La génération d’après Sollers, les Houellebecq, Beigbeder etc comme tous ceux qui les ont précédé visent à peindre la société du temps et ses travers. Les thèmes, la palette, la facture collent à la réalité du moment et celle propre de l’écrivain. Décodage et présentation avec le filtre de sa génération, de sa formation, de son conditionnement socio-culturel et de ses gènes.
Mais aussi dissemblables que soient la palette et la facture de leurs écrits et aussi iconoclastes qu’ils soient par rapport à Sollers, chacun a glissé son personnage dans un de ses romans. Et dans une posture pas des plus avantageuses ! Houellebecq a mis le personnage de Sollers dans Les particules élémentaires et Beigbeder dans Nouvelles sous exstasy (1999). L’on y retrouve Philippe Sollers « pendu par les pieds à la cloche de l’église de Saint-Germain des-Prés ». Ruade générationnelle, coup de pied de l’âne, pied de nez ? Il faut bien tuer le père, non ?
Sollers, "l’isolé absolu[1]", à l’épiderme pourtant sensible, face au manque de reconnaissance du milieu littéraire, ne leur en a pas tenu rigueur. Plus même, il s’est fait leur défenseur pour l’attribution de prix littéraires[2] . Sollers a reconnu en eux, sinon des disciples - ce dont ils ne se revendiquent pas - du moins des subversifs et révélateurs de leur temps - des membres de sa famille spirituelle.
La liste ne s’arrête pas là, on le retrouve bien sûr, dans Les samouraïs de Julia Kristeva , dans les romans de Dominique Rolin, Catherine Cusset, Philippe Roth, Nina Zivancevic[3] et d’autres. Du côté pamphlet, Pierre Jourde est à la grosse caisse.
[1] Film de S. Labarthe sur Sollers « l’isolé absolu »
[2] Prise de position dans le Journal du Dimanche pour l’attribution du Goncourt à Windows on the world de Beigbeder. Il avait aussi défendu en leur temps les Particules élementaires.
[3] Recherche Philippe Sollers, éditions Noël Blandin, Paris 1993, Semiotext, New-York, 1992.