a servi de fil conducteur à la journée anniversaire organisée dimanche par le musée Rimbaud et la Ville. Né le 20 octobre 1854, l’enfant terrible de « Charlestown » fait l’objet chaque année d’une commémoration toujours différente. « On ne laisse jamais passer cette date qui précède de quelques semaines l’anniversaire de sa disparition, le 10 novembre 1891 à Marseille » rappelle le conservateur Alain Tourneux. « Cette année, la parution d’une traduction en Chinois du poète, par l’écrivain et traductrice Jie Wang, donne le ton de cette commémoration ». L’ouvrage a été publié avec le soutien du Conseil régional et présente, en vis-à-vis, les poèmes dans les deux langues, Français et Chinois, avec des illustrations de l’artiste Li Li. L’ouvrage bénéficie de l’expertise de Claude Jeancolas, grand spécialiste d’Arthur Rimbaud [1].
- La Chinoise Jie Wang au musée Rimbaud.
Une Chinoise à Charleville ? Rimbaud chinois ? Pour la première fois ? Le progrès est en marche. Que vaut la traduction ? Je suis vite rassuré :
C’est « une traduction précise et éblouissante » selon l’ancien président de la République Valéry Giscard d’Estaing, qui présente l’ouvrage en quatrième de couverture.
Giscard d’Estaing spécialiste de Rimbaud et sinologue ? Je l’ignorais.
Le journal poursuit :
À cette occasion, la Région, l’éditeur et la Ville ont invité 150 personnalités à Charleville-Mézières afin de visiter le musée avant sa fermeture pour travaux, rencontrer Jie Wang et Edouard Ropars, l’architecte du projet, puis découvrir la Maison des Ailleurs. C’était l’une des dernières manifestations dans le musée actuel. Alain Tourneux a présenté dans ses grandes lignes le projet de transformation aux invités. « Le musée va fermer ses portes à la fin de l’année pour une rénovation. Un nouveau musée serait d’ailleurs plus juste. Enfermer Arthur Rimbaud dans un musée n’est pas chose facile. C’est un grand défi, d’autant qu’il nous reste peu d’objets du poète. Ceux qui sont dans cette salle sont presque les seuls parvenus jusqu’à nous. Ce musée continue pourtant à s’enrichir et nous n’avons pas encore pu montrer l’intégralité de nos collections pour des raisons de sécurité. D’où la nécessité de lui donner un autre visage ». Pour y parvenir, la ville lance un appel du pied aux mécènes. Il en existait peut-être quelques-uns parmi les invités.
« Enfermer Arthur Rimbaud dans un musée n’est pas chose facile. »
Le même journal, dans son édition du 31 octobre, veille de la Toussaint catholique (une fois de plus confondue avec la commémoration des morts), nous livre quelques anecdotes qui montrent bien la crédulité de l’époque :
« On a déjà vu un touriste mexicain très ému en venant sur la tombe de Rimbaud, explique François Allard, responsable de la communication de l’office de tourisme. Et un autre qui en avait les larmes aux yeux. Il ne vivait que pour voir cette sépulture. » Comme eux, beaucoup viennent encore se recueillir sur la tombe d’Arthur Rimbaud, avenue Boutet. « Des gens de passage me demandent souvent où est sa dernière demeure », explique Xavier Simon, gérant du restaurant Le Dernier Sou, situé à quelques mètres de l’entrée du cimetière. Plus de 120 ans après sa mort, le poète attire toujours. Sur le logiciel de localisation de google, apparaît même la mention « sépulture d’Arthur Rimbaud », comme si c’était un monument tel que la Tour Eiffel. Xavier Simon, domicilié tout près du cimetière, ne peut s’empêcher de s’y arrêter chaque fois qu’il va se recueillir sur la tombe de sa grand-mère, enterrée au même endroit. Il faut dire que l’homme est un passionné. Dans son restaurant, on retrouve des vers de Rimbaud sur les murs ou encore sur le menu. Au moment de la Toussaint, il vend également des chrysanthèmes. « Tous les ans, certains m’en achètent pour fleurir la tombe du célèbre Carolo », remarque-t-il. Et il n’y a pas que ce type de présent que le poète reçoit.
Bernard Colin, agent de maîtrise des cimetières de la ville depuis 30 ans, recueille toutes sortes d’objets, qu’il garde précieusement dans des boîtes à chaussures. On y retrouve des lettres, des photographies, des recueils de poésie dans toutes les langues ou encore des portraits encadrés du jeune Rimbaud. Un fan y a même laissé une mini-bouteille d’absinthe. « Quand j’ai pris mes fonctions, explique-t-il, mon prédécesseur m’avait affirmé que personne ne venait sur la tombe de Rimbaud. Depuis les 150 ans de sa naissance en 2004, ça a pris une ampleur phénoménale. » Ce gardien de Rimbaud, ouvre parfois les portes du cimetière alors que celui-ci est normalement fermé. « Ce sont des personnes qui viennent de loin juste pour ça alors je les laisse entrer », avoue-t-il. Le flux des visiteurs reste plutôt constant à l’année. Et Bernard Colin a parfois eu la visite de célébrités comme Dominique de Villepin, Jacques Higelin. « Beaucoup d’artistes profitent du Cabaret Vert pour y venir. » D’autres, bien qu’anonymes, se sont illustrés : « J’ai déjà surpris un couple en train de fabriquer sa progéniture derrière la sépulture de Rimbaud ou encore une dame qui s’est mis nue devant. C’était son fantasme », explique-t-il amusé.
Du musée à la tombe, de la grand-mère aux chrysanthèmes, en passant par la « fabrication » des corps : exit Rimbaud, « le célèbre Carolo » (et triomphe de Vitalie Cuif, la mère Rimb, la mother, la bouche d’ombre, la daromphe). J’ai bien fait de n’être jamais allé au cimetière [2]. De toute façon, comme l’écrit un excellent auteur : « la tombe est vide ». Il faudrait quand même qu’on en avertisse « les brigands, les amis de la mort, les arriérés de toutes sortes », les touristes et tous les gens du cru.
Marcelin Pleynet, Le savoir-vivre (écrit le 1er novembre 2004) :
« La fête de tous les saints
Rimbaud : "Je voyais avec son idée le ciel bleu et le travail fleuri de la campagne, je flairais sa fatalité dans les villes. Il avait plus de force qu’un saint, plus de bon sens qu’un voyageur — et lui, lui seul ! pour témoin de sa gloire et de sa raison."
La fête de tous les saints — le Roman... » [3]
Je ne m’attarderais pas sur ces anecdotes provinciales, à la fois savoureuses et ridicules, si, Champenois d’adoption moi-même, arrivé à Reims il y a plus de trente-cinq ans, en évitant expressément Charleville à cause de et surtout grâce à mes souvenirs de Rimbaud (Lettre à Georges Izambard, 25 août 1870 : « Vous êtes heureux, vous, de ne plus habiter Charleville ! — Ma ville natale est supérieurement idiote entre les petites villes de province. Sur cela voyez-vous, je n’ai pas d’illusion. » [4]), je ne m’attarderais pas, donc, si je ne venais d’achever ma lecture du livre d’un autre Champenois déclaré, Frank Charpentier, de son « vrai » nom [5] Frédéric Archimbaud, né à Rilly-la-Montagne, à quelques kilomètres de Reims, fils et petit-fils de charpentier, bâtisseur de l’« arche Rimbaud » (« souvenons-nous de l’enseigne : Archimbaud Père-et-fils Ouvriers-Charpentiers »), fugueur entêté (je l’ai peut-être croisé), enseignant accessoirement la « métaphysique radicale avancé », qui vient de publier dans la collection L’infini, chez Gallimard, La Dernière Lettre de Rimbaud. Essai, récit, « roman sans cesse médité », « voyage, écritures, amours, et trajectoires géographiques confondues », c’est un livre étrange et déroutant, savant et très personnel. Sorti le 10 octobre dernier, les jurys des divers « Prix », toujours à l’affût du « nouveau », n’auront pas eu le temps de le lire, hélas pour eux.
Qui est Frank Charpentier ? Les lecteurs de la revue L’Infini ont pu découvrir son nom récemment puisqu’il est l’auteur d’un interview de Philippe Sollers, « Une saison en enfer » : aller-retour (L’Infini 122, printemps 2013). De cet « Aller et retour », que vous êtes priés de lire A.R. comme les initiales d’Arthur Rimbaud, il est beaucoup question dans La Dernière Lettre de Rimbaud (attention la dernière lettre de Rimbaud, c’est aussi un D). Je ne vous en dis pas plus pour l’instant : La Dernière Lettre de Rimbaud est, comme La lettre volée d’Edgar Poe, un vrai polar plein de rebondissements, l’histoire d’une évasion, d’une résurrection et de leur patient déchiffrement (« Science avec patience ») à la première personne du singulier. La découverte de la « liberté libre » et du « nouvel amour » (avec L., après Isabelle). Allez-y voir vous-même...
(Je note, entre parenthèses, que, après nous avoir fait part de ses propres Illuminations en 2003 (livre écrit « en hommage à Arthur Rimbaud », « le plus grand poète de tous les temps »), c’est le troisième livre fondamental sur Rimbaud que Sollers édite depuis 2005 et le Rimbaud en son temps de Marcelin Pleynet [6] qui fut suivi de La musique plus intense (le Temps dans les Illuminations de Rimbaud) d’Olivier-P. Thébault en 2012 [7] : les choses se précisent et s’accélèrent. Va-t-on enfin changer de siècle et d’époque ? de Temps ?).
- Rimbaud par Picasso, 1960
(d’après la photographie de Carjat).
La Dernière Lettre de Rimbaud
Que dit le quatrième de couverture ?
De quoi est-il question au fond, quand on parle de Rimbaud ou quand on le lit, si c’est encore vraiment le cas ? Rimbaud a écrit, Rimbaud n’a plus écrit. Mythe et légende douloureuse d’un génie poétique précoce et fulgurant, à la Mozart ; et puis le désert, le commerce, les trafics, — et la fin tragique, l’amputation, la mort. Tout a été dit là-dessus, « littéralement et dans tous les sens ». Imagerie diverse ou adoration plus ou moins aveugle d’une « belle gloire d’artiste et de conteur emportée », et finalement, presque toujours, célébration oblige, indifférence à l’essentiel : affaire classée. Exit.
Et si c’était un contresens complet ? Et s’il n’avait pas cessé... pas cessé d’écrire sa vie, d’un bout à l’autre, tout au long d’un parcours proprement géographique, et de la signer, de surcroît, secrètement, par son nom, ou plutôt par ses initiales, A.R., en se plaçant, consciemment ou non, sous ce signe constant ? Quel signe, d’ailleurs ? Celui de Noé ? Celui de Jonas ? D’un autre encore ? Se serait-il délibérément, retour de plus en plus initial, mis « à penser sur la première lettre de l’alphabet », et lequel ? Le narrateur s’en souviendra — et ça le mènera à une découverte bel et bien inouïe.
Le 6 janvier 2014 (postérieurement à la rédaction de cet article)
Frank Charpentier : Entretien avec Alain Veinstein
Du jour au lendemain, 4 janvier 2013, 00h.
Quelques précisions dans mon commentaire du 4 janvier.
Les premières pages du roman
L’épigraphe du roman est tirée d’une illumination de Rimbaud : À une raison. C’en est la dernière phrase. C’était déjà l’épigraphe du petit livre que Sollers consacra à Francis Ponge en... 1963 [8].
Arrivée de toujours, qui t’en iras partout.
ARTHUR RIMBAUD
Voici les premières pages du livre que nous offrent gracieusement les éditions Gallimard.
— En retrouvant tout simplement et très précisément le lieu et la formule. Quel lieu ? Quelle formule ? L’explication viendra, en temps et en heure, ici même. Clef de l’énigme. Clef de l’amour. Clef du festin ancien.
Offert à tous ? Gratis ? Solde de diamants sans contrôle ? Mais oui, en un sens, pour qui le veut, vraiment.
Féerie immédiate, opéra fabuleux, nouveau corps amoureux : tout de suite ! Sans cesse ! À jamais !
Vraie vie secrète, solitude radicale, communion véritable, à l’infini.
Envoûtement surnaturel de la volonté, dira un certain Pascal. Servitude volontaire, disait peu avant lui un tout jeune homme de dix-sept ans à peine, nommé La Boétie. Mais il est vrai qu’on n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans et qu’on a des tilleuls encore verts sur la promenade. Ce qui n’empêchera cependant pas ce dernier, quelques années plus tard, de persister et de signer, jusque sur son lit d’agonie, en confessant à son doux et cher ami Montaigne, comme lui à la fois catholique et juif, autrement dit, marrane, qu’il entendait bien « mourir sous la foi et religion que Moïse planta en Judée, et qui, de main en main, par succession de temps, a été apportée en France ». Voilà ce qui s’appelle avoir véritablement de la suite dans les idées ; et comme je suis moi-même, sans doute, d’ascendance marrane portugaise par le père de ma mère, pareille confidence, telle qu’elle est rapportée par Montaigne dans une lettre à son père sur la mort de feu Monsieur de La Boétie, ne peut que m’aller droit au coeur.
Premier point : qui vous parle d’Arcadie, ce n’est pas l’Arcadie que je veux. Et in Arcadia ego : souvenez-vous, le célèbre tableau de Poussin, où la Mort affirme qu’elle se trouve jusqu’en Arcadie. Non, non, j’ai visé plus loin, plus haut, plus intense, plus profond que la mort elle-même. L’Éden. Rien moins, et comme Rimbaud, dans Une saison en enfer, je puis bien dire : « C’est vrai ; c’est à l’Éden que je songeais ! » Et pas un éden de pacotille, mythologique, orientalisant ou autre, non, réel, c’est-à-dire sensible — et donc d’abord intérieur et verbal.
Et un beau jour, déclic, il y a treize ans, j’y suis retourné. Pour de bon. Et j’y demeure. Demeure poétique, de toute évidence, tant il est vrai, comme l’a dit tel autre voyant radicalement au courant du fond de l’affaire, que « les Poètes seuls fondent ce qui demeure ». Le reste passera, tout le reste, mais ces paroles ne passeront pas. Et depuis ce temps-là, ce jour-là, cette année-là, en effet, je suis un autre.
Mais, à la différence du personnage de Vagabonds, Rimbaud lui-même, manifestement, qui avoue être « pressé » de trouver l’un et l’autre pour secourir son « pauvre frère » de l’époque, Verlaine a priori, ayant, dit-il, « en toute sincérité d’esprit, pris l’engagement de le rendre à son état primitif de fils du Soleil » — oui, contrairement à cet homme pressé de sortir d’esclavage, j’ai désormais tout mon temps. Je ne cherche plus : je trouve et retrouve chaque jour ce que j’ai trouvé ce jour-là, source des sources, perle à enterrer au fond du jardin, en soi, immense opulence inquestionnable.
Pécheur en tout je suis, sans doute, pas de mal à ça si j’ose dire, mieux que la fausse innocence de l’occultation létale endémique en tout cas, car ça permet au moins d’en sortir — et imparfait je suis aussi, en un sens — mais absolument sauf du péché contre l’Esprit, c’est-à-dire parfait d’accueillir la perfection et de me pardonner quand même d’être de passage dans le Processus, circuit vie-mort en boucle, et pardonnant ainsi au fond à tous les autres, malgré tout, même et surtout quand ils l’ont oublié. La vie ? Dans les coordonnées tronquées d’une réalité falsifiée à la base ? Un simple moment d’égarement, donc, mais désormais borné ; une chute dans les catégories logiques, mais à laquelle j’ai dit stop, basta, ou encore : ché-daï, en hébreu ; oui, ça suffit, et je lui ai mis un terme, avant que ne vienne apparemment le mien. Ensuite, une fois le travail de sape et de fond effectué, tout pivote comme par enchantement, la voie est rouverte, et tac, en un clin d’oeil, me voici de nouveau, émergeant ailleurs, vraiment ici, à l’air libre, et à volonté.
Si, quand même, envers et contre tous, envers et contre tout : « Allons ! La marche, le fardeau, le désert, l’ennui et la colère. » Rien ne nous arrêtera. La victoire est au bout. Ce n’est pas un mirage. Mais il est vrai que rien n’aura été épargné au voyageur intrépide, on aura tout fait pour le freiner, l’entraver, l’empêcher de vouloir « la liberté libre » malgré tout, c’est-à-dire la « liberté dans le salut », et ça continue encore maintenant, y compris post mortem. Mais le contexte du nihilisme exponentiel est paradoxalement et à son insu extrêmement favorable aux nouveaux aventuriers, connus ou anonymes : on peut en effet parfaitement y demeurer caché en pleine lumière. Je navigue quant à moi, incognito, tout à mon aise dans l’océan du rien, et à l’instar de l’alchimiste transformant le plomb en or, je le convertis pour moi seul en vide — ce qui est tout différent — s’ouvrant alors comme coffre à merveilles ; me tenant à l’abri d’être sans abri mais pas sans séjour ; sans même plus avoir à m’opposer à quoi que ce soit - sinon à tout en bloc une bonne fois pour toutes, pour tout retrouver gratuitement, requalifié au centuple ; oui, avis à ceux que ça tente absolument, il n’est plus nécessaire de souffrir le martyre, indéfiniment du moins, plus besoin de devenir un grand fou aux yeux de la société, encore moins d’être son suicidé, subventionné ou pas. Ou plutôt, pire, il est possible d’être vraiment fou au-delà de toute mesure, c’est-à-dire vraiment raisonnable au-delà de toute imagination, sans craindre une seconde d’être enfermé. Leurres par centaines, aucune position repérable. Et il est loisible d’agir ainsi souverainement dans le plus grand secret.
« Apprécions sans vertige l’étendue de mon innocence. »
« Je ne suis pas prisonnier de ma raison. J’ai dit : Dieu. »
« Je tiens le système. »
« Je ferai de l’or, des remèdes. »
« Je sais aujourd’hui saluer la beauté. »
« J’ai seul la clef de cette parade sauvage. »
« Je vais dévoiler tous les mystères : mystères religieux ou naturels, mort, naissance, avenir, passé, cosmogonie, néant. »
« Je suis maître en fantasmagories. »
« Je suis mille fois le plus riche, soyons avare comme la mer. »
« Je suis un inventeur bien autrement méritant que tous ceux qui m’ont précédé ; un musicien même, qui ai trouvé quelque chose comme la clef de l’amour. »
« Je suis le saint en prière sur la terrasse... Je suis le savant au fauteuil sombre... Je suis le piéton de la grand-route... »
« Je suis réellement d’outre-tombe, et pas de commissions. »
« Je suis maître du silence. »
« Je suis caché et je ne le suis pas. »
Bref, le Poète ou le mage devenu trafiquant ou voyageur de commerce, par sa lucidité irréductible et ses protestations de bonne volonté sincères (il veut sérieusement se marier, rêve d’avoir un fils, de l’éduquer, afin qu’il devienne ingénieur, etc.), décourage absolument tout le monde mutuellement : ses proches et ses (faux) amis, ses partisans comme ses adversaires, les anciens autant que les nouveaux, et à commencer par lui-même — (s’)interdisant ainsi, semble-t-il, dans la deuxième partie de sa vie toute issue, et d’abord celle qu’il n’avait cessé de chanter dans la première partie. Est-ce bien une partie d’ailleurs, ou bien une seconde vie, qui se veut une vie tout entière, fort d’une certaine méthode hautement affirmée : « Nous n’oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos âges. Nous avons foi au poison. Nous savons donner notre vie tout entière tous les jours. » Et c’est de la sorte qu’il reste fidèle, jusqu’au bout, à sa propre parole, que ce soit, contradictoirement et réciproquement, pour une fatalité de bonheur ou pour son contraire apparent : « À chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues. » C.Q.F.D.
Quel voyage ? Le voyage d’un « luxe inouï » (je souligne) et partant non encore entendu, d’un bout à l’autre des lettres, toutes les lettres, lettres de voyage comme lettres de l’alphabet, voyelles et consonnes mêlées comme la mer au soleil, jusqu’en leur coeur intime.
Vie inviolable, irréductible, indemne : à jamais en joie-jouissance.
Alors, hop, je m’évade, à mon tour, et je vais m’expliquer.
Frank Charpentier, La Dernière Lettre de Rimbaud, p. 7-23. pdf
« J’ai eu raison dans tous mes dédains : puisque je m’évade !
Je m’évade !
Je m’explique. » RIMBAUD.
De Charleville à Roche
Je ne suis allé qu’une fois dans la maison de Rimbaud à Charleville. Elle se trouve quai Rimbaud (anciennement quai de la Madeleine), à deux pas du musée, au bord de la Meuse. Vitalie Cuif et ses quatre enfants y vécurent de 1869 à 1875.
Cliquer sur la première photo pour agrandir...
Charleville. La maison où vécut Rimbaud. Photo M.D.
Charleville. La maison où vécut Rimbaud. Le couloir.
Charleville. La maison où vécut Rimbaud. L’escalier vers les chambres.
Charleville. La maison où vécut Rimbaud.
La chambre de Rimbaud : fenêtre sur cour.
Charleville. La maison où vécut Rimbaud. La cour intérieure.
Roche
« Je ne suis allé qu’une fois à Roche » (Frank Charpentier)
Roche. La maison construite à la place de la ferme Rimbaud [9].
Roche. Sur la plaque de la maison construite à la place de la ferme Rimbaud :
« Sur ces lieux Rimbaud a espéré a désespéré et souffert ».
Roche. Sculpture de Paul Boens.
Ici se trouvait le grenier où « Rimbaud a écrit son chef-d’oeuvre » Une saison en enfer (avril-août 1873).
Roche. Le mur aux fenêtres feintes.
Roche. Le carrefour place Rimbaud.
Roche. Le carrefour place Rimbaud.
Roche. Le célèbre lavoir.
Le Conseil général des Ardennes est tombé dans le panneau :
« Lavoir de Roche. La fréquentation de ces lieux aurait inspiré Arthur Rimbaud. »
Roche. Le célèbre lavoir.
Roche. Le célèbre lavoir.
Roche. La mare.
« Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai. »
Photos A. Gauvin, 19 juillet 2009 / 23 août 2015.
Voir aussi : La maison des Ailleurs.
L’itinéraire de Charleville à Roche.
D’un Charpentier à l’autre... C’est curieux, fouillant dans mes archives, je retrouve une ancienne émission enregistrée sur France Culture un certain 28 novembre 1991 [10]. La productrice et présentatrice s’appelle Charpentier. Pascale Charpentier. Évidemment, on trouve trace de l’émission sur le site de l’INA. Avec un découpage minutieux. Je vous restitue l’ensemble qui, bien que daté, n’est pas dénué d’intérêt.
Arthur Rimbaud (1854-1891)
ou « La dernière innocence et la dernière timidité, c’est dit »
France Culture, Une vie, une oeuvre
28 novembre 1991
Pour parler d’Arthur Rimbaud, Pascale Charpentier s’entoure de Dominique Noguez (théoricien), Michel Deguy (poète), Alain Borer (écrivain, spécialiste de Rimbaud), Alain Jouffroy (écrivain et poète) et Jean Marie Turpin (écrivain).
Ensemble ils analysent l’oeuvre de Rimbaud, abordent certaines étapes de sa vie (Paris, La Commune, Verlaine ou encore l’Afrique), ils détaillent les différentes facettes du personnage et évoquent les thèmes récurrents du poète.
Les entretiens alternent avec de nombreuses lectures extraites de l’oeuvre de Rimbaud par Maurice Garrel et Philippe D..
Partie 1 (45’25")
0’18" : Dominique Noguez à propos de la voix de Rimbaud, de sa diction et de son rire.
1’52" : Lecture : Dévotion du livre Illumination
3’00" : Michel Deguy à propos de l’aspect obscur du poème Dévotion
5’11" : Lecture : Orbilius
5’53" : Alain Borer : Rimbaud jeune poète
6’36" : Lecture : Les poètes de sept ans
7’14" : Lecture : Voyelles
7’37" : A propos des rimes du poème Les étrennes des orphelins
8’23" : Lecture d’une lettre à Théodore de Banville du 24 mai 1870
9’16" : La perception de Rimbaud
9’44" : Lecture d’une lettre à Georges Izambard le 25 août 1870
10’31" : Rimbaud à Paris
10’43" : Lecture d’une lettre à Paul Demeny 15 mai 1870
11’08" : Rimbaud sa maturité poétique et l’explosion de la commune
14’00" : Lecture d’une lettre à Georges Izanbard le 13 mai 1871
15’49" : Rimbaud à propos du "dérèglement" des sens (le terme de "sens" étant à prendre dans tous les sens)
16’24" : Suite lecture d’une lettre à Georges Izanbard le 13 mai 1871
16’58" : Lecture d’un extrait du poème Le bateau ivre
17’13" : A propos de l’écriture et l’importance du poème Le bateau ivre
18’45" : Lecture d’un extrait du poème Le bateau ivre
18’58" : Jean Marie Turpin à propos de Saint Jean et la « piscine Betsaida » et de la position de Rimbaud avec le miracle, l’acte de voyance de Rimbaud. Jean Marie Turpin lit des extraits de textes [11]
23’11" : Alain Jouffroy à propos de ses visions, de la transformation du paysage mental en paysage physique, l’étonnante imbrication des vues
25’11" : Lecture d’une lettre à Paul Verlaine le 4 juillet 1973
26’22" : Dominique Noguez à propos de la personnalité de Rimbaud ; sa méchanceté et sa volonté d’être un archange du mal
28’45" : A propos de l’écriture d’Une saison en enfer
32’57" : Lecture d’un extrait d’Une saison en enfer
33’10" : A propos de sa nostalgie d’un paradis perdu, la certitude de notre « négritude »
36’30" : A propos de sa diction, description de sa voix comme étant celle d’une personne émotive
37’18" : Lecture d’un extrait d’Une saison en enfer
37’40" : L’image de Rimbaud convulsif et criant
38’53" : A propos de Rimbaud le rhétoricien : l’hypallage et le zeugma
41’52" : Lecture d’un extrait d’Illumination
42’24" : Pourquoi Rimbaud a abandonné la poésie ?
43’06" : Lecture en anglais :
« Bremen the 14 mai 77.
The untersigned Arthur Rimbaud - Born in Charleville (France) - Aged 23 - 5 ft. 6 height - Good healthy, - Late a teacher of sciences and languages - Recently deserted from the 47’ Regiment of the French army, - Actually in Bremen without any means, the French Consul refusing any Relief.
Would like to know on which conditions he could conclude an immediate engagement in the American navy.
Speaks and writes English, German, French, Italian and Spanish.
Has been four months as a sailor in a Scotch bark, from Java to Queenstown, from August to December 76.
Would be very honoured and grateful to receive an answer.
John Arthur Rimbaud. [12] »
43’41" : A propos des lieux de Rimbaud
- Le fusil de Rimbaud.
Cliché de groupe à Sheick-Othman, sorte d’oasis non loin d’Aden.
Rimbaud est debout à gauche.
Partie 2 (39’)
0’00" : "Peut-on aller plus loin que les Illuminations ?
0’46" : Lecture
1’08" : Les publications de Rimbaud et l’oeuvre recomposée, la difficulté de séparer la vie et l’œuvre
5’06" : Les voyages en Europe et en orient, pourquoi l’Afrique ?
10’47" : Lecture
11’02" : Alain Jouffroy à propos de sa poésie non écrite
11’36" : Lecture
13’01" : Son comportement d’homme qui va de l’avant ; la photographie, description de son travail, son projet de livre avec des photographies
16’03" : Lecture
16’37" : Sa vie en Afrique : "il n’a pas été commerçant"
17’13" : Lecture d’une lettre à sa mère et sa soeur 25 février 1890
18’31" : Rimbaud : entre sagesse et folie
19’26" : Alain Borer ; à propos de la dimension mystique de Rimbaud
22’54" : A propos du Coran et de la relation à son père
25’40" : L’année 1886 et la vente d’armes et la mauvaise expérience financière au Harar
31’25" : Le retour vaincu, le désir de s’établir et d’avoir un fils
33’29" : A propos de l’Exposition Universelle et son absence
33’55" : L’été 1891 et son retour à Marseille, la douleur de la souffrance physique et morale
35’32" : Rimbaud l’insomniaque, sa mort imaginée
36’45" : Lecture d’une lettre au Directeur des Messageries Maritimes le 9 novembre 1891 :
Marseille, 9 novembre 1891.
UN LOT : UNE DENT SEULE.
UN LOT : DEUX DENTS.
UN LOT : TROIS DENTS.
UN LOT : QUATRE DENTS.
UN LOT : DEUX DENTS.Monsieur le Directeur,
Je viens vous demander si je n’ai rien laissé à votre compte. Je désire changer aujourd’hui de ce service-ci, dont je ne connais même pas le nom, mais en tout cas que ce soit le service d’Aphinar. Tous ces services sont là partout, et moi, impotent, malheureux, je ne peux rien trouver, le premier chien dans la rue vous dira cela.
Envoyez-moi donc le prix des services d’Aphinar à Suez. Je suis complètement paralysé : donc je désire me trouver de bonne heure à bord. Dites-moi à quelle heure je dois être transporté à bord.
Arthur Rimbaud [13].
37’50" : Désannonce.
- Ernest Pignon-Ernest. Sérigraphies in situ (1978-1979).
A.G., 1er novembre 2013.
[1] Voir la présentation du livre.
[2] Le chrysanthème : fleur dont je n’ai pas trouvé trace chez Rimbaud, grand amoureux des fleurs, qui lui préfère la giroflée. A l’évidence, une « fleur des veuves », pour la mère Rimb donc. « Fleur d’or » pourtant : du grec khrusas qui signifie or et anthemon qui veut dire fleur.
[3] Cf. La fête de tous les saints.
[4] Quant à Isabelle Rimbaud, vingt-six ans plus tard (cela n’engage qu’elle !) : « Les gens de Charleville sont grincheux comme leur climat, froids et traîtres comme le brouillard de la Meuse, égoïstes surtout. L’Ardennais est, par tempérament, ennemi de la poésie, non sentie même par ceux qui se piquent de la comprendre. » (A Paterne Berrichon, décembre 1896).
[5] (?!)
[6] Cf. Pourquoi lire Rimbaud aujourd’hui ?, notamment Rimbaud en son temps et Vers Les Proses Évangéliques d’Arthur Rimbaud.
[7] Cf. Vers les « Illuminations ».
[8] Cf. Francis Ponge tel quel.
[9] La maison a été acheté par Patti Smith en mars 2017. Ce n’est pas « la maison de Rimbaud » comme on le répète souvent, mais celle édifiée sur les décombres de l’ancienne ferme appartenant à la mère d’Arthur Rimbaud, Vitalie née Cuif, qui fut dynamitée par l’armée allemande, dont c’était le QG, à la fin de la Première Guerre mondiale. On doit aussi à l’armée allemande le bombardement de la cathédrale de Reims. Cf. 14-18 : Bataille, Céline, Cendrars, Jünger, à Reims.
[10] Le 28 novembre est le jour de l’anniversaire de Sollers.
[13] C’est la dernière lettre d’Arthur Rimbaud, la vraie, cette fois, dictée à sa soeur Isabelle, la veille de sa mort.
4 Messages
Lu dans L’OBS.
Rimbaud, Verlaine le pochtron et le frère oublié
Auteur de « l’Autre Rimbaud », roman-enquête sur le frère oublié du poète qui paraîtra le 19 août, notre journaliste David Le Bailly revient dans les Ardennes. Une région habitée par le souvenir de l’enfant prodige. LIRE ICI.
VOIR AUSSI : De Charleville à Roche.
Alain Veinstein reçoit Frank Charpentier qui publie "La Dernière Lettre de Rimbaud" (L’Infini / Gallimard). C’est sur France Culture le 4 janvier. Cf. Du jour au lendemain.
1. La Dernière Lettre de Rimbaud, « roman sans cesse médité », 4 janvier 2014, 01:22, par A.G.
Frank Charpentier : Entretien avec Alain Veinstein (suite)
Clin d’oeil en marge d’un « roman sans cesse médité » (et à méditer)... Au début de l’entretien Frank Charpentier (vers la 12ème minute) fait allusion à un échange de mails qui fit suite à mon article et à ma lecture "romanesque". Je me permet donc de le citer (c’était le 2 novembre dernier) :
1. Cher Monsieur,
Tout d’abord merci pour votre dossier, ainsi que pour votre bel article sur mon roman.
Quant à « Frank Charpentier, de son vrai nom Frédéric Archimbaud », l’avez-vous réellement cru ? Si oui, tant mieux en un sens...
Mais, cela reste entre vous et moi : et si la part du "roman" était plus grande ? Et si Charpentier était vraiment le nom de l’auteur, mais se trouvant bien chez Rimbaud ? Et si Archimbaud était vraiment une trouvaille pour celui du narrateur, qui, comble du Je(u), prend le patronyme de l’auteur pour pseudonyme, soit Jean Charpentier, avec le premier prénom d’Arthur Rimbaud. Je ne vous dirai pas : allez-y voir voir vous même ! Point d’enquête de police, que diable ! Je me contente de vous suggérer cette autre hypothèse en passant.
Merci encore et bien cordialement,
Frank Charpentier
2. Ma réponse :
Cher Monsieur,
Roman sans cesse médité... Laissons le lecteur aller y voir lui-même et voler selon...
Un ami me souffle une autre piste que j’explorerai peut-être (à chaque lecteur son roman).
« Ce patronyme » [présumé] « de l’état civil me rappelle que Madame Aupick, avant de s’appeler Madame Baudelaire, s’appelait Mademoiselle Archimbault (d)... Rimbaudelaire... »
Bref : Dupin sur la planche (pardonnez ce mauvais jeu de mots) !
Merci en tout cas de votre roman qui m’a rempli d’allégresse !
Bien cordialement
Albert Gauvin
3. Merci, à tous égards, de votre réponse,
Bien cordialement,
Frank Charpentier
Écoutez l’entretien et, bien sûr, si vous ne l’avez pas encore fait, lisez et méditez le livre (le roman).
Rimbaud chinois
J’ai évoqué au début de cet article le petit livre de Jie Wang, Rimbaud, le météore de la poésie française , publié par les éditions castor & pollux. Le livre est préfacé par Claude Jeancolas qui rappelle que, si « La Chine a découvert Rimbaud dès les années 20 par quelques artistes chinois, retour de Paris, son oeuvre en bagage » et si « les premières traductions virent le jour dans les années 30, confidentielles », Jie Wang est la « première femme chinoise à traduire Rimbaud » « dans une langue très contemporaine qui parle aux lecteurs chinois d’aujourd’hui. »
Vous trouverez le sommaire du livre ci-dessous ainsi que la traduction de Génie qui conclut traditionnellement le volume des Illuminations.
Le sommaire. Zoom : cliquer sur l’image.
Rimbaud, Génie. Zoom : cliquer sur l’image.
Chauché écrit :
Cette Part d’Ivresse
Il s’agit de prendre tout cela à la lettre, et d’accorder ses phrases au mouvement infini du corps, du verbe et du temps, saut dans le temps, de la Genèse au siècle de Baudelaire « le premier voyant, roi des poètes, un vrai Dieu » qui a sa réponse, et quelle réponse : « Il faut être toujours ivre. Tout est là : c’est l’unique question.
Pour ne pas sentir l’horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous. »
La musique est cette part d’ivresse qui nous saisit, complément d’objet direct, direct de l’âme au corps, du corps à l’âme. Pour se faire, se lever et écrire, marcher et écrire ce que l’on vit et ce que l’on vivra dans les siècles et des siècles.
Et si Rimbaud, soi-disant poète éphémère de la jeunesse révoltée et insouciante, qui a disent-ils cessé d’écrire dans sa fuite trafiquante, trafiquer les phrases ou les armes ? Mais si Rimbaud était pour qui sait le lire de face ou de biais, un homme de l’immersion dans une langue et sa mécanique sacrée, un poète qui en sait beaucoup sur la mesure du silence et la couleur des phrases ? Rimbaud : écrivain de l’escapade vagabonde au centre du Livre, où tout déplacement dans le temps est un mouvement dans l’espace. Ici et maintenant à Paris. C’est aussi ici et maintenant, au Harar, de nouvelles Illuminations livrées par la poste et décachetées par Frank Charpentier. D’une lettre l’autre, comme l’on passe de l’enfer au paradis, de Verlaine à Noé, de l’Occident à l’Orient, une dernière lettre, toutes les lettres.
« Définition de l’enfer : le centre est nulle part et la circonférence partout, ça s’appelle aussi l’enfer-me-ment ! Le paradis : la circonférence n’est nulle part, le centre est partout chez lui, infracassable noyau de lumière nature, et ensuite pas de limites, de mauvaises limites. »
Comme chez le gnostique Philippe, Rimbaud expérimente un retournement : la résurrection durant la vie, — scandale des scandales —. Immersion permanente dans le Livre, autrement dit dans la liberté libre. Je fais ce que j’entends et n’attends rien de ce que l’on veut que je sois — l’inverse de la domination sociale —. Le narrateur du roman de Frank Charpentier met l’œuvre du poète au diapason de sa vie et inversement. Ayant tout connu de l’état des hommes et de leur surdité, il peut musicalement traverser l’aventure de la poésie, et l’illuminer d’une autre lecture : l’alchimie du verbe. Prendre chaque phrase, chaque poésie à la lettre. A. R. - Arthur Rimbaud, mais aussi A Réaliser —, L... - le Lien, elle seule —, sans s’encombrer des fariboles fumeuses et funestes que véhiculent les gloseurs assis. Roman évènement, La Dernière Lettre de Rimbaud est aussi un roman avènement, comme on le dit du printemps.
chauchecrit.blogspot.fr.